Texte grec :
[44] (XLIV) Ὁ μὲν οὖν Περικλῆς ταῦτα λέγει·
« Καὶ προσδεχομένῳ μοι τὰ τῆς ὀργῆς ὑμῶν εἰς ἐμὲ γεγένηται (αἰσθάνομαι γὰρ
τὰς αἰτίας), καὶ ἐκκλησίαν τούτου ἕνεκα ξυνήγαγον, ὅπως ὑπομνήσω καὶ
μέμψωμαι, εἴ τι μὴ ὀρθῶς ἢ ἐμοὶ χαλεπαίνετε ἢ ταῖς ξυμφοραῖς εἴκετε. »
Ταῦτα Θουκυδίδῃ μὲν γράφοντι περὶ τοῦ ἀνδρὸς ἐν ἱστορικῷ σχήματι
προσήκοντα ἦν, Περικλεῖ δὲ ἀπολογουμένῳ πρὸς ἠρεθισμένον ὄχλον οὐκ ἦν
ἐπιτήδεια εἰρῆσθαι, καὶ ταῦτα ἐν ἀρχαῖς τῆς ἀπολογίας, πρὶν ἑτέροις τισὶν
ἀπομειλίξασθαι λόγοις τὰς ὀργὰς τῶν εἰκότως ἐπὶ ταῖς συμφοραῖς ἀχθομένων,
τετμημένης μὲν ὑπὸ Λακεδαιμονίων τῆς κρατίστης γῆς, πολλοῦ δὲ κατὰ τὸν
λοιμὸν ἀπολωλότος ὄχλου, τὴν δ´ αἰτίαν τῶν κακῶν τούτων τοῦ πολέμου
παρεσχηκότος, ὃν ὑπ´ ἐκείνου πεισθέντες ἀνεδέξαντο. Σχῆμά τε οὐ τοῦτο τῇ
διανοίᾳ πρεπωδέστατον ἦν, τὸ ἐπιτιμητικόν, ἀλλὰ τὸ παραιτητικόν· οὐ γὰρ
ἐρεθίζειν προσήκει τὰς τῶν ὄχλων ὀργὰς τοὺς δημηγοροῦντας ἀλλὰ πραΰνειν.
Τούτοις ἐπιτίθησι διάνοιαν ἀληθῆ μὲν καὶ δεινῶς ἀπηγγελμένην, οὐ μέντοι γε
τῷ παρόντι καιρῷ χρησίμην·
« Ἐγὼ γὰρ ἡγοῦμαι » φησί « πόλιν πλείω ξύμπασαν ὀρθουμένην ὠφελεῖν τοὺς
ἰδιώτας ἢ καθ´ ἕκαστον τῶν πολιτῶν εὐπραγοῦσαν, ἀθρόαν δὲ σφαλλομένην.
Καλῶς μὲν γὰρ φερόμενος ἀνὴρ τὸ καθ´ ἑαυτὸν διαφθειρομένης τῆς πατρίδος
οὐδὲν ἧσσον ξυναπόλλυται, κακοτυχῶν δὲ ἐν εὐτυχούσῃ πολλῷ μᾶλλον
διασῴζεται. »
Εἰ μὲν γὰρ ἰδίᾳ τινὲς ἐβλάπτοντο τῶν πολιτῶν, εὐτύχει δὲ τὸ κοινόν, καλῶς
ταῦτ´ ἔλεγεν· ἐπεὶ δ´ ἐν ταῖς ἐσχάταις συμφοραῖς ἦσαν ἅπαντες, οὐκέτι
καλῶς. Οὐδὲ γὰρ ἡ περὶ τοῦ μέλλοντος ἐλπίς, ὅτι ταῦτα πρὸς ἀγαθοῦ τῇ πόλει
γενήσεται τὰ δεινά, βέβαιον εἶχέν τι· ἀφανὲς γὰρ ἀνθρώπῳ τὸ μέλλον καὶ
πρὸς τὰ παρόντα τὰς περὶ τῶν ἐσομένων γνώμας αἱ τύχαι τρέπουσι.
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Traduction française :
[44] (XLIV) Périclès commence ainsi :
« Je m'attendais au courroux dont vous êtes animés contre moi ; j'en
connais les motifs. J'ai convoqué cette assemblée pour vous rappeler ma
conduite et pour vous reprocher de me poursuivre par d'injustes
ressentiments et de céder à l'adversité. »
Les paroles que Thucydide met dans la bouche d'un tel citoyen ne sont pas
indignes de la noblesse de l'histoire ; mais Périclès, parlant pour sa
défense à une multitude irritée, ne devait point l'employer, surtout au
commencement de son apologie, avant d'avoir adouci par d'autres paroles la
colère d'un peuple justement aigri par ses malheurs ; qui avait vu son
fertile territoire démembré par les Lacédémoniens, une foule de citoyens
moissonnés par la peste, et qui regardait comme la source de toutes ces
calamités la guerre entreprise par les conseils de Périclès. Le ton de la
menace était déplacé, quand il devait recourir à la prière ; car l'orateur
qui s'adresse à la multitude ne doit pas irriter les esprits, mais les
calmer. Périclès ajoute une pensée vraie et présentée sous une forme
énergique ; mais hors de saison :
« Je suis persuadé que lorsqu'un état est florissant, le peuple est plus
heureux que si les particuliers vivent dans la prospérité, tandis que
l'état se trouve dans une situation critique. Et en effet, le
particulier, quelle que soit sa prospérité, est enveloppé dans la ruine
commune, quand l'état périt; au lieu que le citoyen malheureux dans un
état prospère, peut aisément se relever. »
Lorsqu'il dit :
« Si quelques particuliers sont malheureux et que l'étât prospère »,
la pensée est juste ; elle ne l'est plus quand il ajoute :
« Lorsque tous les citoyens sont réduits aux dernières extrémités. »
Alors, l'espoir d'un meilleur avenir ne repose sur aucun fondement solide,
puisque l'avenir est un mystère pour l'homme et que le présent détermine
ses sentiments sur l'avenir, d'après la position où i il se trouve.
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