Texte grec :
[1,41] XLI. 1. Ὁ δ´ ἀληθέστερος, ᾧ πολλοὶ τῶν ἐν ἱστορίας σχήματι τὰς πράξεις
αὐτοῦ διηγησαμένων ἐχρήσαντο, τοιόςδε· ὡς στρατηλάτης γενόμενος
ἁπάντων κράτιστος τῶν καθ´ ἑαυτὸν Ἡρακλῆς καὶ δυνάμεως πολλῆς
ἡγούμενος ἅπασαν ἐπῆλθε τὴν ἐντὸς Ὠκεανοῦ, καταλύων μὲν εἴ τις εἴη
τυραννὶς βαρεῖα καὶ λυπηρὰ τοῖς ἀρχομένοις ἢ πόλις ὑβρίζουσα καὶ
λωβωμένη τὰς πέλας ἢ μοναὶ ἀνθρώπων ἀνημέρῳ διαίτῃ καὶ ξενοκτονίαις
ἀθεμίστοις χρωμένων, καθιστὰς δὲ νομίμους βασιλείας καὶ σωφρονικὰ
πολιτεύματα καὶ βίων ἔθη φιλάνθρωπα καὶ κοινοπαθῆ· πρὸς δὲ τούτοις
Ἕλλησί τε βαρβάρους συγκεραννύμενος καὶ θαλαττίοις ἠπειρώτας, οἳ τέως
ἀπίστους καὶ ἀσυναλλάκτους εἶχον ὁμιλίας, ἐρήμῳ τε γῇ πόλεις ἐνιδρυόμενος
καὶ ποταμοὺς ἐκτρέπων ἐπικλύζοντας πεδία καὶ τρίβους ἐκτέμνων ἀβάτοις
ὄρεσι καὶ τἆλλα μηχανώμενος, ὡς ἅπασα γῆ καὶ θάλαττα κοινὴ ταῖς
ἁπάντων χρείαις γενήσοιτο.
2. Ἀφίκετο δὲ εἰς Ἰταλίαν οὐ μονόστολος οὐδὲ ἀγέλην βοῶν ἐπαγόμενος·
(οὔτε γὰρ ὁ χῶρος ἐν τρίβῳ τοῖς εἰς Ἄργος ἐξ Ἰβηρίας ἀνασκευαζομένοις, οὔτε
τοῦ διελθεῖν ἕνεκα τὴν χώραν τοσαύτης ἂν ἠξιώθη τιμῆς·) ἀλλ´ ἐπὶ δουλώσει
καὶ ἀρχῇ τῶν τῇδε ἀνθρώπων στρατὸν ἄγων πολὺν Ἰβηρίαν ἤδη
κεχειρωμένος· διατρῖψαί τε αὐτόθι πλείω χρόνον ἠναγκάσθη τοῦ τε ναυτικοῦ
τῇ ἀπουσίᾳ, ἣ ἐγένετο χειμῶνος ἐπιλαβόντος, καὶ τῷ μὴ πάντα τὰ ἔθνη τὰ
κατέχοντα Ἰταλίαν προσχωρῆσαι αὐτῷ ἑκούσια.
3. Χωρὶς γὰρ τῶν ἄλλων βαρβάρων τὸ Λιγύων γένος πολὺ καὶ μάχιμον, ἐπὶ
ταῖς παρόδοις τῶν Ἀλπείων ὀρῶν ἱδρυμένον, ἀποκωλύειν ὅπλοις τὰς
εἰςβολὰς αὐτοῦ τὰς εἰς Ἰταλίαν ἐπεχείρησεν, ἔνθα μέγιστος ἀγὼν τοῖς
Ἕλλησιν ἐγένετο πάντων αὐτοὺς ἐπιλειπόντων ἐν τῇ μάχῃ τῶν βελῶν. δηλοῖ
δὲ τὸν πόλεμον τόνδε τῶν ἀρχαίων ποιητῶν Αἰσχύλος ἐν Προμηθεῖ λυομένῳ.
Πεποίηται γὰρ αὐτῷ ὁ Προμηθεὺς Ἡρακλεῖ τά τε ἄλλα προλέγων, ὡς
ἕκαστον αὐτῷ τι συμβήσεσθαι ἔμελλε κατὰ τὴν ἐπὶ Γηρυόνην στρατείαν, καὶ
δὴ καὶ περὶ τοῦ Λιγυστικοῦ πολέμου ὡς οὐ ῥᾴδιος ὁ ἀγὼν ἔσται διηγούμενος.
Τὰ δὲ ποιήματα ὧδ´ ἔχει·
Ἥξεις δὲ Λιγύων εἰς ἀτάρβητον στρατὸν,
ἔνθ´ οὐ μάχης, σάφ´ οἶδα, καὶ θοῦρός περ ὢν
μέμψει. Πέπρωται γάρ σε καὶ βέλη λιπεῖν.
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Traduction française :
[1,41] XLI. 1. Mais le récit le plus véridique et qui est adopté par la plupart de ceux qui
ont relaté ses actions sous une forme historique est celle-ci: Hercule, qui était le
plus grand commandant de son temps, marcha à la tête d'une grande force à
travers tout le pays qui se trouve de ce côté de l'océan, détruisant soit tous les
tyrans odieux qui accablaient leurs sujets, soit les cités qui outrageaient et
maltraitaient leurs voisins, soit les pouvoirs qui organisaient des bandes
d'hommes qui vivaient à la manière de sauvages et mettaient à mort au mépris
des lois des étrangers, et à leur place il établissait des monarchies légales, des
gouvernements modérés et des règles de vie humaines et sociables. En outre, il
mélangea les barbares aux Grecs, et les habitants de l'intérieur avec ceux de la
côte : ces deux groupes jusqu'ici étaient méfiants et ennemis dans leurs rapports
les uns avec les autres; il construisit également des villes dans des endroits
déserts, détourna le cours des fleuves qui débordaient dans les champs,
construisant des routes en les faisant passer par des montagnes inaccessibles, et
conçut d'autres travaux afin que chaque terre et chaque mer puissent se trouver
accessibles à toute l'humanité.
2. Et il arriva en Italie, non pas seul, ni amenant un troupeau de vaches (ce pays
ne se trouve pas sur la route de ceux qui rentrent d'Espagne à Argos et il
n'aurait pas été jugé digne de si grands honneurs en ne faisant que de le
traverser), mais à la tête d'une grande armée, après avoir déjà conquis
l'Espagne, pour subjuguer et gouverner cette région; et il fut obligé d'y séjourner
un temps considérable pour deux raisons : l'absence de sa flotte, due à l'arrivée
de l'hiver qui la retenait, et parce que toutes les nations de l'Italie ne se soumirent
pas volontairement à lui.
3. En effet, sans compter les autres barbares, les Ligures, nombreux et
belliqueux, installés dans les passages des Alpes, essayèrent d'empêcher par
les armes son entrée en l'Italie , et à cet endroit une grande bataille fut livrée par
les Grecs : au cours de ce combat tous leurs traits furent épuisés. Cette guerre
est mentionnée chez les poètes antiques par Eschyle, dans son Prométhée
délivré; Il représente Prométhée prédisant à Hercule ce qui devait lui arriver lors
de son expédition contre Géryon et en particulier lui racontant la lutte difficile qu'il
devait supporter dans sa guerre contre les Ligures. Voici ces vers: "Et tu
marcheras contre l'armée déterminée des Ligures, et de ce combat, je le sais
bien, malgré ton ardeur, tu ne te plaindras pas: les traits qui te sont destinés ne te
toucheront pas." |
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