[10,28] Ὡς δὲ καὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασι ταῦτ´ ἐδόκει,
καὶ οὐθεὶς ἦν ὁ τἀναντία ἐρῶν, οἱ μὲν ὕπατοι
τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν συνεκάλουν. συνελθόντος δ´
ὡς ἐπὶ καινοῖς ἀκούσμασι παντὸς τοῦ κατὰ τὴν πόλιν
ὄχλου παρελθὼν ἅτερος τῶν ὑπάτων Γάιος Ὁράτιος
ἐπειρᾶτο πείθειν τοὺς δημοτικοὺς ἑκόντας ὑπομεῖναι
καὶ ταύτην τὴν στρατείαν. ἀντιλεγόντων δὲ τῶν
δημάρχων καὶ τοῦ δήμου προσέχοντος αὐτοῖς τὸν
νοῦν παρελθὼν πάλιν ὁ ὕπατος εἶπε· Καλὸν γ´, ὦ
Οὐεργίνιε, καὶ θαυμαστὸν ἔργον ἐξειργάσασθε διασπάσαντες ἀπὸ τῆς βουλῆς τὸν
δῆμον· καὶ τὸ μὲν
ἐφ´ ὑμῖν εἶναι μέρος πάντ´ ἀπολωλέκαμεν, ὅσα παρὰ
τῶν προγόνων παραλαβόντες ἢ τοῖς ἑαυτῶν πόνοις
κτησάμενοι κατέσχομεν {ἀγαθά}. οὐ μὴν ἡμεῖς γ´ ἀκονιτὶ μεθησόμεθα αὐτῶν, ἀλλ´
ἀναλαβόντες τὰ ὅπλα
μετὰ τῶν βουλομένων σώζεσθαι τὴν πατρίδα χωρήσομεν ἐπὶ τὸν ἀγῶνα τὰς ἀγαθὰς
προβαλλόμενοι τῶν
ἔργων ἐλπίδας· καὶ εἴ τις ἄρα θεὸς ἐπισκοπεῖ τοὺς
καλοὺς καὶ δικαίους ἀγῶνας, καὶ ἡ τὴν πόλιν τήνδε
αὔξουσα ἐκ πολλοῦ τύχη μήπω προλέλοιπεν αὐτήν,
κρείττους τῶν ἐχθρῶν ἐσόμεθα· εἰ δέ τις ἄρα ἐνέστηκε
δαίμων καὶ ἐναντιοῦται τῇ σωτηρίᾳ τῆς πόλεως, οὔτοι
τό γ´ ἐν ἡμῖν εὔνουν καὶ πρόθυμον ἀπολεῖται, ἀλλὰ
τὸν ἁπάντων κράτιστον θάνατον αἱρησόμεθα περὶ τῆς
πατρίδος. ὑμεῖς δὲ αὐτοῦ μένοντες οἰκουρεῖτε ἅμα
ταῖς γυναιξίν, ὦ καλοὶ καὶ γενναῖοι προστάται τῆς
πόλεως, ἐγκαταλιπόντες, μᾶλλον δὲ προδόντες ἡμᾶς,
οἷς οὔτ´ ἂν νικήσωμεν ἡμεῖς ὁ βίος ἔσται καλός, οὔτ´
ἂν ἄλλως χωρήσῃ τὰ καθ´ ἡμᾶς ἀσφαλής· εἰ μὴ ἄρα
ἐκείνῃ τῇ ψυχρᾷ ἐλπίδι ἐπαίρεσθε, ὡς διαφθαρέντων
τῶν πατρικίων ὑμᾶς ἐάσουσιν οἱ πολέμιοι ταύτην
ὑπολογιζόμενοι τὴν εὐεργεσίαν, καὶ συγχωρήσουσιν
ὑμῖν τὴν πατρίδα καὶ τὴν ἐλευθερίαν καὶ τὴν ἡγεμονίαν καὶ πάντα τἆλλα ἀγαθά,
ὅσα νῦν ἔχετε, καρποῦσθαι, ὧν ὑμεῖς ὅτε τὰ ἄριστα ἐφρονεῖτε πολλὴν
μὲν γῆν ἀπετέμεσθε, πολλὰς δὲ πόλεις ἐξανδραποδισάμενοι κατεσκάψατε, πολλὰ δὲ
καὶ μεγάλα καὶ οὐδ´
ὑπὸ τοῦ παντὸς αἰῶνος ἀφανισθησόμενα τρόπαια καὶ
μνημεῖα τῆς ἔχθρας ἀνεστήσατε. ἀλλὰ τί τῷ δήμῳ
ταῦτ´ ἐπιτιμῶ, ὃς οὐδέποτε πονηρὸς ἑκὼν ἐγένετο,
μᾶλλον ἢ οὐχ ὑμῖν, ὦ Οὐεργίνιε, τοῖς τὰ καλὰ ταῦτα
πολιτευομένοις; ἡμῖν μὲν οὖν, οἷς ἀνάγκη μηδὲν ταπεινὸν φρονεῖν, δέδοκταί τε καὶ
οὐθὲν ἔσται τὸ κωλύσον ἄρασθαι τὸν ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἀγῶνα, ὑμῖν δὲ
τοῖς ἐγκαταλιποῦσι καὶ προδοῦσι τὸ κοινὸν ἥξει δίκη
τιμωρὸς οὐ μεμπτὴ παρὰ θεῶν, ἐὰν ἄρα διαφύγητε
τὴν παρ´ ἀνθρώπων κόλασιν. ἀλλ´ οὐδὲ ταύτην διαφεύξεσθε· καὶ μή με δεδίττεσθαι
ὑπολάβητε, ἀλλ´ εὖ
ἴστε, ὅτι οἱ καταλειφθέντες ἡμῶν ἐνθάδε φύλακες τῆς
πόλεως, ἐὰν κρείττω τὰ τῶν ἐχθρῶν γένηται, φρονήσουσιν ἃ προσῆκεν αὐτοῖς
φρονεῖν. οὐ γὰρ ἤδη βαρβάροις μέν τισιν ἁλισκομένοις ὑπὸ τῶν πολεμίων εἰς
νοῦν ἦλθε μήτε γυναικῶν αὐτοῖς παραχωρῆσαι μήτε
παίδων μήτε πόλεων, ἀλλὰ τὰς μὲν ἐμπρῆσαι, τὰς δὲ
κατασφάξαι, Ῥωμαίοις δ´ ἄρα, οἷς ἑτέρων ἄρχειν
πάτριόν ἐστιν, οὐ παραστήσεται ταῦτα περὶ ἑαυτῶν
φρονεῖν; οὐχ οὕτως ἀγεννεῖς ἔσονται, ἀλλ´ ἀφ´ ὑμῶν
τῶν ἐχθίστων ἀρξάμενοι τότε χωρήσουσι πρὸς τὰ
φίλια. πρὸς ταῦτα ὁρῶντες ἐκκλησιάζετε καὶ νόμους
εἰσφέρετε καινούς.
| [10,28] VI. Cet avis universellement approuvé sans la moindre contradiction, les consuls convoquèrent une assemblée. Tout le peuple de la ville s'y rendit, dans l'espérance d'entendre quelque chose de nouveau. Caius Horatius l'un des consuls s'avance au milieu de l'assemblée, et s'efforce d'engager les plébéiens à entreprendre cette expédition de tout leur cœur. Mais comme tes tribuns ne cessaient de se récrier avec d'autant plus d'entêtement que le peuple écoutait volontiers leurs discours, le consul s'avança une seconde fois, et parla en ces termes.
« Vous avez sujet de vous applaudir, Virginius, vous et vos collègues, c'est un merveilleux coup d'avoir soulevé le peuple contre le sénat. Vous n'avez en effet rien oublié pour nous faire perdre tous les avantages que nous avons reçus de nos pères, ou acquis par nos propres travaux. Vous pouvez compter néanmoins que nous ne nous en laisserons pas dépouiller sans nous défendre. Nous prendrons les armes avec ceux des citoyens qui seront animés de quelque zèle pour le salut de la patrie et nous irons au combat dans l'espérance d'une bonne réussite. S'il y a quelque dieu qui favorise les plus nobles projets, qui s'intéresse pour la justice, et qui règle le sort des batailles, si la fortune enfin n'a pas encore abandonné cette ville qu'elle a rendue si puissante depuis tant d'années par les plus merveilleux accroissements : la victoire se déclarera pour nous, et nous triompherons de nos ennemis. Si au contraire quelque divinité ennemie s'oppose au salut de la république, rien ne sera capable ou d'étouffer les sentiments de piété qui nous animent, ou de ralentir notre ardeur : prêts à mourir de la mort la plus glorieuse, nous nous exposerons à tout pour le salut de la patrie. Pour vous, illustres protecteurs et généreux défenseurs de la ville, demeurez à Rome, gardez la maison avec vos femmes, puisque vous nous abandonnez entièrement, ou plutôt puisque vous nous trahissez lâchement, vous qui ne pouvez pas espérer ni de vivre avec honneur si nous vainquons nos ennemis, ni d'être en sureté si notre entreprise réussit mal : si ce n'est peut-être que vous vous appuyez sur cette faible espérance qu'après la défaite des patriciens à laquelle vous aurez contribué, les ennemis vous laisseront en repos, et qu'en reconnaissance des services que vous leur aurez rendus en cette occasion ils vous permettront de vivre en paix dans votre patrie, d'y goûter les douceurs de la liberté, de jouir de la souveraine puissance et de tous les biens que vous possédez maintenant. Pouvez-vous donc espérer ces avantages, vous qui autrefois mieux intentionnés pour la république, avez désolé une grande partie de leurs terres, ruiné leurs villes, réduit leurs citoyens sous l'esclavage, vous enfin qui avez élevé contre ces peuples plusieurs trophées de vos victoires, et un grand nombre de monuments de votre inimitié, qui subsisteront dans la postérité la plus reculée, sans jamais être détruits par la succession des siècles? Mais pourquoi m'amuser à faire ces reproches au peuple qui n'a jamais commis de faute volontaire. C'est à vous, Virginius, qu'il faut s'en prendre et c'est à vos collègues qui de concert avec vous ont rétabli ces beaux règlements, et qui mettent les choses sur un si bon pied, Pour nous, généreux aujourd'hui par la nécessité de notre état, nous sommes résolus de tenter le hasard des combats : pleins de nobles sentiments, nous nous exposerons à tout pour la défense de la patrie, et rien ne sera capable de nous arrêter. Vous au contraire, lâches déserteurs qui avez abandonné et trahi la république, les dieux vous puniront comme vous le méritez, et si vous échappez à la vengeance des hommes la colère divine ne peut manquer de tomber sur vous. Ne vous imaginez pas au reste, que ce soient ici de simples menaces, ou que je parle ainsi pour répandre de vaines terreurs. Sachez que si les ennemis remportent la victoire, ceux d'entre nous qui resteront à la garde de la ville prendront des sentiments tels qu'ils doivent avoir. En effet, s'il y a eu des Barbares, qui se voyant pris par l'ennemi, ont mieux aimé brûler leurs raisons et égorger leurs femmes et leurs enfants, que de les abandonnera la discrétion d'un vainqueur insolent, pensez-vous que les Romains n'entreront pas dans les mêmes sentiments ? Nés pour commander aux autres, ne croyez pas qu'ils renoncent au droit qu'ils ont reçu de leurs pères comme par héritage. Ils ne s'oublieront jamais jusqu'à ce point : ils sauront de soustraire et au joug d'une honteuse servitude, et après avoir commencé par vous qui êtes leurs plus mortels ennemis, ils tourneront leur colère contre ce qu'ils ont de plus cher au monde. C'est dans cette vue et dans cette attente que vous devez tenir vos assemblées et faire de nouvelles lois. »
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