[10,19] Καταστάντος δὲ τοῦ θορύβου δικαστήριά
τε ἀπεδίδου τοῖς δεομένοις ἐκ πολλῶν παρειλκυσμένα
χρόνων, καὶ τὰ πλεῖστα τῶν ἐγκλημάτων αὐτὸς ἴσως
καὶ δικαίως διέκρινε δι´ ὅλης ἡμέρας ἐπὶ τοῦ βήματος
καθεζόμενος, εὐπρόσοδόν τε καὶ πρᾷον καὶ φιλάνθρωπον τοῖς ἐπὶ τὴν δικαιοδοσίαν
ἀφικνουμένοις ἑαυτὸν
παρεῖχε καὶ παρεσκεύασεν ἀριστοκρατικὴν οὕτως φανῆναι τὴν πολιτείαν, ὥστε μήτε
δημάρχων δεηθῆναι τοὺς
διὰ πενίαν ἢ δυσγένειαν ἢ ἄλλην τινὰ ταπεινότητα
ὑπὸ τῶν κρειττόνων κατισχυομένους, μήτε καινῆς νομοθεσίας πόθον ἔχειν ἔτι τοὺς
ἐν ἰσηγορίᾳ πολιτεύεσθαι βουλομένους, ἀλλ´ ἀγαπᾶν τε καὶ χαίρειν ἅπαντας ἐπὶ τῇ
τότε κατασχούσῃ τὴν πόλιν εὐνομίᾳ. ταῦτά
τε δὴ τὰ ἔργα τοῦ ἀνδρὸς ἐπῃνεῖτο ὑπὸ τοῦ δήμου,
καὶ ἐπεὶ τὸν ὡρισμένον ἐτέλεσε τῆς ἀρχῆς χρόνον τὸ
μὴ δέξασθαι τὴν ὑπατείαν διδομένην τὸ δεύτερον μηδὲ
ἀγαπῆσαι τηλικαύτην λαμβάνοντα τιμήν. κατεῖχε γὰρ
αὐτὸν ἐπὶ τῆς ὑπατικῆς ἐξουσίας ἡ βουλὴ πολλὰς προσφέρουσα δεήσεις, ἐπεὶ τὸ
τρίτον οἱ δήμαρχοι διεπράξαντο μὴ ἀποθέσθαι τὴν ἀρχήν, ὡς ἐναντιωσόμενον
αὐτοῖς καὶ παύσοντα τῶν καινῶν πολιτευμάτων, τὰ μὲν
αἰδοῖ, τὰ δὲ φόβῳ, τὸν δὲ δῆμον ὁρῶσα οὐκ ἀναινόμενον ὑπ´ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ
ἄρχεσθαι. ὁ δ´ οὔτε τῶν
δημάρχων ἐπαινεῖν ἔφη τὸ ἀπαραχώρητον τῆς ἐξουσίας
οὔτε αὐτὸς εἰς ὁμοίαν ἐκείνοις ἥξειν διαβολήν. συναγαγὼν δὲ τὸν δῆμον εἰς
ἐκκλησίαν καὶ πολλὴν κατηγορίαν τῶν οὐκ ἀποτιθεμένων τὰς ἀρχὰς διαθέμενος
ὅρκους τε διομοσάμενος ἰσχυροὺς περὶ τοῦ μὴ λήψεσθαι
πάλιν τὴν ὑπατείαν, πρὶν ἀποθέσθαι τὴν προτέραν
ἀρχήν, προεῖπεν ἀρχαιρεσίων ἡμέραν· ἐν ᾗ καταστήσας ὑπάτους ἀπῄει πάλιν εἰς τὸ
μικρὸν ἐκεῖνο
καλύβιον καὶ τὸν αὐτουργὸν ἔζη βίον ὡς πρότερον.
| [10,19] XXV. Les troubles ainsi pacifiés, il fit vider à leur requête les jugements qui avaient été différés depuis longtemps. Il jugea par lui-même la plupart des causes : il garda dans les décisions une parfaite égalité, et fit justice à tout le monde. Assis tout le jour sur son tribunal, on le trouvait toujours d'un accès facile : doux, et humain envers ceux qui s'adressaient à lui et témoignait à un chacun beaucoup de bonté. Par cette sage conduite il rendit le gouvernement aristocratique si agréable que les citoyens les plus pauvres et les plus méprisables par la bassesse et l'obscurité de leur naissance ne s'adressaient plus aux tribuns, soit pour implorer leur secours contre l'oppression des grands soit pour demander que par de nouvelles lois on établit l'égalité entre tous les citoyens, tant on était content de l'état présent des affaires et de la conduite du consul qui faisait observer exactement les bonnes lois. Un si paisible gouvernement attirait à Quintius les applaudissements de toute la ville, on ne cessait de le combler de louanges. Mais ce qui lui attira encore plus d'admiration, c'est qu'ayant fait son temps il refusa constamment la dignité de consul qu'on voulait lui continuer pour la seconde année : on ne put jamais l'engager à l'accepter. Le sénat n'oublia rien pour l'empêcher de se démettre de la magistrature ; persuadé que le peuple se laissait volontiers gouverner par un si honnête homme, et que les tribuns ayant été continués dans leur dignité pour la troisième année, il fallait leur opposer un consul qui pût leur imprimer du respect et de la crainte par son air vénérable, et qui arrêtât leurs poursuites au sujet des nouvelles lois. Toutes les instances de cet illustre corps furent inutiles. Quintius protesta qu'il blâmait les tribuns en ce qu'ils refusaient de se démettre, et que pour lui il ne ferait pas la même faute qu'eux. Il convoqua une assemblée du peuple, où après avoir invectivé par un long discours contre ceux qui ne voulaient point de démettre de leurs charges, il jura par les choses les plus sacrées qu'il n'accepterait pas un second consulat qu'il n'eût abdiqué le premier. Ensuite il indiqua le jour des comices, et ayant élu des consuls il de retira dans sa cabane où il continua comme auparavant à vivre du travail de ses mains.
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