Texte grec :
[8,82] Ἐπεὶ δὲ κατεγράφη τὰ στρατεύματα,
παραλαβόντες οἱ ὕπατοι τὰς δυνάμεις ἐξήγαγον ἐπὶ
τοὺς πολεμίους. Κορνήλιος μὲν οὖν εἰς τὴν Οὐιεντανῶν χώραν
ἐμβαλὼν τὴν ἐγκαταληφθεῖσαν λείαν ἐν
αὐτῇ ἀπήλασε, καὶ μετὰ ταῦτα πρεσβευσαμένων τῶν
Οὐιεντανῶν τούς τ´ αἰχμαλώτους αὐτοῖς ἀπέλυσε χρημάτων, καὶ
ἀνοχὰς τοῦ πολέμου συνέθετο ἐνιαυσίους.
Φάβιος δὲ τὴν ἑτέραν δύναμιν ἔχων εἰς τὴν Αἰκανῶν
γῆν ἐνέβαλεν· ἔπειτ´ ἐκεῖθεν εἰς τὴν Οὐολούσκων.
χρόνον μὲν οὖν τινα οὐ πολὺν ἠνέσχοντο οἱ Οὐολοῦσκοι
διαρπαζομένων αὐτοῖς καὶ κειρομένων τῶν ἀγρῶν·
ἔπειτα καταφρονήσαντες τῶν Ῥωμαίων ὡς οὐ πολλῇ
δυνάμει παρόντων ἐξεβοήθουν ἐκ τῆς Ἀντιατῶν χώρας
τὰ ὅπλα ἁρπάσαντες ἀθρόοι, ταχύτερα μᾶλλον ἢ ἀσφαλέστερα
βουλευσάμενοι. εἰ μὲν οὖν ἔφθασαν ἐσκεδασμένοις τοῖς Ῥωμαίοις
ἐπιφανέντες ἐκ τοῦ ἀπροσδοκήτου, μεγάλην ἂν αὐτῶν
εἰργάσαντο τροπήν· νῦν δὲ
προαισθόμενος τὴν ἔφοδον αὐτῶν ὁ ὕπατος διὰ τῶν
ἀποσταλέντων ἐπὶ τὰς κατασκοπάς, ἀνακλήσει ταχείᾳ
τοὺς ἐν ταῖς προνομαῖς ἐσκεδασμένους ἀναλαβών, τάξιν
αὐτοῖς ἀπέδωκε τὴν εἰς πόλεμον ἁρμόττουσαν. τοῖς
δὲ Οὐολούσκοις σὺν καταφρονήσει καὶ θάρσει χωροῦσιν, ὡς
παρὰ δόξαν ἐφάνη συνεστῶσα ἐν κόσμῳ πᾶσα
ἡ τῶν πολεμίων δύναμις, δέος ἐμπίπτει πρὸς τὴν ἀδόκητον ὄψιν,
καὶ τοῦ μὲν κοινοῦ τῆς ἀσφαλείας οὐδεμία φροντίς, τῆς δ´ ἰδίας
ἑκάστῳ σωτηρίας πρόνοια.
ὑποστρέψαντες δὴ ὡς εἶχον ἕκαστοι τάχους ἔφευγον
ἄλλοι κατ´ ἄλλας ὁδούς· καὶ οἱ μὲν πλείους ἀπεσώθησαν εἰς τὴν
πόλιν, ὀλίγον δέ τι στῖφος, ὃ μάλιστα
ἦν συντεταγμένον, εἰς ὄρους τινὰ κορυφὴν ἀναδραμὸν
καὶ θέμενον ἐνταῦθα τὰ ὅπλα τὴν ἐπιοῦσαν νύκτα
διέμενε· ταῖς δ´ ἑξῆς ἡμέραις φρουρὰν περιστήσαντος
τοῦ ὑπάτου τῷ λόφῳ καὶ πάσας διακλείσαντος ὅπλοις
τὰς ἐξόδους, λιμῷ βιασθὲν ὑποχείριον γίνεται καὶ
παραδίδωσι τὰ ὅπλα. ὁ δ´ ὕπατος τήν τε λείαν, ὅσῃ
ἐπέτυχε, καὶ τὰ λάφυρα καὶ τοὺς αἰχμαλώτους ἀποδόσθαι
κελεύσας τοῖς ταμίαις, εἰς τὴν πόλιν ἀπήνεγκε
τὸ ἀργύριον. καὶ μετ´ οὐ πολὺν χρόνον ἀναστήσας
τὴν δύναμιν ἐκ τῆς πολεμίας ἀπῆγεν ἐπ´ οἴκου τελευτῶντος ἤδη
τοῦ ἔτους. ἐπιστάντων δὲ τῶν ἀρχαιρεσίων ἔδοξε τοῖς πατρικίοις
ἠρεθισμένον ὁρῶσι τὸν
δῆμον καὶ μεταμελόμενον ἐπὶ τῇ Κασσίου καταδίκῃ,
διὰ φυλακῆς αὐτὸν ἔχειν, μή τι παρακινήσειε πάλιν
εἰς δεκασμῶν ἐλπίδα καὶ κλήρων διανομῆς ὑπαχθεὶς
ὑπ´ ἀνδρὸς δημαγωγῆσαι δυνατοῦ τὸ τῆς ὑπατείας λαβόντος
ἀξίωμα. ἐφαίνετο δ´ αὐτοῖς ῥᾷστα κωλυθήσεσθαι τούτων τινὸς
ὀρεγόμενος, εἰ γένοιτο ὕπατος
ἀνὴρ ἥκιστα δημοτικός. βουλευσάμενοι δὴ τοῦτο κελεύουσι
μετιέναι τὴν ὑπατείαν τὸν ἕτερον τῶν κατηγορησάντων τοῦ
Κασσίου, Καίσωνα Φάβιον ἀδελφὸν
ὄντα τοῦ τότε ὑπατεύοντος Κοΐντου, καὶ ἐκ τῶν ἄλλων πατρικίων
Λεύκιον Αἰμίλιον ἄνδρα ἀριστοκρατικόν.
τούτων δὲ μετιόντων τὴν ἀρχὴν κωλύειν μὲν οὐχ οἷοί
τ´ ἦσαν οἱ δημοτικοί, καταλιπόντες δὲ τὰς ἀρχαιρεσίας
ᾤχοντο ἐκ τοῦ πεδίου. τὸ γὰρ τῆς λοχίτιδος ἐκκλησίας κῦρος ἐν
ταῖς ψηφοφορίαις περὶ τοὺς ἐπιφανεστάτους ἦν καὶ τὰ πρῶτα
τιμήματα ἔχοντας, καὶ σπάνιόν
τι ἦν, ὃ ἐπεκύρουν οἱ διὰ μέσου· ὁ δὲ τελευταῖος λόχος,
ἐν ᾧ τὸ πλεῖστόν τε καὶ ἀπορώτατον τοῦ δημοτικοῦ μέρος
ἐψηφοφόρει, μιᾶς, ὡς καὶ πρότερον εἴρηταί
μοι, τῆς ἐσχάτης ψήφου κύριος ἦν.
|
|
Traduction française :
[8,82] XIII. Les consuls sans perdre de temps, se mettent en campagne
pour attaquer l'ennemi. Cornélius fait irruption sur les terres des Véîens,
et enlevé tout le butin qu'on y avait laissé. Peu de temps après, les
Véiens lui envoyèrent une ambassade : il leur rendit les prisonniers de
guerre dont ils lui donnent la rançon, et leur accorda une trêve d'un an.
Le consul Fabius à la tête d'une autre armée, entra dans le pays des
Aeques, et de là sur les terres des Volsques. Ceux-ci le laissèrent
pendant quelques jours ravager et piller leurs campagnes. Ensuite
méprisant les Romains qui n'étaient pas en grand nombre, ils prirent les
armes avec plus de précipitation que de prudence, et du pays des
Antiates où ils étaient, ils accoururent en foule pour repousser l'ennemi.
S'ils avaient surpris l'armée Romaine dans le moment qu'elle était
dispersée au pillage, peut-être l'auraient-ils mise honteusement en fuite.
Mais le consul averti de leur marche par ceux qu'il avait envoyés à la
découverte, ramassa par un prompt signal tous les fourrageurs, et les mit
en ordre de bataille. Les Volsques qui venaient à lui en grande confiance
et avec mépris, furent fort étonnés de voir les Romains en bon ordre et
tout prêts à les recevoir. La peur les saisit tout à coup, ils rebroussent
chemin ; sans pourvoir à la sûreté de toute l'armée, chacun ne pense plus
qu'à son propre salut ; ils s'enfuient à toutes jambes, ceux-ci par une
route, ceux-là par l'autre. La plupart se retirèrent dans la ville sans aucune perte.
XIV. Cependant une petite poignée de leurs troupes mieux en ordre
que les autres, gagne le haut d'une certaine montagne, et y passe la nuit
sous les armes. Les jours suivants le consul investit la colline, il porte des
soldats dans toutes les avenues : les assiégés domptés par la faim sont
contraints de se soumettre au vainqueur, et de rendre les armes. Fabius
fait vendre par les questeurs les dépouilles, les prisonniers, et tout le
butin qu'il avait enlevé, et en envoie l'argent à Rome. Peu de temps
après, il décampe de dessus les terres de l'ennemi, et ramène ses
troupes sur la fin de l'année.
XV. COMME le temps des comices pour l'élection des consuls était
proche, les patriciens qui s'aperçurent que le peuple était irrité, et qu'il se
repentait d'avoir condamné Cassius, jugèrent à propos de prendre des
mesures pour empêcher qu'on n'élevât au consulat quelque homme
éloquent et populaire, qui put exciter les plébéiens à une nouvelle révolte
par l'espérance des largesses, ou réveiller leurs prétentions au sujet du
partage des terres publiques. Il leur parut que le moyen le plus sûr pour
prévenir les séditions, et pour réprimer les désirs de la multitude, était
d'élire un consul qui ne fût point du tout porté pour les intérêts du peuple.
Dans cette vue, ayant gagné un des accusateurs de Cassius, nommé
Caeson Fabius, frère de Quintus consul de la présente année, et parmi
les autres patriciens Lucius Emilius, homme fort attaché à la fonction des
grands, ils les engagèrent à briguer le consulat. Le peuple ne put pas
absolument refuser ces deux postulants, tout ce qu'il put faire fut de
quitter les comices, et de se retirer du champ de Mars où se faisait
l'élection. Car dans les assemblées par centuries, les plus nobles et les
plus riches des citoyens avaient toute l'autorité des suffrages, rarement
ceux des moyennes classes décidaient des affaires : d'ailleurs la dernière
classe qui comprenait la plus grande partie et les plus pauvres des
plébéiens, n'avait qu'une seule voix, comme j'ai dit ci-devant encore ne
donnait-elle son suffrage que la dernière.
|
|