Texte grec :
[8,75] Ἴστε δήπου τοὺς ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ ῥηθέντας
ὑπὸ τοῦ δημάρχου λόγους, ὅτ´ ἤρετο τῶν ὑπάτων τὸν
ἕτερον τοῦτον Οὐεργίνιον, ἥντινα γνώμην ἔχει περὶ
τῆς κληρουχίας, πότερα τοῖς μὲν πολίταις συγχωρεῖ
διανέμειν τὰ δημόσια, τοῖς δὲ συμμάχοις οὐκ ἐᾷ, ἢ
τῶν κοινῶν τῶν ἡμετέρων οὐδ´ ἡμῖν συγχωρεῖ μέρος
λαγχάνειν. καὶ οὗτος ὡμολόγησε τὸ καθ´ ἡμᾶς μέρος
οὐ κωλύειν τῆς κληρουχίας, ἐὰν ἅπασι ταῦτα κράτιστα
εἶναι δοκῇ· καὶ ἡ συγχώρησις ἥδε τούς τε δημάρχους
ἐποίησεν ἡμῖν συναγωνιστὰς καὶ τὸν δῆμον ἐπιεικέστερον. τί οὖν
μαθόντες, ἃ τότε συνεχωρήσαμεν, νῦν
ἀναθησόμεθα; ἢ τί πλέον ἡμῖν ἔσται τὰ γενναῖα καὶ
τὰ καλὰ πολιτεύματα καὶ ἄξια τῆς ἡγεμονίας πολιτευομένοις,
ἐὰν μὴ πείθωμεν τοὺς χρησομένους; οὐ
πείσομεν δέ, καὶ τοῦτ´ οὐδεὶς ὑμῶν ἀγνοεῖ. χαλεπώτερα γὰρ ἂν
τῶν μὴ τυγχανόντων ἀποτίσειαν οἱ ψευσθέντες τῆς ἐλπίδος καὶ
τὰ ὁμολογηθέντα μὴ κομιζόμενοι. οἰχήσεται δὴ πάλιν φέρων
αὐτοὺς ὁ τὰ πρὸς
ἡδονὴν πολιτευόμενος, καὶ οὐδὲ τῶν δημάρχων τις ἔτι
μεθ´ ἡμῶν στήσεται. τί οὖν ὑμῖν πράττειν παραινῶ
καὶ τί προστίθημι τῇ Ἀππίου γνώμῃ, μάθετε, ἀλλὰ μὴ
προεξαναστῆτε μηδὲ θορυβήσητε, πρὶν ἅπαντα ἀκούσητε, ἃ
λέγω. τοῖς αἱρεθησομένοις ἐπὶ τὴν ἐξέτασιν
τῆς χώρας καὶ περιορισμὸν εἴτε δέκα ἀνδράσιν εἴθ´
ὁσοισδήποτ´ ἐπιτρέψατε διαγνῶναι, τίνα τ´ αὐτῆς δεῖ
καὶ ὁπόσην κοινὴν εἶναι πάντων καὶ κατὰ πενταετίαν
μισθουμένην αὔξειν τὰς τοῦ ταμιείου προσόδους· ὁπόσην τ´ αὖ
καὶ ἥντινα τοῖς δημόταις ἡμῶν διαιρεθῆναι·
ἣν δ´ ἂν ἐκεῖνοι κληροῦχον ἀποδείξωσι γῆν, ὑμᾶς διαγνόντας εἴθ´
ἅπασιν εἴθ´ οἷς δὴ οὐκέτ´ ἔστι κλῆρος εἴτε
τοῖς ἐλάχιστον ἔχουσι τίμημα εἴθ´ ὅπως ἂν βούλησθε
κατανεῖμαι· τοὺς δ´ ὁριστὰς αὐτῆς ἄνδρας καὶ τὸ ὑμέτερον
ψήφισμα, ὃ περὶ τῆς κληρουχίας ἐξοίσετε, καὶ
τἆλλα, ὅσα δεῖ γενέσθαι, ἐπειδὴ βραχὺς ὁ λειπόμενός
ἐστι τῆς ἀρχῆς τοῖς ὑπάτοις χρόνος, τοὺς εἰσιόντας
ὑπάτους, ὡς ἂν αὐτοῖς κράτιστα δοκῇ ἕξειν, ἐπιτελέσαι.
οὔτε γὰρ ὀλίγων τηλικαῦτα πράγματα δεῖται χρόνων,
οὔτε ἡ νῦν στασιάζουσα ἀρχὴ φρονιμώτερον ἂν καταμάθοι τὰ
συμφέροντα τῆς μετ´ αὐτὴν ἀποδειχθησομένης,
ἐὰν ἐκείνη γ´, ὥσπερ ἐλπίζομεν, ὁμονοῇ. χρήσιμον
δὲ πρᾶγμα ἐν πολλοῖς καὶ ἥκιστα σφαλερὸν ἀναβολή,
καὶ πολλὰ ὁ χρόνος ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ μετατίθησι· καὶ τὸ
μὴ στασιάζον ἐν τοῖς προεστηκόσι τῶν κοινῶν ἁπάντων
ἀγαθῶν ἐν ταῖς πόλεσιν αἴτιον. ἐγὼ μὲν δὴ ταύτην
ἀποφαίνομαι γνώμην· εἰ δέ τις ἄλλο κρεῖττον εἰσηγεῖται, λεγέτω.
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Traduction française :
[8,75] XV. Je ne crois pas néanmoins que ce soit assez de mettre ces deux
choses dans le sénatus-consulte que nous voulons faire : il me paraît que
pour gagner le peuple et nous le rendre favorable, il est à propos de lui
faire notre cour par une autre grâce, {qui ne soit point excessive} et dont
je parlerai bientôt, quand je vous aurai dit la raison, ou plutôt la nécessité,
qui nous oblige à en user ainsi. Vous vous souvenez sans doute de ce
que fît dernièrement le tribun dans l'assemblée, lorsqu'il demanda à
Virginius l'un des consuls, ce qu'il pensait de la distribution des terres ; s'il
était d'avis que les biens du public fussent partagés aux citoyens
seulement et non pas aux alliés ou s'il ne voulait pas même que ce que
nous possédons tous en commun, fut distribué aux particuliers par
portions. Vous savez que Virginius ayant répondu que pour nous il
n'empêchait pas que les terres ne nous fussent distribuées si l'on en était
d'avis, ce consentement fit ranger les tribuns de notre parti et rendit le
peuple et plus raisonnable et plus modéré. Qu'est-ce donc qui nous
oblige aujourd'hui à révoquer ce que nous accordâmes alors ? A quoi
serviront nos sages et généreux règlements dignes de la majesté de
l'empire, si nous ne persuadons au peuple qu'il faut les observer ? C'est
néanmoins ce que nous ne lui persuaderons jamais, et personne de vous
ne l'ignore. Car, quiconque se voit frustré de ses espérances et n'obtient
pas ce qui lui a été promis, en est plus indigné que si on lui avait refusé
simplement ce qu'il demandait. Après cela qu'il vienne quelqu'un, qui
s'accommodant au génie du peuple, lui propose derechef ces mêmes lois,
trouverons-nous un seul tribun qui veuille désormais embrasser notre parti
? Ecoutez donc ce que je vous conseille de faire et ce que j'ajoute à l'avis
d'Appius : mais un peu de silence, et ne vous levez pas que vous n'ayez
entendu tout ce que j'ai à vous dire. Quand vous aurez nommé les
députés, soit au nombre de dix, soit en plus grand nombre, pour faire la
visite des terres et en déterminer les limites, donnez-leur commission
d'examiner ce qu'il en faut réserver au public, combien on en doit affermer
par un bail de cinq ans pour augmenter les revenus de l'état, et
combien il est à propos d'en distribuer à nos plébéiens : enjoignez-leur de
faire un partage égal de celles qui doivent être distribuées, affermées ou
réservées, et sur leur rapport vous examinerez vous-mêmes si celles
qu'ils assigneront pour faire l'héritage du peuple, doivent être distribuées à
tous les plébéiens, ou seulement à ceux qui n'ont aucune portion de
terres, ou à ceux dont le revenu est très modique, ou enfin de quelle
manière vous jugerez à propos d'en disposer. A l'égard de la nomination
des députés, du sénatus-consulte que vous devez faire pour le partage
des terres, et des autres règlements qui concernent la même affaire ;
comme les consuls n'ont plus guère de temps à rester en charge, je
serais d'avis qu'on laissât tout à la disposions de leurs successeurs pour
en agir de la manière qu'ils jugeront convenable au bien de l'état. Outre
qu'une affaire de cette importance, demande beaucoup de temps, les
consuls qui sont à présent en dispute, ne verraient pas avec plus de
prudence ce qui convient, que ne feront leurs successeurs s'ils sont
parfaitement d'accord comme nous l'espérons. J'ajoute qu'il est souvent
utile de surseoir une affaire, que ce délai ne porte aucun préjudice, et
qu'un seul jour peut apporter bien du changement : d'ailleurs lorsque les
magistrats sont en bonne intelligence, ils font beaucoup de bien à la
république. Tel est mon avis, Messieurs : si quelqu'un en a un meilleur à
donner, qu'il le dise».
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