Texte grec :
[8,71] Εὐθὺς μὲν οὖν ἔτι λέγοντος αὐτοῦ θόρυβος ἦν πολύς,
ἀχθομένων ἁπάντων καὶ οὐχ ὑπομενόντων τὸν λόγον. ἐπειδὴ δ´
ἐπαύσατο ὅ τε συνύπατος
αὐτοῦ Οὐεργίνιος πολλὴν ἐποιήσατο κατηγορίαν ὡς
στάσιν εἰσάγοντος, καὶ τῶν ἄλλων βουλευτῶν οἱ πρεσβύτατοί τε
καὶ τιμιώτατοι, μάλιστα δ´ Ἄππιος Κλαύδιος· καὶ μέχρι πολλῆς
ὥρας ἠγριωμένοι τε καὶ τὰ
αἴσχιστα κατ´ ἀλλήλων ὀνείδη λέγοντες οὗτοι διετέλεσαν. ταῖς δὲ
κατόπιν ἡμέραις ὁ μὲν Κάσσιος ἐκκλησίας συνεχεῖς ποιούμενος
ἐξεδημαγώγει τὸ πλῆθος, καὶ
τοὺς ὑπὲρ τῆς κληρουχίας λόγους εἰσέφερε, καὶ πολὺς
ἦν ἐν ταῖς κατηγορίαις τῶν ἀντιπραττόντων. ὁ δ´
Οὐεργίνιος τὴν βουλὴν ὁσημέραι συνάγων μετὰ κοινῆς
γνώμης τῶν πατρικίων ἀντιπαρεσκευάζετο φυλακάς τε
καὶ κωλύσεις νομίμους. καὶ ἦν στῖφος ἑκατέρῳ τῶν
παρακολουθούντων τε καὶ φυλακὴν τῷ σώματι παρεχόντων
πολύ· τὸ μὲν ἄπορον καὶ ῥυπαρὸν καὶ πάντα
τολμᾶν πρόχειρον ὑπὸ τῷ Κασσίῳ τεταγμένον, τὸ δ´
εὐγενέστατόν τε καὶ καθαρώτατον ὑπὸ τῷ Οὐεργινίῳ.
τέως μὲν οὖν τὸ χεῖρον ἐν ταῖς ἐκκλησίαις ἐπεκράτει
μακρῷ θατέρου προὔχον, ἔπειτα ἰσόρροπον ἐγένετο
προσνειμάντων ἑαυτοὺς τῶν δημάρχων τῇ κρείττονι
μοίρᾳ· τάχα μὲν καὶ διὰ τὸ μὴ δοκεῖν ἄμεινον εἶναι
τῇ πόλει δεκασμοῖς τ´ ἀργυρίου καὶ διανομαῖς τῶν
δημοσίων διαφθειρόμενον τὸ πλῆθος ἀργὸν καὶ πονηρὸν εἶναι,
τάχα δὲ καὶ διὰ τὸν φθόνον, ὅτι τῆς
φιλανθρωπίας ταύτης οὐκ αὐτοὶ ἦρξαν οἱ τοῦ δήμου
προεστηκότες, ἀλλ´ ἕτερος· οὐθὲν δὲ κωλύει καὶ διὰ
τοῦτο τὸ δέος, ὃ πρὸς τὴν αὔξησιν τοῦ ἀνδρὸς ἐλάμβανον μείζονα
γενομένην ἢ τῇ πόλει συνέφερεν. ἀντέλεγον οὖν ἤδη κατὰ κράτος
ἐν ταῖς ἐκκλησίαις οὗτοι
πρὸς τοὺς εἰσφερομένους ὑπὸ τοῦ Κασσίου νόμους
διδάσκοντες τὸν δῆμον, ὡς οὐκ εἴη δίκαιον, ἃ διὰ πολλῶν
ἐκτήσατο πολέμων, ταῦτα μὴ Ῥωμαίους νείμασθαι
μόνους, ἀλλὰ καὶ Λατίνους αὐτοῖς ἰσομοιρεῖν τοὺς μὴ
παραγενομένους τοῖς πολέμοις, καὶ τοὺς νεωστὶ προσελθόντας
πρὸς τὴν φιλίαν Ἕρνικας, οἷς ἀγαπητὸν ἦν
πολέμῳ προσαχθεῖσι τὸ μὴ τὴν ἑαυτῶν ἀφαιρεθῆναι
χώραν. ὁ δὲ δῆμος ἀκούων τοτὲ μὲν τοῖς τῶν δημάρχων
προσετίθετο λόγοις ἐνθυμούμενος, ὅτι μικρόν
τι καὶ οὐκ ἄξιον ἔσται λόγου τὸ ἐκ τῆς δημοσίας γῆς
ἐσόμενον ἑκάστῳ λάχος, εἰ μεθ´ Ἑρνίκων τε καὶ Λατίνων αὐτὴν
νεμήσονται, τοτὲ δ´ ὑπὸ τοῦ Κασσίου μετεπείθετο
δημαγωγοῦντος, ὡς προδιδόντων αὐτοὺς τοῖς
πατρικίοις τῶν δημάρχων καὶ πρόφασιν ποιουμένων
τῆς κωλύσεως εὐπρεπῆ τὴν Ἑρνίκων τε καὶ Λατίνων
ἰσομοιρίαν, ἣν αὐτὸς ἔφη νόμῳ περιλαβεῖν ἰσχύος τῶν
πενήτων ἕνεκα καὶ εἴ τις ἀφαιρεῖσθαί ποτε αὐτοὺς
ἀξιώσαι τὰ δοθέντα κωλῦσαι, κρεῖττον ἡγούμενος εἶναι
καὶ ἀσφαλέστερον τοῖς πολλοῖς μικρὰ λαβοῦσιν ὁμοίως
ἔχειν ἢ πολλὰ ἐλπίσασιν ἁπάντων ἀποτυχεῖν.
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Traduction française :
[8,71] VII. Pendant qu'il parlait ainsi, il s'éleva un bruit confus dans toute
l'assemblée, et chacun se récria contre un discours de cette nature. A
peine avait-il achevé de parler, que Virginius son collègue dans le
consulat, prenant la parole, l'accusa hautement d'allumer le flambeau de
la sédition dans le sein de la république. Cette accusation fut appuyée par
les plus anciens et les plus apparents des sénateurs : mais personne ne
se déclara plus fortement contre lui qu'Appius Claudius. Enfin les esprits
s'aigrirent de plus en plus : toute la séance se passa en disputes très
vives, et on en vint de part et d'autre aux injures les plus sanglantes.
VIII. Les jours suivants, Cassius tint de fréquentes assemblées : il fit
de nouveaux efforts pour gagner la faveur de la multitude, et ne cessant
de lui parler de la distribution des terres, il se répandit en invectives contre
ceux qui traversaient ses desseins. D'un autre côté, Virginius assemblait
tous les jours le sénat, et prenait des mesures légitimes, du commun
consentement des patriciens, pour mettre obstacle aux entreprises de son
collègue. L'un et l'autre avait autour de lui une troupe de partisans pour
lui servir de gardes du corps. La lie du peuple et les pauvres gens
déterminés à tout entreprendre, se rangeaient du parti de Cassius : les
nobles et les plus honnêtes gens suivaient Virginius. Pendant quelque
temps la canaille se trouva la plus forte dans les assemblées, parce
qu'elle surpassait de beaucoup en nombre ceux du parti contraire : mais
ensuite les deux partis devinrent égaux : car les tribuns se rangèrent du
meilleur côté , soit dans la crainte que le peuple corrompu par des
largesses d'argent et par la distribution des biens du public, ne devînt
paresseux et ne se livrât au libertinage contre l'intérêt de la république,
soit par jalousie contre celui qui voulait avoir tout l'honneur de ces
libéralités au préjudice des magistrats du peuple , soit enfin qu'ils prissent
ombrage du crédit de Cassius et qu'ils appréhendassent qu'il ne devînt
trop puissant au grand désavantage de toute la ville. Quoiqu'il en soit, ils
s'opposaient déjà fortement dans les assemblées aux lois que proposait
Cassius : ils représentaient qu'il n'était pas juste que les conquêtes que le
peuple avait faites dans plusieurs guerres, fussent distribuées non
seulement aux Romains, mais encore aux Latins qui n'avaient point
essuyé leur part des périls, et aux Herniques nouvellement reçus dans
l'amitié du peuple Romain, qui ne devaient être que trop contents de ce
qu'on ne leur avait pas ôté leurs propres terres après les avoir subjugués.
IX. TANTÔT le peuple écoutait les tribuns et se rendait à leurs
raisons, voyant bien que si les Latins et les Herniques étaient compris
dans le partage des terres publiques, chaque citoyen n'en pourrait avoir
qu'une très petite portion qui n'en vaudrait pas la peine : tantôt se laissant
aller aux discours séduisants de Cassius, il s'imaginait que les tribuns le
livraient aux patriciens, et que l'égalité des Herniques et des Latins dans
le partage des terres publiques, n'était qu'un prétexte spécieux dont ils
coloraient leur opposition aux libéralités qu'on lui voulait faire. Cassius en
effet lui faisait entendre qu'il n'avait inséré dans la loi cette clause de
l'égalité, que pour assurer la possession des pauvres en les liant d'intérêts
avec ces deux nations , que par ce moyen, si on voulait un jour leur ôter
ce qu'on leur accordait, ils seraient en état de se défendre , et qu'ainsi
il avait cru qu'il était beaucoup plus sûr et plus avantageux à la plupart
des plébéiens de se contenter de peu de chose avec assurance d'une
constante possession, que d'espérer beaucoup et de voir tôt ou tard
toutes leurs espérances s'évanouir.
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