Texte grec :
[8,67] Ὁ δ´ ἕτερος τῶν ὑπάτων Τῖτος Σίκκιος,
ὁ πεμφθεὶς ἐπὶ Οὐολούσκους, ὅσον ἦν κράτιστον τῆς
δυνάμεως μέρος ἀναλαβὼν εἰς τὴν Οὐελιτρανῶν χώραν
εἰσέβαλεν. ἐνταῦθα γὰρ ἦν Τύλλος Ἄττιος ὁ τῶν
Οὐολούσκων ἡγεμὼν τὴν ἀκμαιοτάτην συσκευασάμενος
στρατιάν, γνώμην ἔχων τὰ συμμαχικὰ Ῥωμαίων κακῶσαι
πρῶτον, ὥσπερ ὁ Μάρκιος ἔδρασεν, ὅτ´ ἤρχετο
τοῦ πολέμου, δόξας ἐν τῷ αὐτῷ φόβῳ Ῥωμαίους ἔτι
διαμένειν καὶ μηδεμίαν τοῖς ὑπὲρ αὐτῶν κινδυνεύουσι
πέμψειν ἐπικουρίαν. ὡς δ´ ὤφθησάν τε καὶ εἶδον
ἀλλήλας αἱ δυνάμεις, οὐδὲν ἔτι ἀναβαλόμεναι συνῄεσαν
εἰς ταὐτόν. ἦν δ´ ὁ χῶρος ὁ μεταξὺ τῶν στρατοπέδων, ἐν ᾧ τὴν
μάχην ἔδει γενέσθαι, λόφος πετρώδης
πολλαχῇ περικατεαγώς, ἔνθα οὐδετέροις ἡ ἵππος ἔμελλεν
ἔσεσθαι χρησίμη. μαθόντες δὲ τοῦθ´ οἱ τῶν Ῥωμαίων ἱππεῖς καὶ ἐν
αἰσχύνῃ θέμενοι, εἰ παρόντες τῷ
ἀγῶνι μηδὲν προσωφελήσουσιν, ἐδέοντο τοῦ ὑπάτου
προσελθόντες ἀθρόοι, ἐᾶσαι σφᾶς καταβάντας ἀπὸ τῶν
ἵππων μάχεσθαι πεζούς, εἰ τοῦτ´ αὐτῷ δοκεῖ κράτιστον
εἶναι. κἀκεῖνος πολλὰ ἐπαινέσας αὐτοὺς καταβιβάζει
τ´ ἀπὸ τῶν ἵππων, καὶ σὺν ἑαυτῷ τεταγμένους εἶχεν
ἐπισκόπους τε καὶ ἐπανορθωτὰς τοῦ κάμνοντος ἐσομένους· καὶ
ἐγένοντο τῆς τότε νίκης λαμπρᾶς σφόδρα
γενομένης οὗτοι Ῥωμαίοις αἴτιοι. τὸ μὲν γὰρ πεζὸν
ἀμφοτέρων πλήθει τ´ ἀνθρώπων ὡς μάλιστα ἦν καὶ
ὁπλισμοῖς ὁμοιότροπον, τάξεώς τε κόσμῳ καὶ μάχης
ἐμπειρίᾳ κατά τ´ ἐπαγωγὰς καὶ ὑποχωρήσεις πληγάς
τ´ αὖ καὶ φυλακὰς παραπλήσιον. μετέμαθον γὰρ οἱ
Οὐολοῦσκοι πάντα τὰ πολέμια, ἐξ οὗ Μάρκιον ἔσχον
ἡγεμόνα, καὶ εἰς τὰ Ῥωμαίων προσεχώρησαν ἔθη. διέμενον οὖν
ἐπὶ πλεῖστον χρόνον τῆς ἡμέρας ἀγχωμάλως
αἱ φάλαγγες ἀγωνιζόμεναι, καὶ ἡ τοῦ χωρίου φύσις
ἀνώμαλος οὖσα ἑκατέροις πολλὰ εἰς τὸ πλεονεκτεῖν
κατ´ ἀλλήλων παρείχετο. οἱ δ´ ἱππεῖς τῶν Ῥωμαίων
διχῇ νείμαντες ἑαυτούς, οἱ μὲν κατὰ τὰ πλάγια τῶν
πολεμίων ἀπὸ τοῦ δεξιοῦ κέρως ἐμβάλλουσιν, οἱ δὲ
περιελθόντες διὰ τοῦ λόφου τοῖς κατόπιν ἐπιρράττουσιν.
ἔπειθ´ οἱ μὲν εἰσακοντίζοντες τὰς λόγχας, οἱ δὲ τοὺς
ὁμόσε χωροῦντας τοῖς ἱππικοῖς ξίφεσι μακροτέροις οὖσι
κατὰ βραχιόνων παίοντες καὶ παρὰ τὰς ἀγκύλας καταφέροντες,
πολλῶν μὲν τὰς {ἀμυνομένας, ἢ σκεπούσας
τὰ σώματα} χεῖρας αὐτοῖς σκεπάσμασί τε καὶ ἀμυντηρίοις
ἀπέκοπτον, πολλοὺς δὲ γονάτων τε καὶ ἀστραγάλων πληγαῖς
βαθείαις ἀπὸ κρατίστης βάσεως ἐρρίπτουν
ἡμιθανεῖς. περιειστήκει τε πάντοθεν τοῖς Οὐολούσκοις τὸ δεινόν·
ἐκ μὲν γὰρ τῶν κατὰ πρόσωπον οἱ
πεζοὶ αὐτοῖς ἐνέκειντο, ἐκ δὲ τῶν πλαγίων τε καὶ τῶν
κατόπιν οἱ ἱππεῖς, ὥστε ὑπὲρ δύναμιν ἀγαθοὶ γενόμενοι καὶ
πολλὰ ἔργα τόλμης τε καὶ ἐμπειρίας ἀποδειξάμενοι, μικροῦ δεῖν
πάντες οἱ τὸ δεξιὸν κέρας ἔχοντες
κατεκόπησαν. οἱ δ´ ἐν μέσῃ τε τῇ φάλαγγι τεταγμένοι
καὶ ἐπὶ τοῦ ἑτέρου κέρως ἐπειδὴ τὸ δεξιόν τε παρερρηγμένον
εἶδον καὶ τὸν αὐτὸν τρόπον ἐπιόντας σφίσι
τοὺς τῶν Ῥωμαίων ἱππεῖς, ἐξελίξαντες τοὺς λόχους
βάδην ἀπεχώρουν ἐπὶ τὸν χάρακα, καὶ οἱ τῶν Ῥωμαίων
ἱππεῖς ἐν τάξει ἠκολούθουν. ἐπεὶ δὲ πρὸς
τῷ ἐρύματι ἦσαν, ἑτέρα γίνεται μάχη τῶν ἱππέων ἐπιβαινόντων
τοῖς περισταυρώμασι κατὰ πολλὰ μέρη τοῦ
χάρακος ὀξεῖα καὶ παλίντροπος. πονουμένων δὲ τῶν
Ῥωμαίων ὁ ὕπατος κελεύσας τοῖς πεζοῖς ὕλην προσενέγκαντας
ἀποχῶσαι τὰς τάφρους, πρῶτος ἐχώρει κατὰ
τὸ ἐπίβατον ἔχων τοὺς ἀρίστους τῶν ἱππέων ἐπὶ τὰς
ἐχυρωτάτας τοῦ χάρακος πύλας· ἀναστείλας δὲ τοὺς
πρὸ αὐτῶν μαχομένους καὶ τοὺς καταρράκτας τῶν πυλῶν
διακόψας ἐντὸς ἐγεγόνει τῶν ἐρυμάτων, καὶ τοὺς
ἐπιόντας τῶν σφετέρων πεζῶν ἐδέχετο. Τύλλος δ´
Ἄττιος ἔχων τοὺς ἐρρωμενεστάτους καὶ εὐτολμοτάτους
Οὐολούσκων ὁμόσε αὐτῷ χωρεῖ καὶ πολλὰ ἔργα γενναῖα
ἀποδειξάμενος· ἦν γὰρ ἀγωνιστὴς μὲν πολέμων
σφόδρ´ ἄλκιμος, στρατηγῆσαι δ´ οὐχ ἱκανός· ὑπὸ κόπου
τε καὶ πλήθους τραυμάτων καταπονηθεὶς ἀποθνήσκει.
τῶν δ´ ἄλλων Οὐολούσκων, ἐπειδὴ ὁ χάραξ ἡλίσκετο,
οἱ μὲν ἀγωνιζόμενοι κατεκόπησαν, οἱ δὲ τὰ ὅπλα ῥίψαντες πρὸς
ἱκεσίας τῶν κεκρατηκότων ἐτράποντο,
ὀλίγοι δέ τινες ἐπὶ τὰ οἰκεῖα φεύγοντες ἀπεσώθησαν.
ἀφικομένων δ´ εἰς τὴν Ῥώμην ἀγγέλων, οὓς ἀπέστειλαν οἱ
ὕπατοι, μεγίστη χαρὰ τὸν δῆμον κατέσχε, καὶ
αὐτίκα τοῖς μὲν θεοῖς χαριστηρίους ἐψηφίσαντο θυσίας,
τοῖς δ´ ὑπάτοις τὴν τῶν θριάμβων τιμὴν προσέθεσαν.
οὐ μέντοι τὴν αὐτήν γ´ ἀμφοτέροις· ἀλλὰ Σικκίῳ μέν,
ἐπειδὴ φόβου μείζονος ἠλευθερωκέναι ἐδόκει τὴν πόλιν
τὸν Οὐολούσκων ὑβριστὴν καθελὼν στρατὸν καὶ τὸν
ἡγεμόνα αὐτῶν ἀποκτείνας τὴν μείζονα πομπὴν ἐψηφίσαντο· καὶ
εἰσήλασεν ὁ ἀνὴρ ἄγων τὰ λάφυρα καὶ
τοὺς αἰχμαλώτους καὶ τὴν συναγωνισαμένην δύναμιν
ἅρματι παρεμβεβηκὼς χρυσοχαλίνων ἵππων τὴν βασιλικὴν
ἠμφιεσμένος ἐσθῆτα, ὡς περὶ τοὺς μείζονας
θριάμβους νόμος. Ἀκυλλίῳ δὲ τὸν ἐλάττονα θρίαμβον
ἀπέδοσαν, ὃν αὐτοὶ καλοῦσιν οὐαστήν· δεδήλωται δέ
μοι διὰ τῶν προτέρων, ἣν ἔχει διαφορὰν οὗτος πρὸς
τὸν μείζονα· καὶ εἰσῆλθεν ὁ ἀνὴρ πεζὸς τὰ λοιπὰ τῆς
πομπῆς ἐπαγόμενος. καὶ τὸ ἔτος τοῦτο ἐτελεύτα.
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Traduction française :
[8,67] VII. Titus Siccius l'autre consul qu'on avait envoyé contre les
Volsques avec la fleur des troupes, fit une irruption dans les campagnes
de Vélitre, où Tullus Attius général des Volsques s'était avancé avec une
armée composée des plus braves soldats, dans le dessein de ravager
d'abord le pays des alliés, comme avait fait Marcius au commencement
de la guerre, comptant que les Romains encore saisis de crainte ne leur
enverraient aucun secours, quoiqu'ils s'exposassent pour l'amour d'eux.
Dès que les deux armées furent en présence, elles se livrèrent combat
sans différer. La place d'entre les deux camps qui devait servir de champ
de bataille, était une colline raboteuse et entrecoupée par de grosses
pierres , en sorte que ni les uns ni les autres ne pouvaient se servir de
leur cavalerie. Les cavaliers Romains voyant la difficulté, vont en foule
trouver le consul : persuadés qu'il leur serait honteux d'être spectateurs
inutiles du combat , ils le prient de leur permettre de mettre pied à terre s'il
le juge à propos, afin de combattre comme l'infanterie. Siccius loue leur
générosité , il les fait descendre de cheval, et les retient auprès de sa
personne, pour secourir, en cas de besoin, ceux qui plieraient dans le
combat. Ces braves furent sans contredit la principale cause de la victoire
signalée que les Romains remportèrent dans la bataille. Car non
seulement l'infanterie était égale en nombre de part et d'autre, mais elle
était également bien armée, également disciplinée, également exercée
dans les combats, également habile à avancer sur l'ennemi, à reculer à
propos, à porter un coup et à le parer. Les Volsques avaient appris une
manière toute nouvelle de faire la guerre, depuis qu'ils avaient eu Marcius
pour commandant ils s'étaient parfaitement formés à la discipline des
Romains. C'est pourquoi les deux armées se battirent longtemps avec
d'égales forces, la situation du champ de bataille raboteux et inégal, leur
donnant aux uns et aux autres de grands avantages pour la victoire. Mais
la cavalerie Romaine s'étant partagée en deux corps, l'une charge en
flanc l'aile droite des ennemis, l'autre ayant fait le tour de la colline attaque
leur arrière-garde. Ceux-ci lancent une nuée de javelots, ceux-là frappant
sur tout ce qu'ils rencontrent, abattent bras et jambes. Armés de longs
sabres propres à la cavalerie, ils font rage sur tout ce qui se présente
devant eux : quiconque veut parer leurs coups ou se mettre à couvert, ils
lui coupent le bras jusqu'au coude, et lui abattent la main avec son
bouclier et ses armes défensives. Ils en blessent plusieurs aux jarrets, aux
genoux, aux talons, et leur faisant de profondes blessures ils les étendent
demi-morts sur le champ de bataille. Déjà les Volsques se voyaient
investis et accablés de tous côtés par l'infanterie qui les pressait de front,
et par la cavalerie qui les chargeait en flanc et en queue. Mais malgré
cette vigoureuse attaque, ils combattirent avec une valeur extraordinaire,
et firent paraitre plus de courage que leurs forces ne semblaient le
permettre: de sorte qu'après avoir donné plusieurs marques de bravoure
et d'habileté dans la guerre, leur aile droite fut presque toute taillée en
pièces. Alors ceux qui composaient le corps de bataille et l'autre aile, sont
saisis de crainte à la vue de leur aile droite presque entièrement défaite,
et de la cavalerie Romaine qui se prépare à les charger avec la même
vigueur. Ils déploient leurs bataillons pour le retirer à petit pas dans leur
camp. La cavalerie Romaine les poursuivit en ordre de bataille.
VIII. On arrive aux retranchements : la cavalerie Romaine se met en
devoir d'en forcer l'entrée et de franchir les palissades en plusieurs
endroits. L'ennemi fait de nouveaux efforts pour la repousser , le combat
se rengage ; l'action devient très rude, et la bravoure est réciproque. Enfin
les Romains épuisés de fatigues sont obligés de reculer et de céder à la
force. Le consul voyant que leur courage s'affaiblit, ordonne à l'infanterie
de combler les fossés avec des fascines. Dès qu'ils sont remplis par
quelqu'endroit, il passe le premier avec l'élite de la cavalerie pour attaquer
la porte du camp la mieux fortifiée. Il écarte ceux qui la défendent, il
enfonce la herse ou contre-porte, il entre dans les retranchements et y
reçoit son infanterie qui suit. Tullus Ancius, brave guerrier, homme
courageux, bon soldat, mais peu propre à commander une armée, se
présente aussitôt à lui avec la fleur des Volsques. D'abord il fait des
prodiges de valeur et dispute longtemps la victoire, mais après avoir
signalé son courage par mille beaux exploits, enfin accablé de fatigues et
couvert de blessures il tombe mort dans le combat. Le camp étant pris,
les Volsques persistent en vain à le défendre : ceux-ci se battent avec un
courage extraordinaire et périssent les armes à la main, ceux-là mettent
bas les armes pour implorer la clémence du vainqueur , d'autres, mais en
petit nombre, prennent la fuite, et échappant au danger se sauvent dans
leurs villes.
IX. Cette nouvelle portée à Rome par les courriers que les consuls y
avaient dépêchés exprès répandit la joie par toute la ville. Aussitôt on fit
faire des sacrifices d'action de grâce et on décerna aux deux consuls les
honneurs du triomphe : mais on mit quelque différence entre ces deux
triomphes. Siccius fut jugé digne du grand triomphe, parce qu'il avait
délivré Rome du plus grand péril par la défaite de l'armée insolente des
Volsques et par la mort de leur général. Il entra dans Rome accompagné
de ceux qui portaient les dépouilles, précédé par les prisonniers de
guerre, suivi des soldats qui avaient été compagnons de sa victoire. Il
était monté sur un char de triomphe dont les chevaux avaient des rênes
d'or, et était couvert d'un manteau royal, comme il se pratique dans les
grands triomphes. Pour Aquilius, on ne lui accorda que le petit triomphe,
que les Romains appellent Ovation : j'ai fait voir dans les livres précédents
en quoi il était différent du grand triomphe. Aquilius fit son entrée à pied
avec tous les autres ornements convenables à la cérémonie. Ainsi finit
cette année.
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