Texte grec :
[8,43] Παυσαμένης δ´ αὐτῆς τοσοῦτος ὀδυρμὸς
ἐκ τῶν παρουσῶν γυναικῶν ἐγένετο, καὶ τηλικαύτη
κατέσχε τὸν οἶκον οἰμωγή, ὥστ´ ἐπὶ πολὺ {μέρος} ἐξακουσθῆναι
τῆς πόλεως τὴν βοὴν καὶ μεστοὺς γενέσθαι
τοὺς ἐγγὺς τῆς οἰκίας στενωποὺς ὄχλου. ἔπειθ´ ἥ τε
Οὐαλερία πάλιν ἑτέρας ἐξέτεινε μακρὰς καὶ συμπαθεῖς
δεήσεις, αἵ τ´ ἄλλαι γυναῖκες αἱ κατὰ φιλίαν ἢ συγγένειαν
ἑκατέρᾳ τῶν γυναικῶν προσήκουσαι, καὶ παρέμενον λιπαροῦσαί
τε καὶ γονάτων ἁπτόμεναι, ὥστ´
οὐκ ἔχουσα, ὅ τι πάθῃ πρὸς τοὺς ὀδυρμοὺς αὐτῶν
καὶ τὰς πολλὰς δεήσεις, εἶξεν ἡ Οὐετουρία καὶ τελέσειν τὴν
πρεσβείαν ὑπὲρ τῆς πατρίδος ὑπέσχετο τήν
τε γυναῖκα τοῦ Μαρκίου παραλαβοῦσα καὶ τὰ τέκνα
καὶ τῶν ἄλλων πολιτίδων τὰς βουλομένας. αἱ μὲν δὴ
περιχαρεῖς γενόμεναι καὶ τοὺς θεοὺς ἐπικαλεσάμεναι
συλλαβέσθαι σφίσι τῆς ἐλπίδος ἀπῄεσαν ἐκ τῆς οἰκίας
καὶ προσήγγειλαν τὰ γενόμενα τοῖς ὑπάτοις· οἱ δὲ τὴν
προθυμίαν αὐτῶν ἐπαινέσαντες συνεκάλουν τὴν βουλὴν καὶ περὶ
τῆς ἐξόδου τῶν γυναικῶν, εἰ συγχωρητέον αὐταῖς, γνωμηδὸν
ἐπυνθάνοντο. πολλοὶ μὲν οὖν
ἐλέχθησαν καὶ παρὰ πολλῶν λόγοι, καὶ μέχρι τῆς
ἑσπέρας διετέλεσαν ὅ τι χρὴ ποιεῖν βουλευόμενοι. οἱ
μὲν γὰρ οὐ μικρὸν ἀπέφαινον εἶναι τῇ πόλει κινδύνευμα
γυναῖκας ἅμα τέκνοις εἰς πολεμίων στρατόπεδον
πορευομένας ἐᾶσαι· εἰ γὰρ αὐτοῖς ὑπεριδοῦσι τῶν
νενομισμένων ὁσίων περί τε πρεσβείας καὶ ἱκεσίας δόξειε
μηκέτι προίεσθαι τὰς γυναῖκας, ἀμαχητὶ σφῶν
ἁλώσεσθαι τὴν πόλιν· ἠξίουν τ´ αὐτὰς μόνον ἐᾶσαι τὰς
προσηκούσας τῷ Μαρκίῳ γυναῖκας ἅμα τοῖς τέκνοις
αὐτοῦ πορευομένας. ἕτεροι δ´ οὐδὲ ταύταις ᾤοντο δεῖν
ἐπιτρέπειν τὴν ἔξοδον, ἐπιμελῶς δὲ καὶ ταύτας παρῄνουν
φυλάττειν, ὅμηρα νομίσαντας ἔχειν παρὰ τῶν
πολεμίων ἐχέγγυα τοῦ μηδὲν τὴν πόλιν ἀνήκεστον ὑπ´
αὐτῶν παθεῖν. οἱ δὲ πάσαις συνεβούλευον συγχωρῆσαι
ταῖς βουλομέναις γυναιξὶ τὴν ἔξοδον, ἵνα σὺν μείζονι
ἀξιώματι αἱ τῷ Μαρκίῳ προσήκουσαι ποιήσωνται τὴν
ὑπὲρ τῆς πατρίδος δέησιν. τοῦ δὲ μηθὲν αὐταῖς συμβήσεσθαι
δεινὸν ἐγγυητὰς ἀπέφαινον ἐσομένους θεοὺς
μὲν πρῶτον, οἷς καθοσιωθεῖσαι τὰς ἱκεσίας ποιήσονται·
ἔπειτα τὸν ἄνδρα αὐτόν, πρὸς ὃν ἔμελλον πορεύεσθαι,
πάσης ἀδίκου τε καὶ ἀνοσίου πράξεως καθαρὸν καὶ
ἀμίαντον ἐσχηκότα τὸν βίον. ἐνίκα δ´ ὅμως ἡ συγχωροῦσα γνώμη
ταῖς γυναιξὶ τὴν ἔξοδον μέγιστον ἀμφοῖν ἐγκώμιον ἔχουσα, τῆς
μὲν βουλῆς τοῦ φρονίμου,
ὅτι τὰ κράτιστα καὶ γενησόμενα προείδετο οὐδὲν ὑπὸ
τοῦ κινδύνου τηλικοῦδε ὄντος ἐπιταραχθεῖσα· τοῦ δὲ
Μαρκίου τῆς εὐσεβείας, ὅτι πολέμιος ὢν ἐπιστεύετο
μηδὲν ἀσεβήσειν εἰς τὸ ἀσθενέστατον τῆς πόλεως μέρος
κύριος αὐτοῦ καταστάς. ὡς δὲ τὸ προβούλευμα ἐγράφη,
προελθόντες οἱ ὕπατοι εἰς τὴν ἀγορὰν καὶ συναγαγόντες
ἐκκλησίαν σκότους ὄντος ἤδη τὰ δόξαντα
τῷ συνεδρίῳ διεσάφησαν καὶ προεῖπον ἥκειν ἅπαντας
ἕωθεν ἐπὶ τὰς πύλας προπέμψοντας ἐξιούσας τὰς γυναῖκας·
αὐτοὶ δὲ τῶν κατεπειγόντων ἔλεγον ἐπιμελήσεσθαι.
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Traduction française :
[8,43] VIII. QUAND Véturie eut cessé de parler, toutes les femmes qui
étaient présentes et qui avaient entendu sa réponse, poussèrent de
grands cris et recommencèrent à déplorer leur sort. La maison retentissait
de leurs gémissements ; on entendait leurs accents lamentables dans la
plus grande partie de la ville ; les rues voisines furent en un instant
remplies d'une foule de peuple qui accourait au bruit. Alors Valérie
redouble ses instances auprès de la mère et de la femme de Marcius : elle
met en usage les sollicitations les plus pressantes et les motifs les plus
capables de les gagner. Les autres dames qui avaient quelque relation ou
d'amitié ou de parenté avec l'une des deux, leur embrassent les genoux:
elles ne cessent de les conjurer, jusqu'à ce qu'enfin Véturie attendrie par
leurs gémissements et vaincue par leurs prières, se charge d'aller trouver
Marcius pour le salut de la patrie, avec sa femme, ses enfants et toutes
les autres Romaines qui voudront être de l'ambassade.
IX. CETTE promesse les remplit de joie: elles prient les dieux de
seconder leur espérance, puis elles sortent de la maison de Véturie, pour
communiquer aux consuls ce qu'elles ont fait pour le salut de la
république. Ceux-ci après avoir loué leur zèle, convoquent une assemblée
du sénat dans laquelle ils proposent le dessein des Romaines et
demandent à chacun en particulier s'il trouve à propos d'y donner les
mains. On délibéra sur cette affaire jusqu'au soir, et on ouvrit différents
avis {sans savoir à quoi s'en tenir.} Les uns disaient qu'il y avait du
danger à laisser aller un si grand nombre de femmes avec leurs enfants
au camp des ennemis ; que pour se rendre maîtres de la ville de Rome
sans tirer l'épée les Volsques n'avaient qu'à les retenir contre le droit des
gens qui ne permet pas d'arrêter les suppliants et les ambassades :
qu'ainsi ils étaient d'avis de n'y envoyer que celles qui appartenaient à
Marcius par les liens de la parenté, avec permission d'y mener aussi leurs
enfants. Les autres prétendaient qu'on ne devait pas même donner à
celles-ci la liberté de sortir, qu'il fallait au contraire les garder
soigneusement, comme des otages qu'on aurait reçus de l'ennemi, afin
qu'il ne traitât pas la ville de Rome avec trop de rigueur. D'autres enfin
opinaient à laisser sortir toutes les dames qui voudraient être de
l'ambassade, afin que les parentes de Marcius étant accompagnées d'un
nombreux cortège, la députation se fît avec plus de dignité. Ils assuraient
qu'il ne leur arriverait aucun mal, que les dieux, sous la protection
desquels elles iraient trouver Marcius, en étaient garants, que Marcius lui
même à qui elles devaient demander grâce pour leur patrie, n'était pas
capable de rien faire contre le droit des gens et que sa vie passée en
répondait, puisqu'elle n'avait jamais été souillée par aucune tache ni
d'injustice ni d'impiété.
X. Ce dernier avis l'emporta sur les deux précédents, et on permit
aux Romaines qui voulaient accompagner Véturie, d'aller au camp des
Volsques. Une conclusion si sage fut très glorieuse et à Marcius et au
sénat. Elle marquait la prudence de celui-ci, qui sans se troubler à la vue
d'un danger si pressant, avait sagement prévu ce qui devait arriver. C'était
en même temps une preuve de la piété de Marcius, puisqu'encore qu'il fut
l'ennemi déclaré des Romains, ils ne le croyaient pas capable de
commettre une impiété envers la plus faible partie de la république
quand il s'en verrait le maître.
XI. APRES qu'on eut mis la conclusion par écrit, les consuls se
rendirent à la place publique. La ils convoquèrent une assemblée du
peuple lorsque les ténèbres de la nuit commençaient déjà à se répandre :
et lecture faite du décret du sénat, ils ordonnèrent que tous les citoyens
se rendraient de grand matin aux portes de la ville pour conduire les
dames de l'ambassade, se chargeant eux-mêmes de pourvoir à tout de
qui leur serait nécessaire.
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