Texte grec :
[8,29] Τοιαῦτα διεξελθόντος τοῦ Μηνυκίου μικρὸν
ἐπισχὼν ὁ Μάρκιος εἶπε· Σοὶ μέν, ὦ Μηνύκιε,
καὶ ὑμῖν τοῖς ἅμα τούτῳ πεμφθεῖσιν ὑπὸ τῆς βουλῆς
φίλος εἰμὶ καὶ πρόθυμος, εἴ τι δύναμαι, ποιεῖν
ἀγαθόν, ὅτι μοι καὶ πρότερον, ὅτε πολίτης ὑμέτερος
ἦν καὶ τὰ κοινὰ ἔπραττον, ἐν πολλοῖς καὶ ἀναγκαίοις
ἐγένεσθε καιροῖς χρήσιμοι, καὶ μετὰ τὴν φυγὴν οὐκ
ἀπεστράφητέ με καταφρονήσει τῆς τότε τύχης, ὡς
οὔτε φίλους εὖ ποιεῖν δυνάμενον ἔτι οὔτ´ ἐχθροὺς
κακῶς, ἀλλὰ χρηστοὶ καὶ βέβαιοι διεμείνατε φίλοι
μητρός τε τῆς ἐμῆς κηδόμενοι καὶ γυναικὸς καὶ τέκνων, καὶ τὰς
συμφορὰς αὐτοῖς κουφοτέρας ποιοῦντες
ταῖς ἰδίαις ἐπιμελείαις. τοῖς δ´ ἄλλοις Ῥωμαίοις
ἀπέχθομαί τ´ ὡς δύναμαι μάλιστα {καὶ πολεμῶ} καὶ
οὐδέποτε μισῶν αὐτοὺς παύσομαι· οἵ με ἀντὶ πολλῶν
καὶ καλῶν ἔργων, ἐφ´ οἷς τιμᾶσθαι προσῆκεν, ὡς τὰ μέγιστα
ἐξημαρτηκότα περὶ τὸ κοινὸν αἰσχρῶς ἐξήλασαν
ἐκ τῆς πατρίδος, οὔτε μητέρα αἰδεσθέντες τὴν ἐμὴν
οὔτε παιδία ἐλεήσαντες οὔτ´ ἄλλο πάθος ἥμερον οὐδὲν
ἐπὶ ταῖς ἐμαῖς λαβόντες τύχαις. μαθόντες δὲ τοῦτο,
εἰ μὲν αὐτοὶ δεῖσθέ του παρ´ ἡμῶν, λέγετε μηθὲν
ὀκνοῦντες, ὡς οὐθενὸς ἀτυχήσοντες τῶν δυνατῶν, περὶ
δὲ φιλίας καὶ διαλλαγῶν, ἃς ἀξιοῦτέ με ποιήσασθαι
πρὸς τὸν δῆμον ἐπὶ ταῖς ἐλπίσι τῆς καθόδου, παύσασθε
διαλεγόμενοι. πάνυ γὰρ ἀγαπητῶς δεξαίμην ἂν εἰς
τοιαύτην κατελθεῖν πόλιν, ἐν ᾗ τὰ μὲν τῆς ἀρετῆς
ἆθλα ἡ κακία φέρεται, τὰς δὲ τῶν κακούργων τιμωρίας
οἱ μηδὲν ἡμαρτηκότες ὑπομένουσιν. ἐπεί, φέρε, πρὸς
θεῶν εἴπατέ μοι, τίνος ἀδικήματος αἰτίᾳ ταύτης ἐγὼ
πεπείραμαι τῆς τύχης, ἢ ποῖον ἐπιτηδεύσας ἔργον ἀνάξιον τῶν
ἐμαυτοῦ προγόνων; πρώτην ἐστρατευσάμην
ἔξοδον κομιδῇ νέος ὤν, ὅτε πρὸς τοὺς βασιλεῖς βίᾳ
κατιόντας ἠγωνιζόμεθα. ἐκ ταύτης τῆς μάχης ἀριστείοις
ἀνεδούμην ὑπὸ τοῦ στρατηγοῦ στεφάνοις πολίτην ὑπερασπίσας
καὶ πολέμιον ἀποκτείνας. ἔπειθ´ ὅσας ἄλλας
ἱππικὰς καὶ πεζικὰς ἠγωνισάμην μάχας, ἐπιφανὴς ἐν
ἁπάσαις ἐγενόμην καὶ τἀριστεῖα ἐξ ἁπασῶν ἔλαβον· καὶ
οὔτε πόλις ἐκ τειχομαχίας ἑάλω τις, ἧς οὐκ ἐγὼ πρῶτος ἐπέβην ἢ
μόνος ἢ σὺν ὀλίγοις, οὔτε φυγὴ πολεμίων ἐκ παρατάξεως
ἐγένετο, ἧς οὐκ ἐμὲ αἰτιώτατον
γενέσθαι πάντες οἱ παρόντες ὡμολόγουν, οὔτ´ ἄλλο
τῶν λαμπρῶν ἢ γενναίων ἐν πολέμοις ἔργων οὐθὲν
ἄνευ τῆς ἐμῆς εἴτ´ εὐτολμίας εἴτ´ εὐτυχίας ἐπράχθη.
|
|
Traduction française :
[8,29] XV. Le discours de Minucius étant fini, Marcius après un moment de
silence lui répondit en ces termes.
Je suis votre ami Minucius, et celui des autres patriciens que le
sénat a députés avec vous : je suis prêt à vous rendre tous les services
dont vous me croirez capable. Lorsque j'étais encore votre citoyen et que
j'avais quelque part à l'administration des affaires de la république, vous
me servîtes en plusieurs occasions dans les temps les plus difficiles.
Après la sentence d'exil prononcée contre moi, vous ne m'avez point
abandonné dans ma mauvaise fortune. Cette triste situation qui m'a mis
hors d'état de faire du bien à mes amis ou de nuire à mes ennemis, n'a
rien diminué de votre affection. Toujours constants dans vos premiers
sentiments, vous prenez soin de ma mère, de ma femme, de mes enfants,
et par la bonté que vous leur témoignez vous les soulagez dans leur
malheur. Je souhaiterais, Messieurs, être en état de vous en marquer ma
reconnaissance. Mais pour les autres Romains, on ne peut être leur
ennemi plus déclaré que je le suis : je leur ferai toujours la guerre, et ne
cesserai jamais de les haïr. Ce sont des ingrats qui m'ont chassé
ignominieusement de ma patrie comme un homme qui aurait commis les
plus grands crimes contre l'état. C'est-là la récompense que j'ai reçue de
tous mes importants services: c'est ainsi qu'ils m'ont traité, sans aucun
respect pour ma mère, sans compassion pour mes enfants, et sans être
touchés de mon infortune.
XVI. APRES vous avoir déclaré mes dispositions, si vous exigez de
moi quelque service pour votre satisfaction particulière, ne faites pas
difficulté de le dire, je vous engage ma parole que je ne vous refuserai
rien. Mais à l'égard de mon rappel, ne m'en parlez pas davantage : c'est
en vain que vous m'exhortez à faire la paix avec le peuple Romain, je ne
veux point de son amitié, et je ne puis me résoudre de racheter mon exil à
ces conditions. Ne serais-je pas le plus insensé de tous les hommes, si je
retournais dans une ville où le crime triomphe, où l'on donne aux lâches
et aux méchants la récompense qui n'est due qu'à la vertu, et où la
punition que méritent les plus infâmes scélérats, retombe sur les gens de
bien ? Hé ! quel crime ai-je donc commis pour m'attirer une pareille
disgrâce ? Qu'ai-je fait, par tous les dieux, qui soit indigne de la gloire de
mes ancêtres.
« XVII. J'AI porté les armes dès ma plus tendre jeunesse. Je fis ma
première campagne dans le temps que la république combattait contre les
tyrans qui tentaient de remonter sur le trône par la force. Je remportai
dans le combat une couronne de valeur, elle me fut donnée par mon
général, pour avoir sauvé la vie à un citoyen et pour avoir tué l'ennemi
qui était sur le point de la lui ôter. Dans tous les autres combats, tant de
cavalerie que d'infanterie où je me suis trouvé, j'ai signalé mon courage
et j'ai toujours reçu quelque prix de valeur. On n'a emporté aucune ville
d'assaut que je n'aie été le premier, ou au moins des premiers, à
monter à l'escalade. Jamais l'armée ennemie n'a été mise en fuite ou en
déroute, que tous ceux qui étaient au combat ne soient convenus que j'en
étais la principale cause. Enfin il ne s'est point fait de belle action dans
la guerre que ma hardiesse ou mon bonheur n'y ait contribué.
|
|