Texte grec :
[8,23] Ὅτι μὲν οὐ δίκαια πέπονθας ὑπὸ τοῦ
δήμου, ὦ Μάρκιε, μετ´ αἰτίας αἰσχρᾶς ἐξελασθεὶς ἐκ
τῆς πατρίδος, ἅπαντες ἴσμεν· καὶ οὐδὲν οἰόμεθά σε
ποιεῖν θαυμαστόν, εἰ χαλεπαίνεις καὶ ἀγανακτεῖς ἐπὶ
ταῖς τύχαις. κοινὸς γὰρ δὴ τῆς ἁπάντων φύσεως οὗτος
ὁ νόμος, ἐχθρὸν εἶναι τῷ δράσαντι τὸ πεπονθὸς κακῶς.
ὅτι δ´ οὐ μετὰ λογισμοῦ σώφρονος ἐξετάζεις, οὓς ἀμύνεσθαί τε
καὶ τιμωρεῖσθαί σοι προσῆκεν, οὐδὲ μετριάζεις περὶ τὴν
ἀνάπραξιν τῆς δίκης, ἀλλ´ ἐν ταὐτῷ
τίθεσαι τά τ´ ἀναίτια τοῖς αἰτίοις καὶ τὰ φίλια τοῖς
πολεμίοις, νόμους τε κινεῖς φύσεως ἀκινήτους καὶ τὰ
πρὸς τοὺς θεοὺς συνταράττεις ὅσια, καὶ οὐδὲ σεαυτὸν
ἐξ ὧν τε καὶ ὅστις ἔφυς ἔτι μέμνησαι, τοῦτο τεθαυμάκαμεν.
ἥκομέν τ´ ἀποσταλέντες ὑπὸ τοῦ κοινοῦ πρέσβεις
οἱ προὔχοντες ἡλικίᾳ τῶν πατρικίων καὶ περὶ σὲ προθυμότατοι
μεμιγμένην φέροντες δικαιολογίαν παραιτήσει, καὶ ἐφ´ οἷς
ἀξιοῦμέν σε διαλύσεσθαι τὴν ἔχθραν, πρὸς τὸν δῆμον ἀπαγγελοῦντες·
πρὸς δὲ τούτοις, ἃ νομίζομεν εἶναι κάλλιστα καὶ συμφορώτατά σοι,
ταῦτα παραινέσοντες.
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Traduction française :
[8,23] « Nous savons tous, illustre Marcius, que le peuple vous a fait une
injustice criante en vous exilant ignominieusement de votre patrie. Nous
ne sommes pas surpris que sensible à cet affront vous portiez
impatiemment une si triste destinée : il est naturel de se déclarer l'ennemi
de ceux dont on a reçu quelque offense, c'est une loi commune à toutes
les nations. Mais nous ne pouvons assez vous marquer notre surprise, de
ce qu'au lieu d'examiner mûrement qui sont ceux sur qui vous devez
exercer votre vengeance, ne mettant point de bornes à la colère qui vous
transporte, vous en faites ressentir les effets aux innocents comme aux
coupables, sans distinguer vos amis d'avec vos ennemis. Par une
semblable conduite vous violez les lois de la nature ; vous manquez au
respect qu'on doit aux dieux, à la religion, et aux choses saintes, en un
mot vous vous oubliez vous-même, vous méconnaissez votre origine, et il
semble que vous ignoriez que vous êtes Romain : voila ce qui fait notre
étonnement.
VI. LA république vous envoie cette ambassade, composée des
patriciens les plus vénérables par leur âge et les plus attachés a vos
intérêts. Nous venons ici pour vous faire de vifs reproches sur le
violement de la justice et des lois de la nature ; pour nous justifier auprès
de vous, pour vous dire à quelles conditions nous croyons que vous
devez vous réconcilier avec le peuple ; pour vous exhorter enfin à mettre
bas toute inimitié, et pour vous avertir de ce qu'il convient que vous
fassiez tant pour votre intérêt que pour votre honneur.
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