HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Contre Leptine (discours complet)



Texte grec :

[60] Τοῦτο δ' Ἀρχέβιον καὶ Ἡρακλείδην, οἳ Βυζάντιον παραδόντες Θρασυβούλῳ κυρίους ὑμᾶς ἐποίησαν τοῦ Ἑλλησπόντου, ὥστε τὴν δεκάτην ἀποδόσθαι καὶ χρημάτων εὐπορήσαντας Λακεδαιμο νίους ἀναγκάσαι τοιαύτην, οἵαν ὑμῖν ἐδόκει, ποιήσασθαι τὴν εἰρήνην; Ὧν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μετὰ ταῦτ' ἐκπεσόντων ἐψηφίσασθ' ἅπερ, οἶμαι, φεύγουσιν εὐεργέταις δι' ὑμᾶς προσῆκε, προξενίαν, εὐεργεσίαν, ἀτέλειαν ἁπάντων. Εἶτα τοὺς δι' ὑμᾶς φεύγοντας καὶ δικαίως τι παρ' ὑμῶν εὑρομένους ἐάσωμεν ἀφαιρεθῆναι ταῦτα, μηδὲν ἔχοντες ἐγκαλέσαι; Ἀλλ' αἰσχρὸν ἂν εἴη. (61) Μάθοιτε δὲ τοῦτο μάλιστ' ἄν, ἐκείνως εἰ λογίσαισθε πρὸς ὑμᾶς αὐτούς· εἴ τινες νυνὶ τῶν ἐχόντων Πύδναν ἢ Ποτείδαιαν ἤ τι τῶν ἄλλων χωρίων, ἃ Φιλίππῳ μέν ἐστιν ὑπήκοα, ὑμῖν δ' ἐχθρά, τὸν αὐτὸν τρόπον ὅνπερ ἡ Θάσος ἦν τότε καὶ τὸ Βυζάντιον Λακεδαιμονίοις μὲν οἰκεῖα, ὑμῖν δ' ἀλλότρια, παραδώσειν ταῦτ' ἐπαγγείλαιντο, ἂν αὐτοῖς τὰς αὐτὰς δῶτε δωρειὰς ὥσπερ Ἐκφάντῳ τῷ Θασίῳ καὶ Ἀρχεβίῳ τῷ Βυζαντίῳ, καί τινες τούτων ἀντιλέγοιεν αὐτοῖς ταῦτα λέγοντες, (62) ὡς δεινὸν εἴ τινες μόνοι τῶν ἄλλων μετοίκων μὴ χορηγοῖεν, πῶς ποτ' ἂν ἔχοιτε πρὸς τοὺς ταῦτα λέγοντας; Ἢ δῆλον ὅτι φωνὴν οὐκ ἂν ἀνάσχοισθ' ὡς συκοφαντούντων; Οὔκουν αἰσχρὸν εἰ μέλλοντες μὲν εὖ πάσχειν συκοφάντην ἂν τὸν ταῦτα λέγονθ' ἡγοῖσθε, ἐπὶ τῷ δ' ἀφελέσθαι τὰς τῶν προτέρων εὐεργετῶν δωρειὰς ταῦτα λεγόντων ἀκούσεσθε; (63) Φέρε δὴ κἀκεῖν' ἐξετάσωμεν. Οἱ προδόντες τὴν Πύδναν καὶ τἄλλα χωρία τῷ Φιλίππῳ τῷ ποτ' ἐπαρθέντες ἡμᾶς ἠδίκουν; Ἢ πᾶσι πρόδηλον τοῦτο, ὅτι ταῖς παρ' ἐκείνου δωρειαῖς, ἃς διὰ ταῦτ' ἔσεσθαι σφίσιν ἡγοῦντο; Πότερον οὖν μᾶλλον ἔδεισ', Λεπτίνη, τοὺς ἐχθρούς, εἰ δύνασαι, πεῖσαι τοὺς ἐπὶ τοῖς πρὸς ἡμᾶς ἀδικήμασι γιγνομένους ἐκείνων εὐεργέτας μὴ τιμᾶν, ἢ θεῖναι νόμον ἡμῖν ὃς τῶν τοῖς ἡμετέροις εὐεργέταις ὑπαρχουσῶν δωρειῶν ἀφαιρεῖταί τι; Ἐγὼ μὲν ἐκεῖν' οἶμαι. Ἀλλ' ἵνα μὴ πόρρω τοῦ παρόντος γένωμαι, λαβὲ τὰ ψηφίσμαθ' ἃ τοῖς Θασίοις καὶ Βυζαντίοις ἐγράφη. Λέγε. ΨΗΦΙΣΜΑΤΑ. (64) Ἠκούσατε μὲν τῶν ψηφισμάτων, ἄνδρες δικασταί. Τούτων δ' ἴσως ἔνιοι τῶν ἀνδρῶν οὐκέτ' εἰσίν. Ἀλλὰ τὰ ἔργα τὰ πραχθέντ' ἔστιν, ἐπειδήπερ ἅπαξ ἐπράχθη. Προσήκει τοίνυν τὰς στήλας ταύτας κυρίας ἐᾶν τὸν πάντα χρόνον, ἵν', ἕως μὲν ἄν τινες ζῶσι, μηδὲν ὑφ' ὑμῶν ἀδικῶνται, ἐπειδὰν δὲ τελευτήσωσιν, ἐκεῖναι τοῦ τῆς πόλεως ἤθους μνημεῖον σι, καὶ παραδείγμαθ' ἑστῶσι τοῖς βουλομένοις τι ποιεῖν ὑμᾶς ἀγαθόν, ὅσους εὖ ποιήσαντας ἡ πόλις ἀντ' εὖ πεποίηκεν. (65) Καὶ μὴν μηδ' ἐκεῖν' ὑμᾶς, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, λανθανέτω, ὅτι τῶν αἰσχίστων ἐστὶν πάντας ἀνθρώπους ἰδεῖν καὶ ἀκοῦσαι τὰς μὲν συμφοράς, αἷς δι' ὑμᾶς ἐχρήσανθ' οἱ ἄνδρες οὗτοι, πάντα τὸν χρόνον κυρίας αὐτοῖς γεγενημένας, τὰς δὲ δωρειάς, ἃς ἀντὶ τούτων ἔλαβον παρ' ὑμῶν, καὶ δὴ λελυμένας. (66) Πολὺ γὰρ μᾶλλον ἥρμοττεν τὰ δοθέντ' ἐῶντας τῶν ἀτυχημάτων ἀφαιρεῖν ἢ τούτων μενόντων τὰς δωρειὰς ἀφαιρεῖσθαι. Φέρε γὰρ πρὸς Διός, τίς ἔστιν ὅστις εὖ ποιεῖν ὑμᾶς βουλήσεται, μέλλων, ἂν μὲν ἀποτύχῃ, παραχρῆμα δίκην δώσειν τοῖς ἐχθροῖς, ἂν δὲ κατορθώσῃ, τὰς χάριτας παρ' ὑμῶν ἀπίστους ἕξειν; (67) Πάνυ τοίνυν ἀχθοίμην ἄν, ἄνδρες δικασταί, εἰ τοῦτο μόνον δόξαιμι δίκαιον κατηγορεῖν τοῦ νόμου, ὅτι πολλοὺς ξένους εὐεργέτας ἀφαιρεῖται τὴν ἀτέλειαν, τῶν δὲ πολιτῶν μηδέν' ἄξιον δοκοίην ἔχειν δεῖξαι τῶν εὑρημένων ταύτην τὴν τιμήν. Καὶ γὰρ τἄλλ' ἀγάθ' εὐξαίμην ἂν ἔγωγε παρ' ἡμῖν εἶναι πλεῖστα, καὶ ἄνδρας ἀρίστους καὶ πλείστους εὐεργέτας τῆς πόλεως πολίτας εἶναι. (68) Πρῶτον μὲν τοίνυν Κόνωνα σκοπεῖτε, εἰ ἄρ' ἄξιον, καταμεμψαμένους ἢ τὸν ἄνδρα ἢ τὰ πεπραγμένα, ἄκυρόν τι ποιῆσαι τῶν ἐκείνῳ δοθέντων. Οὗτος γάρ, ὡς ὑμῶν τινῶν ἔστιν ἀκοῦσαι τῶν κατὰ τὴν αὐτὴν ἡλικίαν ὄντων, μετὰ τὴν τοῦ δήμου κάθοδον τὴν ἐκ Πειραιῶς ἀσθενοῦς ἡμῶν τῆς πόλεως οὔσης καὶ ναῦν οὐδεμίαν κεκτημένης, στρατηγῶν βασιλεῖ, παρ' ὑμῶν οὐδ' ἡντινοῦν ἀφορμὴν λαβών, κατεναυμάχησεν Λακεδαιμονίους, καὶ πρότερον τοῖς ἄλλοις ἐπιτάττοντας εἴθισ' ἀκούειν ὑμῶν, καὶ τοὺς ἁρμοστὰς ἐξήλασεν ἐκ τῶν νήσων, καὶ μετὰ ταῦτα δεῦρ' ἐλθὼν ἀνέστησε τὰ τείχη, καὶ πρῶτος πάλιν περὶ τῆς ἡγεμονίας ἐποίησε τῇ πόλει τὸν λόγον πρὸς Λακεδαιμονίους εἶναι. (69) Καὶ γάρ τοι μόνῳ τῶν πάντων αὐτῷ τοῦτ' ἐν τῇ στήλῃ γέγραπται· « Ἐπειδὴ Κόνων » φησὶν « ἠλευθέρωσε τοὺς Ἀθηναίων συμ῎μάχους. » Ἔστιν δὲ τοῦτο τὸ γράμμ', ἄνδρες δικασταί, ἐκείνῳ μὲν φιλοτιμία πρὸς ὑμᾶς αὐτούς, ὑμῖν δὲ πρὸς πάντας τοὺς Ἕλληνας· ὅτου γὰρ ἄν τις παρ' ὑμῶν ἀγαθοῦ τοῖς ἄλλοις αἴτιος γένηται, τούτου τὴν δόξαν τὸ τῆς πόλεως ὄνομα καρποῦται.

Traduction française :

[60] En second lieu, n'en est-il pas de même d'Archébios et d'Héraclide qui, en livrant Byzance à Thrasybule, vous ont rendus maîtres de l'Hellespont, en sorte que vous avez pu mettre en adjudication l'impôt du dixième, et réunir assez d'argent pour forcer les Lacédémoniens à faire la paix telle que vous la vouliez? Ces hommes, Athéniens, furent exilés après cela, et vous leur donnâtes par décret ce qu'il était convenable de donner à des bienfaiteurs exilés à cause de vous, la proxénie, le titre de bienfaiteur, l'immunité absolue. Et ces hommes, exilés à cause de vous, justement récompensés par vous, nous permettrions que cette récompense leur soit retirée, sans que nous ayons rien à leur reprocher? Ce serait une honte, (61) et vous comprendrez cela, surtout si vous faites en vous-mêmes le raisonnement que voici : supposez qu'un de ceux qui détiennent aujourd'hui Pydna ou Potidée ou quelqu'une de ces places devenues sujettes de Philippe et ennemies d'Athènes, de même que Thasos et Byzance ont appartenu autrefois aux Lacédémoniens et non à nous; supposez, dis-je, que cet homme offre le vous livrer ces places, à condition que vous lui donnerez les mêmes avantages qu'à Ecphantos de Thasos ou Archébios de Byzance; figurez-vous que mes adversaires s'opposent, (62) prétendant qu'il est impossible d'accorder à quelques-uns, seuls entre tous les métèques, l'exemption des chorégies. A coup sûr vous ne pourriez garder le silence, vous crieriez au sycophante. Ainsi, au sujet d'un service à recevoir, vous traiteriez de sycophante celui qui vous tiendrait ce langage. Ce serait donc une honte d'écouter ce même langage au sujet de récompenses à retirer à d'anciens bienfaiteurs. (63) Maintenant faisons encore cette réflexion : Ceux qui ont livré à Philippe Pydna et les autres places, qu'est-ce qui les a poussés à nous faire du mal? Tout le monde le sait, c'était l'espoir des récompenses qu'ils attendaient de Philippe pour prix de leur trahison. Qu'avais-tu donc à faire, Leptine? Persuader à nos ennemis, si tu le pouvais, de ne pas récompenser ceux qui leur rendent service en nous faisant du mal, ou établir chez nous une loi qui retire à nos bienfaiteurs quelque chose de leurs récompenses, De ces deux partis c'est le premier qu'il fallait prendre,à mon avis. Mais, pour ne pas m'écarter de mon sujet, prends les décrets qui ont été faits pour les Thasiens et les Byzantins. Lis. DÉCRET. (64) Vous avez entendu les décrets, juges. Peut-être quelques-uns de ces hommes ne sont plus. Oui, mais ce qu'ils ont fait subsiste, une fois fait. Il convient donc de laisser subsister ces stèles, à toujours. Ainsi, tant que vivront certains hommes, vous serez forcés de respecter leurs droits, et, après leur mort, ces stèles seront un monument du caractère athénien. Elles apprendront par des exemples. à tous ceux qui voudront nous rendre service, à combien de bienfaits Athènes a répondu par des bienfaits. (65) N'oubliez pas non plus ceci, Athéniens: — ce serait une des choses les plus honteuses qui se pussent imaginer. — Au vu et au su de tous, les maux que ces hommes ont soufferts à cause de vous resteraient toujours pour eux un fait irrévocablement accompli, et en même temps les dons qu'ils ont reçus de vous en compensation seraient révoqués ! Il valait mille fois mieux leur laisser les dons et leur ôter une partie de leur misère que de leur laisser leur misère et de leur ôter leurs dons. (66) Car enfin, au nom des dieux, qui voudra jamais vous rendre service, s'il doit, en cas de revers, subir à l'instant même la vengeance de l'ennemi, et, en cas de succès, obtenir de vous des faveurs sur lesquelles il ne pourra pas compter? (67) Je serais bien fâché, juges, si vous alliez croire que je n'ai qu'un reproche à faire à cette loi, celui d'enlever l'immunité à beaucoup d'étrangers qui nous ont rendu service, et si vous imaginiez que, parmi nos concitoyens, je n'en puis pas citer un seul à qui cette récompense ait été justement accordée. Croyez-le bien, autant je souhaite pour nous toutes les prospérités, autant je désire qu'il se trouve parmi nos concitoyens de grandes vertus et de fréquents dévouements. (68) Prenez d'abord Conon. Est-il juste de ne plus tenir aucun compte ni de l'homme ni des choses qu'il a faites, et de révoquer les dons qu'il a reçus de vous? Cet homme — quelques-uns d'entre vous, ses contemporains, peuvent vous le dire — après le retour du peuple réfugié au Pirée, alors qu'Athènes impuissante ne possédait pas un seul vaisseau, général au service du grand roi, sans avoir reçu de vous aucun secours, vainquit sur mer les Lacédémoniens. Il les contraignit à vous écouter, eux qui jusque-là se faisaient obéir des autres; il chassa des îles leurs harmostes, revint ensuite en cette ville, releva les remparts, et, le premier, mit Athènes en état de disputer de nouveau l'hégémonie aux lacédémoniens. (69) Aussi vous avez fait pour lui plus que pour tout autre. Vous avez écrit sur sa stèle : « Attendu que Conon a rendu la liberté aux alliés des Athéniens. » Cette inscription, juges, en même temps qu'elle glorifie Conon devant vous, vous glorifie devant tous les Grecs. Car le bien qu'un seul d'entre vous fait aux autres Grecs est une gloire de plus pour le nom athénien.





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Dernière mise à jour : 18/05/2007