HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Contre Leptine (discours complet)

οἶμαι



Texte grec :

[160] Παρὰ πάντα δὲ ταῦτ' ἐκεῖν' ἔτ' ἀκούσατέ μου. Οὐκ ἔνι τοῦτον ἔχειν καλῶς τὸν νόμον, ὃς περὶ τῶν παρεληλυθότων καὶ τῶν μελλόντων ταὐτὰ λέγει. « Μηδέν' εἶναί » φησιν « ἀτελῆ πλὴν τῶν ἀφ' Ἁρμοδίου καὶ Ἀριστογείτονος. » Καλῶς. « Μηδὲ τὸ λοιπὸν ἐξεῖναι δοῦναι. » Μηδ' ἂν τοιοῦτοί τινες γένωνται, Λεπτίνη; Εἰ τὰ πρὸ τοῦ κατεμέμφου, τί; Μὴ καὶ τὰ μέλλοντ' ᾔδεις; (161) Ὅτι νὴ Δία πόρρω τοῦ τι τοιοῦτον νῦν ἐλπίζειν ἐσμέν. Καὶ εἴημέν γ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι· ἀλλὰ χρή γ' ἀνθρώπους ὄντας τοιαῦτα καὶ λέγειν καὶ νομοθετεῖν οἷς μηδεὶς ἂν νεμεσήσαι, καὶ τἀγαθὰ μὲν προσδοκᾶν καὶ τοῖς θεοῖς εὔχεσθαι διδόναι, πάντα δ' ἀνθρώπιν' ἡγεῖσθαι. Οὐδὲ γὰρ ἂν Λακεδαιμόνιοί ποτ' ἤλπισαν εἰς τοιαῦτα πράγματ' ἀφίξεσθαι, οὐδέ γ' ἴσως Συρακόσιοι, τὸ πάλαι δημοκρατούμενοι καὶ φόρους Καρχηδονίους πραττόμενοι καὶ πάντων τῶν περὶ αὑτοὺς ἄρχοντες καὶ ναυμαχίᾳ νενικηκότες ἡμᾶς, ὑφ' ἑνὸς γραμματέως, ὃς ὑπηρέτης ἦν, ὥς φασι, τυραννήσεσθαι. (162) Οὐδέ γ' ὁ νῦν ὢν Διονύσιος ἤλπισεν ἄν ποτ' ἴσως πλοίῳ στρογγύλῳ καὶ στρατιώταις ὀλίγοις Δίων' ἐλθόντ' ἐφ' αὑτὸν ἐκβαλεῖν τὸν τριήρεις πολλὰς καὶ ξένους καὶ πόλεις κεκτημένον. Ἀλλ', οἶμαι, τὸ μέλλον ἄδηλον πᾶσιν ἀνθρώποις, καὶ μικροὶ καιροὶ μεγάλων πραγμάτων αἴτιοι γίγνονται. Διὸ δεῖ μετριάζειν ἐν ταῖς εὐπραξίαις καὶ προορωμένους τὸ μέλλον φαίνεσθαι. (163) Πολλὰ δ' ἄν τις ἔχοι λέγειν ἔτι καὶ διεξιέναι περὶ τοῦ μηδαμῇ μηδὲ καθ' ἓν τοῦτον ἔχειν καλῶς τὸν νόμον μηδὲ συμφέρειν ὑμῖν· ἀλλ' ἵν' ἐν κεφαλαίῳ τοῦτο μάθητε κἀγὼ παύσωμαι λέγων, τάδε ποιήσατε· σκέψασθε παρ' ἄλληλα καὶ λογίσασθε πρὸς ὑμᾶς αὐτοὺς τί συμβήσεται καταψηφισαμένοις ὑμῖν τοῦ νόμου καὶ τί μή· εἶτα φυλάττετε καὶ μέ μνησθ' ἃν ὑμῖν ἐξ ἑκατέρου φανῇ, ἵν' ἕλησθε τὰ κρείττω. (164) Ἂν μὲν τοίνυν καταψηφίσησθε, ὥσπερ ἡμεῖς κελεύομεν, οἱ μὲν ἄξιοι παρ' ὑμῶν τὰ δίκαι' ἕξουσιν, εἰ δέ τις ἔστ' ἀνάξιος, ὡς ἔστω, πρὸς τῷ τὴν δωρειὰν ἀφαιρεθῆναι δίκην ἣν ἂν ὑμῖν δοκῇ δώσει κατὰ τὸν παρεισενηνεγμένον νόμον· ἡ δὲ πόλις πιστή, δικαία, πρὸς ἅπαντας ἀψευδὴς φανήσεται. Ἐὰν δ' ἀποψηφίσησθε, ὃ μὴ ποιήσαιτε, οἱ μὲν χρηστοὶ διὰ τοὺς φαύλους ἀδικήσονται, οἱ δ' ἀνάξιοι συμφορᾶς ἑτέροις αἴτιοι γενήσονται, δίκην δ' οὐδ' ἡντινοῦν αὐτοὶ δώσουσιν, ἡ δὲ πόλις τἀναντί' ὧν εἶπον ἀρτίως, δόξει ἄπιστος, φθονερά, φαύλη παρὰ πᾶσιν εἶναι. (165) Οὔκουν ἄξιον, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοσαύτην βλασφημίαν ἀντὶ καλῶν καὶ προσηκόντων ὑμῖν ἀγαθῶν ἑλέσθαι. Καὶ γὰρ ἕκαστος ὑμῶν ἰδίᾳ μεθέξει τῆς δόξης τῶν κοινῇ γνωσθέντων. Οὐ γὰρ ἀγνοεῖ τοῦτ' οὐδεὶς οὔτε τῶν περιεστηκότων οὔτε τῶν ἄλλων, ὅτι ἐν μὲν τῷ δικαστηρίῳ Λεπτίνης πρὸς ἡμᾶς ἀγωνίζεται, ἐν δὲ τῇ τῶν καθημένων ὑμῶν ἑνὸς ἑκάστου γνώμῃ φιλανθρωπία πρὸς φθόνον καὶ δικαιοσύνη πρὸς κακίαν καὶ πάντα τὰ χρηστὰ πρὸς τὰ πονηρότατ' ἀντιτάττεται. (166) Ὧν τοῖς βελτίοσι πειθόμενοι καὶ κατὰ ταὔθ' ἡμῖν θέμενοι τὴν ψῆφον, αὐτοί θ' ἃ προσήκει δόξετ' ἐγνωκέναι, καὶ τῇ πόλει τὰ κράτιστ' ἔσεσθ' ἐψηφισμένοι, κἄν τις ἄρ' ἔλθῃ ποτὲ καιρός, οὐκ ἀπορήσετε τῶν ἐθελησόντων ὑπὲρ ὑμῶν κινδυνεύειν. Ὑπὲρ οὖν τούτων ἁπάντων οἶμαι δεῖν ὑμᾶς σπουδάζειν καὶ προσέχειν τὸν νοῦν, ὅπως μὴ βιασθῆθ' ἁμαρτάνειν. Πολλὰ γὰρ ὑμεῖς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, πολλάκις οὐκ ἐδιδάχθηθ' ὡς ἔστι δίκαια, ἀλλ' ἀφῃρέθηθ' ὑπὸ τῆς τῶν λεγόντων κραυγῆς καὶ βίας καὶ ἀναισχυντίας. (167) Ὃ μὴ πάθητε νῦν· οὐ γὰρ ἄξιον. Ἀλλ' ἃ δίκαι' ἐγνώκατε, ταῦτα φυλάξατε καὶ μνημονεύετε, ἕως ἂν ψηφίσησθε, ἵν' εὔορκον θῆσθε τὴν ψῆφον κατὰ τῶν τὰ πονηρὰ συμβουλευόντων. Θαυμάζω δ' ἔγωγε, εἰ τοῖς μὲν τὸ νόμισμα διαφθείρουσιν θάνατος παρ' ὑμῖν ἐστιν ἡ ζημία, τοῖς δ' ὅλην τὴν πόλιν κίβδηλον καὶ ἄπιστον ποιοῦσι λόγον δώσετε. Οὐ δή πού γ', ὦ Ζεῦ καὶ θεοί. Οὐκ οἶδ' ὅ τι δεῖ πλείω λέγειν· οἶμαι γὰρ ὑμᾶς οὐδὲν ἀγνοεῖν τῶν εἰρημένων.

Traduction française :

[160] Après toutes ces raisons, écoutez encore ceci : il n'est pas possible qu'une loi soit bonne quand elle embrasse dans les mêmes termes le passé et l'avenir. « Personne, dit-elle, ne sera exempt, à l'exception des descendants d'Harmodios et d'Aristogiton. » A la bonne heure ! « Et à l'avenir il ne sera plus permis de donner l'immunité. » Quoi! Leptine, pas même à ceux qui leur ressembleront? Le passé n'était pas irréprochable. Je le veux. Mais l'avenir, comment le connais-tu? (161) On me dira que nous n'avons pas à craindre le retour de semblables circonstances. Plût aux dieux, Athéniens! Mais après tout nous sommes des hommes; nous devons veiller à ce que ni dans notre langage ni dans nos lois il n'y ait rien à reprendre, attendre la fortune favorable, prier les dieux de nous la donner, mais en même temps songer à l'instabilité de la condition humaine. Les Lacédémoniens ne s'attendaient pas à en venir jamais où ils en sont. Et les Syracusains, qui depuis longtemps se gouvernaient eux-mêmes, qui levaient des tributs sur les Carthaginois, qui commandaient à tous leurs voisins, et qui nous avaient vaincus sur mer, ne croyaient peut-être pas non plus qu'ils tomberaient sous la tyrannie d'un greffier de bas étage si ce qu'on dit est vrai. (162) Et le Denys qui vit encore aujourd'hui n'aurait jamais cru peut-être que Dion dût un jour marcher contre lui avec un frêle navire et une poignée de soldats, et le chasser, lui qui possédait tant de galères, tant de troupes mercenaires, tant de villes. Non, croyez-moi, l'avenir est incertain pour tous les hommes, et les plus petites circonstances deviennent souvent la cause de grands événements. Aussi doit-on observer la modération dans la prospérité, et se montrer toujours prévoyant de l'avenir. (163) Il y aurait encore bien des choses à dire et bien des raisons à donner pour vous montrer qu'il n'y a dans cette loi rien de bon ni d'avantageux pour vous. Mais il y a un moyen pour vous de vous en assurer en un moment, et pour moi de mettre fin à tous ces discours. Le voici : comparez et calculez en vous-mêmes. Qu'arrivera-t-il si vous condamnez la loi, et quoi dans le cas contraire? Puis rappelez-vous et représentez-vous ce qui vous sera apparu de part et d'autre, et choisissez le meilleur parti. (164) Eh bien donc, si vous condamnez la loi, comme nous vous y engageons, les dignes verront leurs droits respectés par vous; s'il y a quelque indigne, ce qui peut bien être, outre que sa récompense lui sera retirée, il subira la peine que vous déterminerez, suivant la loi que nous présentons en place de celle de Leptine; et tout le monde dira que notre ville est fidèle à sa parole, qu'elle est juste, qu'elle ne trompe personne. Si au contraire vous écartez l'accusation, — que les dieux vous en gardent! — les bons souffriront à cause des méchants, les indignes deviendront pour les autres une cause de malheur, mais ne subiront eux-mêmes aucune peine; enfin notre ville, au rebours de ce que je disais tout à l'heure, passera aux yeux de tous pour infidèle à sa parole, envieuse et basse. (165) Ce serait une indignité, Athéniens, de préférer une si détestable réputation à une gloire si belle, si conforme à voue caractère. Car chacun de vous en particulier aura sa part dans la réputation que vous fera la décision commune. Ni parmi ceux qui nous entourent ni ailleurs, nul ne peut s'y méprendre. Ici, au tribunal, c'est bien Leptine qui combat contre nous; mais, dans l'esprit de chacun de vous qui siégez, la lutte est engagée entre la bienveillance et l'envie, entre la justice et la méchanceté, entre tout ce qui est bien et tout ce qui est mal. (166) Si vous prenez le bon parti, si vous votez comme nous vous le demandons, tout le monde approuvera votre décision; vous aurez rendu notre ville plus forte. Le cas échéant, vous ne manquerez pas d'hommes prêts à se dévouer pour vous. Tout cela vaut bien qu'on s'en occupe, et qu'on prenne garde de ne pas se laisser entraîner à commettre une faute. Souvent, Athéniens, sans être convaincus de la justice d'une cause, vous vous laissez cependant arracher un verdict par les clameurs, la violence et l'impudence des orateurs. (167) Ne faites pas cela aujourd'hui. Ce serait une chose indigne. Rappelez-vous, représentez-vous jusqu'au moment du vote les raisons qui vous auront paru justes, afin que vous puissiez satisfaire à votre serment en votant contre les donneurs de mauvais conseils. Je ne comprendrais pas que vous, chez qui les faux-monnayeurs sont punis de mort, vous donnassiez la parole à des hommes qui travaillent à ce qu'il n'y ait plus en cette ville que fausseté et mensonge. Non jamais, par Jupiter et tous les dieux ! Je ne vois rien de plus à dire, car je crois que vous n'avez rien perdu de ce que j'ai dit.





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Dernière mise à jour : 18/05/2007