[10,60] αἱ μὲν ἐλπίδες αἱ τούτων αὗται καὶ τὸ κατασκεύασμα
τὸ τῶν αἰτιῶν, ὡς ἄρα βούλονταί τινες πόλεμον
ποιῆσαι. ἐγὼ δ´ οἶδ´ ἀκριβῶς ὅτι, οὐ γράψαντος Ἀθηναίων
οὐδενὸς πόλεμον, πολλὰ Φίλιππος ἔχει τῶν τῆς πόλεως
καὶ νῦν εἰς Καρδίαν πέπομφε βοήθειαν. εἰ μέντοι βουλόμεθ´
ἡμεῖς μὴ προσποιεῖσθαι πολεμεῖν ἡμῖν ἐκεῖνον, ἀνοητότατος
πάντων ἂν εἴη, εἰ τοῦτ´ ἐξελέγχοι· ὅταν γὰρ οἱ
ἀδικούμενοι ἀρνῶνται, τί τῷ ἀδικοῦντι προσήκει; ἀλλ´
ἐπειδὰν ἐφ´ ἡμᾶς αὐτοὺς ἴῃ, τί φήσομεν τότε; ἐκεῖνος μὲν
γὰρ οὐ πολεμεῖν, ὥσπερ οὐδ´ Ὠρείταις, τῶν στρατιωτῶν
ὄντων ἐν τῇ χώρᾳ, οὐδὲ Φεραίοις πρότερον, πρὸς τὰ τείχη
προσβάλλων, οὐδ´ Ὀλυνθίοις ἐξ ἀρχῆς, ἕως ἐν αὐτῇ τῇ
χώρᾳ τὸ στράτευμα παρῆν ἔχων. ἢ καὶ τότε τοὺς ἀμύνεσθαι
κελεύοντας πόλεμον ποιεῖν φήσομεν; οὐκοῦν ὑπόλοιπον
δουλεύειν· οὐδὲ γὰρ ἄλλο γ´ οὐδὲν ἔνι. καὶ μὴν
οὐχ ὑπὲρ τῶν ἴσων ὑμῖν καὶ τοῖς ἄλλοις ἔσθ´ ὁ κίνδυνος·
οὐ γὰρ ὑφ´ αὑτῷ ποιήσασθαι τὴν πόλιν βούλεται Φίλιππος
ὑμῶν, οὔ, ἀλλ´ ὅλως ἀνελεῖν. οἶδε γὰρ ἀκριβῶς ὅτι δουλεύειν
μὲν ὑμεῖς οὔτ´ ἐθελήσετε, οὔτ´, ἐὰν ἐθέλητε, ἐπιστήσεσθε
(ἄρχειν γὰρ εἰώθατε), πράγματα δὲ παρασχεῖν αὐτῷ,
ἂν καιρὸν λάβητε, πλείω τῶν ἄλλων ἀνθρώπων ἁπάντων
δυνήσεσθε. διὰ ταῦθ´ ὑμῶν οὐχὶ φείσεται, εἴπερ ἐγκρατὴς
γενήσεται. ὡς οὖν ὑπὲρ τῶν ἐσχάτων ἐσομένου τοῦ ἀγῶνος,
οὕτω προσήκει γιγνώσκειν, καὶ τοὺς πεπρακότας αὑτοὺς
ἐκείνῳ φανερῶς ἀποτυμπανίσαι· οὐ γὰρ ἔστιν, οὐκ ἔστι τῶν
ἔξω τῆς πόλεως ἐχθρῶν κρατῆσαι, πρὶν ἂν τοὺς ἐν αὐτῇ
τῇ πόλει κολάσητ´ ἐχθρούς, ἀλλ´ ἀνάγκη τούτοις ὥσπερ
προβόλοις προσπταίσαντας ὑστερίζειν ἐκείνων. πόθεν οἴεσθε
νῦν αὐτὸν ὑβρίζειν ὑμᾶς (οὐδὲν γὰρ ἄλλ´ ἔμοιγε δοκεῖ ποιεῖν
ἢ τοῦτο) καὶ τοὺς μὲν ἄλλους εὖ ποιοῦντα, εἰ μηδὲν ἄλλο,
ἐξαπατᾶν, ὑμῖν δ´ ἀπειλεῖν ἤδη; οἷον Θετταλοὺς πολλὰ
δοὺς ὑπηγάγετ´ εἰς τὴν νῦν παροῦσαν δουλείαν· οὐδ´ ἂν
εἰπεῖν δύναιτ´ οὐδεὶς ὅσα τοὺς ταλαιπώρους Ὀλυνθίους πρότερον
δοὺς Ποτείδαιαν ἐξηπάτησε καὶ πόλλ´ ἕτερα·Θηβαίους
τὰ νῦν ὑπάγει τὴν Βοιωτίαν αὐτοῖς παραδοὺς καὶ ἀπαλλάξας
πολέμου πολλοῦ καὶ χαλεποῦ· ὥστε καρπωσάμενοί
τιν´ ἕκαστοι τούτων πλεονεξίαν, οἱ μὲν ἤδη πεπόνθασιν ἃ
δὴ πεπόνθασιν, οἱ δ´ ὅταν ποτὲ συμβῇ πείσονται. ὑμεῖς
δ´ ὧν μὲν ἀπεστέρησθε σιωπῶ· ἀλλ´ ἐν αὐτῷ τῷ τὴν
εἰρήνην ποιήσασθαι, πός´ ἐξηπάτησθε, πόσων ἀπεστέρησθε.
οὐχὶ Φωκέας, οὐ Πύλας, οὐχὶ τἀπὶ Θρᾴκης, Δορίσκον,
Σέρριον, τὸν Κερσοβλέπτην αὐτόν; οὐ νῦν Καρδίαν ἔχει
καὶ ὁμολογεῖ; τί ποτ´ οὖν ἐκείνως τοῖς ἄλλοις, καὶ ὑμῖν οὐ
τοῦτον τὸν τρόπον προσφέρεται; ὅτι ἐν μόνῃ τῶν πασῶν
πόλεων τῇ ὑμετέρᾳ ἄδει´ ὑπὲρ τῶν ἐχθρῶν λέγειν δέδοται,
καὶ λαβόντα χρήματ´ αὐτὸν ἀφαλές ἐστι λέγειν παρ´ ὑμῖν,
κἂν ἀφῃρημένοι τὰ ὑμέτερ´ αὐτῶν ἦτε. οὐκ ἦν ἀσφαλὲς
λέγειν ἐν Ὀλύνθῳ τὰ Φιλίππου μὴ σὺν εὖ πεπονθότων τῶν
πολλῶν Ὀλυνθίων τῷ Ποτείδαιαν καρποῦσθαι· οὐκ ἦν
ἀσφαλὲς λέγειν ἐν Θετταλίᾳ μὴ σὺν εὖ πεπονθότος τοῦ
πλήθους τοῦ Θετταλῶν τῷ τοὺς τυράννους ἐκβαλεῖν Φίλιππον
αὐτοῖς καὶ τὴν Πυλαίαν ἀποδοῦναι· οὐκ ἦν ἐν Θήβαις
ἀσφαλές, πρὶν τὴν Βοιωτίαν ἀπέδωκε καὶ τοὺς Φωκέας
ἀνεῖλεν. ἀλλ´ Ἀθήνησιν, οὐ μόνον Ἀμφίπολιν καὶ τὴν
Καρδιανῶν χώραν ἀπεστερηκότος Φιλίππου, ἀλλὰ καὶ κατασκευάζοντος ὑμῖν ἐπιτείχισμα τὴν Εὔβοιαν καὶ νῦν ἐπὶ
Βυζάντιον παριόντος, ἀσφαλές ἐστι λέγειν ὑπὲρ Φιλίππου.
καὶ γάρ τοι τούτων μὲν ἐκ πτωχῶν ἔνιοι ταχὺ πλούσιοι
γίγνονται, καὶ ἐξ ἀνωνύμων καὶ ἀδόξων ἔνδοξοι καὶ γνώριμοι,
ὑμεῖς δὲ τοὐναντίον ἐκ μὲν ἐνδόξων ἄδοξοι, ἐκ δ´ εὐπόρων
ἄποροι· πόλεως γὰρ ἔγωγε πλοῦτον ἡγοῦμαι συμμάχους,
πίστιν, εὔνοιαν, ὧν πάντων ὑμεῖς ἔστ´ ἄποροι.ἐκ
δὲ τοῦ τούτων ὀλιγώρως ὑμᾶς ἔχειν καὶ ἐᾶν τοῦτον τὸν
τρόπον φέρεσθαι, ὁ μὲν εὐδαίμων καὶ μέγας καὶ φοβερὸς
πᾶσιν Ἕλλησι καὶ βαρβάροις, ὑμεῖς δ´ ἔρημοι καὶ ταπεινοί,
τῇ μὲν κατὰ τὴν ἀγορὰν εὐετηρίᾳ λαμπροί, τῇ δ´ ὧν προσῆκε
παρασκευῇ καταγέλαστοι.
| [10,60] Voilà leurs espérances, voilà le but qu'ils se proposent quand ils
accusent des citoyens de souffler la guerre. Pour moi, j'en suis certain, avant que la
guerre eût été proposée dans Athènes, Philippe avait envahi plusieurs de nos places,
et, tout récemment encore, il a jeté un renfort dans Cardia. Si, malgré cela, il nous
plaît de méconnaître qu'il ait tiré l'épée, il serait le plus insensé des hommes de
chercher à nous en convaincre. Quand l'offensé nie l'injure, est-ce à l'offenseur de la
constater? Mais, lorsqu'il marchera contre Athènes, que dirons-nous? Il protestera,
lui, qu'il ne nous fait point la guerre. N'est-ce pas ce qu'il dit aux Oritains, alors que
ses troupes campaient dans leur pays? et, avant eux, aux habitants de Phères,
lorsqu'il allait battre leurs murailles? et anciennement aux Olynthiens, jusqu'à son
entrée sur leur territoire, à la tète d'une armée? Répéterons-nous alors que,
conseiller la défense, c'est pousser à la guerre? Il ne reste donc qu'à subir le joug :
point de milieu. Et le péril est plus grand pour vous que pour d'autres peuples.
Asservir Athènes serait trop peu pour Philippe, il veut l'anéantir. II sait trop bien
que vous ne voudrez pas obéir, et que, même le voulant, vous ne le pourriez point,
accoutumés que vous êtes à commander. Il sait qu'en saisissant l'occasion, vous lui
susciteriez plus de traverses que tous les peuples ensemble. Aussi ne vous
épargnera-t-il pas, s'il devient le maître. Reconnaissez donc qu'il y aura contre vous
combat à outrance. Détestez, livrez au supplice les citoyens notoirement vendus à
cet homme; car il est impossible, absolument impossible de vaincre l'ennemi étranger
si l'on ne punit auparavant l'ennemi domestique; sans cela, heurtant contre l'écueil
de l'un, vous serez invinciblement dépassés par l'autre. Pourquoi, selon vous,
Philippe lance-t-il l'outrage sur Athènes aujourd'hui? car, à mon sens, il ne fait pas
autre chose. Pourquoi, lorsqu'il emploie, du moins envers les autres peuples, la
séduction des bienfaits, n'a-t-il déjà plus que des menaces contre vous? Voyez que de
concessions Il a faites aux Thessaliens pour les pousser doucement à la servitude.
Comptez, si vous le pouvez, ses insidieuses largesses prodiguées aux infortunés
Olynthiens, Potidée d'abord, puis tant d'autres places. Voyez-le jetant maintenant
aux Thébains la Béotie comme une amorce, et les délivrant d'une longue et rude
guerre. De tous ces peuples, les uns n'ont souffert des malheurs trop connus, les
autres ne souffriront ceux que prépare l'avenir, qu'après avoir du moins recueilli
quelques fruits de leur cupidité. Mais vous, sans parler de vos pertes à la guerre,
combien, même pendant les négociations de la paix, ne vous a-t-il point trompés et
dépouillés! Phocide, Thermopyles, forteresses de Thrace, Doriskos, Serrhium,
Kersobleptès en personne, que ne vous a-t-il pas enlevé? N'est-il pas à présent
maître de Cardia? ne l'avoue-t-il point? D'où viennent donc des procédés si
différents? C'est que notre ville est la seule où l'ennemi ait impunément des fauteurs
déclarés, la seule où des traîtres enrichis plaident avec sécurité la cause du spoliateur
de la république. On ne parlait pas impunément pour Philippe à Olynthe, avant qu'il
eût fait largesse de Potidée à tout ce peuple. On ne parlait pas impunément pour
Philippe en Thessalie, tant qu'il n'avait pas surpris la reconnaissance de la multitude
par l'expulsion de ses tyrans et son retour à l'amphictyonat. On ne le faisait pas
devant les Thébains, avant qu'il eût payé ce service de la Béotie rendue et de la
Phocide anéantie. Mais, dans Athènes, après que Philippe nous a volé Amphipolis,
Cardia et ses dépendances; lorsqu'il a fait de l'Eubée une vaste et menaçante
citadelle; lorsqu'il marche sur Byzance, on peut, sans péril, parler pour Philippe!
Aussi, des hommes pauvres et sans nom sont-ils devenus soudain riches et célèbres,
tandis que vous êtes tombés, vous, de la splendeur dans l'humiliation, de l'opulence
dans la misère; car je place la richesse d'une république dans ses alliés, dans la
confiance et le zèle des peuples, toutes choses dont vous êtes pauvres. Or, pendant
que votre dédaigneuse insouciance vous laisse ravir de tels biens, lui, il est devenu
grand, fortuné, redoutable à la Grèce entière et aux Barbares; Athènes est dans le
mépris et le délaissement, brillante, il est vrai, par l'étalage de ses marchés, mais,
pour les provisions essentielles, ridiculement indigente.
|