Texte grec :
[4,0] Ὀλυνθιακὸς Α.
(1) Ἀντὶ πολλῶν ἄν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, χρημάτων ὑμᾶς ἑλέσθαι νομίζω, εἰ
φανερὸν γένοιτο τὸ μέλλον συνοίσειν τῇ πόλει περὶ ὧν νυνὶ σκοπεῖτε. Ὅτε
τοίνυν τοῦθ' οὕτως ἔχει, προσήκει προθύμως ἐθέλειν ἀκούειν τῶν βουλομένων
συμβουλεύειν· οὐ γὰρ μόνον εἴ τι χρήσιμον ἐσκεμμένος ἥκει τις, τοῦτ' ἂν
ἀκούσαντες λάβοιτε, ἀλλὰ καὶ τῆς ὑμετέρας τύχης ὑπολαμβάνω πολλὰ τῶν
δεόντων ἐκ τοῦ παραχρῆμ' ἐνίοις ἂν ἐπελθεῖν εἰπεῖν, ὥστ' ἐξ ἁπάντων ῥᾳδίαν
τὴν τοῦ συμφέροντος ὑμῖν αἵρεσιν γενέσθαι.
(2) Ὁ μὲν οὖν παρὼν καιρός, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μόνον οὐχὶ λέγει φωνὴν
ἀφιεὶς ὅτι τῶν πραγμάτων ὑμῖν ἐκείνων αὐτοῖς ἀντιληπτέον ἐστίν, εἴπερ ὑπὲρ
σωτηρίας αὐτῶν φροντίζετε· ἡμεῖς δ' οὐκ οἶδ' ὅντινά μοι δοκοῦμεν ἔχειν
τρόπον πρὸς αὐτά. Ἔστι δὴ τά γ' ἐμοὶ δοκοῦντα, ψηφίσασθαι μὲν ἤδη τὴν
βοήθειαν, καὶ παρασκευάσασθαι τὴν ταχίστην ὅπως ἐνθένδε βοηθήσετε (καὶ μὴ
πάθητε ταὐτὸν ὅπερ καὶ πρότερον), πρεσβείαν δὲ πέμπειν, ἥτις ταῦτ' ἐρεῖ
καὶ παρέσται τοῖς πράγμασιν· (3) ὡς ἔστι μάλιστα τοῦτο δέος, μὴ πανοῦργος
ὢν καὶ δεινὸς ἅνθρωπος πράγμασι χρῆσθαι, τὰ μὲν εἴκων, ἡνίκ' ἂν τύχῃ, τὰ
δ' ἀπειλῶν (ἀξιόπιστος δ' ἂν εἰκότως φαίνοιτο), τὰ δ' ἡμᾶς διαβάλλων καὶ
τὴν ἀπουσίαν τὴν ἡμετέραν, τρέψηται καὶ παρασπάσηταί τι τῶν ὅλων
πραγμάτων.
(4) Οὐ μὴν ἀλλ' ἐπιεικῶς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῦθ' ὃ δυσμαχώτατόν ἐστι τῶν
Φιλίππου πραγμάτων, καὶ βέλτιστον ὑμῖν· τὸ γὰρ εἶναι πάντων ἐκεῖνον ἕν'
ὄντα κύριον καὶ ῥητῶν καὶ ἀπορρήτων καὶ ἅμα στρατηγὸν καὶ δεσπότην καὶ
ταμίαν, καὶ πανταχοῦ αὐτὸν παρεῖναι τῷ στρατεύματι, πρὸς μὲν τὸ τὰ τοῦ
πολέμου ταχὺ καὶ κατὰ καιρὸν πράττεσθαι πολλῷ προέχει, πρὸς δὲ τὰς
καταλλαγάς, ἃς ἂν ἐκεῖνος ποιήσαιτ' ἄσμενος πρὸς Ὀλυνθίους, ἐναντίως ἔχει.
(5) Δῆλον γάρ ἐστι τοῖς Ὀλυνθίοις ὅτι νῦν οὐ περὶ δόξης οὐδ' ὑπὲρ μέρους
χώρας πολεμοῦσιν, ἀλλ' ἀναστάσεως καὶ ἀνδραποδισμοῦ τῆς πατρίδος, καὶ
ἴσασιν ἅ τ' Ἀμφιπολιτῶν ἐποίησε τοὺς παραδόντας αὐτῷ τὴν πόλιν καὶ
Πυδναίων τοὺς ὑποδεξαμένους· καὶ ὅλως ἄπιστον, οἶμαι, ταῖς πολιτείαις ἡ
τυραννίς, ἄλλως τε κἂν ὅμορον χώραν ἔχωσι.
(6) Ταῦτ' οὖν ἐγνωκότας ὑμᾶς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ τἄλλ' ἃ προσήκει
πάντ' ἐνθυμουμένους φημὶ δεῖν ἐθελῆσαι καὶ παροξυνθῆναι καὶ τῷ πολέμῳ
προσέχειν εἴπερ ποτὲ καὶ νῦν, χρήματ' εἰσφέροντας προθύμως καὶ αὐτοὺς
ἐξιόντας καὶ μηδὲν ἐλλείποντας. Οὐδὲ γὰρ λόγος οὐδὲ σκῆψις ἔθ' ὑμῖν τοῦ μὴ
τὰ δέοντα ποιεῖν ἐθέλειν ὑπολείπεται. (7) Νυνὶ γάρ, ὃ πάντες ἐθρύλουν
τέως, Ὀλυνθίους ἐκπολεμῶσαι δεῖν Φιλίππῳ, γέγονεν αὐτόματον, καὶ ταῦθ' ὡς
ἂν ὑμῖν μάλιστα συμφέροι. Εἰ μὲν γὰρ ὑφ' ὑμῶν πεισθέντες ἀνείλοντο τὸν
πόλεμον, σφαλεροὶ σύμμαχοι καὶ μέχρι του ταῦτ' ἂν ἐγνωκότες ἦσαν ἴσως·
ἐπειδὴ δ' ἐκ τῶν πρὸς αὑτοὺς ἐγκλημάτων μισοῦσι, βεβαίαν εἰκὸς τὴν ἔχθραν
αὐτοὺς ὑπὲρ ὧν φοβοῦνται καὶ πεπόνθασιν ἔχειν. (8) Οὐ δεῖ δὴ τοιοῦτον, ὦ
ἄνδρες Ἀθηναῖοι, παραπεπτωκότα καιρὸν ἀφεῖναι, οὐδὲ παθεῖν ταὐτὸν ὅπερ ἤδη
πολλάκις πρότερον πεπόνθατε.
Εἰ γάρ, ὅθ' ἥκομεν Εὐβοεῦσιν βεβοηθηκότες καὶ παρῆσαν Ἀμφιπολιτῶν Ἱέραξ
καὶ Στρατοκλῆς ἐπὶ τουτὶ τὸ βῆμα, κελεύοντες ἡμᾶς πλεῖν καὶ παραλαμβάνειν
τὴν πόλιν, τὴν αὐτὴν παρειχόμεθ' ἡμεῖς ὑπὲρ ἡμῶν αὐτῶν προθυμίαν ἥνπερ
ὑπὲρ τῆς Εὐβοέων σωτηρίας, εἴχετ' ἂν Ἀμφίπολιν τότε καὶ πάντων τῶν μετὰ
ταῦτ' ἂν ἦτ' ἀπηλλαγμένοι πραγμάτων. (9) Καὶ πάλιν ἡνίκα Πύδνα, Ποτείδαια,
Μεθώνη, Παγασαί, τἄλλα, ἵνα μὴ καθ' ἕκαστα λέγων διατρίβω, πολιορκούμεν'
ἀπηγγέλλετο, εἰ τότε τούτων ἑνὶ τῷ πρώτῳ προθύμως καὶ ὡς προσῆκεν
ἐβοηθήσαμεν αὐτοί, ῥᾴονι καὶ πολὺ ταπεινοτέρῳ νῦν ἂν ἐχρώμεθα τῷ Φιλίππῳ.
Νῦν δὲ τὸ μὲν παρὸν ἀεὶ προϊέμενοι, τὰ δὲ μέλλοντ' αὐτόματ' οἰόμενοι
σχήσειν καλῶς, ηὐξήσαμεν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Φίλιππον ἡμεῖς καὶ
κατεστήσαμεν τηλικοῦτον ἡλίκος οὐδείς πω βασιλεὺς γέγονεν Μακεδονίας. Νυνὶ
δὴ καιρὸς ἥκει τις, οὗτος ὁ τῶν Ὀλυνθίων, αὐτόματος τῇ πόλει, ὃς οὐδενός
ἐστιν ἐλάττων τῶν προτέρων ἐκείνων.
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Traduction française :
[4,0] PREMIÈRE OLYNTHIENNE (ou QUATRIÈME PHILIPPIQUE).
(1) Je crois, Athéniens, que, dans l'objet actuel de votre délibération,
vous préféreriez à tous les trésors du monde l'avantage d'être éclairés
sur les vrais intérêts de la république. Vous devez donc écouter
volontiers ceux qui se disposent à vous donner des conseils. Car, outre
que vous pouvez profiter des avis sages qu'a médités un orateur avant de
paraître à la tribune ; vous êtes encore assez heureux pour qu'il vienne
sur-le-champ à quelques-uns de vos ministres des réflexions utiles et la
réunion de ces lumières vous met en état de choisir le meilleur parti.
(2) L'occasion présente semble élever la voix, et vous dire que tous devez
vous occuper sérieusement de la défense des Olynthiens, si vous avez à
coeur votre propre conservation. J'ignore quelle est là-dessus votre façon
de penser ; voici la mienne.
Je voudrais qu'on se décidât sur-le-champ à secourir Olynthe, qu'on
préparât le secours au plutôt, et que les troupes fussent composées de nos
citoyens, afin d'éviter l'inconvénient dans lequel on est déjà tombé. Je
voudrais encore qu'on fit partir, avant tout, des députés pour annoncer
nos résolutions, et veiller sur les lieux à nos intérêts. Nous avons
affaire à un rusé politique, à un homme, qui sait profiter des
conjonctures ; et il est à craindre que, soit en relâchant de ses droits
s'il est à propos, soit en faisant des menaces (et alors on peut croire à
sa parole), soit en cherchant à décrier nos lenteurs et notre inaction, il
ne parvienne à détacher de nous et à attirer à lui quelque partie de la Grèce.
(4) Heureusement, ô Athéniens ! ce qui fait la plus grande force du roi de
Macédoine, est aujourd'hui votre plus grand avantage. Être seul confident
de tous ses secrets, être en même temps le général des armées, le
dispensateur des finances le maître de tous les desseins, commander
partout en personne ; cela influe beaucoup dans la guerre sur la
promptitude et la justesse de l'exécution : mais aussi cela même est un
obstacle à l'envie qu'aurait Philippe de se rapprocher des Olynthiens. (5)
Ceux-ci, en effet, voient qu'ils combattent, non pour la gloire ou pour
une partie de leur sol, mais pour empêcher la ruine et l'asservissement de
leur patrie. Ils savent comment le prince a payé les services des traîtres
d'Amphipolis et de Pydna qui lui ont ouvert les portes de ces deux villes.
Et en général, les monarques doivent être suspects aux républiques,
surtout quand ils en sont voisins.
(6) Convaincus de ces vérités, et d'ailleurs remplis de tous les
sentiments convenables, vous devez, maintenant plus que jamais, vous
porter à agir, vous animer, et, tournant toutes vos pensées du côté de la
guerre, contribuer avec zèle de vos fortunes, et payer de vos personnes.
Car vous n'avez plus ni raison ni prétexte qui vous dispense de faire tout
ce qui est en vous. (7) L'avantage de mettre Olynthe aux prises avec
Philippe, cet avantage si ardemment désiré, s'offre de lui-même, et avec
les circonstances les plus favorables. En effet, si les Olynthiens eussent
entrepris la guerre à votre sollicitation, on pourrait moins compter sur
leur alliance et sur leurs sentiments actuels, mais comme ils haïssent
Philippe, parce qu'ils ont eux-mêmes sujet de s'en plaindre, ce qu'ils ont
souffert de lui et ce qu'ils en craignent, doit nous assurer de leur haine
contre ce monarque. (8) Prenez garde, Athéniens, de laisser échapper une
telle occasion, et de tomber dans la faute que vous avez déjà commise plus
d'une fois.
Par exemple, si, lorsque nous venions de secourir l'Eubée, lorsque
Hiérax et Stratoclès, députés des Amphipolitains, nous exhortaient, de
dessus cette tribune, à nous mettre en mer, et à venir prendre possession
de leur ville ; si dans cette circonstance, nous eussions montré pour nos
propres intérêts la même chaleur que nous avions témoignée pour le salut
des Eubéens, rentrés alors dans Amphipolis, et redevenus maîtres de cette
place, nous aurions évité tous les embarras où nous nous trouvâmes depuis.
(9) Et ensuite, si, lorsqu'on nous annonçait le siège de Pydna, de
Potidée, de Méthone, de Pagase, et des autres places qu'il est inutile de
nommer, nous avions secouru avec ardeur et comme il convenait ; la
première d'entre elles qui fut assiégée, Philippe serait aujourd'hui moins
fier et plus traitable. Mais, grâce à cette indolence qui nous fait
abandonner le présent, et qui nous tranquillise sur l'avenir, ce prince
s'est agrandi, il est devenu plus puissant que ne le fut jamais aucun roi
de Macédoine. Voici maintenant une grande occasion : quelle est-elle ?
celle dont je parle, qui s'offre d'elle-même, et n'est pas moins
importante qu'aucune de celles qui aient précédé.
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