[4,10] Καὶ ἔμοιγε δοκεῖ τις ἄν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, δίκαιος λογιστὴς τῶν παρὰ
τῶν θεῶν ἡμῖν ὑπηργμένων καταστάς, καίπερ οὐκ ἐχόντων ὡς δεῖ πολλῶν, ὅμως
μεγάλην ἂν ἔχειν αὐτοῖς χάριν, εἰκότως· τὸ μὲν γὰρ πόλλ' ἀπολωλεκέναι κατὰ
τὸν πόλεμον τῆς ἡμετέρας ἀμελείας ἄν τις θείη δικαίως, τὸ δὲ μήτε πάλαι
τοῦτο πεπονθέναι πεφηνέναι τέ τιν' ἡμῖν συμμαχίαν τούτων ἀντίρροπον, ἂν
βουλώμεθα χρῆσθαι, τῆς παρ' ἐκείνων εὐνοίας εὐεργέτημ' ἂν ἔγωγε θείην.
(11) Ἀλλ', οἶμαι, παρόμοιόν ἐστιν ὅπερ καὶ περὶ τῆς τῶν χρημάτων κτήσεως·
ἂν μὲν γάρ, ὅσ' ἄν τις λάβῃ, καὶ σῴσῃ, μεγάλην ἔχει τῇ τύχῃ τὴν χάριν, ἂν
δ' ἀναλώσας λάθῃ, συνανήλωσε καὶ τὸ μεμνῆσθαι (τὴν χάριν). Καὶ περὶ τῶν
πραγμάτων οὕτως οἱ μὴ χρησάμενοι τοῖς καιροῖς ὀρθῶς, οὐδ' εἰ συνέβη τι
παρὰ τῶν θεῶν χρηστὸν μνημονεύουσι· πρὸς γὰρ τὸ τελευταῖον ἐκβὰν ἕκαστον
τῶν πρὶν ὑπαρξάντων κρίνεται.
Διὸ καὶ σφόδρα δεῖ τῶν λοιπῶν ὑμᾶς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, φροντίσαι, ἵνα
ταῦτ' ἐπανορθωσάμενοι τὴν ἐπὶ τοῖς πεπραγμένοις ἀδοξίαν ἀποτριψώμεθα. (12)
Εἰ δὲ προησόμεθ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ τούτους τοὺς ἀνθρώπους, εἶτ'
Ὄλυνθον ἐκεῖνος καταστρέψεται, φρασάτω τις ἐμοὶ τί τὸ κωλῦον ἔτ' αὐτὸν
ἔσται βαδίζειν ὅποι βούλεται.
Ἆρα λογίζεταί τις ὑμῶν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ θεωρεῖ τὸν τρόπον δι' ὃν
μέγας γέγονεν ἀσθενὴς ὢν τὸ κατ' ἀρχὰς Φίλιππος; Τὸ πρῶτον Ἀμφίπολιν
λαβών, μετὰ ταῦτα Πύδναν, πάλιν Ποτείδαιαν, Μεθώνην αὖθις, εἶτα Θετταλίας
ἐπέβη· (13) μετὰ ταῦτα Φεράς, Παγασάς, Μαγνησίαν, πάνθ' ὃν ἐβούλετ'
εὐτρεπίσας τρόπον ᾤχετ' εἰς Θρᾴκην· εἶτ' ἐκεῖ τοὺς μὲν ἐκβαλὼν τοὺς δὲ
καταστήσας τῶν βασιλέων ἠσθένησε· πάλιν ῥᾴσας οὐκ ἐπὶ τὸ ῥᾳθυμεῖν
ἀπέκλινεν, ἀλλ' εὐθὺς Ὀλυνθίοις ἐπεχείρησεν. Τὰς δ' ἐπ' Ἰλλυριοὺς καὶ
Παίονας αὐτοῦ καὶ πρὸς Ἀρύββαν καὶ ὅποι τις ἂν εἴποι παραλείπω στρατείας.
(14) Τί οὖν, ἄν τις εἴποι, ταῦτα λέγεις ἡμῖν νῦν; Ἵνα γνῶτ', ὦ ἄνδρες
Ἀθηναῖοι, καὶ αἴσθησθ' ἀμφότερα, καὶ τὸ προΐεσθαι καθ' ἕκαστον ἀεί τι τῶν
πραγμάτων ὡς ἀλυσιτελές, καὶ τὴν φιλοπραγμοσύνην ᾗ χρῆται καὶ συζῇ
Φίλιππος, ὑφ' ἧς οὐκ ἔστιν ὅπως ἀγαπήσας τοῖς πεπραγμένοις ἡσυχίαν σχήσει.
Εἰ δ' ὁ μὲν ὡς ἀεί τι μεῖζον τῶν ὑπαρχόντων δεῖ πράττειν ἐγνωκὼς ἔσται,
ἡμεῖς δ' ὡς οὐδενὸς ἀντιληπτέον ἐρρωμένως τῶν πραγμάτων, σκοπεῖσθ' εἰς τί
ποτ' ἐλπὶς ταῦτα τελευτῆσαι. (15) Πρὸς θεῶν, τίς οὕτως εὐήθης ἐστὶν ὑμῶν
ὅστις ἀγνοεῖ τὸν ἐκεῖθεν πόλεμον δεῦρ' ἥξοντα, ἂν ἀμελήσωμεν; Ἀλλὰ μήν, εἰ
τοῦτο γενήσεται, δέδοικ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μὴ τὸν αὐτὸν τρόπον ὥσπερ οἱ
δανειζόμενοι ῥᾳδίως ἐπὶ τοῖς μεγάλοις (τόκοις) μικρὸν εὐπορήσαντες χρόνον
ὕστερον καὶ τῶν ἀρχαίων ἀπέστησαν, οὕτω καὶ ἡμεῖς (ἂν) ἐπὶ πολλῷ φανῶμεν
ἐρρᾳθυμηκότες, καὶ ἅπαντα πρὸς ἡδονὴν ζητοῦντες πολλὰ καὶ χαλεπὰ ὧν οὐκ
ἐβουλόμεθ' ὕστερον εἰς ἀνάγκην ἔλθωμεν ποιεῖν, καὶ κινδυνεύσωμεν περὶ τῶν
ἐν αὐτῇ τῇ χώρᾳ.
(16) Τὸ μὲν οὖν ἐπιτιμᾶν ἴσως φήσαι τις ἂν ῥᾴδιον καὶ παντὸς εἶναι, τὸ δ'
ὑπὲρ τῶν παρόντων ὅ τι δεῖ πράττειν ἀποφαίνεσθαι, τοῦτ' εἶναι συμβούλου.
Ἐγὼ δ' οὐκ ἀγνοῶ μέν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῦθ' ὅτι πολλάκις ὑμεῖς οὐ τοὺς
αἰτίους, ἀλλὰ τοὺς ὑστάτους περὶ τῶν πραγμάτων εἰπόντας ἐν ὀργῇ ποιεῖσθε,
ἄν τι μὴ κατὰ γνώμην ἐκβῇ· οὐ μὴν οἶμαι δεῖν τὴν ἰδίαν ἀσφάλειαν σκοποῦνθ'
ὑποστείλασθαι περὶ ὧν ὑμῖν συμφέρειν ἡγοῦμαι.
(17) Φημὶ δὴ διχῇ βοηθητέον εἶναι τοῖς πράγμασιν ὑμῖν, τῷ τε τὰς πόλεις
τοῖς Ὀλυνθίοις σῴζειν καὶ τοὺς τοῦτο ποιήσοντας στρατιώτας ἐκπέμπειν, καὶ
τῷ τὴν ἐκείνου χώραν κακῶς ποιεῖν καὶ τριήρεσι καὶ στρατιώταις ἑτέροις·
(18) εἰ δὲ θατέρου τούτων ὀλιγωρήσετε, ὀκνῶ μὴ μάταιος ἡμῖν ἡ στρατεία
γένηται. Εἴτε γὰρ ὑμῶν τὴν ἐκείνου κακῶς ποιούντων, ὑπομείνας τοῦτ'
Ὄλυνθον παραστήσεται, ῥᾳδίως ἐπὶ τὴν οἰκείαν ἐλθὼν ἀμυνεῖται· εἴτε
βοηθησάντων μόνον ὑμῶν εἰς Ὄλυνθον, ἀκινδύνως ὁρῶν ἔχοντα τὰ οἴκοι,
προσκαθεδεῖται καὶ προσεδρεύσει τοῖς πράγμασι, περιέσται τῷ χρόνῳ τῶν
πολιορκουμένων. Δεῖ δὴ πολλὴν καὶ διχῇ τὴν βοήθειαν εἶναι.
(19) Καὶ περὶ μὲν τῆς βοηθείας ταῦτα γιγνώσκω· περὶ δὲ χρημάτων πόρου,
ἔστιν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, χρήμαθ' ὑμῖν, ἔστιν ὅσ' οὐδενὶ τῶν ἄλλων
ἀνθρώπων (στρατιωτικά)· ταῦτα δ' ὑμεῖς οὕτως ὡς βούλεσθε λαμβάνετε. Εἰ μὲν
οὖν ταῦτα τοῖς στρατευομένοις ἀποδώσετε, οὐδενὸς ὑμῖν προσδεῖ πόρου, εἰ δὲ
μή, προσδεῖ, μᾶλλον δ' ἅπαντος ἐνδεῖ τοῦ πόρου. ‘Τί οὖν;’ Ἂν τις εἴποι,
‘σὺ γράφεις ταῦτ' εἶναι στρατιωτικά’ μὰ Δί' οὐκ ἔγωγε.
| [4,10] Pour moi, quoique beaucoup de choses n'aillent pas selon nos désirs,
il me semble que celui d'entre nous qui se rappellerait toutes les faveurs
que non avons reçues des dieux, devrait se sentir pénétré d'une profonde
reconnaissance. En effet, si l'on peut justement imputer à notre
négligence les pertes que nous avons essuyées dans la guerre, on doit
attribuer à une protection divine le bonheur de ne les avoir pas éprouvées
plutôt, et l'avantage d'une alliance capable, si nous en profitons, de les
réparer toutes. (11) Mais, à mon avis, il en est des peuples comme des
particuliers. Un particulier qui conserve les biens qu'il a reçus de la
fortune, lui en témoigne sa gratitude, tandis que celui qui les dissipe
imprudemment, perd avec eux le souvenir de ses bienfaits : ainsi, dans le
gouvernement de l'état, un peuple qui n'a pas su profiter des occasions,
ne se rappelle pas même les faveurs qu'il avait obtenues auparavant du
ciel. Car le mal présent, pour l'ordinaire, fait oublier le bonheur passé.
Nous devons donc à l'avenir veiller davantage à nos propres intérêts,
réformer notre conduite, et par-là effacer les taches qu'elle a faites
jusqu'ici à notre gloire. Que si, pour comble de négligence, nous
abandonnons les Olynthiens, qui ont recours à nous, et que Philippe
s'empare de leur ville, je vous le demande, qui pourra l'empêcher d'aller
où il voudra?
A-t-on jamais réfléchi sur la manière dont ce monarque, si faible d'abord
est devenu si puissant ? Il commença par la prise d'Amphipolis, qui fut
suivie de celle de Pydna, de Potidée, de Méthone ; puis il entra dans la
Thessalie. (13) Alors, ayant disposé de Phères, de Pagase, de Magnésie, de
tout le pays, en un mot comme il voulut, il partit pour la Thrace.
Là, après avoir donné et ôté des couronnes il tomba malade. Il ne fut pas
plutôt rétabli, que, sans se livrer à l'inaction, il attaqua les
Olynthiens. Je ne parle pas de ses expéditions dans l'Illyrie, dans
la Péonie, contre Arymbas ; et où n'en a-t-il pas fait? (14) Pourquoi tout
ce détail ? dira-t-on ; c'est pour que vous sachiez, Athéniens, pour que
vous conceviez combien il est nuisible d'abandonner toujours quelque
partie des affaires, et quelle est cette ambition de Philippe qui le
dévore, qui lui fait attaquer successivement tous les peuples, sans lui
permettre de s'arrêter et de s'en tenir à ses premières conquêtes.
Mais, si ce prince est persuadé qu'il doit toujours aller en avant, et
nous, au contraire, que nous ne devons rien entreprendre avec vigueur, à
quoi pouvons-nous enfin nous attendre ? (15) Au nom des dieux, est-il
parmi vous quelqu'un d'assez simple pour ignorer que la guerre viendra
d'Olynthe à Athènes, si nous n'y prenons garde ? Et en ce cas je crains
bien que, semblables à ces imprudents qui empruntent à gros intérêts, et
qui, après avoir joui d'une aisance passagère, perdent jusqu'à leurs
propres fonds ; je crains que nous ne sentions trop tard combien il nous
en coûte de nous être livré à l'indolence ; je crains qu'après avoir
toujours cherché ce qui nous flattait pour le moment, nous ne nous
trouvions enfin réduits à faire bien des choses contre notre gré, et
obligés de défendre notre propre pays.
(16) Rien de si facile, dira-t-on, que de s'ériger en censeur, tout le
monde en est capable : proposer un bon avis pour la circonstance : voilà
ce qu'on attend d'un ministre. Je n'ignore pas Athéniens, que, quand il
arrive quelque événement fâcheux, vous taites tomber votre courroux, non
sur les auteurs de vos maux, mais sur les orateurs qui ont parlé les
derniers : je ne crois pas toutefois que la considération de ma sûreté
particulière doive me fermer la bouche sur les intérêts de l'état.
(17) Je dis donc que, dans la conjoncture présente vous devez envoyer des
troupes, et du côté d'Olynthe, pour sauver les places des Olynthiens, et
en Macédoine, que vous attaquerez par terre et par mer. (18) Si vous
négligez l'un ou l'autre, je doute que votre expédition réussisse. Car si,
tandis que vous ravagerez le pays de Philippe, le prince, supportant ce
dommage, vient à bout d'emporter la ville, au retour dans ses états, il se
vengera sans peine; ou si, tandis que vous vous contenterez de secourir
Olynthe, Philippe, voyant son pays en sûreté, continue vivement le siège,
il forcera, avec le tenu, les assiégés de se rendre. Il faut donc un
secours puissant et distribué comme je dis.
(19) Voilà ce que je pense par rapport au secours. Quant aux
subsides, vous avez de quoi y fournir plus qu'aucun autre peuple ; mais
l'argent que vous avez entre les mains, vous le recevez à tel titre qu'il
vous plaît. Si vous le rendez aux soldats, vous n'avez pas besoin d'autres
fonds ; sinon vous en aurez besoin, ou même vous manquerez absolument de
fonds. Quoi donc, dira quelqu'un, proposez-vous d'affecter cet argent aux
dépenses de la guerre? non, certes ;
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