HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Les Philippiques, discours II

Ἀθηναῖοι



Texte grec :

[2,6] {ΑΠΟΚΡΙΣΙΣ.} Ἦν μὲν οὖν δίκαιον, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς ἐνεγκόντας τὰς ὑποσχέσεις, ἐφ´ αἷς ἐπείσθητε ποιήσασθαι τὴν εἰρήνην, καλεῖν· οὔτε γὰρ αὐτὸς ἄν ποθ´ ὑπέμεινα πρεσβεύειν, οὔτ´ ἂν ὑμεῖς οἶδ´ ὅτι ἐπαύσασθε πολεμοῦντες, εἰ τοιαῦτα πράξειν τυχόντ´ εἰρήνης Φίλιππον ᾤεσθε· ἀλλ´ ἦν πολὺ τούτων ἀφεστηκότα τὰ τότε λεγόμενα. καὶ πάλιν γ´ ἑτέρους καλεῖν. τίνας; τοὺς ὅτ´ ἐγὼ γεγονυίας ἤδη τῆς εἰρήνης ἀπὸ τῆς ὑστέρας ἥκων πρεσβείας τῆς ἐπὶ τοὺς ὅρκους, αἰσθόμενος φενακιζομένην τὴν πόλιν, προὔλεγον καὶ διεμαρτυρόμην καὶ οὐκ εἴων προέσθαι Πύλας οὐδὲ Φωκέας, λέγοντας ὡς ἐγὼ μὲν ὕδωρ πίνων εἰκότως δύστροπος καὶ δύσκολός εἰμί τις ἄνθρωπος, Φίλιππος δ´, ἅπερ εὔξαισθ´ ἂν ὑμεῖς, ἂν παρέλθῃ, πράξει, καὶ Θεσπιὰς μὲν καὶ Πλαταιὰς τειχιεῖ, Θηβαίους δὲ παύσει τῆς ὕβρεως, Χερρόνησον δὲ τοῖς αὑτοῦ τέλεσιν διορύξει, Εὔβοιαν δὲ καὶ τὸν Ὠρωπὸν ἀντ´ Ἀμφιπόλεως ὑμῖν ἀποδώσει· ταῦτα γὰρ ἅπαντ´ ἐπὶ τοῦ βήματος ἐνταῦθα μνημονεύετ´ οἶδ´ ὅτι ῥηθέντα, καίπερ ὄντες οὐ δεινοὶ τοὺς ἀδικοῦντας μεμνῆσθαι. καὶ τὸ πάντων αἴσχιστον, καὶ τοῖς ἐκγόνοις πρὸς τὰς ἐλπίδας τὴν αὐτὴν εἰρήνην εἶναι ταύτην ἐψηφίσασθε· οὕτω τελέως ὑπήχθητε. τί δὴ ταῦτα νῦν λέγω καὶ καλεῖν φημὶ δεῖν τούτους; ἐγὼ νὴ τοὺς θεοὺς τἀληθῆ μετὰ παρρησίας ἐρῶ πρὸς ὑμᾶς καὶ οὐκ ἀποκρύψομαι· οὐχ ἵν´ εἰς λοιδορίαν ἐμπεσὼν ἐμαυτῷ μὲν ἐξ ἴσου λόγον παρ´ ὑμῖν ποιήσω, τοῖς δ´ ἐμοὶ προσκρούσασιν ἐξ ἀρχῆς καὶ νῦν παράσχω πρόφασιν τοῦ πάλιν τι λαβεῖν παρὰ Φιλίππου, οὐδ´ ἵν´ ὡς ἄλλως ἀδολεσχῶ· ἀλλ´ οἴομαί ποθ´ ὑμᾶς λυπήσειν ἃ Φίλιππος πράττει μᾶλλον ἢ τὰ νυνί· τὸ γὰρ πρᾶγμ´ ὁρῶ προβαῖνον, καὶ οὐχὶ βουλοίμην ἂν εἰκάζειν ὀρθῶς, φοβοῦμαι δὲ μὴ λίαν ἐγγὺς ᾖ τοῦτ´ ἤδη. ὅταν οὖν μηκέθ´ ὑμῖν ἀμελεῖν ἐξουσία γίγνηται τῶν συμβαινόντων, μηδ´ ἀκούηθ´ ὅτι ταῦτ´ ἐφ´ ὑμᾶς ἐστιν ἐμοῦ μηδὲ τοῦ δεῖνος, ἀλλ´ αὐτοὶ πάντες ὁρᾶτε καὶ εὖ εἰδῆτε, ὀργίλους καὶ τραχεῖς ὑμᾶς ἔσεσθαι νομίζω. φοβοῦμαι δὴ μή, τῶν πρέσβεων σεσιωπηκότων ἐφ´ οἷς αὑτοῖς συνίσασι δεδωροδοκηκότες, τοῖς ἐπανορθοῦν τι πειρωμένοις τῶν διὰ τούτους ἀπολωλότων τῇ παρ´ ὑμῶν ὀργῇ περιπεσεῖν συμβῇ· ὁρῶ γὰρ ὡς τὰ πόλλ´ ἐνίους οὐκ εἰς τοὺς αἰτίους, ἀλλ´ εἰς τοὺς ὑπὸ χεῖρα μάλιστα τὴν ὀργὴν ἀφιέντας. ἕως οὖν ἔτι μέλλει καὶ συνίσταται τὰ πράγματα καὶ κατακούομεν ἀλλήλων, ἕκαστον ὑμῶν καίπερ ἀκριβῶς εἰδόθ´ ὅμως ἐπαναμνῆσαι βούλομαι, τίς ὁ Φωκέας πείσας καὶ Πύλας προέσθαι, ὧν καταστὰς ἐκεῖνος κύριος τῆς ἐπὶ τὴν Ἀττικὴν ὁδοῦ καὶ τῆς εἰς Πελοπόννησον κύριος γέγονεν, καὶ πεποίηχ´ ὑμῖν μὴ περὶ τῶν δικαίων μηδ´ ὑπὲρ τῶν ἔξω πραγμάτων εἶναι τὴν βουλήν, ἀλλ´ ὑπὲρ τῶν ἐν τῇ χώρᾳ καὶ τοῦ πρὸς τὴν Ἀττικὴν πολέμου, ὃς λυπήσει μὲν ἕκαστον, ἐπειδὰν παρῇ, γέγονεν δ´ ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ. εἰ γὰρ μὴ παρεκρούσθητε τόθ´ ὑμεῖς, οὐδὲν ἂν ἦν τῇ πόλει πρᾶγμα· οὔτε γὰρ ναυσὶ δήπου κρατήσας εἰς τὴν Ἀττικὴν ἦλθεν ἄν ποτε στόλῳ Φίλιππος, οὔτε πεζῇ βαδίζων ὑπὲρ τὰς Πύλας καὶ Φωκέας, ἀλλ´ ἢ τὰ δίκαι´ ἂν ἐποίει καὶ τὴν εἰρήνην ἄγων ἡσυχίαν εἶχεν, ἢ παραχρῆμ´ ἂν ἦν ἐν ὁμοίῳ πολέμῳ δι´ ὃν τότε τῆς εἰρήνης ἐπεθύμησεν. ταῦτ´ οὖν, ὡς μὲν ὑπομνῆσαι, νῦν ἱκανῶς εἴρηται, ὡς δ´ ἂν ἐξετασθείη μάλιστ´ ἀκριβῶς, μὴ γένοιτ´, ὦ πάντες θεοί· οὐδένα γὰρ βουλοίμην ἔγωγ´ ἄν, οὐδ´ εἰ δίκαιός ἐστ´ ἀπολωλέναι, μετὰ τοῦ πάντων κινδύνου καὶ τῆς ζημίας δίκην ὑποσχεῖν.

Traduction française :

[2,6] LECTURE D'UN PROJET DE DÉCRET. Il serait juste, Athéniens, d'appeler devant vous les hommes responsables des promesses qui vous ont décidés à faire la paix ; car je n'aurais pas moi-même consenti à me joindre à l'ambassade, et vous n'auriez pas, j'en suis certain, interrompu les hostilités si vous aviez pensé que, une fois la paix obtenue, Philippe aurait agi comme il a fait ; mais quelle différence entre sa conduite actuelle et ce qu'on disait alors ! Il en est d'autres encore non moins coupables : lesquels ? quand, après la conclusion de la paix, je revins de la dernière ambassade, celle des serments, et que, m'étant aperçu que la ville était dupée, je vous en avertis, que je protestai et vous invitai à ne pas livrer les Thermopyles et la Phocide, il s'est trouvé des gens pour dire que, en ma qualité de buveur d'eau, j'ai l'humeur difficile et chagrine, mais que réellement Philippe, s'il passait les défilés, ne chercherait qu'à vous complaire : il fortifierait Thespis et Platées, disait-on, abaisserait l'insolence des Thébains, percerait à ses frais la Chersonèse, nous rendrait enfin l'Eubée et Orope, en compensation d'Amphipolis. Voilà ce qu'on disait du haut de la tribune, vous vous le rappelez, sans doute, si oublieux que vous soyez du mal que l'on vous fait. Ce sont ceux-là qu'il faudrait faire comparaître. Le comble de la honte, c'est que, sous le charme des espérances conçues, vous avez décrété que cette même paix engagerait aussi vos descendants : tant vous avez été complètement séduits ! Mais, enfin, pourquoi viens-je dire et affirmer qu'il faut citer ces imposteurs à votre tribunal ? Je vous répondrai en toute franchise, sans rien déguiser. Ce n'est pas pour le plaisir de me lancer dans l'injure, de suivre ainsi mes adversaires sur leur terrain familier, et d'offrir à mes perpétuels ennemis un prétexte pour recevoir de Philippe un nouveau salaire ; ce n'est pas non plus pour bavarder au hasard ; mais je crois que la politique de Philippe vous fera plus de mal encore dans l'avenir qu'elle ne vous en fait dans le présent. Je vois, en effet, que l'heure critique s'avance ; - puissé-je me tromper dans mes conjectures !- mais j'ai grand'peur qu'elle ne soit très prochaine. Quand donc il ne vous sera plus possible de négliger les événements, quand ce ne sera plus de ma bouche ou de telle autre que vous apprendrez les actes de Philippe, mais que vous les verrez vous-mêmes, de vos propres yeux, alors vous serez, je le crois, irrités, intraitables. Et, comme les ambassadeurs concussionnaires, ayant conscience de leur infamie, gardent prudemment le silence, celui qui essaiera de réparer en quelque mesure le mal qu'ont fait ces traîtres sera exposé aux coups de votre colère ; je vois, en effet, que, le plus souvent, ce ne sont pas les coupables qui sont châtiés, mais les premiers qui vous tombent sous la main. Aujourd'hui que l'orage qui se forme n'a pas encore éclaté, et que nous pouvons parler et écouter, je veux, à chacun de vous, quoique vous ne le connaissiez que trop déjà, dénoncer l'homme qui vous a engagés naguère à abandonner les Thermopyles et la Phocide, ouvrant ainsi au roi de Macédoine la route de l'Attique et du Péloponnèse. Il est cause que vous n'avez plus à délibérer sur vos droits, ni sur les affaires du dehors, mais sur la défense de votre sol, sur la guerre qui aura pour théâtre l'Attique ; guerre funeste à tous, quand elle sera à vos portes, et qui date, en réalité, du jour où vous avez livré la clef de la Grèce. Si vous n'aviez pas été trompés alors, votre ville serait à l'abri de toute attaque ; Philippe, sans doute, n'aurait pas remporté de victoire navale qui lui permît de débarquer en Attique, et, sur terre, il n'aurait pu franchir les Thermopyles et la Phocide ; mais, ou, respectant la justice, il serait en paix et garderait le repos, ou ses entreprises auraient, de suite, provoqué une nouvelle guerre, semblable à celle qu'il a si vite désiré terminer. Pour rappeler vos souvenirs, j'en ai assez dit ; quant à mes prophéties, puisse l'événement ne pas les vérifier ! j'en supplie tous les dieux. Je ne souhaite pas, en effet, le châtiment de celui même qui l'a le plus mérité, s'il faut l'acheter au prix du danger et de la ruine de tous.





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Dernière mise à jour : 9/02/2006