[7,9] CHAPITRE IX.
Πλεῖον δέ τι καὶ μᾶλλον ἐπιτείνει τὸ γνωστικὸν ἀξίωμα ὁ τὴν προστασίαν τῆς τῶν ἑτέρων διδασκαλίας ἀναλαβών, τοῦ μεγίστου ἐπὶ γῆς ἀγαθοῦ τὴν οἰκονομίαν λόγῳ τε καὶ ἔργῳ ἀναδεξάμενος, δι´ ἧς πρὸς τὸ θεῖον συνάφειάν τε καὶ κοινωνίαν ἐμμεσιτεύει. Ὡς δὲ οἱ τὰ ἐπίγεια θρῃσκεύοντες τοῖς ἀγάλμασι καθάπερ ἐπαΐουσι προσεύχονται, τὰς βεβαίας ἐπὶ τούτων τιθέμενοι συνθήκας, οὕτως ἐπὶ τῶν ἐμψύχων ἀγαλμάτων, τῶν ἀνθρώπων, ἡ μεγαλοπρέπεια τοῦ λόγου ἡ ἀληθὴς πρὸς τοῦ ἀξιοπίστου παραλαμβάνεται διδασκάλου, καὶ ἡ εἰς τούτους εὐεργεσία εἰς αὐτὸν ἀναφέρεται τὸν κύριον, οὗ κατ´ εἰκόνα παιδεύων ὁ τῷ ὄντι ἄνθρωπος δημιουργεῖ καὶ μεταρρυθμίζει καινίζων εἰς σωτηρίαν τὸν κατηχούμενον ἄνθρωπον. Ὡς γὰρ τὸν σίδηρον Ἄρην προσαγορεύουσιν Ἕλληνες καὶ τὸν οἶνον Διόνυσον κατά τινα ἀναφοράν, οὕτως ὁ γνωστικός, ἰδίαν σωτηρίαν ἡγούμενος τὴν τῶν πέλας ὠφέλειαν, ἄγαλμα ἔμψυχον εἰκότως ἂν τοῦ κυρίου λέγοιτο, οὐ κατὰ τὴν τῆς μορφῆς ἰδιότητα, ἀλλὰ κατὰ τὸ τῆς δυνάμεως σύμβολον καὶ κατὰ τὸ τῆς κηρύξεως ὁμοίωμα.
Πᾶν ἄρα ὅτιπερ ἂν ἐν νῷ, τοῦτο καὶ ἐπὶ γλώσσης φέρει πρὸς τοὺς ἐπαΐειν ἀξίους ἐκ τῆς συγκαταθέσεως, {καὶ} ἀπὸ γνώμης λέγων ἅμα καὶ βιούς. Ἀληθῆ τε γὰρ φρονεῖ ἅμα καὶ ἀληθεύει, πλὴν εἰ μή ποτε ἐν θεραπείας μέρει, καθάπερ ἰατρὸς πρὸς νοσοῦντας ἐπὶ σωτηρίᾳ τῶν καμνόντων, ψεύσεται ἢ ψεῦδος ἐρεῖ κατὰ τοὺς σοφιστάς. Αὐτίκα Τιμόθεον ὁ γενναῖος περιέτεμεν ἀπόστολος, κεκραγὼς καὶ γράφων περιτομὴν τὴν χειροποίητον οὐδὲν ὠφελεῖν· ἀλλ´ ἵνα μή, ἀθρόως ἀποσπῶν τοῦ νόμου πρὸς τὴν ἐκ πίστεως τῆς καρδίας περιτομήν, ἀφηνιάζοντας ἔτι τοὺς ἀκροωμένους τῶν Ἑβραίων ἀπορρῆξαι τῆς συναγωγῆς ἀναγκάσῃ, συμπεριφερόμενος «Ἰουδαίοις Ἰουδαῖος ἐγένετο, ἵνα πάντας κερδήσῃ». Ὁ τοίνυν μέχρι τῆς συμπεριφορᾶς διὰ τὴν τῶν πέλας σωτηρίαν συγκαταβαίνων (ψιλῶς διὰ τὴν τῶν δι´ οὓς συμπεριφέρεται σωτηρίαν), οὐδεμιᾶς ὑποκρίσεως διὰ τὸν ἐπηρτημένον τοῖς δικαίοις ἀπὸ τῶν ζηλούντων κίνδυνον μετέχων, οὗτος οὐδαμῶς ἀναγκάζεται· ἐπὶ δὲ τῶν πλησίον ὠφελείᾳ μόνῃ ποιήσει τινά, ἃ οὐκ ἂν προηγουμένως αὐτῷ πραχθείη, εἰ μὴ δι´ ἐκείνους ποιοίη. Οὗτος ἑαυτὸν ἐπιδίδωσιν ὑπὲρ τῆς ἐκκλησίας, ὑπὲρ τῶν γνωρίμων οὓς αὐτὸς «ἐγέννησεν» ἐν πίστει, εἰς ὑπόδειγμα τοῖς διαδέξασθαι τὴν ἄκραν οἰκονομίαν τοῦ φιλανθρώπου καὶ φιλοθέου παιδευτοῦ δυναμένοις, εἰς παράστασιν τῆς ἀληθείας τῶν λόγων, εἰς ἐνέργειαν τῆς ἀγάπης τῆς πρὸς τὸν κύριον. Ἀδούλωτος οὗτος ἐν φόβῳ, ἀληθὴς ἐν λόγῳ, καρτερικὸς ἐν πόνῳ, μηδὲ ἐν τῷ προφορικῷ λόγῳ ψεύσασθαι θέλων ποτὲ κἀν τούτῳ τὸ ἀναμάρτητον πάντοτε κατορθῶν, ἐπεὶ τὸ ψεῦδος αὐτό, ἅτε μετά τινος δόλου εἰρημένον, οὐκ ἀργός ἐστι λόγος, ἀλλ´ εἰς κακίαν ἐνεργεῖ.
Πάντοθεν ἄρα μαρτυρεῖ τῇ ἀληθείᾳ μόνος ὁ γνωστικὸς καὶ ἔργῳ καὶ λόγῳ· ἀεὶ γὰρ κατορθοῖ ἐν πᾶσι πάντως, καὶ ἐν λόγῳ καὶ ἐν πράξει καὶ ἐν αὐτῇ τῇ ἐννοίᾳ. Αὕτη μὲν οὖν, ὡς ἐν ἐπιδρομῇ φάναι, ἡ τοῦ Χριστιανοῦ θεοσέβεια. Εἰ δὴ καθηκόντως ταῦτα ποιεῖ καὶ κατὰ λόγον τὸν ὀρθόν, εὐσεβῶς ποιεῖ καὶ δικαίως. Εἰ δὲ ταῦτα οὕτως ἔχει, μόνος ἂν εἴη τῷ ὄντι εὐσεβής τε καὶ δίκαιος καὶ θεοσεβὴς ὁ γνωστικός. Οὐκ ἄρα ἄθεος ὁ Χριστιανός (τουτὶ γὰρ ἦν τὸ προκείμενον ἐπιδεῖξαι τοῖς φιλοσόφοις), ὥστε οὐδὲν κακὸν ἢ αἰσχρόν, ὅ ἐστιν ἄδικον, κατὰ μηδένα τρόπον ἐνεργήσει ποτέ. Ἀκολούθως τοίνυν οὐδὲ ἀσεβεῖ, ἀλλ´ ἢ μόνος τῷ ὄντι θεοσεβεῖ ὁσίως καὶ προσηκόντως, τὸν ὄντως ὄντα θεὸν πανηγεμόνα καὶ παμβασιλέα καὶ παντοκράτορα κατὰ τὴν ἀληθῆ θεοσέβειαν ὁσίως προστρεπόμενος
| [7,9] CHAPITRE IX.
La supériorité, dans les vertus précedentes, appartient à celui qui enseigne le prochain.
Quelle est grande la dignité du Gnostique ! Toutefois c'est le rehausser singulièrement. que d'avoir la charge d'instruire ses frères. Destiné à répandre par sa parole et par ses exemples le plus grand bien qu'il y ait ici-bas, l'homme investi de cette mission est une sorte de médiateur qui unit l'homme à la Divinité. Le païen qui adore la pierre et le bois, adresse ses vœux à de stupides simulacres comme s'ils avaient des oreilles pour l'entendre, et respecte les conventions qu'il a signées sous leurs yeux. De même, les images qui vivent et respirent, je veux dire les hommes, reçoivent de la bouche d'un maitre qui mérite leur créance la réalité des magnificences du Verbe. Le bienfait qui leur est communiqué rappelle l'œuvre du Seigneur lui-même. A son image, l'homme véritable qui répand la semence de la parole, à la fois créateur et réformateur, renouvelle pour le salut l'homme qu'il catechise. Les Grecs donnent au fer le nom de Mars, au vin le nom de Bacchus, en vertu de quelque relation secrète. Il en est de même du Gnostique. Comme il voit dans l'utilité du prochain son propre salut, on peut dire avec raison qu'il est l'image vivante du Seigneur, sinon dans les propriétés de la nature, au moins dans les communications de sa puissance, et dans la conformité de la predication. Tout ce qu'il porte au fond de l'âme, il le porte également sur ses lèvres. Plein d'harmonie dans sa doctrine et ses actions. il prêche d'exemples et de paroles devant tous ceux qui sont dignes de l'entendre. En effet, il exprime toujours la vérité qu'il pense, à moins que, semblable au médecin qui déguise au malade une realité dangereuse, il ne lui arrive parfois de dissimuler, ou plutôt, selon le langage des sophistes, de ne pas dire la vérité par forme de remède. Regardez, en effet. Voilà que l'illustre apôtre circoncit Timothée, à l'instant même où il écrit et proclame à haute voix que la circoncision pratiquée par la main de l'homme est une vaine cérémonie. Pourquoi cette condescendance ? Il craint que le brusque passage de la circoncision mosaïque, à la circoncision que la foi opère sur le cœur, ne poussse à une éclatante rupture avec la synagogue les Juifs qui chancellent encore. Il s'accommode donc à leur faiblesse, et se fait Juif pour les gagner tous. » Descendre pour se mettre à la portée du prochain, uniquement dans l'intérêt de son salut, sans jamais néanmoins prendre lâchement conseil du péril que la malveillance tient toujours suspendu sur la tête du juste, ce n'est ni faillir, ni violer le précepte. Mais il n'y a que le désir d'être utile à ses frères qui puisse déterminer le Gnostique à des actes auxquels il ne se serait pas prêté dans l'origine, s'il n'avait été guidé par ce motif. Il se livre, en effet, lui-même pour l'Eglise, pour les disciples qu'il a personnellement engendrés à la foi, afin de servir de modèle à ceux qui revêtiront dans l'avenir ce rôle de bienveillant et pieux docteur, victime dévouée à la manifestation de la vérité, et aux œuvres d'amour envers notre Seigneur. Il marche dans sa voie sans redouter la prison, ni la servitude, vrai dans ses doctrines, patient dans la fatigue, véridique dans ses paroles, et n'usant jamais du langage qu'avec innocence ! En effet, dès que le mensonge a pour but quelque supercherie, il est plus qu'un discours oiseux : il commence à devenir l'instrument du mal.
Paroles, actions, le Gnostique lui seul rend donc un témoignage unanime à la vérité, puisque dans ses discours, dans ses actions, dans ses pensées elles-mêmes, partout enfin, il
se conduit avec une inviolable loyauté. Telle est, pour le dire sommairement, la piété du Chrétien. Si chacun de ses actes est conforme au devoir et réglé par la droite raison, sa conduite est pieuse et juste. Mais s'il en va ainsi, le Gnostique sera donc lui seul pieux, juste, et religieux adorateur de Dieu. Conséquemment le Chrétien n'est point un athée, proposition que nous avions dessein de démontrer aux philosophes. Il résulte de sa conduite qu'il ne fait jamais rien de méchant et de honteux, ce qui serait contraire à la justice. Enfin, pour dernière conclusion, il n'est point un impie. Seul sur la terre, il rend au Dieu véritable et tout-puissant au roi, au monarque universel, un culte de respect et de piété, conforme à ce que la religion véritable demande de lui.
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