[6,4] CHAPITRE IV.
Εὕροιμεν δ´ ἂν καὶ ἄλλο μαρτύριον εἰς βεβαίωσιν τοῦ τὰ κάλλιστα τῶν δογμάτων
τοὺς ἀρίστους τῶν φιλοσόφων παρ´ ἡμῶν σφετερισαμένους ὡς ἴδια αὐχεῖν τὸ καὶ
παρὰ τῶν ἄλλων βαρβάρων ἀπηνθίσθαι τῶν εἰς ἑκάστην αἵρεσιν συντεινόντων
τινά, μάλιστα δὲ Αἰγυπτίων τά τε ἄλλα καὶ τὸ περὶ τὴν μετενσωμάτωσιν τῆς
ψυχῆς δόγμα. Μετίασι γὰρ οἰκείαν τινὰ φιλοσοφίαν Αἰγύπτιοι· αὐτίκα τοῦτο
ἐμφαίνει μάλιστα ἡ ἱεροπρεπὴς αὐτῶν θρῃσκεία.
Πρῶτος μὲν γὰρ προέρχεται ὁ <ᾠδός>, ἕν τι τῶν τῆς μουσικῆς ἐπιφερόμενος
συμβόλων. Τοῦτόν φασι δύο βίβλους ἀνειληφέναι δεῖν ἐκ τῶν Ἑρμοῦ, ὧν θάτερον
μὲν ὕμνους περιέχει θεῶν, ἐκλογισμὸν δὲ βασιλικοῦ βίου τὸ δεύτερον.
Μετὰ δὲ τὸν ᾠδὸν ὁ <ὡροσκόπος>, ὡρολόγιόν τε μετὰ χεῖρα καὶ φοίνικα
ἀστρολογίας ἔχων σύμβολα, πρόεισιν. Τοῦτον τὰ ἀστρολογούμενα τῶν Ἑρμοῦ
βιβλίων τέσσαρα ὄντα τὸν ἀριθμὸν ἀεὶ διὰ στόματος ἔχειν χρή, ὧν τὸ μέν ἐστι
περὶ τοῦ διακόσμου τῶν ἀπλανῶν φαινομένων ἄστρων, τὸ δὲ περὶ τῆς τάξεως
τοῦ ἡλίου καὶ τῆς σελήνης καὶ περὶ τῶν πέντε πλανωμένων, τὸ δὲ περὶ τῶν
συνόδων καὶ φωτισμῶν ἡλίου καὶ σελήνης, τὸ δὲ λοιπὸν περὶ τῶν ἀνατολῶν.
Ἑξῆς δὲ ὁ <ἱερογραμματεὺς> προέρχεται, ἔχων πτερὰ ἐπὶ τῆς κεφαλῆς βιβλίον τε
ἐν χερσὶ καὶ κανοῦν, ἐν ᾧ τό τε γραφικὸν μέλαν καὶ σχοῖνος ᾗ γράφουσι. Τοῦτον
τὰ {τε} ἱερογλυφικὰ καλούμενα περί τε τῆς κοσμογραφίας καὶ γεωγραφίας {τῆς
τάξεως τοῦ ἡλίου καὶ τῆς σελήνης καὶ περὶ τῶν πέντε πλανωμένων,}
χωρογραφίας τε τῆς Αἰγύπτου καὶ τῆς τοῦ Νείλου διαγραφῆς περί τε τῆς
{καταγραφῆς} κατασκευῆς τῶν ἱερῶν καὶ τῶν ἀφιερωμένων αὐτοῖς χωρίων περί
τε μέτρων καὶ τῶν ἐν τοῖς ἱεροῖς χρησίμων εἰδέναι χρή. Ἔπειτα ὁ <στολιστὴς> τοῖς
προειρημένοις ἕπεται, ἔχων τόν τε τῆς δικαιοσύνης πῆχυν καὶ τὸ σπονδεῖον.
Οὗτος οἶδε τὰ παιδευτικὰ πάντα καὶ τὰ μοσχοσφραγιστικὰ καλούμενα· δέκα
δέ ἐστι τὰ εἰς τὴν τιμὴν ἀνήκοντα τῶν παρ´ αὐτοῖς θεῶν καὶ τὴν Αἰγυπτίαν
εὐσέβειαν περιέχοντα, οἷον περὶ θυμάτων, ἀπαρχῶν, ὕμνων, εὐχῶν, πομπῶν
ἑορτῶν καὶ τῶν τούτοις ὁμοίων.
Ἐπὶ πᾶσι δὲ ὁ προφήτης ἔξεισι, προφανὲς τὸ ὑδρεῖον ἐγκεκολπισμένος, ᾧ
ἕπονται οἱ τὴν ἔκπεμψιν τῶν ἄρτων βαστάζοντες. Οὗτος, ὡς ἂν προστάτης τοῦ
ἱεροῦ, τὰ ἱερατικὰ καλούμενα δέκα βιβλία ἐκμανθάνει (περιέχει δὲ περί τε νόμων
καὶ θεῶν καὶ τῆς ὅλης παιδείας τῶν ἱερέων)· ὁ γάρ τοι προφήτης παρὰ τοῖς
Αἰγυπτίοις καὶ τῆς διανομῆς τῶν προσόδων ἐπιστάτης ἐστίν. Δύο μὲν οὖν καὶ
τεσσαράκοντα αἱ πάνυ ἀναγκαῖαι τῷ Ἑρμῇ γεγόνασι βίβλοι· ὧν τὰς μὲν
τριάκοντα ἓξ τὴν πᾶσαν Αἰγυπτίων περιεχούσας φιλοσοφίαν οἱ προειρημένοι
ἐκμανθάνουσι, τὰς δὲ λοιπὰς ἓξ οἱ παστοφόροι ἰατρικὰς οὔσας περί τε τῆς τοῦ
σώματος κατασκευῆς καὶ περὶ νόσων καὶ περὶ ὀργάνων καὶ φαρμάκων καὶ περὶ
ὀφθαλμιῶν καὶ τὸ τελευταῖον περὶ τῶν γυναικείων. Καὶ τὰ μὲν Αἰγυπτίων ὡς
ἐν βραχεῖ φάναι τοιαῦτα·
Ἰνδῶν δὲ ἡ φιλοσοφία καὶ αὐτῶν διαβεβόηται. Ἀλέξανδρος γοῦν ὁ Μακεδὼν δέκα
λαβὼν Ἰνδῶν γυμνοσοφιστὰς τοὺς δοκοῦντας ἀρίστους εἶναι καὶ
βραχυλογωτάτους προβλήματα αὐτοῖς προὔθηκε, τὸν μὴ ἀποκρινόμενον
εὐστόχως ἀνελεῖν ἀπειλήσας, ἕνα δὲ τὸν πρεσβύτατον αὐτῶν ἐπικρίνειν
κελεύσας. Ὁ μὲν οὖν πρῶτος ἐξετασθείς, πότερον οἴεται τοὺς ζῶντας εἶναι
πλείονας ἢ τοὺς τεθνεῶτας, τοὺς ζῶντας ἔφη· οὐ γὰρ εἶναι τοὺς τεθνεῶτας. Ὁ
δεύτερος δέ, πότερον τὴν γῆν ἢ τὴν θάλασσαν μείζονα θηρία τρέφειν, τὴν γῆν
ἔφη· ταύτης γὰρ μέρος εἶναι τὴν θάλασσαν. Ὁ δὲ τρίτος, ποῖόν ἐστι τῶν ζῴων
πανουργότατον, ὃ μέχρι νῦν οὐκ ἐγνώσθη, εἶπεν, ἄνθρωπος. Ὁ δὲ τέταρτος
ἀνακρινόμενος, τίνι λογισμῷ τὸν Σάββαν ἀπέστησαν ἄρχοντα αὐτῶν ὄντα,
ἀπεκρίθη· καλῶς ζῆν βουλόμενοι αὐτὸν ἢ καλῶς ἀποθανεῖν. Ὁ δὲ πέμπτος
ἐρωτηθείς, πότερον οἴεται τὴν ἡμέραν πρότερον ἢ τὴν νύκτα γεγονέναι, εἶπεν· ἡ
νὺξ ἡμέρᾳ μιᾷ· τῶν γὰρ ἀπόρων ἐρωτήσεων ἀνάγκη καὶ τὰς ἀποκρίσεις
ἀπόρους εἶναι. Ὁ δὲ ἕκτος ἐρωτηθείς, πῶς ἄν τις φιληθείη μάλιστα, ἂν κράτιστος
ὤν, ἔφη, μὴ φοβερὸς ᾖ. Ὁ δὲ ἕβδομος ἐρωτηθείς, πῶς ἄν τις ἐξ ἀνθρώπων γένοιτο
θεός, εἰ πράξειεν, εἶπεν, ἃ πρᾶξαι ἄνθρωπον μὴ δυνατόν ἐστιν. Ὁ δὲ ὄγδοος
ἐρωτηθείς, τί ἰσχυρότερον, ζωὴ ἢ θάνατος, ζωή, ἔφη, τοσαῦτα κακὰ φέρουσα. Ὁ
δὲ ἔνατος ἐξετασθείς, μέχρι τίνος ἀνθρώπῳ καλῶς ἔχει ζῆν, μέχρι οὗ, ἔφη, μὴ
νομίζῃ τὸ τεθνάναι τοῦ ζῆν ἄμεινον. Κελεύσαντος δὲ τοῦ Ἀλεξάνδρου καὶ τὸν
δέκατον εἰπεῖν τι (δικαστὴς γὰρ ἦν), ἕτερος, ἔφη, ἑτέρου χεῖρον εἶπεν. Τοῦ δὲ
Ἀλεξάνδρου φήσαντος· οὐκοῦν καὶ σὺ πρῶτος ἀποθανῇ τοιαῦτα κρίνων; καὶ πῶς,
εἶπεν, βασιλεῦ, ἀληθὴς εἴης, φήσας πρῶτον ἀποκτεῖναι τὸν {πρῶτον}
ἀποκρινάμενον κάκιστα;
| [6,4] CHAPITRE IV.
Nous avons sous la main un autre témoignage qui prouve que les Grecs, après nous
avoir dérobé leurs dogmes les plus respectables, se les sont attribués comme une
invention qui leur était particulière ; c'est qu'ils ont pillé de même les autres nations
barbares. A chacune de leurs sectes, ils ont enlevé leurs doctrines les plus
excellentes, et ils s'en sont glorifiés comme d'un bien qui serait leur propriété. Ils ont
surtout pillé les Egyptiens; et parmi ces larcins, la métempsychose est un des plus
importants. Les Egyptiens, en effet, ont un corps de doctrine qui est à eux. Je n'en
veux d'autres preuves que leurs cérémonies sacrées.
Le chanteur y marche le premier, portant quelqu'un des symboles de la musique. Il
doit savoir par cœur deux des livres d'Hermès ; le premier renferme les hymnes en
l'honneur des dieux, le second la règle de conduite que doivent suivre les rois.
Après le chanteur, vient l'horoscope ; il tient à la main un klepsydre et une
branche de palmier, symboles de l'astrologie. Il doit toujours avoir à la bouche les
quatre livres d'Hermès, relatifs à l'astrologie. Le premier traite de l'ordre des étoiles
fixes et visibles ; le second, des conjonctions, et de la lumière du soleil ainsi que de la
lune ; les deux autres, du lever des astres. Au troisième rang marche le scribe sacré. Il
a des ailes à la tête ; ses mains portent un livre et une règle dans laquelle sont le noir
graphique et le roseau qui sert à écrire. Il est tenu de savoir le système des
hiéroglyphes, la cosmographie, la géographie, l'ordre dans lequel se meuvent le
soleil, la lune, et les cinq planètes ;
de plus, la chorographie de l'Égypte, la description du Nil, celle des temples, des
lieux et des instruments sacrés, les mesures enfin, et généralement tout ce qui figure
dans les cérémonies religieuses. A la suite des prêtres que nous venons de nommer,
vient le stoliste, c'est-à-dire celui qui prend soin des ornements du culte. Il porte
l'équerre de la justice et le vase des libations. Il connait tout ce qui appartient à
l'enseignement et aux rites victimaires. Les livres où sont consignés les honneurs qu'il
faut rendre aux dieux, et les mystères de la religion égyptienne, sont au nombre de
dix, et rangés sous cette division : sacrifices, prémices, hymnes, prières, cérémonies,
jours de fête, et autres choses semblables. Le dernier de tous vient le prophète qui
porte l'amphore sacrée dans son sein et visible aux assistants : il est suivi par ceux qui
portent les pains destinés à servir d'offrande. Le prophète, attendu sa qualité de chef
des sacrifices, possède à fond les dix livres appelés sacerdotaux, parce qu'ils traitent
des lois, des dieux, et de tout l'ensemble des prescriptions sacerdotales. Le prophète
préside en outre, chez les Égyptiens, a la répartition de l'impôt. Les livres d'Hermès,
d'une absolue nécessité, s'élèvent donc à quarante-deux. Sur ce nombre, trente-six
renferment la philosophie des Egyptiens que doivent connaitre dans toutes ses
parties les prêtres dont il vient d'être question. Les six autres livres sont du domaine
des Pastophores. Ils ont pour objet la médecine et se subdivisent ainsi :
organisation humaine, maladies, instruments, remèdes, affections des yeux, maladies
particulières aux femmes. Sans entrer ici dans de plus longs détails, tel est l'ensemble
de la philosophie égyptienne.
Celle des Indiens fut également célèbre. C'est pourquoi Alexandre le Macédonien,
s'étant fait amener dix Gymnosophistes indiens, réputés dans leur secte pour la
profondeur de leur sagesse et le laconisme de leurs réponses, leur proposa diverses
questions. La mort, ajouta le conquérant, attendait celui qui ne répondrait pas
convenablement. Le plus âgé d'entre eux fut établi juge. On demanda au premier
lesquels se trouvaient en plus grand nombre des vivants ou des morts ? — Les
vivants, répondit-il; car les morts n'existent pas. — Au second : Laquelle des deux, de
la mer ou de la terre, nourrit les animaux de plus large dimension ? — La terre, parce
que la mer en fait partie. — Au troisième : Quel est le plus rusé de tous les êtres
vivants ? — L'homme, parce qu'on ne le connait pas encore. — Au quatrième :
Pourquoi avez-vous entrainé dans la défection votre roi Sabba ? — Nous voulions
qu'il vécût avec gloire, ou qu'il mourût misérablement. — Au cinquième : Laquelle
de la nuit ou de la lumière précéda l'autre ? — Elle a précédé d'un seul jour; car à des
questions équivoques il faut des réponses ambiguës. — Au sixième : Quel est le
secret de se faire aimer le plus possible ? — Une grande puissance qui n'inspire
aucune crainte. — Au septième : Comment un homme peut-il devenir dieu ? — En
faisant tout ce qui est impossible à l'homme. — Au huitième : Laquelle des deux est
la plus forte de la vie ou de la mort ? — La vie, puisqu'elle a tant de maux à
supporter. — Au neuvième : Jusques à quand est-il honorable à l'homme de vivre ?
— Aussi longtemps qu'il ne se dit pas à lui-même : Il vaut mieux mourir que de
vivre. Arrivé au tour du dixième, Alexandre lui ordonna aussi de parler, puisqu'il
était juge. — Ils ont tous répondu plus mal les uns que les autres, dit-il. — Eh bien !
répartit le Macédonien, tu mourras le premier, toi qui portes ce jugement. —Et
comment tiendrais-tu ta promesse, ô roi, toi qui as déclaré que tu immolerais le
premier celui qui aurait répondu le plus mal ?
Les Grecs ont été accusés à bon droit de plagiat dans tous les genres; nous croyons
l'avoir suffisamment démontré par de nombreux témoignages.
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