[6,1] CHAPITRE PREMIER.
Ὁ δὲ δὴ ἕκτος καὶ ὁμοῦ ὁ ἕβδομος ἡμῖν τῶν κατὰ τὴν ἀληθῆ φιλοσοφίαν
γνωστικῶν ὑπομνημάτων Στρωματεύς, διαγράψας ὡς ἔνι μάλιστα τὸν ἠθικὸν
λόγον ἐν τούτοις περαιούμενον καὶ παραστήσας, ὅστις ἂν εἴη κατὰ τὸν βίον ὁ
γνωστικός, πρόεισι δείξων τοῖς φιλοσόφοις οὐδαμῶς {ὡς} ἄθεον τοῦτον, ὡς
ὑπειλήφασιν, μόνον δὲ τῷ ὄντι θεοσεβῆ, τὸν τρόπον τῆς θρῃσκείας τοῦ
γνωστικοῦ κεφαλαιωδῶς ἐκτιθέμενος, ὅσα γε εἰς γραφὴν ὑπομνηστικὴν
ἀκίνδυνον ἐγχαράξαι· ἐργάζεσθαι γὰρ »τὴν βρῶσιν τὴν εἰς αἰῶνα
παραμένουσαν« ὁ κύριος ἐνετείλατο, καί που ὁ προφήτης λέγει· »μακάριος ὁ
σπείρων ἐπὶ πᾶν ὕδωρ, οὗ μόσχος καὶ ὄνος πατεῖ«, ὁ ἐκ νόμου καὶ ἐξ ἐθνῶν εἰς
τὴν μίαν πίστιν συναγόμενος λαός. »ὁ δὲ ἀσθενῶν λάχανα ἐσθίει« κατὰ τὸν
γενναῖον ἀπόστολον. Φθάσας δὲ ὁ Παιδαγωγὸς ἡμῖν ἐν τρισὶ διαιρούμενος
βίβλοις τὴν ἐκ παίδων ἀγωγήν τε καὶ τροφὴν παρέστησεν, τουτέστιν ἐκ
κατηχήσεως συναύξουσαν τῇ πίστει πολιτείαν καὶ προπαρασκευάζουσαν τοῖς
εἰς ἄνδρας ἐγγραφομένοις ἐνάρετον τὴν ψυχὴν εἰς ἐπιστήμης γνωστικῆς
παραδοχήν. Ἐναργῶς οὖν τῶν Ἑλλήνων μαθόντων ἐκ τῶν λεχθησομένων διὰ
τῶνδε ἡμῖν, ὡς ἀνοσίως τὸν θεοφιλῆ διώκοντες ἀσεβοῦσιν αὐτοί, τότε ἤδη,
προϊόντων τῶν ὑπομνημάτων κατὰ τὸν τῶν Στρωματέων χαρακτῆρα, ἐπιλυτέον
τά τε ὑπὸ Ἑλλήνων τά τε ὑπὸ βαρβάρων προσαπορούμενα ἡμῖν περὶ τῆς τοῦ
κυρίου παρουσίας.
Ἐν μὲν οὖν τῷ λειμῶνι τὰ ἄνθη ποικίλως ἀνθοῦντα κἀν τῷ παραδείσῳ ἡ τῶν
ἀκροδρύων φυτεία οὐ κατὰ εἶδος ἕκαστον κεχώρισται τῶν ἀλλογενῶν (ᾗ καὶ
Λειμῶνάς τινες καὶ Ἑλικῶνας καὶ Κηρία καὶ Πέπλους συναγωγὰς φιλομαθεῖς
ποικίλως ἐξανθισάμενοι συνεγράψαντο)· τοῖς δ´ ὡς ἔτυχεν ἐπὶ μνήμην ἐλθοῦσι
καὶ μήτε τῇ τάξει μήτε τῇ φράσει διακεκαθαρμένοις, διεσπαρμένοις δὲ ἐπίτηδες
ἀναμίξ, ἡ τῶν Στρωματέων ἡμῖν ὑποτύπωσις λειμῶνος δίκην πεποίκιλται. Καὶ δὴ
ὧδε ἔχοντες ἐμοί τε ὑπομνήματα εἶεν ἂν ζώπυρα, τῷ τε εἰς γνῶσιν ἐπιτηδείῳ, εἴ
πως περιτύχοι τοῖσδε, πρὸς τὸ συμφέρον καὶ ὠφέλιμον μετὰ ἱδρῶτος ἡ ζήτησις
γενήσεται· οὐ γὰρ μόνον τῶν σιτίων τὸν πόνον, πολὺ δὲ πλέον καὶ τῆς γνώσεως
ἡγεῖσθαι δίκαιον, τοῖς διὰ στενῆς καὶ τεθλιμμένης τῆς κυριακῆς ὄντως ὁδοῦ εἰς
τὴν ἀίδιον καὶ μακαρίαν παραπεμπομένοις σωτηρίαν· ἡ γνῶσις δὲ ἡμῶν καὶ ὁ
παράδεισος ὁ πνευματικὸς αὐτὸς ἡμῶν ὁ σωτὴρ ὑπάρχει, εἰς ὃν
καταφυτευόμεθα, μετατεθέντες καὶ μεταμοσχευθέντες εἰς τὴν γῆν τὴν ἀγαθὴν
ἐκ βίου τοῦ παλαιοῦ· ἡ μεταβολὴ δὲ τῆς φυτείας εἰς εὐκαρπίαν συμβάλλεται. Φῶς
οὖν ὁ κύριος καὶ γνῶσις ἡ ἀληθής, εἰς ὃν μετετέθημεν.
Λέγεται δὲ καὶ ἄλλως διττὴ ἡ γνῶσις, ἣ μὲν κοινῶς, ἡ ἐν πᾶσιν ἀνθρώποις
ὁμοίως σύνεσίς τε καὶ ἀντίληψις κατὰ τὸ γνωρίζειν ἕκαστον τῶν ὑποκειμένων
πανδήμως ἐμφαινομένη, ἧς οὐ μόνον αἱ λογικαὶ δυνάμεις, ἀλλ´ ἴσως καὶ αἱ
ἄλογοι μεθέξουσιν, ἣν οὐκ ἄν ποτε ἔγωγε γνῶσίν γε ὀνομάσαιμι, τὴν καὶ δι´
αἰσθητηρίων ἀντιλαμβάνεσθαι πεφυκυῖαν· ἡ δὲ ἐξαιρέτως ὀνομαζομένη γνῶσις
ἀπὸ τῆς γνώμης καὶ τοῦ λόγου χαρακτηρίζεται, καθ´ ἣν μόναι αἱ λογικαὶ
δυνάμεις γνώσεις γενήσονται, αἱ τοῖς νοητοῖς κατὰ ψιλὴν τὴν τῆς ψυχῆς
ἐνέργειαν εἰλικρινῶς ἐπιβάλλουσαι· »χρηστὸς ἀνήρ«, φησὶν ὁ Δαβίδ, »ὁ
οἰκτίρμων« τῶν παραπολλυμένων τῇ πλάνῃ »καὶ κιχρῶν« ἐκ μεταδόσεως τοῦ
λόγου τῆς ἀληθείας, οὐχ ὡς ἔτυχεν, ἀλλὰ γὰρ »οἰκονομήσει τοὺς λόγους αὐτοῦ
ἐν κρίσει«, ἐπιλογισμῷ βαθεῖ· οὗτος »ἐσκόρπισεν, ἔδωκεν τοῖς πένησιν«.
| [6,1] CHAPITRE PREMIER.
Dans notre sixième et septième livres des Stromates, consacrés aux commentaires sur
la véritable philosophie, après avoir exposé le plus complètement qu'il nous sera
possible la morale qu'elle contient, et avoir montré quelle est la vie du parfait
Gnostique, nous continuerons de prouver aux philosophes que notre disciple, au lieu
d'être, comme ils se l'imaginent, un athée, est le seul qui rende à Dieu le culte qui lui
appartient. Pour arriver à ce but, il nous faudra toucher sommairement aux dogmes
qu'il croit, aux pratiques qu'il observe, autant du moins que nous pourrons sans péril
confier ces secrets à la lettre parlante d'un ouvrage public. Le Seigneur, en effet, nous
a ordonné « de travailler pour la nourriture qui demeure dans la vie éternelle. » Et le
prophète dit quelque part : « Heureux celui qui sème sur toute terre arrosée d'eau où
paissent la génisse et l'âne; » qu'est-ce à dire ? le peuple qui, formé des Hébreux et
des Gentils, se confond dans une foi commune. Mais celui qui est faible se nourrit
« de légumes », selon l'illustre apôtre. Déjà les trois livres de notre Pédagogue, prenant
le Chrétien au berceau, l'instruisent et le forment à ce régime de vie que développe en
lui, par l'intermédiaire de la foi, l'enseignement des Catéchèses, et qui, dans le
néophyte, inscrit au nombre des hommes faits, prépare une âme vertueuse à
recevoir plus tard le précieux dépôt de la connaissance. Une fois que les Gentils
auront été mis à même de reconnaître, par les détails où nous entrerons, qu'en
persécutant le véritable adorateur de Dieu, ce sont eux qui font acte d'impiété, fldèle
alors au titre et au caractère de Stromates sous lesquels se présentent nos
commentaires, nous résoudrons quelques objections, soulevées tant par les Grecs que
par les Barbares au sujet de l'avènement de notre Seigneur.
Les fleurs diverses qui émaillent les prairies, les grands arbres qui ornent les jardins,
ne sont ni séparés, ni groupés par espèces, quoique plus d'un auteur ait réuni dans
un même recueil des matières diverses d'érudition qu'il distingua les unes des autres
par les titres de prairie, d'hélicon, d'alvéole et de péplos. Nos Sromates
ressemblent à une prairie. Mille objets divers s'y mêlent et s'y confondent, à la
manière des fleurs, selon qu'ils se sont offerts à notre esprit, jetés sans ordre et sans
art, quelquefois même dispersés à dessein. Écrits de la sorte, ils seront pour moi un
feu caché sous la cendre que l'on réveille au besoin ; si par hasard ils tombent entre
les mains d'un lecteur qui peut être initié aui mystères de la connaissance, ils
l'exciteront à y chercher, non pas sans quelque labeur, ce qui peut le servir et lui
profiter. La justice voulant que le travail précède la nourriture, n'est-il pas plus juste
encore que la fatigue précède la connaissance pour ceux qui tendent au salut et à la
béatitude éternelle par la voie étroite et laborieuse, par la voie véritable du Seigneur?
Quelle est notre connaissance? Quel est notre jardin spirituel ? Notre Seigneur lui-
même, dans lequel nous sommes plantés comme dans une bonne terre, après avoir
été arrachés au sol stérile de notre vie antérieure. La transplantation développe la
bonté du fruit. Or, encore une fois, la lumière et la connaissance véritable, c'est notre
Seigneur dans lequel nous avons été transplantés.
On distingue deux sortes de connaissances : la première est celle qui porte
communément ce nom, et se manifeste dans tous les hommes. Il faut établir une
distinction semblable pour l'intelligence et la conception qui réside dans la
perception des objets dont nous sommes environnés, et appartient aussi bien aux
êtres doués de raison qu'à ceux qui ne l'ont pas reçue en partage. Dieu me préserve
de donner le nom de connaissance à de grossières notions qui ne viennent que par les
sens ! Mais la connaissance par excellence et vraiment digne de ce nom a pour
caractère définitif l'intelligence et la raison. Par elle seule les facultés de l'être
raisonnable se transforment en connaissances qui s'appliquent hors des sens et par la
simple action de l'esprit aux choses qui ne sont perceptibles qu'à l'intelligence. « Qu'il
est bon, s'écrie David, l'homme touché de compassion pour ceux qui s'égarent et
périssent dans les voies de l'erreur, et qui vient à leur aide » en leur distribuant la
parole de la vérité, non pas avec une pitié indiscrète et irréfléchie, mais « qui réglera
et dispensera ses discours avec le discernement de la sagesse ! Voilà l'homme qui a
répandu ses biens sur les pauvres. »
|