Texte grec :
[4,14] CHAPITRE XIV.
Ὅση δὲ καὶ χρηστότης·
« Ἀγαπᾶτε τοὺς ἐχθροὺς ὑμῶν» λέγει, «εὐλογεῖτε τοὺς καταρωμένους ὑμᾶς, καὶ
προσεύχεσθε ὑπὲρ τῶν ἐπηρεαζόντων ὑμῖν»
καὶ τὰ ὅμοια· οἷς προστίθησιν·
« Ἵνα γένησθε υἱοὶ τοῦ πατρὸς ὑμῶν τοῦ ἐν τοῖς οὐρανοῖς»,
τὴν ἐξομοίωσιν τὴν πρὸς θεὸν αἰνισσόμενος. Πάλιν δ´ αὖ φησιν·
« Ἴσθι εὐνοῶν τῷ ἀντιδίκῳ σου ταχύ, ἕως ὅτου εἶ ἐν τῇ ὁδῷ μετ´ αὐτοῦ·»
ἀντίδικος δὲ οὐ τὸ σῶμα, ὥς τινες βούλονται, ἀλλ´ ὁ διάβολος (καὶ οἱ τούτῳ
ἐξομοιούμενοι), ὁ συνοδεύων ἡμῖν δι´ ἀνθρώπων τῶν ζηλούντων τὰ ἔργα αὐτοῦ
ἐν τῷ ἐπιγείῳ τῷδε βίῳ. Οὐχ οἷόν τε οὖν μὴ παθεῖν τὰ ἔχθιστα τοὺς
ὁμολογοῦντας μὲν ἑαυτοὺς εἶναι {τοῖς} τοῦ Χριστοῦ, ἐν δὲ τοῖς τοῦ διαβόλου
καταγινομένους ἔργοις· γέγραπται γάρ·
« Μή ποτε παραδῷ σε τῷ κριτῇ, ὁ κριτὴς δὲ τῷ ὑπηρέτῃ»
τῆς ἀρχῆς τοῦ διαβόλου.
« Πέπεισμαι γὰρ ὅτι οὔτε θάνατος»,
ὁ κατ´ ἐπιφορὰν τῶν διωκόντων, «οὔτε ζωή», ἡ κατὰ τὸν βίον τοῦτον,
« Οὔτε ἄγγελοι»,
οἱ ἀποστάται,
«οὔτε ἀρχαί»
(ἀρχὴ δὲ τῷ Σατανᾷ ὁ βίος ὃν εἵλετο· τοιαῦται γὰρ αἱ κατ´ αὐτὸν ἀρχαί τε καὶ
ἐξουσίαι τοῦ σκότους),
«οὔτε τὰ ἐνεστῶτα»,
ἐν οἷς ἐσμεν κατὰ τὸν τοῦ βίου χρόνον, ὡς τοῦ μὲν στρατιώτου ἡ ἐλπίς, τοῦ
ἐμπόρου δὲ τὸ κέρδος,
« Οὔτε ὕψωμα οὔτε βάθος, οὔτε τις κτίσις ἑτέρα»
(κατ´ ἐνέργειαν τὴν οἰκείαν ἀνθρώπῳ ἀντιπράττειν τῇ πίστει τοῦ
προαιρουμένου· κτίσις δὲ συνωνύμως καὶ ἐνέργεια λέγεται, ἔργον ἡμέτερον οὖσα
ἡ τοιάδε ἐνέργεια)
« Οὐ δυνήσεται ἡμᾶς χωρίσαι ἀπὸ τῆς ἀγάπης τοῦ θεοῦ τῆς ἐν Χριστῷ Ἰησοῦ τῷ
κυρίῳ ἡμῶν».
Ἔχεις συγκεφαλαίωσιν γνωστικοῦ μάρτυρος.
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Traduction française :
[4,14] CHAPITRE XIV.
Jusqu'où s'étend la bonté? Le Seigneur va nous répondre :
« Bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui vous persécutent et
vous calomnient. »
Il poursuit dans le même sens, puis il ajoute :
« Afin que vous soyez les enfants de votre père qui est dans les cieux, »
désignant ainsi la ressemblance par laquelle nous nous rapprochons de Dieu.
« Hâtez-vous, dit-il ailleurs, de vous réconcilier avec votre adversaire pendant que
vous êtes en chemin avec lui. »
L'adversaire dont il est ici question n'est pas ce corps, comme le veulent quelques-
uns, mais le démon et ceux qui lui ressemblent; le démon qui fait route avec nous par
l'intermédiaire des hommes qui reproduisent ici-bas sa perversité. Que nous ne
courions pas au devant des maux les plus cruels, quand nous appartenons de bouche
aux œuvres du Christ, tandis que nos actes appartiennent réellement au démon, c'est
chose impossible. Il est écrit :
« De peur que peut-être votre adversaire ne vous livre au juge, et que le juge ne vous
livre au ministre impie de l'empire du démon. »
Car je suis assuré que ni la mort
« celle que donnent les persécuteurs ; »
ni la vie, « celle du temps ; » ni les anges,
les anges rebelles ; ni les principautés, »
la principauté de Satan est la révolte qu'il a préférée; telles sont les principautés qui
relèvent de ces puissances des ténèbres;
« ni les choses présentes, »
au milieu desquelles nous sommes pendant le cours de la vie, telles que l'espérance
du soldat et le gain du trafiquant ;
« ni tout ce qu'il y a de plus haut ou de plus profond, ni aucune autre créature, »
ne saurait triompher dans les actes particuliers à l'homme, de la foi de celui qui agit
dans l'exercice de sa volonté. La créature est appelée ici du même nom que l'acte
humain comme étant notre ouvrage. Un tel acte donc
« ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu, Jésus-Christ notre Seigneur. »
Vous avez l'abrégé du martyr gnostique.
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