[4,11] CHAPITRE XI.
Ναί, φασίν, εἰ κήδεται ὑμῶν ὁ θεός, τί δήποτε διώκεσθε καὶ φονεύεσθε; ἢ αὐτὸς
ὑμᾶς εἰς τοῦτο ἐκδίδωσιν; ἡμεῖς δὲ οὐχ οὕτως ὑπολαμβάνομεν τοῖς περιστατικοῖς
περιπίπτειν ἡμᾶς τὸν κύριον βουληθῆναι, ἀλλὰ προφητικῶς τὰ συμβήσεσθαι
μέλλοντα προειρηκέναι, ὡς διὰ τὸ ὄνομα αὐτοῦ διωχθησόμεθα, φονευθησόμεθα,
ἀνασκινδυλευθησόμεθα. Ὥστ´ οὐ διώκεσθαι ἠθέλησεν ἡμᾶς, ἀλλ´ ἃ πεισόμεθα
προεμήνυσεν, διὰ τῆς τοῦ συμβήσεσθαι προαγορεύσεως εἰς καρτερίαν
γυμνάσας, ᾗ τὴν κληρονομίαν ἐπηγγείλατο. Καίτοι οὐ μόνοι, ἀλλὰ μετὰ πολλῶν
κολαζόμεθα.
- Ἀλλ´ ἐκεῖνοι, φασί, κακοῦργοι τυγχάνοντες δικαίως ὑπίσχουσι τὴν τιμωρίαν.
- Ἄκοντες οὖν μαρτυροῦσιν ἡμῖν τὴν δικαιοσύνην τοῖς διὰ δικαιοσύνην ἀδίκως
κολαζομένοις. Ἀλλ´ οὐδὲ τὸ ἄδικον τοῦ δικαστοῦ τῆς προνοίας ἅπτεται· δεῖ γὰρ
κύριον εἶναι τὸν κριτὴν τῆς ἑαυτοῦ γνώμης, μὴ νευροσπαστούμενον ἀψύχων
δίκην ὀργάνων ἀφορμὰς ἴσως μόνον παρὰ τῆς ἔξωθεν αἰτίας λαμβάνοντα.
Δοκιμάζεται γοῦν ἐν ᾧ κρίνει καθάπερ καὶ ἡμεῖς κατά τε τὴν τῶν αἱρετῶν
ἐκλογὴν κατά τε τὴν ὑπομονήν· κἂν μὴ ἀδικῶμεν, ἀλλ´ ὡς ἀδικοῦσιν ἡμῖν ὁ
δικαστὴς ** ἀφορᾷ· οὐ γὰρ οἶδεν τὰ καθ´ ἡμᾶς οὐδὲ θέλει μαθεῖν, προλήψει δὲ
συναπάγεται κενῇ, διὸ καὶ κρίνεται. Διώκουσι τοίνυν ἡμᾶς οὐκ ἀδίκους εἶναι
καταλαβόντες, ἀλλ´ αὐτῷ μόνῳ τῷ Χριστιανοὺς εἶναι τὸν βίον ἀδικεῖν
ὑπολαμβάνοντες αὐτούς τε οὕτω πολιτευομένους καὶ τοὺς ἄλλους τὸν ὅμοιον
αἱρεῖσθαι βίον προτρεπομένους.
- Διὰ τί δὲ οὐ βοηθεῖσθε διωκόμενοι; φασί.
- Τί γὰρ καὶ ἀδικούμεθα ὡς πρὸς ἡμᾶς αὐτούς, θανάτῳ ἀπολυόμενοι πρὸς τὸν
κύριον καὶ καθάπερ ἡλικίας μεταβολήν, οὕτω δὲ καὶ βίου ἐναλλαγὴν
ὑπομένοντες; εἰ δὲ εὖ φρονοῖμεν, χάριν εἰσόμεθα τοῖς τὴν ἀφορμὴν τῆς ταχείας
ἀποδημίας παρεσχημένοις, ** εἰ δι´ ἀγάπην μαρτυροῖμεν· εἰ δὲ μὴ φαῦλοί τινες
ἄνδρες εἶναι τοῖς πολλοῖς ἐδοκοῦμεν ἡμεῖς, {εἰ} ᾔδεσαν δὲ καὶ αὐτοὶ τὴν
ἀλήθειαν, πάντες μὲν ἂν ἐπεπήδων τῇ ὁδῷ, ἐκλογὴ δὲ οὐκ ἂν ἦν. Ἀλλὰ γὰρ ἡ
ἡμετέρα πίστις, «φῶς» οὖσα «τοῦ κόσμου», ἐλέγχει τὴν ἀπιστίαν. «ἐμὲ μὲν γὰρ
Ἄνυτός τε καὶ Μέλητος ἀποκτείνειεν μέντ´ ἄν, βλάψειεν δ´ ἂν οὐδ´ ὁπωστιοῦν· οὐ
γὰρ οἶμαι θεμιτὸν εἶναι τὸ ἄμεινον πρὸς τοῦ χείρονος βλάπτεσθαι.» ὥστε
θαρροῦντα ἡμῶν ἕκαστον λέγειν·
« Κύριος ἐμοὶ βοηθός, οὐ φοβηθήσομαι· τί ποιήσει μοι ἄνθρωπος;»
« Δικαίων γὰρ ψυχαὶ ἐν χειρὶ θεοῦ, καὶ οὐ μὴ ἅψηται αὐτῶν βάσανος.»
| [4,11] CHAPITRE XI.
« Si Dieu prend soin de vous, pourquoi la persécution et la mort vous frappent-elles?
Ou bien est-ce lui qui vous livre à ces tribulations, s'écrient nos adversaires? » —
Nous ne pensons pas que la volonté du Seigneur soit que nous tombions dans
l'adversité. Mais nous nous souvenons qu'il nous a prédit que dans les temps à
venir, nous serions persécutés, mis à mort et attachés à la croix pour son nom. Que
nous fussions persécutés, telle n'a pas été sa volonté ; mais il nous a signalé d'avance
les tribulations auxquelles nous serions exposés, afin de nous exercer, par la
révélation anticipée de nos épreuves, à la patience et à la résignation auxquelles il a
promis l'héritage. Encore est-il que nous ne sommes pas les seuls à mourir : des
milliers de condamnés périssent à côté de nous.
— Fort bien, poursuit-on; mais ces condamnés sont des malfaiteurs, ils sont punis
justement.
— Ainsi donc, nos adversaires rendent un involontaire témoignage à notre justice.
On nous immole injustement à la justice ! Mais la violence du juge ne renverse pas la
providence de Dieu. Il faut que le juge soit maitre de sa sentence. Convient-il que,
pareil à un instrument dont on presse les cordes inanimées, il obéisse à une cause
étrangère, et reçoive d'ailleurs ses impressions? Voilà pourquoi celui qui nous juge,
est interrogé à son tour sur ses jugements, sur l'usage de sa liberté et sur la fermeté
d'âme qu'il a opposée aux menaces. Nous sommes innocents, et le juge nous poursuit
comme des violateurs de la loi et des criminels, parce qu'il ne connait pas nos actions,
parce qu'il ne veut pas les connaitre. Loin de là; il se laisse entrainer à d'aveugles
préventions, ce qui fait qu'il tombe lui-même sous le jugement de Dieu. On nous
persécute donc, non pas que l'on nous ait convaincus de quelque crime, mais sur la
vaine opinion que nous sommes nuisibles au monde, par cela seul que nous sommes
Chrétiens. On nous persécute encore, parce que, non contents d'être Chrétiens pour
nous-mêmes, notre conduite est une prédication qui engage les autres à nous imiter.
— Mais pourquoi ne vous vient-il aucun secours dans le feu des persécutions,
s'écrient encore nos adversaires?
— Nous n'éprouvons aucun dommage, au moins en ce qui nous touche
personnellement. Délivrés par la mort, nous prenons notre vol vers le Seigneur, et
cette transformation ne nous affecte pas plus que le passage d'une période de la vie à
une autre période. Avec un peu de sagesse, nous devons de la reconnaissance à
ceux qui nous fournissent l'occasion d'un prompt départ, pourvu que ce soit l'amour
de Dieu qui soutienne notre martyre. Si telles n'étaient pas nos dispositions, la
multitude ne verrait en nous que des scélérats. Que si elle connaissait elle-même la
vérité, tous les hommes se jetteraient dans les voies du Christianisme, et dès lors il
n'y aurait plus d'élection. Mais non ; notre foi « étant la lumière du monde, » atteste
l'incrédulité de la foule.
« En effet, ni Anytas, ni Mélitus ne me feront aucun mal; ils ne le peuvent, car je ne
crois pas qu'il soit au pouvoir du méchant de nuire à l'homme de bien. »
C'est pourquoi chacun de nous peut s'écrier avec confiance :
« Le Seigneur est avec moi ; je ne craindrai pas. Que peut l'homme contre moi ? Les
âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le supplice ne les atteint pas. »
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