HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Clément d'Alexandrie, Les Stromates, livre II

πάντα



Texte grec :

[2,16] CHAPITRE XVI. Ἐνταῦθα πάλιν ἐπιφύονται οἱ κατήγοροι χαρὰν καὶ λύπην πάθη ψυχῆς λέγοντες· τὴν μὲν γὰρ χαρὰν εὔλογον ἔπαρσιν ἀποδιδόασι καὶ τὸ ἀγάλλεσθαι χαίρειν ἐπὶ καλοῖς. Τὸ δὲ ἔλεος λύπην ἐπὶ ἀναξίως κακοπαθοῦντι, τροπὰς δὲ εἶναι ψυχῆς καὶ πάθη τὰ τοιαῦτα. Ἡμεῖς δέ, ὡς ἔοικεν, οὐ παυόμεθα {τὰ τοιαῦτα} σαρκικῶς νοοῦντες τὰς γραφὰς καὶ ἀπὸ τῶν ἡμετέρων παθῶν ἀναγόμενοι, τὸ βούλημα τοῦ ἀπαθοῦς θεοῦ ὁμοίως τοῖς ἡμεδαποῖς κινήμασιν ἀπεκδεχόμενοι· ὡς δ´ ἡμεῖς ἀκοῦσαι δυνατοί, οὕτως ἔχειν ἐπὶ τοῦ παντοκράτορος ὑπολαμβάνοντες, ἀθέως πλανώμεθα. Οὐ γὰρ ὡς ἔχει τὸ θεῖον, οὕτως οἷόν τε ἦν λέγεσθαι· ἀλλ´ ὡς οἷόν τε ἦν ἐπαΐειν ἡμᾶς σαρκὶ πεπεδημένους, οὕτως ἡμῖν ἐλάλησαν οἱ προφῆται συμπεριφερομένου σωτηρίως τῇ τῶν ἀνθρώπων ἀσθενείᾳ τοῦ κυρίου. Ἐπεὶ τοίνυν βούλημά ἐστι τοῦ θεοῦ σῴζεσθαι τὸν ταῖς ἐντολαῖς πειθήνιον τόν τε ἐκ τῶν ἁμαρτημάτων μετανοοῦντα, χαίρομεν δὲ ἡμεῖς ἐπὶ τῇ σωτηρίᾳ ἡμῶν, τὸ χαρτὸν ἡμῶν ἐξιδιοποιήσατο ὁ διὰ τῶν προφητῶν λαλήσας κύριος, καθάπερ ἐν τῷ εὐαγγελίῳ φιλανθρώπως λέγων· « Ἐπείνασα καὶ ἐδώκατέ μοι φαγεῖν, ἐδίψησα καὶ ἐδώκατέ μοι πιεῖν· ὃ γὰρ ἑνὶ τούτων τῶν ἐλαχίστων πεποιήκατε, ἐμοὶ πεποιήκατε.» Ὥσπερ οὖν τρέφεται μὴ τρεφόμενος διὰ τὸ τεθράφθαι ὅνπερ βούλεται, οὕτως ἐχάρη μὴ τραπεὶς διὰ τὸ ἐν χαρᾷ γεγονέναι τὸν μετανενοηκότα ὡς ἐβούλετο. Ἐπεὶ δὲ πλουσίως ἐλεεῖ ἀγαθὸς ὢν ὁ θεὸς τάς τε ἐντολὰς διδοὺς διὰ νόμου, * διὰ προφητῶν καὶ προσεχέστερον ἤδη διὰ τῆς τοῦ υἱοῦ παρουσίας σῴζων καὶ ἐλεῶν, ὡς εἴρηται, τοὺς ἠλεημένους, κυρίως τε ἐλεεῖ ὁ κρείττων τὸν ἐλάσσω, καὶ κρείττων μὲν ἄνθρωπος ἀνθρώπου οὐκ ἂν εἴη, καθὸ ἄνθρωπος πέφυκεν, κρείττων δὲ ὁ θεὸς τοῦ ἀνθρώπου κατὰ πάντα, εἰ τοίνυν ὁ κρείττων τὸν ἥσσω ἐλεεῖ, μόνος ἡμᾶς ὁ θεὸς ἐλεήσει. Κοινωνικὸς μὲν γὰρ ἄνθρωπος ὑπὸ δικαιοσύνης γίνεται καὶ μεταδίδωσιν ὧν ἔλαβεν παρὰ τοῦ θεοῦ διά τε φυσικὴν εὔνοιαν καὶ σχέσιν διά τε τὰς ἐντολὰς αἷς πείθεται· ὁ θεὸς δὲ οὐδεμίαν ἔχει πρὸς ἡμᾶς φυσικὴν σχέσιν, ὡς οἱ τῶν αἱρέσεων κτίσται θέλουσιν, (οὔτ´ εἰ ἐκ μὴ ὄντων ποιοίη οὔτ´ εἰ ἐξ ὕλης δημιουργοίη, ἐπεὶ τὸ μὲν οὐδ´ ὅλως ὄν, ἣ δὲ κατὰ πάντα ἑτέρα τυγχάνει τοῦ θεοῦ) εἰ μή τις μέρος αὐτοῦ καὶ ὁμοουσίους ἡμᾶς τῷ θεῷ τολμήσει λέγειν· καὶ οὐκ οἶδ´ ὅπως ἀνέξεταί τις ἐπαΐων τούτου θεὸν ἐγνωκώς, ἀπιδὼν εἰς τὸν βίον τὸν ἡμέτερον, ἐν ὅσοις φυρόμεθα κακοῖς. Εἴη γὰρ ἂν οὕτως, ὃ μηδ´ εἰπεῖν θέμις, μερικῶς ἁμαρτάνων ὁ θεός, εἴ γε τὰ μέρη τοῦ ὅλου μέρη καὶ συμπληρωτικὰ τοῦ ὅλου, εἰ δὲ μὴ συμπληρωτικά, οὐδὲ μέρη εἴη ἄν. Ἀλλὰ γὰρ φύσει « Πλούσιος ὢν ὁ θεὸς ἐν ἐλέῳ» διὰ τὴν αὑτοῦ ἀγαθότητα κήδεται ἡμῶν μήτε μορίων ὄντων αὐτοῦ μήτε φύσει τέκνων. Καὶ δὴ ἡ μεγίστη τῆς τοῦ θεοῦ ἀγαθότητος ἔνδειξις αὕτη τυγχάνει, ὅτι οὕτως ἐχόντων ἡμῶν πρὸς αὐτὸν καὶ φύσει «ἀπηλλοτριωμένων» παντελῶς ὅμως κήδεται. Φυσικὴ μὲν γὰρ ἡ πρὸς τὰ τέκνα φιλοστοργία τοῖς ζῴοις ἥ τε ἐκ συνηθείας τοῖς ὁμογνώμοσι φιλία, θεοῦ δὲ ὁ ἔλεος εἰς ἡμᾶς πλούσιος τοὺς κατὰ μηδὲν αὐτῷ προσήκοντας, τῇ οὐσίᾳ ἡμῶν λέγω ἢ φύσει ἢ δυνάμει τῇ οἰκείᾳ τῆς οὐσίας ἡμῶν, μόνῳ δὲ τῷ ἔργον εἶναι τοῦ θελήματος αὐτοῦ· καὶ δὴ τὸν ἑκόντα μετὰ ἀσκήσεως καὶ διδασκαλίας τὴν γνῶσιν τῆς ἀληθείας ἐπανῃρημένον εἰς υἱοθεσίαν καλεῖ, τὴν μεγίστην πασῶν προκοπήν. « Παρανομίαι δὲ ἄνδρα ἀγρεύουσι, σειραῖς δὲ τῶν ἑαυτοῦ ἁμαρτιῶν ἕκαστος σφίγγεται,» καὶ ἔστιν ὁ θεὸς ἀναίτιος· καὶ τῷ ὄντι « Μακάριος ἀνὴρ ὃς καταπτήσσει πάντα δι´ εὐλάβειαν.»

Traduction française :

[2,16] CHAPITRE XVI. Ici encore se récrient les accusateurs, en soutenant que la tristesse et la joie sont des passions de l'âme. Ils définissent la joie, au transport de l'âme d'accord avec la raison; l'exultation, la joie que font éprouver le beau et l'honnête ; et la miséricorde, la tristesse qu'inspire le spectacle d'une infortune non méritée. « Toute impression qui se rapproche de celle-là, ajoutent-ils, est une modification et une secousse de l'âme. » Pour nous, entraînés par ces définitions, nous ne cessons d'interpréter, selon la chair, les saintes Écritures, et nous inférons de nos passions, que l'immuable volonté de Dieu est semblable aux fluctuations de la nôtre. Oui, certes, admettre que dans le Tout-Puissant les choses se passent comme en chacun de nous, ce serait là une erreur impie, puisqu'il est impossible de définir Dieu tel qu'il est. Mais les prophètes nous ont parlé selon qu'il nous était possible de comprendre, à nous esclaves de la chair, le Seigneur se prêtant de la sorte à la faiblesse humaine par une salutaire condescendance. Comme la volonté de Dieu est que tous les deux soient sauvés, celui qui garde les préceptes et celui qui se repent de ses péchés, nous nous réjouissons de notre salut. Cette joie, qui nous est particulière, le Seigneur se l'attribue à lui-même comme sa propre joie, quand il parle par la bouche des prophètes. C'est ainsi, par exemple, qu'il dit miséricordieusement dans l'Évangile : « J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire ; car, ce que vous avez fait pour un seul de ces petits, vous l'avez fait pour moi. » De même donc, que Dieu est nourri sans être nourri, parce que le pauvre a été nourri, conformément à sa volonté, de même il se réjouit sans que son impassibilité s'en altère, parce que celui-là est dans la joie, qui s'est repenti comme sa volonté le demandait. « Dieu est riche en miséricorde. » En vertu de sa bonté, il nous donne ses commandements, par la loi, par les prophètes ; plus immédiatement encore il sauve et prend en pitié par la venue de son fils, comme il le dit lui-même, ceux dont il a eu pitié. A proprement parler, c'est le supérieur qui a pitié de son inférieur, et il n'est pas d'homme supérieur à un autre, en tant qu'homme. Mais Dieu est en tout supérieur à l'homme. Si donc le supérieur a pitié de son inférieur, à Dieu seul de prendre pitié de nous. L'homme apprend de la justice à ouvrir sa main à tous, et s'il partage avec les autres les dons qu'il a reçus de Dieu, c'est par une disposition naturelle à la bienveillance, et par fidélité aux préceptes. Dieu, au contraire, n'a , comme le veulent les hérésiarques, aucun rapport de nature avec nous, soit qu'il ait fécondé le néant, soit qu'il ait travaillé sur la matière préexistante ; puisque, dans le premier cas, le néant est l'absence de l'être, et que, dans le second, la matière, en tout et partout, se trouve différente de Dieu ; car sans doute l'on n'osera pas faire de l'homme une partie de Dieu et un être qui lui soit consubstantiel. L'homme semblable et consubstantiel à Dieu ! Je ne sais en vérité comment, avec la connaissance de Dieu, on pourrait entendre de sang-froid une pareille assertion, surtout après avoir jeté un coup d'œil sur notre vie et les maux dont elle est mêlée. Ainsi donc, ô blasphème ! Dieu pourrait pécher dans quelques parties de lui-même, puisque les parties décomposent et recomposent le tout ? Si, au contraire, elles ne peuvent le recomposer, elles n'en étaient pas les parties. Mais rien de tout cela n'est vrai ; Dieu étant naturellement riche en miséricorde, c'est par l'effet de sa bonté qu'il veille sur nous, qui ne sommes ni ses éléments constitutifs, ni ses fils du côté de la nature. Et c'est bien là, certes, la plus grande preuve de la bonté de Dieu , que, malgré notre infériorité visà-vis de lui et en dépit d'une nature qui lui est absolument étrangère, il ait cependant pris soin de nous. La tendresse des animaux pour leurs petits, ainsi que l'amitié qui nait d'un commerce journalier entre deux esprits de même sentiment, sont fondées sur des relations naturelles; mais la miséricorde de Dieu est abondante envers nous, sans que nous ayons avec lui aucune affinité, soit d'essence, soit de nature, soit de vertu particulière à notre être, sinon que nous sommes l'œuvre de sa volonté. Aussi, celui qui, volontairement et avec le secours de l'étude et de l'enseignement, est parvenu à la connaissance de la vérité, Dieu le convie au privilège de l'adoption, qui est le plus grand de tous les progrès. Ses iniquités enveloppent l'impie; il est enchainé dans les liens de son péché, et il ne peut les imputer à Dieu ! « Et en vérité, heureux l'homme qui craint toujours par esprit de piété ! »





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Dernière mise à jour : 11/03/2010