Texte grec :
[21] Ὁ δὲ κύριος ἀποκρίνεται διότι »τὸ ἐν ἀνθρώποις ἀδύνατον
δυνατὸν θεῷ«. πάλιν καὶ τοῦτο μεγάλης σοφίας μεστόν ἐστιν. ὅτι καθ´
αὑτὸν μὲν ἀσκῶν καὶ διαπονούμενος ἀπάθειαν ὁ ἄνθρωπος οὐδὲν
ἀνύει, ἐὰν δὲ γένηται δῆλος ὑπερεπιθυμῶν τούτου καὶ διεσπουδακώς,
τῇ προσθήκῃ τῆς παρὰ θεοῦ δυνάμεως περιγίνεται· βουλομέναις μὲν
γὰρ ταῖς ψυχαῖς ὁ θεὸς συνεπιπνεῖ, εἰ δὲ ἀποσταῖεν τῆς προθυμίας.
καὶ τὸ δοθὲν ἐκ θεοῦ πνεῦμα συνεστάλη· τὸ μὲν γὰρ ἄκοντας σῴζειν
ἐστὶ βιαζομένου, τὸ δὲ αἱρουμένους χαριζομένου. οὐδὲ τῶν καθευδόντων
καὶ βλακευόντων ἐστὶν ἡ βασιλεία τοῦ θεοῦ, ἀλλ´ οἱ »βιασταὶ
ἁρπάζουσιν αὐτήν«· αὕτη γὰρ μόνη βία καλή, θεὸν βιάσασθαι καὶ
παρὰ θεοῦ ζωὴν ἁρπάσαι, ὁ δὲ γνοὺς τοὺς βιαίως, μᾶλλον δὲ βεβαίως
ἀντεχομένους {συνεχώρησεν} εἶξεν· χαίρει γὰρ ὁ θεὸς τὰ τοιαῦτα ἡττώμενος. τοιγάρτοι τούτων ἀκούσας ὁ μακάριος Πέτρος. ὁ ἐκλεκτός.
ὁ ἐξαίρετος, ὁ πρῶτος τῶν μαθητῶν, ὑπὲρ οὗ μόνου καὶ ἑαυτοῦ τὸν
φόρον ὁ σωτὴρ ἐκτελεῖ, ταχέως ἥρπασε καὶ συνέβαλε τὸν λόγον. καὶ
τί φησιν; »ἴδε ἡμεῖς ἀφήκαμεν πάντα καὶ ἠκολουθήσαμέν σοι.« τὰ
δὲ »πάντα« εἰ μὲν τὰ κτήματα τὰ ἑαυτοῦ λέγει, τέσσαρας ὀβολοὺς
ἴσως, τὸ τοῦ λόγου, καταλιπὼν μεγαλύνεται καὶ τούτων ἀνταξίαν
ἀποφαίνων ἂν λάθοι τὴν βασιλείαν τῶν οὐρανῶν· εἰ δέ, ἅπερ ἄρτι
νῦν λέγομεν, τὰ παλαιὰ νοητὰ κτήματα καὶ ψυχικὰ νοσήματα ἀπορρίψαντες ἕπονται κατ´ ἴχνος τοῦ διδασκάλου, τοῦτ´ ἂν ἀνάπτοιτο
ἤδη τοῖς ἐν οὐρανοῖς ἐγγραφησομένοις. τοῦτο γὰρ ἀκολουθεῖν
ὄντως τῷ σωτῆρι, ἀναμαρτησίαν καὶ τελειότητα τὴν ἐκείνου μετερχόμενον
καὶ πρὸς ἐκεῖνον ὥσπερ κάτοπτρον κοσμοῦντα καὶ ῥυθμίζοντα
τὴν ψυχὴν καὶ πάντα διὰ πάντων ὁμοίως διατιθέντα.
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Traduction française :
[21] Le Seigneur répondit à leurs craintes : « Ce qui est impossible aux hommes
est possible à Dieu. » Ces paroles sont à leur tour pleines d'une sagesse
profonde. Aucun homme, en effet, ne peut, par l'unique secours de ses
vertus et de ses œuvres, vaincre ses passions et apaiser les troubles de
son esprit ; mais si ses désirs, élevés vers Dieu, s'enflamment encore
davantage par la difficulté qu'il éprouve à les satisfaire; s'il redouble
d'ardeur et d'efforts, la grâce divine lui vient en aide et réalise ses
espérances. Voulez-vous véritablement, l'esprit de Dieu est avec vous;
cessez-vous de vouloir, il se retire. Il est d'un tyran de sauver par
force, il est d'un Dieu libéral et indulgent de céder à une volonté forte
et librement exprimée. La mollesse et la volupté n'acquièrent point le
royaume des deux; c'est la violence qui s'en empare. Cette violence, qui
arrache à Dieu notre salut et notre vie, est la seule qui soit sainte et
vertueuse. Juge suprême du combat que nous soutenons, contre lui, Dieu
cède volontiers à ceux dont le courage ne faiblit point et ne se ralentit
jamais. Il aime et se plaît à être vaincu. Aussi, lorsque, saint Pierre,
ce disciple choisi et excellent entre tous, ce prince, dis-je, des
disciples, pour qui seul le Seigneur voulut acquitter le tribut comme pour
lui-même, eut entendu ce discours, il en saisit soudain le sens et la
force ; autrement, pourquoi aurait-il dit : « Pour nous, vous le savez,
nous avons tout quitté et vous avons suivi ? » S'il parle ainsi des biens
terrestres qu'il a quittés, biens sans valeur, même aux yeux des hommes,
ne semble t-il pas qu'il se glorifie bien imprudemment et qu'il demande
une récompense bien au-dessus d'un si léger sacrifice ? Mais s'il parle,
comme je le soutiens, de ses passions et de ses vices qu'il a vaincus et
étouffés, c'est bien là le sacrifice que le maître ordonne et qui conduit
au ciel. En effet, nous suivons le Sauveur en l'imitant, en rendant notre
vie semblable à la sienne, en nous servant de sa conduite et de ses mœurs
comme d'un miroir pour régler et embellir les nôtres.
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