[37] Τί γὰρ ἔτι δεῖ; θεῶ τὰ τῆς ἀγάπης μυστήρια, καὶ τότε ἐποπτεύσεις
τὸν κόλπον τοῦ πατρός, ὃν ὁ μονογενὴς θεὸς μόνος ἐξηγήσατο.
ἔστι δὲ καὶ αὐτὸς ὁ θεὸς ἀγάπη καὶ δι´ ἀγάπην ἡμῖν ἐθεάθη. καὶ
τὸ μὲν ἄρρητον αὐτοῦ πατήρ, τὸ δὲ εἰς ἡμᾶς συμπαθὲς γέγονε μήτηρ.
ἀγαπήσας ὁ πατὴρ ἐθηλύνθη, καὶ τούτου μέγα σημεῖον ὃν αὐτὸς
ἐγέννησεν ἐξ αὑτοῦ· καὶ ὁ τεχθεὶς ἐξ ἀγάπης καρπὸς ἀγάπη. διὰ
τοῦτο καὶ αὐτὸς κατῆλθε, διὰ τοῦτο ἄνθρωπον ἐνέδυ, διὰ τοῦτο τὰ
ἀνθρώπων ἑκὼν ἔπαθεν, ἵνα πρὸς τὴν ἡμετέραν ἀσθένειαν οὓς
ἠγάπησε μετρηθεὶς ἡμᾶς πρὸς τὴν ἑαυτοῦ δύναμιν ἀντιμετρήσῃ. καὶ
μέλλων σπένδεσθαι καὶ λύτρον ἑαυτὸν ἐπιδιδοὺς καινὴν ἡμῖν διαθήκην καταλιμπάνει· »ἀγάπην ὑμῖν δίδωμι τὴν ἐμήν.« τίς δέ ἐστιν
αὕτη καὶ πόση; ὑπὲρ ἡμῶν ἑκάστου κατέθηκε τὴν ψυχὴν τὴν ἀνταξίαν
τῶν ὅλων· ταύτην ἡμᾶς ὑπὲρ ἀλλήλων ἀνταπαιτεῖ. εἰ δὲ τὰς
ψυχὰς ὀφείλομεν τοῖς ἀδελφοῖς, καὶ τοιαύτην τὴν συνθήκην πρὸς
τὸν σωτῆρα ἀνθωμολογήμεθα, ἔτι τὰ τοῦ κόσμου, τὰ πτωχὰ καὶ
ἀλλότρια καὶ παραρρέοντα, καθείρξομεν ταμιευόμενοι; ἀλλήλων ἀποκλείσομεν, ἃ μετὰ μικρὸν ἕξει τὸ πῦρ; θείως γε καὶ ἐπιπνόως ὁ Ἰωάννης
»ὁ μὴ φιλῶν« φησὶ »τὸν ἀδελφὸν ἀνθρωποκτόνος ἐστί«,
σπέρμα τοῦ Κάιν, θρέμμα τοῦ διαβόλου, θεοῦ σπλάγχνον οὐκ ἔχει,
ἐλπίδα κρειττόνων οὐκ ἔχει, ἄσπορός ἐστιν, ἄγονός ἐστιν, οὐκ ἔστι
κλῆμα τῆς ἀεὶ ζώσης ὑπερουρανίας ἀμπέλου, ἐκκόπτεται, τὸ πῦρ
ἄθρουν ἀναμένει.
| [37] Quel besoin, en effet, Dieu aura-t-il alors des mystères de la charité,
puisque nous serons dans son sein, que son fils nous aura ouvert et dont
seul il pouvait nous parler? Puisque Dieu est lui-même la charité, cette
vertu puissante qui nous le fait vaincre et posséder. Notre père, par un
pouvoir divin qui nous est caché, il est aussi notre mère par une
miséricorde éclatante qui frappe nos yeux. Pour nous, il réunit dans son
amour et dans ses bienfaits, la double nature de père et de mère. Il nous
le prouve en engendrant un fils qui nous sauve ; et ce fruit de la charité
est lui-même la charité. C'est pour elle qu'il est descendu du ciel; c'est
pour elle que, se faisant homme, il a revêtu à la fois nos misères et
notre corps, se mêlant et s'abaissant ainsi à notre faiblesse pour nous
relever par sa force. Sur le point de mourir pour nous, il nous laisse son
testament. « Je vous laisse, dit-il, mon amour. » Quel amour, grand Dieu !
et à quel excès n'est-il pas monté ! Il fait pour chacun de nous en
particulier le sacrifice de sa vie, sacrifice que les âmes réunies de tous
les hommes ne méritaient pas et ne sauraient payer. Il veut que nous
l'imitions et que chacun de nous soit prêt à donner sa vie pour celle de
son frère. Et quand il nous fait un devoir de nous aimer fraternellement
et de mourir, s'il le faut, l'un pour l'autre ; quand l'alliance divine
qu'il fait avec nous est à ce prix, nous enfermerons, nous réserverons
seuls des biens périssables, entièrement étrangers à la nature
immortelle de notre âme ! Nous tiendrons sous la clé, nous nous refuserons
l'un à l'autre de viles richesses que le feu doit bientôt dévorer ! Cette
parole de saint Jean est vraiment divine et pleine d'une tendre
sollicitude pour notre salut : « Celui qui n'aime point son frère est un
homicide. » Race de Caïn, disciple du démon, sans entrailles, sans
espérances, frappé de stérilité et de mort, il n'est point un rejeton de
la vigne céleste éternellement vivante; il est une branche sèche,
condamnée, coupée et jetée au feu.
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