[29] Ἐν ἀμφοτέραις μὲν οὖν ταῖς ἐντολαῖς ἀγάπην εἰσηγεῖται, τάξει
δ´ αὐτὴν διῄρηκε, καὶ ὅπου μὲν τὰ πρωτεῖα τῆς ἀγάπης ἀνάπτει τῷ
θεῷ, ὅπου δὲ τὰ δευτερεῖα νέμει τῷ πλησίον. τίς δ´ ἂν ἄλλος οὗτος
εἴη πλὴν αὐτὸς ὁ σωτήρ; ἢ τίς μᾶλλον ἡμᾶς ἐλεήσας ἐκείνου, τοὺς
ὑπὸ τῶν κοσμοκρατόρων τοῦ σκότους ὀλίγου τεθανατωμένους τοῖς
πολλοῖς τραύμασι, φόβοις, ἐπιθυμίαις, ὀργαῖς, λύπαις, ἀπάταις, ἡδοναῖς;
τούτων δὲ τῶν τραυμάτων μόνος ἰατρὸς Ἰησοῦς, ἐκκόπτων
ἄρδην τὰ πάθη πρόρριζα, οὐχ ὥσπερ ὁ νόμος ψιλὰ τὰ ἀποτελέσματα,
τοὺς καρποὺς τῶν πονηρῶν φυτῶν, ἀλλὰ τὴν ἀξίνην τὴν ἑαυτοῦ
πρὸς τὰς ῥίζας τῆς κακίας προσαγαγών. οὗτος ὁ τὸν οἶνον, τὸ
αἷμα τῆς ἀμπέλου τῆς Δαβίδ, ἐκχέας ἡμῶν ἐπὶ τὰς τετρωμένας ψυχάς,
οὗτος ὁ τὸ ἔλαιον, τὸν ἐκ σπλάγχνων πατρὸς ἔλεον, προσενεγκὼν
καὶ ἐπιδαψιλευόμενος, οὗτος ὁ τοὺς τῆς ὑγείας καὶ σωτηρίας δεσμοὺς
ἀλύτους ἐπιδείξας, ἀγάπην, πίστιν, ἐλπίδα, οὗτος ὁ διακονεῖν ἀγγέλους
καὶ ἀρχὰς καὶ ἐξουσίας ἡμῖν ἐπιτάξας ἐπὶ μεγάλῳ μισθῷ, διότι καὶ
αὐτοὶ ἐλευθερωθήσονται ἀπὸ τῆς ματαιότητος τοῦ κόσμου παρὰ τὴν
ἀποκάλυψιν τῆς δόξης τῶν υἱῶν τοῦ θεοῦ. τοῦτον οὖν ἀγαπᾶν ἴσα
χρὴ τῷ θεῷ. ἀγαπᾷ δὲ Χριστὸν Ἰησοῦν ὁ τὸ θέλημα αὐτοῦ ποιῶν
καὶ φυλάσσων αὐτοῦ τὰς ἐντολάς. »οὐ γὰρ πᾶς ὁ λέγων μοι ›κύριε
κύριε‹ εἰσελεύσεται εἰς τὴν βασιλείαν τῶν οὐρανῶν, ἀλλ´ ὁ ποιῶν τὸ
θέλημα τοῦ πατρός μου.« καί· »τί με λέγετε ›κύριε κύριε‹ καὶ οὐ
ποιεῖτε ἃ λέγω;« καί· »ὑμεῖς μακάριοι οἱ ὁρῶντες καὶ ἀκούοντες ἃ
μήτε δίκαιοι μήτε προφῆται«, ἐὰν ποιῆτε ἃ λέγω.
| [29] Par l'un et l'autre de ces commandements, le Sauveur nous enseigne la
charité et nous en fait une loi ; mais avec ordre et distinction. La
première partie de cette vertu appartient à Dieu ; la seconde, à notre
prochain. Mais quel autre fut notre prochain plus que le Sauveur lui-même ?
Quel autre exerça envers nous de plus grandes miséricordes? Près de
périr sous les blessures sans nombre que les esprits des ténèbres nous
avaient portées, l'âme remplie par eux de fausses craintes, de désirs
impurs, d'aveugles fureurs, de voluptés trompeuses et inquiètes, il a
guéri toutes nos blessures, il a détruit et déraciné nos vices, non point
comme la loi, dont les effets, se ressentant de la malignité de leur
origine, sont faibles et impuissants; mais en portant lui-même le
tranchant de la hache au pied de l'arbre du mal, et en arrachant de ses
mains toutes ses racines. Il a versé sur les blessures de nos âmes un vin
précieux qui est le sang de la vigne de David ; il a tiré de ses
entrailles l'huile abondante dont il les a arrosées. Il les a liées et
réunies par des bandages indissolubles, la foi, l'espérance et la charité.
Il a ordonné aux anges, aux principautés et aux puissances du ciel de nous
servir, et il leur en a payé le prix en les délivrant de la vanité du
monde dans la révélation de la gloire des fils de Dieu. Aimons donc ce
Dieu bienfaisant, aimons-le de toutes nos forces et plus que nous-mêmes.
C'est l'aimer, que de faire sa volonté et d'obéir à ses préceptes. « Tout
homme qui me dit : Seigneur, Seigneur, n'entrera point dans le royaume des
cieux, mais celui qui fait la volonté de mon père. » Et ailleurs :
« Pourquoi me dites-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je
dis? » Et ailleurs encore ; « Heureux vous qui voyez et entendez ce que ni
les justes ni les prophètes n'ont vu; pourvu que vous fassiez ce que je dis ! »
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