[12] Τί οὖν ὡς καινὸν καὶ ἴδιον θεοῦ παραγγέλλει καὶ μόνον ζωοποιοῦν,
ὃ τοὺς προτέρους οὐκ ἔσωσεν; εἰ δὲ ἐξαίρετόν τι ἡ »καινὴ
κτίσις«, ὁ υἱὸς τοῦ θεοῦ, μηνύει καὶ διδάσκει, οὐ τὸ φαινόμενον, ὅπερ
ἄλλοι πεποιήκασι, παρεγγυᾷ, ἀλλ´ ἕτερόν τι διὰ τούτου σημαινόμενον
μεῖζον καὶ θειότερον καὶ τελεώτερον, τὸ τὴν ψυχὴν αὐτὴν καὶ τὴν
διάθεσιν γυμνῶσαι τῶν ὑπόντων παθῶν καὶ πρόρριζα τὰ ἀλλότρια
τῆς γνώμης ἐκτεμεῖν καὶ ἐκβαλεῖν. τοῦτο γὰρ ἴδιον μὲν τοῦ πιστοῦ
τὸ μάθημα, ἄξιον δὲ τοῦ σωτῆρος τὸ δίδαγμα. οἱ γάρ τοι πρότεροι,
καταφρονήσαντες τῶν ἐκτός, τὰ μὲν κτήματα ἀφῆκαν καὶ παραπώλεσαν,
τὰ δὲ πάθη τῶν ψυχῶν οἶμαι ὅτι καὶ προσεπέτειναν· ἐν
ὑπεροψίᾳ γὰρ ἐγένοντο καὶ ἀλαζονείᾳ καὶ κενοδοξίᾳ καὶ περιφρονήσει
τῶν ἄλλων ἀνθρώπων ὡς αὐτοί τι ὑπὲρ ἄνθρωπον ἐργασάμενοι.
πῶς ἂν οὖν ὁ σωτὴρ παρῄνει τοῖς εἰς ἀεὶ βιωσομένοις τὰ βλάψοντα
καὶ λυμανούμενα πρὸς τὴν ζωήν, ἣν ἐπαγγέλλεται; καὶ γὰρ αὖ κἀκεῖνό
ἐστι· δύναταί τις ἀποφορτισάμενος τὴν κτῆσιν οὐδὲν ἧττον ἔτι τὴν
ἐπιθυμίαν καὶ τὴν ὄρεξιν τῶν χρημάτων ἔχειν ἐντετηκυῖαν καὶ συζῶσαν
καὶ τὴν μὲν χρῆσιν ἀποβεβληκέναι, ἀπορῶν δὲ ἅμα καὶ ποθῶν
ἅπερ ἐσπάθησε διπλῇ λυπεῖσθαι, καὶ τῇ τῆς ὑπηρεσίας ἀπουσίᾳ καὶ
τῇ τῆς μετανοίας συνουσίᾳ. ἀνέφικτον γὰρ καὶ ἀμήχανον δεόμενον
τῶν πρὸς τὸ βιοτεύειν ἀναγκαίων μὴ οὐ κατακλᾶσθαι τὴν γνώμην
καὶ ἀσχολίαν ἄγειν ἀπὸ τῶν κρειττόνων, ὁπωσοῦν καὶ ὁθενοῦν ταῦτα
πειρώμενον ἐκπορίζειν.
| [12] Qu'y a-t-il de nouveau dans cette maxime du Sauveur, qui ne puisse venir
que de Dieu, et qui donne la vie aux hommes, ce que n'a pu faire la
pauvreté volontaire des anciens ? Qu'est-ce que le fils de Dieu, cette
nouvelle créature, nous ordonne de si extraordinaire et de si excellent?
Il ne nous ordonne rien qui tombe sous nos sens, rien de ce que d'autres
ont fait avant lui. Ses paroles renferment quelque chose de plus grand, de
plus divin, de plus parfait. Dépouillez-vous de vos vices, arrachez-les de
votre âme, détruisez-les, rejetez-les loin de vous ; tel est son
commandement et sa doctrine, bien dignes des fidèles et de lui-même! Les
anciens, méprisant les choses extérieures, se dépouillèrent volontairement
de leurs richesses et de leurs biens ; mais leurs vices et les troubles de
leur esprit s'accrurent de ce sacrifice. Ils en devinrent plus
orgueilleux, et regardèrent avec mépris le reste des hommes, comme s'ils
eussent fait quelque chose bien au-dessus des forces de l'humanité.
Comment donc le Sauveur, qui veut notre salut et nous le promet, nous
ferait-il un ordre exprès d'un sacrifice qui pourrait nous le faire perdre ? Ne pouvons-nous pas brûler encore de l'amour et de la soif des
richesses, après nous être dépouillés de celles que nous possédions ?
Accablés sous le poids d'une indigence à laquelle nous n'étions pas
accoutumés, ne pouvons-nous pas regretter amèrement les services qu'elles
nous rendaient et nous repentir d'en avoir fait un sacrifice inconsidéré ?
Il est impossible, en effet, que cette nouvelle nécessité de nous
procurer, chaque jour et à chaque instant, les choses nécessaires à notre
vie, ne brise pas les forces de notre âme, et ne la détourne pas des soins
bien préférables du salut
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