HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Clément d'Alexandrie, Le divin Maître ou Le Pédagogue, livre III

ἑαυτὸν



Texte grec :

[3,1] Ἦν ἄρα, ὡς ἔοικεν, πάντων μέγιστον μαθημάτων τὸ γνῶναι αὑτόν· ἑαυτὸν γάρ τις ἐὰν γνῷ, θεὸν εἴσεται, θεὸν δὲ εἰδὼς ἐξομοιωθήσεται θεῷ, οὐ χρυσοφορῶν οὐδὲ ποδηροφορῶν, ἀλλὰ ἀγαθοεργῶν καὶ ὅτι μάλιστα ὀλιγίστων δεόμενος· ἀνενδεὴς δὲ μόνος ὁ θεὸς καὶ χαίρει μάλιστα μὲν καθαρεύοντας ἡμᾶς ὁρῶν τῷ τῆς διανοίας κόσμῳ, ἔπειτα δὲ καὶ τῷ τοῦ σώματος, ἁγνὴν στολήν, σωφροσύνην, περιβεβλημένους. Τριγενοῦς οὖν ὑπαρχούσης τῆς ψυχῆς τὸ νοερόν, ὃ δὴ λογιστικὸν καλεῖται, ὁ ἄνθρωπός ἐστιν ὁ ἔνδον, ὁ τοῦ φαινομένου τοῦδε ἄρχων ἀνθρώπου, αὐτὸν δὲ ἐκεῖνον ἄλλος ἄγει, θεός· τὸ δὲ θυμικόν, θηριῶδες ὄν, πλησίον μανίας οἰκεῖ· πολύμορφον δὲ τὸ ἐπιθυμητικὸν καὶ τρίτον, ὑπὲρ τὸν Πρωτέα τὸν θαλάττιον δαίμονα ποικίλον, ἄλλοτε ἄλλως μετασχηματιζόμενον, εἰς μοιχείας καὶ λαγνείας καὶ εἰς φθορὰς ἐξαρεσκευόμενον· ἤτοι μὲν πρώτιστα λέων γένετ´ ἠυγένειος, ἔτι φέρω τὸν καλλωπισμόν· ἄνδρα δείκνυσιν ἡ τοῦ γενείου κόμη· αὐτὰρ ἔπειτα δράκων ἢ πάρδαλις ἠδὲ μέγας σῦς· κατώλισθεν εἰς τὴν ἀσέλγειαν ἡ φιλοκοσμία. Οὐκέτι καρτερῶ· θηρίον ἄνθρωπος φαίνεται· γίνετο δ´ ὑγρὸν ὕδωρ καὶ δένδρεον ὑψιπέτηλον. Ἐκχεῖται τὰ πάθη, ἐκβλύζονται αἱ ἡδοναί, μαραίνεται τὸ κάλλος, καὶ θᾶττον ἀποπίπτει τοῦ πετάλου χαμαί, ὅταν αὐτοῦ καταπνεύσωσιν αἱ ἐρωτικαὶ τῆς ὕβρεως λαίλαπες, καὶ πρὶν ἢ τὸ μετόπωρον ἐλθεῖν μαραίνεται τῇ φθορᾷ· πάντα γὰρ ἡ ἐπιθυμία γίνεταί τε καὶ πλάττεται καὶ φενακίζειν βούλεται, ἵνα κατακρύψῃ τὸν ἄνθρωπον. Ὁ δὲ ἄνθρωπος ἐκεῖνος, ᾧ σύνοικος ὁ λόγος, οὐ ποικίλλεται, οὐ πλάττεται, μορφὴν ἔχει τὴν τοῦ λόγου, ἐξομοιοῦται τῷ θεῷ, καλός ἐστιν, οὐ καλλωπίζεται· κάλλος ἐστὶ τὸ ἀληθινόν, καὶ γὰρ ὁ θεός ἐστιν· θεὸς δὲ ἐκεῖνος ὁ ἄνθρωπος γίνεται, ὅτι βούλεται ὁ θεός. (3,1,2) Ὀρθῶς ἄρα εἶπεν Ἡράκλειτος· «Ἄνθρωποι θεοί, θεοὶ ἄνθρωποι. Λόγος γὰρ ωὐτός·» μυστήριον ἐμφανές· θεὸς ἐν ἀνθρώπῳ, καὶ ὁ ἄνθρωπος θεός, καὶ τὸ θέλημα τοῦ πατρὸς ὁ μεσίτης ἐκτελεῖ· μεσίτης γὰρ ὁ λόγος ὁ κοινὸς ἀμφοῖν, θεοῦ μὲν υἱός, σωτὴρ δὲ ἀνθρώπων, καὶ τοῦ μὲν διάκονος, ἡμῶν δὲ παιδαγωγός. Δούλης δὲ οὔσης τῆς σαρκός, καθὼς καὶ ὁ Παῦλος μαρτυρεῖ, πῶς ἄν τις εἰκότως τὴν θεράπαιναν κοσμοίη προαγωγοῦ δίκην; ὅτι γὰρ δούλου μορφὴ τὸ σαρκικόν, ἐπὶ τοῦ κυρίου φησὶν ὁ ἀπόστολος· «Ὅτι ἐκένωσεν ἑαυτὸν μορφὴν δούλου λαβών», τὸν ἐκτὸς ἄνθρωπον δοῦλον προσειπὼν πρὶν ἢ δουλεῦσαι καὶ σαρκοφορῆσαι τὸν κύριον. Ὁ δὲ συμπαθὴς θεὸς αὐτὸς ἠλευθέρωσεν τὴν σάρκα τῆς φθορᾶς καὶ δουλείας τῆς θανατηφόρου καὶ πικρᾶς ἀπαλλάξας τὴν ἀφθαρσίαν περιέθηκεν αὐτῇ, ἅγιον τοῦτο τῇ σαρκὶ {καὶ} ἀιδιότητος καλλώπισμα περιθείς, τὴν ἀθανασίαν. (3,1,3) Ἔστι δὲ καὶ ἄλλο κάλλος ἀνθρώπων ἀγάπη. «Ἀγάπη δέ», κατὰ τὸν ἀπόστολον, «μακροθυμεῖ, χρηστεύεται, οὐ ζηλοῖ, οὐ περπερεύεται, οὐ φυσιοῦται.» Περπερεία γὰρ ὁ καλλωπισμὸς περιττότητος καὶ ἀχρειότητος ἔχων ἔμφασιν. Διὸ καὶ ἐπιφέρει· «Οὐκ ἀσχημονεῖ.» Ἄσχημον γὰρ τὸ ἀλλότριον καὶ μὴ κατὰ φύσιν σχῆμα· τὸ δ´ ἐπίπλαστον ἀλλότριον, ὅπερ ἐξηγεῖται σαφῶς, «οὐ ζητεῖ» φήσας «τὸ μὴ ἑαυτῆς»· τὸ γὰρ ἴδιον ἡ ἀλήθεια τὸ οἰκεῖον καλεῖ, τὸ δ´ ἀλλότριον ἡ φιλοκοσμία ζητεῖ, ἐκτὸς οὖσα καὶ τοῦ θεοῦ καὶ τοῦ λόγου καὶ τῆς ἀγάπης. Τὸν δὲ κύριον αὐτὸν τὴν ὄψιν αἰσχρὸν γεγονέναι διὰ Ἡσαΐου τὸ πνεῦμα μαρτυρεῖ· «Καὶ εἴδομεν αὐτόν, καὶ οὐκ εἶχεν εἶδος οὐδὲ κάλλος, ἀλλὰ τὸ εἶδος αὐτοῦ ἄτιμον, ἐκλεῖπον παρὰ τοὺς ἀνθρώπους.» Καὶ τίς ἀμείνων κυρίου; ἀλλ´ οὐ τὸ κάλλος τῆς σαρκὸς τὸ φαντασιαστικόν, τὸ δὲ ἀληθινὸν καὶ τῆς ψυχῆς καὶ τοῦ σώματος ἐνεδείξατο κάλλος, τῆς μὲν τὸ εὐεργετικόν, τὸ δὲ ἀθάνατον τῆς σαρκός.

Traduction française :

[3,1] CHAPITRE PREMIER. De la véritable beauté. La plus belle des sciences est donc de se connaître soi-même, puisque cette connaissance entraîne nécessairement la connaissance de Dieu. L'homme qui connaît Dieu lui ressemblera, non point certes en se couvrant de bijoux précieux et de vêtements magnifiques, mais en faisant le bien et en rétrécissant chaque jour davantage le cercle élastique et capricieux de ses besoins. Comme Dieu seul n'en a aucun, il voit avec une extrême complaisance ceux qui s'efforcent d'en avoir le moins possible, dont l'esprit est simple et le corps revêtu de tempérance comme d'un chaste vêtement. Des trois puissances de notre âme, la première est l'intelligence ou la faculté de raisonner. C'est l'homme invisible commandant à l'homme visible, et le faisant agir sous la direction immédiate de Dieu. La seconde est la colère, passion sauvage et furieuse, qui va jusqu'à la folie. La troisième est la cupidité, ardent désir des voluptés, prenant plus de formes que le démon changeant de la mer, se montrant ici sous une figure, là sous une autre; nous excitant à tous les désordres, et nous poussant des premières débauches jusqu'à l'adultère et l'inceste. "L'homme que la cupidité domine devient d'àbord, dit le poète, comme un lion farouche que sa crinière ondoyante fait reconnaître pour le roi des animaux; c'est-à-dire assez que dans les commencements il conserve encore quelque chose de la noble figure humaine. Bientôt il devient semblable à un dragon qui rampe sur la terre, à un sanglier qui se roule dans la fange. » Cette ressemblance de l'homme avec l'homme s'efface peu à peu; les excès et l'intempérance la font enfin disparaître entièrement. Cet homme n'est plus même Une bête forte et courageuse, c'est une eau courante, un arbre qui ne sent pas. La source impure de ses émotions s'épuise et tarit, ses plaisirs coulent comme l'onde sans qu'il puisse les arrêter. Un calme affreux, qui annonce la mort, succède dans son cœur aux folles tempêtes de l'amour. Sa beauté se flétrit et tombe plus vite encore que les feuilles de l'arbre insensible auquel le poète l'a comparé. Elle tombe, elle sèche, elle expire avant que son automne soit venue. La cupidité enveloppe l'homme d'un voile de mensonge et de dissimulation, au travers duquel on ne l'aperçoit plus. Elle lui fait prendre à son gré les mille formes différentes qu'elle prend elle-même pour se l'asservir. Mais l'homme qui lui résiste, et en qui habitent la raison et le Verbe, ne change jamais. Sa forme est celle de la raison, forme simple et invariable. Il ressemble à Dieu, il est beau ; mais, pour le paraître, il ne se couvre point d'ornements frivoles ; car il sait trop bien que Dieu seul est la véritable beauté. Cet homme, enfin, devient Dieu lui-même, parce que Dieu veut qu'il le devienne. Heraclite a dit avec raison : « Les hommes sont des dieux, et les dieux des hommes. » La double nature du Verbe nous explique ce mystère. Il est Dieu et homme, il est homme et Dieu; et, par ses intercessions en notre faveur, il accomplit la volonté de son père. La liaison ou le Verbe, qui est commun à la nature divine et à la nature humaine, est médiateur entre l'homme et Dieu. Le Verbe est le fils de Dieu, mais il est le Sauveur des hommes ; il est le ministre de Dieu, mais il est le précepteur des hommes. « La chair est esclave, dit l'apôtre saint Paul; pourquoi donc parer une vile esclave ? » La chair est le signe et la forme de notre esclavage. « Le Seigneur, dit le même apôtre, s'est lui-même anéanti en prenant la forme de l'esclave ; » il appelle esclave l'homme extérieur, avant que le Seigneur, descendant jusqu'à lui, se fût comme lui revêtu de chair. Car maintenant, par ce grand acte de miséricorde, il a fait libre la chair même; il l'a délivrée de là mort, d'un esclavage honteux et mortel ; il l'a rendue incorruptible, et lui a donné pour ornement la durée sans fin de l'éternité. Il est encore pour les hommes une autre beauté, je veux dire la charité. «La charité, dit l'apôtre, est patiente; elle est douce et bienfaisante. La charité n'est point envieuse; elle n'est point téméraire et précipitée ; elle ne s'enfle point d'orgueil. » Elle n'est point téméraire et précipitée, c'est-à-dire qu'elle rejette les parures vaines et superflues. « Elle n'agit point contre la bienséance, ajoute l'apôtre; c'est dire assez que, satisfaite de sa beauté naturelle, elle ne cherche point, par des ornements empruntés et menteurs, à s'en créer une autre qui lui soit étrangère. « Elle ne cherche point ce qui est en elle, dit l'apôtre; » c'est-à-dire la vérité. La vérité, en effet, lui appartenant, pourquoi la chercherait-elle ? Non, elle cherche ce qui lui est étranger, un trop grand amour de la parure, pour le blâmer et le reprendre avec douceur, parce que cet amour des superfluités est contraire à Dieu, à la raison et à elle-même. Notre Seigneur dédaigna les beautés frivoles qui frappent les yeux. Voyez plutôt le portrait que nous en fait le prophète Isaïe : "Nous l'avons vu, il n'avait ni éclat ni beauté; son corps ni son visage n'avait rien de beau qui attirât les regards des » hommes." La beauté du Seigneur est cependant sans égale. Mais que lui importait la beauté visible de la chair ? C'était la beauté mystérieuse de l'âme et du corps qu'il voulait nous montrer. La beauté de l'âme, c'est d'être vertueuse, la beauté de la chair, c'est d'être immortelle.





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Dernière mise à jour : 18/12/2009