Texte grec :
[3] Ἐμοὶ μὲν οὖν δοκοῦσιν ὁ Θρᾴκιος ἐκεῖνος Ὀρφεὺς καὶ ὁ Θηβαῖος
καὶ ὁ Μηθυμναῖος, ἄνδρες τινὲς οὐκ ἄνδρες, ἀπατηλοὶ γεγονέναι,
προσχήματι μουσικῆς λυμηνάμενοι τὸν βίον, ἐντέχνῳ τινὶ γοητείᾳ
δαιμονῶντες εἰς διαφθοράς, ὕβρεις ὀργιάζοντες, πένθη ἐκθειάζοντες, τοὺς
ἀνθρώπους ἐπὶ τὰ εἴδωλα χειραγωγῆσαι πρῶτοι,
ναὶ μὴν λίθοις καὶ ξύλοις, τουτέστιν ἀγάλμασι καὶ σκιαγραφίαις, ἀνοικο
δομῆσαι τὴν σκαιότητα τοῦ ἔθους, τὴν καλὴν ὄντως ἐκείνην ἐλευθερίαν τῶν
ὑπ' οὐρανὸν πεπολιτευμένων ᾠδαῖς καὶ ἐπῳδαῖς ἐσχάτῃ δουλείᾳ
καταζεύξαντες.
(1.3.2) Ἀλλ' οὐ τοιόσδε ὁ ᾠδὸς ὁ ἐμὸς οὐδ' εἰς μακρὰν καταλύσων
ἀφῖκται τὴν δουλείαν τὴν πικρὰν τῶν τυραννούντων δαιμό νων, ὡς δὲ τὸν
πρᾶον καὶ φιλάνθρωπον τῆς θεοσεβείας μετάγων ἡμᾶς ζυγὸν αὖθις εἰς
οὐρανοὺς ἀνακαλεῖται τοὺς (1.4.1) εἰς γῆν ἐρριμμένους.
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Traduction française :
[3] A mes yeux votre Orphée de Thrace, votre Amphion de Thèbes,
votre Arion de Métymne, n'étaient pas des hommes, ils n'en méritaient
pas le nom; mais des imposteurs qui se servirent des charmes puissants
de la musique pour dégrader la nature humaine et de la séduction des
prestiges dus aux démons pour corrompre les mœurs. Ils ont, les
premiers, amené l'homme aux pieds des statues; ils ont érigé en divinités
les crimes et les maux, et leur ont dressé des autels.
C'est sur la pierre et sur le bois, dont vous faites des idoles, qu'ils ont
élevé le triste édifice de la corruption générale et, cette noble
indépendance de l'homme qui se promenait librement sous la voûte des
cieux, ils l'ont enchaînée par la perfide mélodie de leurs accords, et
placée sous le joug de la plus honteuse servitude.
Qu'il est différent le chantre merveilleux dont je parle ! Il est venu, et
à l'instant il a brisé nos chaînes, détruit la cruelle tyrannie du démon ; il
nous a fait passer sous un autre joug, le plus doux, le plus facile à porter,
celui de la piété. Il a relevé vers le ciel le front des hommes tristement
courbé vers la terre;
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