| Texte grec :
 
 
  
  
   | [13] Καί μοι δοκεῖ τὰ ὄργια καὶ τὰ μυστήρια δεῖν ἐτυμο λογεῖν, τὰ μὲν 
 ἀπὸ τῆς ὀργῆς τῆς Δηοῦς τῆς πρὸς Δία γεγενημένης, τὰ δὲ ἀπὸ τοῦ 
 μύσους τοῦ συμβεβηκότος περὶ τὸν Διόνυσον· εἰ δὲ καὶ ἀπὸ Μυοῦντός 
 τινος Ἀττικοῦ, ὃν ἐν κυνηγίᾳ διαφθαρῆναι Ἀπολλόδωρος λέγει, οὐ φθόνος· 
 (2.13.2) ὑμῶν δεδόξασται τὰ μυστήρια ἐπιτυμβίῳ τιμῇ. Πάρεστι δὲ καὶ 
 ἄλλως μυθήριά σοι νοεῖν ἀντιστοιχούντων τῶν γραμμάτων τὰ μυστήρια· 
 θηρεύουσι γὰρ εἰ καὶ ἄλλοι τινές, ἀτὰρ δὴ καὶ οἱ μῦθοι οἱ τοιοίδε Θρᾳκῶν 
 τοὺς βαρβαρικωτάτους, Φρυγῶν τοὺς ἀνοητοτάτους, Ἑλλήνων τοὺς 
 δεισιδαίμονας. (2.13.3) Ὄλοιτο οὖν ὁ τῆσδε ἄρξας τῆς ἀπάτης ἀνθρώποις, 
 εἴτε ὁ Δάρδανος, ὁ Μητρὸς θεῶν καταδείξας τὰ μυστήρια, εἴτε Ἠετίων, ὁ τὰ 
 Σαμοθρᾴκων ὄργια καὶ τελετὰς ὑποστησά μενος, εἴτε ὁ Φρὺξ ἐκεῖνος ὁ 
 Μίδας, ὁ παρὰ τοῦ Ὀδρύσου μαθών, ἔπειτα διαδοὺς τοῖς ὑποτεταγμένοις 
 ἔντεχνον ἀπάτην.
 (2.13.4) Οὐ γάρ με ὁ Κύπριος ὁ νησιώτης Κινύρας παραπείσαι ποτ' 
 ἄν, τὰ περὶ τὴν Ἀφροδίτην μαχλῶντα ὄργια ἐκ νυκτὸς ἡμέρᾳ παραδοῦναι 
 τολμήσας, φιλοτιμούμενος θειάσαι πόρνην (2.13.5) πολίτιδα. 
 Μελάμποδα δὲ τὸν Ἀμυθάονος ἄλλοι φασὶν ἐξ Αἰγύπτου μετακομίσαι 
 τῇ Ἑλλάδι τὰς Δηοῦς ἑορτάς, πένθος ὑμνούμενον. 
 Τούτους ἔγωγ' ἂν ἀρχεκάκους φήσαιμι μύθων ἀθέων καὶ 
 δεισιδαιμονίας ὀλεθρίου πατέρας, σπέρμα κακίας καὶ φθορᾶς 
 ἐγκαταφυτεύσαντας τῷ βίῳ τὰ μυστήρια. |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [13] Je crois nécessaire de donner ici l'étymologie des mots orgies et 
mystères : orgie vient d'orgé, mot grec qui signifie colère et rappelle la 
fureur de Cérès contre Jupiter; mystère vient d'un autre mot grec qui veut 
dire exécration et rappelle la haine vouée à Bacchus : si vous aimez 
mieux qu'il dérive du nom d'un Athénien appelé Myon et tué à la chasse, 
selon le témoignage d'Apollodore, je ne vous envie plus des mystères 
dont l'origine et la gloire viennent d'un tombeau; libre à vous de faire venir 
le mot mystère de mutéria, qui signifie récit de chasse; il suffit de changer 
deux lettres. Aussi bien, ces récits et d'autres semblables sont des filets 
où viennent se prendre comme à la chasse ceux qui se distinguent, en 
Thrace par leur férocité, en Phrygie par leur démence, en Grèce par leur 
superstition. Qu'il périsse à jamais l'auteur de ce délire si funeste au genre 
humain; n'importe que ce soit ou Dardanus qui enseigna les mystères de 
la mère des dieux, ou Ection qui introduisit en Thrace les orgies avec 
leurs rites mystérieux, ou Midas de Phrygie qui répandit dans tous ses 
états les fables mensongères qu'il tenait d'un certain Odryse. 
Il ne me séduira pas, ce Cyniras de Chypre, qui, voulant à toute force 
faire une déesse de la plus fameuse courtisane de la contrée, n'eut pas 
honte de tirer des ténèbres et de produire au grand jour les voluptueuses 
orgies de Vénus.
Quelques auteurs prétendent que c'est un certain Mélampe, fils 
d'Amythaon, qui apporta de l'Égypte dans la Grèce le culte de Cérès, dont 
le deuil est célébré par des hymnes et des élégies.
Je regarde avec raison comme les fléaux du monde les inventeurs 
de toutes ces fables impies, de toutes ces funestes superstitions, ils ont 
jeté, par là, dans la vie humaine, les germes du crime et de la mort. |  |