Texte grec :
[118] Φύγωμεν οὖν τὴν συνήθειαν, φύγωμεν οἷον ἄκραν χαλε πὴν ἢ
Χαρύβδεως ἀπειλὴν ἢ Σειρῆνας μυθικάς· ἄγχει τὸν ἄνθρωπον, τῆς
ἀληθείας ἀποτρέπει, ἀπάγει τῆς ζωῆς, παγίς ἐστιν, βάραθρόν ἐστιν,
βόθρος ἐστί, λίχνον ἐστὶν κακὸν ἡ συνήθεια·
κείνου μὲν καπνοῦ καὶ κύματος ἐκτὸς ἔεργε νῆα.
(12.118.2) Φεύγωμεν, ὦ συνναῦται, φεύγωμεν τὸ κῦμα τοῦτο, πῦρ
ἐρεύγεται, νῆσός ἐστι πονηρὰ ὀστοῖς καὶ νεκροῖς σεσωρευ μένη, ᾄδει δὲ ἐν
αὐτῇ πορνίδιον ὡραῖον, ἡδονή, πανδήμῳ τερπόμενον μουσικῇ.
δεῦρ' ἄγ' ἰών, πολύαιν' Ὀδυσεῦ, μέγα κῦδος Ἀχαιῶν,
νῆα κατάστησον, ἵνα θειοτέρην ὄπ' ἀκούσῃς.
(12.118.3) Ἐπαινεῖ σε, ὦ ναῦτα, καὶ πολυύμνητον λέγει, καὶ τὸ κῦδος
τῶν Ἑλλήνων ἡ πόρνη σφετερίζεται· ἔασον αὐτὴν ἐπινέμεσθαι τοὺς
νεκρούς, πνεῦμά σοι οὐράνιον βοηθεῖ· πάριθι τὴν ἡδονήν, βουκολεῖ·
μηδὲ γυνή σε νόον πυγοστόλος ἐξαπατάτω,
αἱμύλα κωτίλλουσα, τεὴν διφῶσα καλιήν.
(12.118.4) Παράπλει τὴν ᾠδήν, θάνατον ἐργάζεται· ἐὰν ἐθέλῃς μόνον,
νενίκηκας τὴν ἀπώλειαν καὶ τῷ ξύλῳ προσδεδεμένος ἁπάσης ἔσῃ τῆς
φθορᾶς λελυμένος, κυβερνήσει σε ὁ λόγος ὁ τοῦ θεοῦ, καὶ τοῖς λιμέσι
καθορμίσει τῶν οὐρανῶν τὸ πνεῦμα τὸ ἅγιον· τότε μου κατοπτεύσεις τὸν
θεὸν καὶ τοῖς ἁγίοις ἐκείνοις τελεσθήσῃ μυστηρίοις καὶ τῶν ἐν οὐρανοῖς
ἀπολαύσεις ἀποκεκρυμμένων, τῶν ἐμοὶ τετηρημένων, "ἃ οὔτε οὖς ἤκουσεν
οὔτε ἐπὶ καρδίαν ἀνέβη" τινός.
(12.118.5) Καὶ μὴν ὁρᾶν μοι δύο μὲν ἡλίους δοκῶ,
δισσὰς δὲ Θήβας
βακχεύων ἔλεγέν τις εἰδώλοις, ἀγνοίᾳ μεθύων ἀκράτῳ ἐγὼ δ' αὐτὸν
οἰκτείραιμι παροινοῦντα καὶ τὸν οὕτω παρα νοοῦντα ἐπὶ σωτηρίαν
παρακαλέσαιμι σωφρονοῦσαν, ὅτι καὶ κύριος μετάνοιαν ἁμαρτωλοῦ καὶ
οὐχὶ θάνατον ἀσπάζεται.
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Traduction française :
[118] Fuyons la coutume, fuyons-la comme le nautonier évite un
promontoire fécond en naufrages, comme il se dérobe aux menaces de
Charybde, ou bien aux séductions des mensongères sirènes. La coutume
! elle étouffe l'homme dans ses bras; elle le détourne de la vérité; elle le
pousse hors des, chemins de la vie. De quel nom appeler ce fléau? filet
captieux, crible de la perdition, fosse où tombe l'imprudent, gouffre où tout
va s'engloutir.
« Poussez votre navire loin de cette fumée et par-delà ces vagues mugissantes. »
Compagnons, qui sillonnez les mêmes flots, ah! fuyons cette mer où
bouillonnent des volcans. L'île est pleine de périls. Voyez-vous les débris
et les cadavres qui couvrent ses bords. La volupté seule, riante
courtisane, attire les passagers par les sons enivrants d'une musique
populaire et commune :
« Viens, ô noble Ulysse, gloire et orgueil des Grecs! aborde vers ce
rivage, afin d'y entendre une harmonie divine. »
Vous l'entendez, ô nautonier ! elle vous flatte, elle vante votre
célébrité; mais la femme impudique essaie d'enchaîner à son char
l'orgueil et la gloire de la Grèce. Laissez-la se repaître de cadavres :
l'Esprit saint nous vient en aide par son assistance. Passez
dédaigneusement auprès de la volupté, sans vous laisser prendre à ses
caresses.
« Que la femme qui se glisse sous votre toit ne vous séduise pas par
la douceur de son langage et la beauté de ses formes. »
Passez outre, en fermant l'oreille à ses chants : ils donnent la mort.
Dites un mot, et vous êtes sauvés. Attachez-vous au bois du salut, et
vous serez affranchis de toute corruption. Le Verbe du Seigneur sera
votre pilote, et l'Esprit saint vous dirigera vers le port de la céleste félicité.
C'est alors que vous contemplerez mon Dieu ; alors que vous serez initiés
aux sublimes mystères et à ces délices dont le ciel a le secret et qui me
sont réservés, « délices telles que l'oreille n'en a point entendu de
semblables, et qui jamais ne sont montées dans l'intelligence de l'homme. »
« Je crois voir briller dans les cieux deux soleils ; une double Thèbes
se montre à mes regards, » s'écriait un ancien, agité par des transports
idolâtriques et enivré d'une pure chimère. J'ai pitié de ce furieux, et je me
garderais bien d'exhorter au salut qui demande le calme de la raison un
esprit ainsi aliéné. « Le Seigneur veut la conversion du pécheur et non sa
mort »
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