Texte grec :
[104] Ταύτας οἴου θεόθεν ἐπιλέγεσθαί σοι τὰς φωνάς· "μὴ γὰρ οἴου
λίθους μὲν εἶναι ἱερὰ καὶ ξύλα καὶ ὄρνεα καὶ ὄφεις, ἀνθρώπους δὲ μή"·
πολὺ δὲ τοὐναντίον ἱεροὺς μὲν ὄντως τοὺς ἀνθρώπους ὑπολαμβάνετε, τὰ
δὲ θηρία καὶ τοὺς (10.104.2) λίθους ὅπερ εἰσίν. Οἱ γάρ τοι δείλαιοι τῶν
ἀνθρώπων καὶ ἄθλιοι διὰ μὲν κόρακος καὶ κολοιοῦ νομίζουσι τὸν θεὸν
ἐμβοᾶν, διὰ δὲ ἀνθρώπου σιωπᾶν, καὶ τὸν μὲν κόρακα τετιμήκασιν ὡς
ἄγγελον θεοῦ, τὸν δὲ ἄνθρωπον τοῦ θεοῦ διώκουσιν, οὐ κρῴζοντα, οὐ
κλώζοντα, φθεγγόμενον δέ, οἶμαι, λογικῶς καὶ φιλανθρώπως κατηχοῦντα
ἀποσφάττειν ἀπανθρώπως ἐπιχειροῦσιν, ἐπὶ τὴν δικαιοσύνην καλοῦντα,
οὔτε τὴν χάριν τὴν ἄνωθεν ἀπεκδεχόμενοι οὔτε τὴν κόλασιν ἐκτρεπόμενοι.
(10.104.3) Οὐ γὰρ πιστεύουσι τῷ θεῷ οὐδὲ ἐκμανθάνουσι τὴν δύναμιν
αὐτοῦ. Οὗ δὲ ἄρρητος ἡ φιλανθρωπία, τούτου ἀχώρητος ἡ μισοπονηρία.
Τρέφει δὲ ὁ μὲν θυμὸς τὴν κόλασιν ἐπὶ ἁμαρτίᾳ, εὖ ποιεῖ δὲ ἐπὶ μετανοίᾳ ἡ
φιλανθρωπία. Οἰκτρότατον δὲ (10.104.4) τὸ στέρεσθαι τῆς παρὰ τοῦ θεοῦ
ἐπικουρίας. Ὀμμάτων μὲν οὖν ἡ πήρωσις καὶ τῆς ἀκοῆς ἡ κώφωσις
ἀλγεινοτέρα παρὰ τὰς λοιπὰς τοῦ πονηροῦ πλεονεξίας· ἣ μὲν γὰρ αὐτῶν
ἀφῄρηται τῆς οὐρανίου προσόψεως, ἣ δὲ τῆς θείας μαθήσεως ἐστέρηται.
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Traduction française :
[104] Imaginez-vous que Dieu vous adresse ces paroles : Ne
regardez pas la pierre, le bois, les oiseaux, les serpents, comme des
objets plus sacrés que les hommes. Loin de là, tenez les hommes pour
véritablement sacrés ; n'estimez les bêtes que ce qu'elles sont. Les
hommes, en effet, dans le lâche aveuglement de leurs pensées, croient
que Dieu promulgue ses oracles par la voix d'un corbeau ou d'un geai,
mais qu'il garde le silence par la bouche de l'homme. Dès lors ils rendent
les honneurs divins à un misérable oiseau qu'ils transforment en
interprète et en messager de Dieu ; mais l'homme, créature de Dieu,
l'homme qui, bien qu'il ne glousse ni ne croasse, fait au moins entendre le
langage de la raison; l'homme, qui les instruit avec miséricorde, et les
pousse à la pratique de là justice, ils le poursuivent en barbares; ils
s'efforcent de l'immoler, sans être retenus ni par l'espérance des bienfaits
célestes, ni par la crainte des châtiments. Pourquoi tant d'humanité ? Ils
n'ont pas foi en Dieu, pas plus qu'ils ne comprennent sa puissance.
Quelle est la grandeur de l'amour de Dieu pour les hommes ? quelle
est l'intensité de sa haine pour le crime? les paroles humaines ne
sauraient l'exprimer. De même que la colère alimente le supplice du
pécheur, la miséricorde comble de bienfaits ceux qui font pénitence. Mais
être abandonné de l'assistance de Dieu, c'est de tous les malheurs le
malheur le plus terrible. De là vient que parmi les envahissements de
l'esprit malin, il n'en est pas de plus formidable pour nous que la cécité,
qui ferme nos yeux à la contemplation du ciel, et la surdité, qui nous rend
complètement inhabiles à entendre les divins enseignements.
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