Texte grec :
[8,6] Τὰ μὲν οὖν περὶ τὴν Ἀσίαν ἐν τούτοις ἦν, ὁ δὲ Χαιρέας ἤνυσε
τὸν πλοῦν εἰς Σικελίαν εὐτυχῶς (εἱστήκει γὰρ ἀεὶ κατὰ πρύμναν τὸ
πνεῦμα) καὶ ναῦς ἔχων μεγάλας ἐπελαγίζετο, περιδεῶς ἔχων μὴ πάλιν
αὐτὸν σκληροῦ δαίμονος προσβολὴ καταλάβῃ. ἐπεὶ δὲ ἐφάνησαν
Συρακοῦσαι, τοῖς τριηράρχαις ἐκέλευσε κοσμῆσαι τὰς τριήρεις καὶ
ἅμα συντεταγμέναις πλεῖν· καὶ γὰρ ἦν γαλήνη. ὡς δὲ εἶδον αὐτοὺς
οἱ ἐκ τῆς πόλεως, εἶπέ τις "πόθεν τριήρεις προσπλέουσι; μή τι
Ἀττικαί; φέρε οὖν μηνύσωμεν Ἑρμοκράτει." καὶ ταχέως ἐμήνυσε
"στρατηγέ, βουλεύου τί ποιήσεις· τοὺς λιμένας ἀποκλείσωμεν ἢ
ἐπαναχθῶμεν; οὐ γὰρ ἴσμεν εἰ μείζων ἕπεται στόλος, πρόδρομοι δέ
εἰσιν αἱ βλεπόμεναι." καταδραμὼν οὖν ὁ Ἑρμοκράτης ἐκ τῆς
ἀγορᾶς ἐπὶ τὴν θάλασσαν κωπῆρες ἐξέπεμψε πλοῖον ἀπαντᾶν αὐτοῖς.
ὁ δὲ ἀποσταλεὶς ἐπυνθάνετο πλησίον ἐλθὼν τίνες εἴησαν, Χαιρέας
δὲ ἐκέλευσεν ἀποκρίνασθαί τινα τῶν Αἰγυπτίων "ἡμεῖς ἐξ Αἰγύπτου
πλέομεν ἔμποροι, φορτία φέροντες, ἃ Συρακοσίους εὐφρανεῖ." "μὴ
ἀθρόοι τοίνυν εἰσπλεῖτε" φησίν, "ἕως ἂν γνῶμεν εἰ ἀληθεύετε·
φορτίδας γὰρ οὐ βλέπω ναῦς ἀλλὰ μακρὰς καὶ ὡς ἐκ πολέμου τριήρεις,
ὥστε αἱ μὲν πλείους ἔξω τοῦ λιμένος μετέωροι μεινάτωσαν, μία
δὲ καταπλευσάτω." "ποιήσομεν οὕτως."
Εἰσέπλευσεν οὖν τριήρης ἡ Χαιρέου πρώτη. εἶχε δὲ ἐπάνω σκηνὴν
συγκεκαλυμμένην Βαβυλωνίοις παραπετάσμασιν. ἐπεὶ δὲ καθωρμίσθη,
πᾶς ὁ λιμὴν ἀνθρώπων ἐνεπλήσθη· φύσει μὲν γὰρ ὄχλος
ἐστὶ περίεργόν τι χρῆμα, τότε δὲ καὶ πλείονας εἶχον αἰτίας τῆς
συνδρομῆς. βλέποντες δὲ εἰς τὴν σκηνὴν ἔνδον ἐνόμιζον οὐκ ἀνθρώπους
ἀλλὰ φόρτον εἶναι πολυτελῆ, καὶ ἄλλος ἄλλο τι ἐμαντεύετο,
πάντα δὲ μᾶλλον ἢ τὸ ἀληθὲς εἴκαζον· καὶ γὰρ ἦν ἄπιστον
ὡς ἀληθῶς, ἤδη πεπεισμένων αὐτῶν ὅτι Χαιρέας τέθνηκε, ζῶντα
δόξαι καταπλεῖν καὶ μετὰ τοσαύτης πολυτελείας. οἱ μὲν οὖν Χαιρέου
γονεῖς οὐδὲ προῄεσαν ἐκ τῆς οἰκίας, Ἑρμοκράτης δὲ ἐπολιτεύετο μέν,
ἀλλὰ πενθῶν, καὶ τότε εἱστήκει μέν, λανθάνων δέ. πάντων δὲ
ἀπορούντων καὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐκτετακότων αἰφνίδιον εἱλκύσθη τὰ
παραπετάσματα, καὶ ὤφθη Καλλιρόη μὲν ἐπὶ χρυσηλάτου κλίνης
ἀνακειμένη, Τυρίαν ἀμπεχομένη πορφύραν, Χαιρέας δὲ αὐτῇ παρακαθήμενος,
σχῆμα ἔχων στρατηγοῦ. οὔτε βροντή ποτε οὕτως ἐξέπληξε
τὰς ἀκοὰς οὔτε ἀστραπὴ τὰς ὄψεις τῶν ἰδόντων, οὔτε θησαυρὸν εὑρών
τις χρυσίου τοσοῦτον ἐξεβόησεν, ὡς τότε τὸ πλῆθος, ἀπροσδοκήτως
ἰδὸν θέαμα λόγου κρεῖττον. Ἑρμοκράτης δὲ ἀνεπήδησεν ἐπὶ τὴν
σκηνὴν καὶ περιπτυξάμενος τὴν θυγατέρα εἶπε "ζῇς, τέκνον, ἢ καὶ
τοῦτο πεπλάνημαι;" "ζῶ, πάτερ, νῦν ἀληθῶς, ὅτι σε ζῶντα τεθέαμαι."
δάκρυα πᾶσιν ἐχεῖτο μετὰ χαρᾶς.
Μεταξὺ δὲ Πολύχαρμος ἐπικαταπλεῖ ταῖς ἄλλαις τριήρεσιν·
αὐτὸς γὰρ ἦν πεπιστευμένος τὸν ἄλλον στόλον ἀπὸ Κύπρου διὰ τὸ
μηκέτι Χαιρέαν ἄλλῳ τινὶ σχολάζειν δύνασθαι πλὴν Καλλιρόῃ μόνῃ.
ταχέως οὖν ὁ λιμὴν ἐπληροῦτο, καὶ ἦν ἐκεῖνο τὸ σχῆμα τὸ μετὰ τὴν
ναυμαχίαν τὴν Ἀττικήν· καὶ αὗται γὰρ αἱ τριήρεις ἐκ πολέμου
κατέπλεον ἐστεφανωμέναι, χρησάμεναι Συρακοσίῳ στρατηγῷ·
συνεμίχθησαν δὲ αἱ φωναὶ τῶν ἀπὸ τῆς θαλάσσης τοὺς ἀπὸ γῆς ἀσπαζομένων
καὶ πάλιν ἐκείνων τοὺς ἐκ θαλάσσης, εὐφημίαι τε καὶ ἔπαινοι
καὶ συνευχαὶ πυκναὶ παρ´ ἀμφοτέρων πρὸς ἀλλήλους. ἧκε δὲ μεταξὺ
φερόμενος καὶ ὁ Χαιρέου πατήρ, λιποψυχῶν ἐκ τῆς παραδόξου
χαρᾶς. ἐπεκυλίοντο δὲ ἀλλήλοις συνέφηβοι καὶ συγγυμνασταί,
Χαιρέαν ἀσπάσασθαι θέλοντες, Καλλιρόην δὲ αἱ γυναῖκες. ἔδοξε δὲ
ἔτι καὶ αὐταῖς Καλλιρόην καλλίω γεγονέναι, ὥστε ἀληθῶς εἶπες
ἂν αὐτὴν ὁρᾶν τὴν Ἀφροδίτην ἀναδυομένην ἐκ τῆς θαλάσσης.
προσελθὼν δὲ Χαιρέας τῷ Ἑρμοκράτει καὶ τῷ πατρὶ "παραλάβετε"
ἔφη "τὸν πλοῦτον τοῦ μεγάλου βασιλέως." καὶ εὐθὺς ἐκέλευσεν
ἐκκομίζεσθαι ἄργυρόν τε καὶ χρυσὸν ἀναρίθμητον, εἶτα ἐλέφαντα καὶ
ἤλεκτρον καὶ ἐσθῆτα καὶ πᾶσαν ὕλης τέχνης τε πολυτέλειαν ἐπέδειξε
Συρακοσίοις καὶ κλίνην καὶ τράπεζαν τοῦ μεγάλου βασιλέως, ὥστε
ἐνεπλήσθη πᾶσα ἡ πόλις, οὐχ ὡς πρότερον ἐκ τοῦ πολέμου τοῦ
Σικελικοῦ πενίας Ἀττικῆς, ἀλλά, τὸ καινότατον, ἐν εἰρήνῃ λαφύρων
Μηδικῶν.
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Traduction française :
[8,6] Voilà quelle était la situation en Asie. Pendant ce
temps Chéréas accomplissait une traversée heureuse
jusqu'en Sicile (car il eut toujours le vent en poupe) et,
avec ses grands navires, il tenait la pleine mer, car il
redoutait fort d'être à nouveau victime de quelque
attaque d'une divinité hostile. Lorsque Syracuse fut en
vue, il ordonna aux capitaines des trières d'orner les
navires et de faire route en formation rapprochée. Car
il y avait calme plat. Lorsque les gens de la ville les virent,
l'on dit : « D'où viennent ces trières? Ne seraient-elles
pas athéniennes? Allons donc prévenir Hermocrate!
Et, en hâte, on vint lui dire : « Stratège, vois ce qu'il
faut faire. Devons-nous fermer les ports ou sortir à leur
rencontre? Car nous ne savons pas si une plus grande
flotte ne les suit pas et si les trières que nous voyons ne
sont pas seulement l'avant-garde. » Hermocrate quitta en
hâte l'agora, courut à la mer et envoya une chaloupe à
rames à la rencontre des navires. Le messager, quand il
fut près d'eux, leur demanda qui ils étaient, et Chéréas
fit répondre par l'un des Egyptiens : « Nous sommes
des marchands qui arrivons d'Egypte et nous apportons
une cargaison qui fera plaisir aux Syracusains. — N'entrez
donc pas tous ensemble, répondit l'autre, jusqu'à ce
que nous sachions si vous dites la vérité. Car ce ne sont
pas des cargos que je vois mais des bateaux longs et
des trières de guerre; aussi, que le plus grand nombre
reste à attendre au large, hors du port, et qu'il n'en
entre qu'une. — Bien. C'est ce que nous ferons.
La trière de Chéréas entra donc la première. Elle
avait sur le gaillard d'arrière une tente fermée faite avec
des tentures de Babylone. Quand elle fut accostée, tout
le port se remplit de monde; car la foule est naturellement
une espèce curieuse, mais, en l'occurrence, ils
avaient bien des raisons d'accourir. En voyant la tente,
ils pensaient qu'à l'intérieur il y avait non pas des
hommes mais une riche cargaison, et chacun formait
une conjecture différente, mais ils imaginaient tout,
sauf la vérité. Et, en fait, il était incroyable, alors qu'ils
avaient déjà appris, comme chose certaine, que Chéréas
était mort, qu'ils aillent penser que c'était lui qui revenait,
et avec une telle magnificence. Les parents de
Chéréas n'étaient même pas sortis de chez eux; Hermocrate
exerçait son office, mais dans le deuil, et, en cette
circonstance, il était présent, mais sans se montrer. Tout
le monde était dans l'incertitude et écarquillait les yeux
lorsque, soudain, les rideaux de la tente furent tirés et
l'on vit Callirhoé, étendue sur une couche recouverte
d'or battu, habillée de pourpre tyrienne, et Chéréas
assis près d'elle, avec l'appareil d'un commandant en
chef. Jamais oreilles ne furent assourdies par un coup de
tonnerre, jamais regards ne furent éblouis par un éclair,
jamais personne, trouvant un trésor, ne poussa un cri
aussi formidable que ne fit alors la foule, en voyant a
l'improviste un spectacle qui surpassait toute description.
Hermocrate bondit vers la tente, prit sa fille dans
ses bras et : « Tu vis, mon enfant, dit-il, ou n'est-ce
qu'une illusion? — Je suis vivante, mon père, je vis
vraiment, maintenant que je te revois. » Et tous se mirent
à pleurer au milieu de leur joie.
Pendant ce temps, Polycharme fit son entrée avec les
autres trières; le reste de la flotte lui avait été confié,
depuis Chypre, car Chéréas ne pouvait désormais s'occuper
de rien sinon de la seule Callirhoé. Bientôt le port
fut plein, et son aspect celui qu'il avait après la bataille
contre les Athéniens; car ces trières-ci, également,
revenaient de la guerre, ornées de guirlandes, et sous les
ordres d'un amiral syracusain. Les voix se mêlaient : les
hommes, sur les bateaux, saluaient les gens qui étaient
sur le rivage, et ceux-ci, à leur tour, leur répondaient;
c'étaient des bénédictions, des compliments, mille
vœux réciproques que l'on se lançait des deux côtés; le
père de Chéréas vint aussi, et s'évanouit à cause de cette
joie inespérée. Ses camarades d'éphébie et de gymnase
s'encourageaient mutuellement, dans leur désir d'aller
saluer Chéréas, et les femmes, pour saluer Callirhoé.
Il leur parut que Callirhoé était devenue encore plus
belle, si bien qu'ils croyaient voir Aphrodite elle-même
sortant de la mer. Chéréas s'avança vers Hermocrate et
son père et leur dit : « Acceptez les richesses du Grand
Roi. » Et aussitôt il ordonna de décharger de l'argent, de
l'or en quantité innombrable, ensuite il montra aux
Syracusains de l'ivoire, de l'ambre, des étoffes et toutes
sortes de merveilles aussi bien par leur matière que par
leur travail, et le lit et la table du Grand Roi, si bien que
la ville entière fut emplie, non pas, comme autrefois,
après la guerre de Sicile, de la pauvreté attique, mais, la
chose plus extraordinaire de toutes, en pleine paix, des
dépouilles médiques !
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