HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre VIII

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Texte grec :

[8,8] "Ταῦτα μὲν οὖν ἔμαθον ὕστερον· τότε δὲ καταχθεὶς ἐν τῷ χωρίῳ, μόνον τὴν εἰκόνα Καλλιρόης θεασάμενος ἐν ἱερῷ ἐγὼ μὲν εἶχον ἀγαθὰς ἐλπίδας, νύκτωρ δὲ Φρύγες λῃσταὶ καταδραμόντες ἐπὶ θάλασσαν ἐνέπρησαν μὲν τὴν τριήρη, τοὺς δὲ πλείστους κατέσφαξαν, ἐμὲ δὲ καὶ Πολύχαρμον δήσαντες ἐπώλησαν εἰς Καρίαν." θρῆνον ἐξέρρηξεν ἐπὶ τούτοις τὸ πλῆθος, εἶπε δὲ Χαιρέας "ἐπιτρέψατέ μοι τὰ ἑξῆς σιωπᾶν, σκυθρωπότερα γάρ ἐστι τῶν πρώτων·" ὁ δὲ δῆμος ἐξεβόησε "λέγε πάντα." καὶ ὃς ἔλεγεν "ὁ πριάμενος ἡμᾶς, δοῦλος Μιθριδάτου, στρατηγοῦ Καρίας, ἐκέλευσε σκάπτειν ὄντας πεπεδημένους. ἐπεὶ δὲ τὸν δεσμοφύλακα τῶν δεσμωτῶν ἀπέκτεινάν τινες, ἀνασταυρωθῆναι πάντας ἡμᾶς Μιθριδάτης ἐκέλευσε. κἀγὼ μὲν ἀπηγόμην· μέλλων δὲ βασανίζεσθαι Πολύχαρμος εἶπέ μου τοὔνομα καὶ Μιθριδάτης ἐγνώρισε· Διονυσίου γὰρ ξένος γενόμενος ἐν Μιλήτῳ Χαιρέου θαπτομένου παρῆν· πυθομένη γὰρ Καλλιρόη τὰ περὶ τὴν τριήρη καὶ τοὺς λῃστάς, κἀμὲ δόξασα τεθνάναι, τάφον ἔχωσέ μοι πολυτελῆ. ταχέως οὖν ὁ Μιθριδάτης ἐκέλευσε καθαιρεθῆναί με τοῦ σταυροῦ σχεδὸν ἤδη πέρας ἔχοντα, καὶ ἔσχεν ἐν τοῖς φιλτάτοις· ἀποδοῦναι δέ μοι Καλλιρόην ἔσπευδε καὶ ἐποίησέ με γράψαι πρὸς αὐτήν. ἀμελείᾳ δὲ τοῦ διακονουμένου τὴν ἐπιστολὴν ἔλαβεν αὐτὸς Διονύσιος. ἐμὲ δὲ ζῆν οὐκ ἐπίστευεν, ἐπίστευσε δὲ Μιθριδάτην ἐπιβουλεύειν αὐτοῦ τῇ γυναικί, καὶ εὐθὺς αὐτῷ μοιχείαν ἐγκαλῶν ἐπέστειλε βασιλεῖ· βασιλεὺς δὲ ἀνεδέξατο τὴν δίκην καὶ πάντας ἐκάλεσε πρὸς αὑτόν. οὕτως ἀνέβημεν εἰς Βαβυλῶνα. καὶ Καλλιρόην μὲν Διονύσιος ἄγων περίβλεπτον ἐποίησε καὶ κατὰ τὴν Ἀσίαν ὅλην θαυμαζομένην, ἐμὲ δὲ Μιθριδάτης ἐπηγάγετο· γενόμενοι δὲ ἐκεῖ μεγάλην ἐπὶ βασιλέως δίκην εἴπομεν. Μιθριδάτην μὲν οὖν εὐθὺς ἀπέλυσεν, ἐμοὶ δὲ καὶ Διονυσίῳ διαδικασίαν περὶ τῆς γυναικὸς ἐπήγγειλε, Καλλιρόην παραθέμενος ἐν τῷ μεταξὺ Στατείρᾳ τῇ βασιλίδι. ποσάκις, ἄνδρες Συρακόσιοι, δοκεῖτε θάνατον ἐβουλευσάμην ἀπεζευγμένος τῆς γυναικός, εἰ μή με Πολύχαρμος ἔσωσεν, ὁ μόνος ἐν πᾶσι φίλος πιστός; καὶ γὰρ βασιλεὺς ἠμελήκει τῆς δίκης, ἔρωτι Καλλιρόης φλεγόμενος. ἀλλ´ οὔτε ἔπεισεν οὔτε ὕβρισεν· εὐκαίρως δὲ Αἴγυπτος ἀποστᾶσα βαρὺν ἐκίνησε πόλεμον, ἐμοὶ δὲ μεγάλων ἀγαθῶν αἴτιον. Καλλιρόην μὲν γὰρ ἡ βασιλὶς ἐπήγετο, ψευδῆ δὲ ἀκούσας ἀγγελίαν ἐγὼ φήσαντός τινος ὅτι Διονυσίῳ παρεδόθη, θέλων ἀμύνασθαι βασιλέα, πρὸς τὸν Αἰγύπτιον αὐτομολήσας ἔργα μεγάλα διεπραξάμην. καὶ γὰρ Τύρον δυσάλωτον οὖσαν ἐχειρωσάμην αὐτὸς καὶ ναύαρχος ἀποδειχθεὶς κατεναυμάχησα τὸν μέγαν βασιλέα καὶ Ἀράδου κύριος ἐγενόμην, ἔνθα καὶ τὴν βασιλίδα καὶ τὸν πλοῦτον ὃν ἑωράκατε βασιλεὺς ἀπέθετο. ἐδυνάμην οὖν καὶ τὸν Αἰγύπτιον ἀποδεῖξαι πάσης τῆς Ἀσίας δεσπότην, εἰ μὴ χωρὶς ἐμοῦ μαχόμενος ἀνῃρέθη. τὸ δὲ λοιπὸν φίλον ὑμῖν ἐποίησα τὸν μέγαν βασιλέα, τὴν γυναῖκα δωρησάμενος αὐτῷ καὶ Περσῶν τοῖς ἐντιμοτάτοις μητέρας τε καὶ ἀδελφὰς καὶ γυναῖκας καὶ θυγατέρας πέμψας. αὐτὸς δὲ Ἕλληνας τοὺς ἀρίστους Αἰγυπτίων τε τοὺς θέλοντας ἤγαγον ἐνθάδε. πλεύσεται καὶ ἄλλος στόλος ἐξ Ἰωνίας ὑμέτερος· ἄξει δὲ αὐτὸν ὁ Ἑρμοκράτους ἔκγονος." Εὐχαὶ παρὰ πάντων ἐπὶ τούτοις ἐπηκολούθησαν. καταπαύσας δὲ τὴν βοὴν Χαιρέας εἶπεν "ἐγὼ καὶ Καλλιρόη χάριν ἔχομεν ἐφ´ ὑμῶν Πολυχάρμῳ τῷ φίλῳ· καὶ γὰρ εὔνοιαν ἐπεδείξατο καὶ πίστιν ἀληθεστάτην πρὸς ἡμᾶς· κἂν ὑμῖν δοκῇ, δῶμεν αὐτῷ γυναῖκα τὴν ἀδελφὴν τὴν ἐμήν· προῖκα δὲ ἕξει μέρος τῶν λαφύρων." ἐπευφήμησεν ὁ δῆμος "ἀγαθῷ ἀνδρὶ Πολυχάρμῳ, φίλῳ πιστῷ, ὁ δῆμός σοι χάριν ἐπίσταται. τὴν πατρίδα εὐηργέτηκας ἀξίως Ἑρμοκράτους καὶ Χαιρέου." μετὰ ταῦτα πάλιν Χαιρέας εἶπε "καὶ τούσδε τοὺς τριακοσίους, Ἕλληνας ἄνδρας, στρατὸν ἐμὸν ἀνδρεῖον, δέομαι ὑμῶν, πολίτας ποιήσατε." πάλιν ὁ δῆμος ἐπεβόησεν "ἄξιοι μεθ´ ἡμῶν πολιτεύεσθαι· χειροτονείσθω ταῦτα." ψήφισμα ἐγράφη καὶ εὐθὺς ἐκεῖνοι καθίσαντες μέρος ἦσαν τῆς ἐκκλησίας. καὶ Χαιρέας δὲ ἐδωρήσατο τάλαντον ἑκάστῳ, τοῖς δὲ Αἰγυπτίοις ἀπένειμε χώραν Ἑρμοκράτης, ὥστε ἔχειν αὐτοὺς γεωργεῖν. Ἕως δὲ ἦν τὸ πλῆθος ἐν τῷ θεάτρῳ, Καλλιρόη, πρὶν εἰς τὴν οἰκίαν εἰσελθεῖν, εἰς τὸ τῆς Ἀφροδίτης ἱερὸν ἀφίκετο. λαβομένη δὲ αὐτῆς τῶν ποδῶν καὶ ἐπιθεῖσα τὸ πρόσωπον καὶ λύσασα τὰς κόμας, καταφιλοῦσα "χάρις σοι" φησίν, "Ἀφροδίτη· πάλιν γάρ μοι Χαιρέαν ἐν Συρακούσαις ἔδειξας, ὅπου καὶ παρθένος εἶδον αὐτὸν σοῦ θελούσης. οὐ μέμφομαί σοι, δέσποινα, περὶ ὧν πέπονθα· ταῦτα εἵμαρτό μοι. δέομαί σου, μηκέτι με Χαιρέου διαζεύξῃς, ἀλλὰ καὶ βίον μακάριον καὶ θάνατον κοινὸν κατάνευσον ἡμῖν." Τοσάδε περὶ Καλλιρόης συνέγραψα.

Traduction française :

[8,8] Cela, je l'ai appris par la suite; à ce moment-là, lorsque je débarquai dans cette propriété, je vis l'image de Callirhoé dans un temple, ce qui me donna bon espoir. Mais, la nuit, des pirates phrygiens qui faisaient une descente sur la côte mirent le feu à la trière, tuèrent la plupart des hommes qui s'y trouvaient, nous enchaînèrent, Polycharme et moi, et nous vendirent en Carie. » Une lamentation funèbre éclata dans la foule à ces mots, et Chéréas dit : « Permettez-moi de taire ce qui vient ensuite, car cela est encore plus triste que le début. » Alors, le peuple cria : « Dis tout! » Il continua donc. « L'homme qui nous acheta, un esclave de Mithridate, le satrape de Carie, donna ordre de nous faire cultiver la terre entravés. Et comme quelques-uns des esclaves enchaînés avaient tué leur surveillant, Mithridate commanda que l'on nous mît tous en croix. Et l'on m'emmenait, moi aussi; mais Polycharme, sur le point d'être soumis à la question, prononça mon nom et Mithridate me reconnut. Car, alors qu'il se trouvait l'hôte de Dionysios à Milet, il avait assisté aux funérailles de Chéréas. Callirhoé avait en effet appris l'histoire de la trière et des brigands et, pensant que j'étais mort moi aussi, elle m'avait élevé un tombeau magnifique. Bien vite, Mithridate ordonna que l'on me détachât de la croix alors que j'avais presque déjà rendu l'âme, et il me mit au nombre de ses meilleurs amis; il s'occupa activement de me rendre Callirhoé et me fit écrire une lettre à celle-ci. Mais, par la négligence de l'homme qu'il avait chargé de la porter, Dionysios s'en empara; il ne crut pas pourtant que j'étais en vie, il crut que c'était Mithridate qui avait de mauvais desseins à l'égard de sa femme et, tout de suite, l'accusa d'adultère et le dénonça au Roi; le Roi accueillit la plainte et nous convoqua tous devant lui. C'est ainsi que nous allâmes à Babylone. Callirhoé y fut emmenée par Dionysios, qui la rendit célèbre dans l'Asie tout entière, et moi, j'y fus emmené par Mithridate; une fois arrivés là-bas, nous plaidâmes un procès solennel devant le Roi. Celui-ci acquitta tout de suite Mithridate et il décida de prononcer entre Dionysios et moi au sujet de notre femme, confiant, en attendant, Callirhoé à la reine Statira. Combien de fois, citoyens de Syracuse, croyez-vous que j'aie songé à me donner la mort, étant ainsi séparé de ma femme, si je n'avais été sauvé par Polycharme, le seul ami qui m'ait été fidèle en toutes circonstances ? Car le Roi ne se souciait plus de juger, enflammé d'amour qu'il était pour Callirhoé. Mais il ne réussit pas à la persuader et il ne lui fit pas violence; fort à propos, l'Egypte se souleva et provoqua une guerre terrible mais qui, pour moi, fut à l'origine de grands biens. La reine avait emmené Callirhoé avec elle et moi, sur la foi d'une fausse nouvelle, quelqu'un m'ayant raconté qu'elle avait été attribuée à Dionysios, je voulus me venger du Roi, je passais au parti des Egyptiens et y accomplis de grandes actions. En effet, je m'emparai de la ville de Tyr, qui était difficile à prendre, et je fus nommé commandant de la flotte; je vainquis sur mer le grand Roi et m'emparai de l'île d'Arados, où le Roi avait déposé la reine et les trésors que vous voyez. J'aurais pu, donc, rendre l'Egyptien maître de toute l'Asie si, combattant en mon absence, il n'avait été tué. Après quoi, je vous ai concilié l'amité du grand Roi, en lui rendant sa femme sans rançon et renvoyant aux plus nobles parmi les Perses leurs mères, leurs soeurs, leurs femmes et leurs filles. Moi-même, emmenant avec moi les Grecs les plus braves et ceux des Egyptiens qui le désiraient, je suis revenu ici. Et de l'Ionie viendra encore une autre flotte vous appartenant; celui qui l'amènera sera le descendant d'Hermocrate. » Des voeux et des prières, de la part de tous, suivirent ce récit. Mais Chéréas, ayant fait cesser les cris, poursuivit : « Callirhoé et moi nous remercions, en notre propre nom, notre ami Polycharme; car il a témoigné envers nous du dévouement et de la fidélité les plus vrais, et, si vous le voulez bien, nous lui donnons pour femme ma propre soeur, et, comme dot, il aura une partie du butin. » Le peuple approuva par ses acclamations : « A toi, brave Polycharme, à toi, ami fidèle, le peuple exprime sa reconnaissance. Tu as bien mérité de la patrie; tu es digne d'Hermocrate et de Chéréas. » Après quoi, Chéréas dit encore : « Quant à ces trois cents hommes, qui sont Grecs, mon armée valeureuse, je vous demande de les faire citoyens. » De nouveau le peuple cria : « Ils sont dignes d'être nos concitoyens; que cette proposition soit votée! » On rédigea le décret, et aussitôt ils prirent place et firent partie de l'assemblée. Et Chéréas leur donna à chacun un talent; aux Egyptiens, Hermocrate partagea de la terre pour qu'ils aient de quoi cultiver. Mais, tandis que la foule était au théâtre, Callirhoé, avant de rentrer chez elle, alla au temple d'Aphrodite. Saisissant les pieds de la déesse et posant sur eux son visage, les cheveux dénoués, elle les couvrit de baisers, puis : « Je te remercie, Aphrodite, car, de nouveau, tu m'as montré Chéréas à Syracuse, où, lorsque j'étais encore vierge, je l'ai vu, de par ta volonté. Je ne te fais pas de reproche, Madame, pour ce que j'ai souffert; c'était là mon destin. Je te demande de ne plus me séparer de Chéréas, mais accorde-nous et de vivre heureux et de mourir ensemble. » Voilà, écrite par moi, l'histoire de Callirhoé. Par Chariton d'Aphrodise, du roman de Chéréas et Callirhoé, huitième et dernier livre.





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Dernière mise à jour : 25/01/2007