Texte grec :
[8,4] Τίς ἂν φράσῃ τὴν ἡμέραν ἐκείνην πόσας ἔσχε πράξεις, πῶς
ἀλλήλαις διαφόρους, —εὐχομένων, συντασσομένων, χαιρόντων, λυπουμένων,
ἀλλήλοις ἐντολὰς διδόντων, τοῖς οἴκοι γραφόντων; ἔγραφε
δὲ καὶ Χαιρέας ἐπιστολὴν πρὸς βασιλέα τοιαύτην·
"Σὺ μὲν ἔμελλες τὴν δίκην κρίνειν, ἐγὼ δὲ ἤδη νενίκηκα παρὰ τῷ
δικαιοτάτῳ δικαστῇ· πόλεμος γὰρ ἄριστος κριτὴς τοῦ κρείττονός τε
καὶ χείρονος. οὗτός μοι Καλλιρόην ἀποδέδωκεν, καὶ οὐ μόνον τὴν
γυναῖκα τὴν ἐμήν, ἀλλὰ καὶ τὴν σήν. οὐκ ἐμιμησάμην δέ σου τὴν
βραδυτῆτα, ἀλλὰ ταχέως σοι μηδὲ ἀπαιτοῦντι Στάτειραν ἀποδίδωμι
καθαρὰν καὶ ἐν αἰχμαλωσίᾳ μείνασαν βασιλίδα. ἴσθι δὲ οὐκ ἐμέ σοι
τὸ δῶρον ἀλλὰ Καλλιρόην ἀποστέλλειν. ἀνταπαιτοῦμεν δέ σε χάριν
Αἰγυπτίοις διαλλαγῆναι· πρέπει γὰρ βασιλεῖ μάλιστα πάντων ἀνεξικακεῖν.
ἕξεις δὲ στρατιώτας ἀγαθοὺς φιλοῦντάς σε· τοῦ γὰρ ἐμοὶ
συνακολουθεῖν ὡς φίλοι παρὰ σοὶ μᾶλλον εἵλοντο μένειν."
Ταῦτα μὲν ἔγραψε Χαιρέας, ἔδοξε δὲ καὶ Καλλιρόῃ δίκαιον εἶναι
καὶ εὐχάριστον Διονυσίῳ γράψαι. τοῦτο μόνον ἐποίησε δίχα Χαιρέου·
εἰδυῖα γὰρ αὐτοῦ τὴν ἔμφυτον ζηλοτυπίαν ἐσπούδαζε λαθεῖν.
λαβοῦσα δὲ γραμματίδιον ἐχάραξεν οὕτως·
"Καλλιρόη Διονυσίῳ εὐεργέτῃ χαίρειν· σὺ γὰρ εἶ ὁ καὶ λῃστείας
καὶ δουλείας με ἀπαλλάξας. δέομαί σου, μηδὲν ὀργισθῇς· εἰμὶ γὰρ
τῇ ψυχῇ μετὰ σοῦ διὰ τὸν κοινὸν υἱόν, ὃν παρακατατίθημί σοι
ἐκτρέφειν τε καὶ παιδεύειν ἀξίως ἡμῶν. μὴ λάβῃ δὲ πεῖραν μητρυιᾶς·
ἔχεις οὐ μόνον υἱόν, ἀλλὰ καὶ θυγατέρα· ἀρκεῖ σοι δύο
τέκνα. ὧν γάμον ζεῦξον, ὅταν ἀνὴρ γένηται, καὶ πέμψον αὐτὸν εἰς
Συρακούσας, ἵνα καὶ τὸν πάππον θεάσηται. ἀσπάζομαί σε, Πλαγγών.
ταῦτά σοι γέγραφα τῇ ἐμῇ χειρί. ἔρρωσο, ἀγαθὲ Διονύσιε, καὶ
Καλλιρόης μνημόνευε τῆς σῆς."
Σφραγίσασα δὲ τὴν ἐπιστολὴν ἀπέκρυψεν ἐν τοῖς κόλποις καὶ
ὅτε ἔδει λοιπὸν ἀνάγεσθαι καὶ ταῖς τριήρεσι πάντας ἐμβαίνειν, αὐτὴ
χεῖρα δοῦσα τῇ Στατείρᾳ εἰς τὸ πλοῖον εἰσήγαγε. κατεσκευάκει δὲ
Δημήτριος ἐν τῇ νηὶ σκηνὴν βασιλικήν, πορφυρίδα καὶ χρυσοϋφῆ
Βαβυλώνια περιθείς. πάνυ δὲ κολακευτικῶς κατακλίνασα αὐτὴν
Καλλιρόη "ἔρρωσό μοι" φησίν, "ὦ Στάτειρα, καὶ μέμνησό μου καὶ
γράφε μοι πολλάκις εἰς Συρακούσας· ῥᾴδια γὰρ πάντα βασιλεῖ.
κἀγὼ δέ σοι χάριν εἴσομαι παρὰ τοῖς γονεῦσί μου καὶ τοῖς θεοῖς τοῖς
Ἑλληνικοῖς. συνίστημί σοι τὸ τέκνον μου, ὃ καὶ σὺ ἡδέως εἶδες·
νόμιζε ἐκεῖνο παραθήκην ἔχειν ἀντ´ ἐμοῦ." ταῦτα λεγούσης δακρύων
ἐνεπλήσθη καὶ γόον ἤγειρε ταῖς γυναιξίν· ἐξιοῦσα δὲ τῆς νεὼς ἡ
Καλλιρόη, ἠρέμα προσκύψασα τῇ Στατείρᾳ καὶ ἐρυθριῶσα τὴν
ἐπιστολὴν ἐπέδωκε καὶ "ταύτην" εἶπε "δὸς Διονυσίῳ τῷ δυστυχεῖ,
ὃν παρατίθημι σοί τε καὶ βασιλεῖ. παρηγορήσατε αὐτόν. φοβοῦμαι
μὴ ἐμοῦ χωρισθεὶς ἑαυτὸν ἀνέλῃ." ἔτι δὲ ἂν ἐλάλουν αἱ γυναῖκες
καὶ ἔκλαον καὶ ἀλλήλας κατεφίλουν, εἰ μὴ παρήγγειλαν οἱ κυβερνῆται
τὴν ἀναγωγήν. μέλλουσα δὲ ἐμβαίνειν εἰς τὴν τριήρη ἡ
Καλλιρόη τὴν Ἀφροδίτην προσεκύνησε. "χάρις σοι" φησὶν "ὦ
δέσποινα, τῶν παρόντων. ἤδη μοι διαλλάττῃ· δὸς δέ μοι καὶ Συρακούσας
ἰδεῖν. πολλὴ μὲν ἐν μέσῳ θάλασσα, καὶ ἐκδέχεταί με
φοβερὰ πελάγη, πλὴν οὐ φοβοῦμαι σοῦ μοι συμπλεούσης." ἀλλ´
οὐδὲ τῶν Αἰγυπτίων οὐδεὶς ἐνέβη ταῖς Δημητρίου ναυσίν, εἰ μὴ
πρότερον συνετάξατο Χαιρέᾳ καὶ κεφαλὴν καὶ χεῖρας αὐτοῦ κατεφίλησε·
τοσοῦτον ἵμερον πᾶσιν ἐνέθηκε. καὶ πρῶτον κοινὸν εἴασεν
ἀναχθῆναι τὸν στόλον, ὡς ἀκούεσθαι μέχρι πόρρω τῆς θαλάσσης
ἐπαίνους μεμιγμένους εὐχαῖς.
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Traduction française :
[8,4] Qui pourrait dire tout ce que l'on fit ce jour-là, quels
sentiments opposés l'on éprouva, les uns formant des
voeux, les autres donnant leurs instructions, les autres
se réjouissant, les autres se désolant, l'on se confiait
l'un l'autre des commissions, l'on écrivait chez soi.
Chéréas lui aussi écrivit au Roi la lettre que voici :
"Tu devais prononcer une sentence, mais moi j'ai, dès
maintenant, obtenu gain de cause devant le plus juste des
juges : car la guerre est le meilleur arbitre entre le plus valeureux
et le moins vaillant. Il m'a donné non seulement ma
propre femme mais la tienne. Je n'ai pas imité ta lenteur, mais,
sans délai, sans même que tu me le demandes, je te rends Statira,
pure, et, dans sa captivité, demeurée reine. Et sache que
ce n'est pas moi qui t'envoie ce présent, mais Callirhoé. Nous
te demandons en échange de rendre ta faveur aux Egyptiens;
car il convient surtout à un roi, plus qu'à personne, de pardonner
les offenses. Tu auras en eux des soldats excellents
qui t'aimeront; car au lieu de m'accompagner comme amis,
ils ont préféré demeurer avec toi."
Voilà ce qu'écrivit Chéréas, et il parut à Callirhoé
que c'était faire acte de justice et de reconnaissance
d'écrire à Dionysios. Seulement, elle le fit à l'insu de Chéréas,
car, connaissant sa jalousie naturelle, elle eut soin
de se cacher. Elle prit une petite tablette et écrivit ceci :
"Callirhoé à Dionysios son bienfaiteur, salut !
car tu es vraiment mon bienfaiteur, toi qui m'a délivrée des
pirates et de l'esclavage. Je t'en prie, ne sois pas irrité : car je
suis en esprit avec toi, à cause de notre fils, que je te confie
pour que tu l'élèves et l'instruises de facon digne de nous.
Qu'il ne connaisse pas de marâtre; tu as non seulement un
fils mais aussi une fille; deux enfants te suffisent. Donne-lui
une femme, lorsqu'il sera en âge d'homme, et envoie-le à
Syracuse pour qu'il voie aussi son grand-père. Je t'embrasse
Plangon. Je t'écris cela de ma propre main. Adieu, bon Dionysios,
et souviens-toi de ta Callirhoé."
Elle scella la lettre et la cacha dans le pli de sa robe, et,
peu avant que l'on n'appareillât et que tout le monde
montât à bord des trières, elle donna la main à Statira
et la conduisit au bateau. Démétrios avait fait préparer,
à bord, une tente royale, entourée de pourpre et de tissus
de Babylone brochés d'or. Callirhoé l'y installa avec
les plus grands égards et lui dit : « Adieu, Statira, souviens-toi
de moi et écris-moi souvent à Syracuse. Car
tout est facile au Roi. Et moi je témoignerai ma
reconnaissance envers toi et auprès de mes parents et
auprès des dieux grecs. Je te confie mon enfant, que tu
as vu avec bienveillance; pense que c'est lui que tu as
en dépôt, pour me remplacer. » Et, en parlant, elle avait
les yeux pleins de larmes, et toutes les femmes se mirent
à se lamenter; au moment de quitter le navire, Callirhoé,
s'inclinant légèrement devant Statira et rougissant
lui donna la lettre : « Cette lettre, dit-elle, donne-la
au malheureux Dionysios, que je vous confie, au Roi et
à toi. Consolez-le. Je crains que, séparé de moi, il ne se
suicide. » Les femmes auraient continué à bavarder, à
pleurer et à s'embrasser, si les pilotes n'avaient annoncé
que l'on appareillait.
Au moment d'embarquer sur sa trière, Callirhoé alla
se prosterner devant Aphrodite : « Je te remercie,
Madame, dit-elle, de ce qui m'arrive maintenant. Tu es
désormais réconciliée avec moi. Accorde-moi encore
de revoir Syracuse. Car il y reste, jusque-là, beaucoup de
mer, et c'est une mauvaise traversée qui m'attend, mais
je n'ai pas peur, si tu navigues avec moi. »
Cependant aucun des Egyptiens ne monta sur les
navires de Démétrios sans avoir auparavant rendu hommage
à Chéréas ni lui avoir embrassé la tête et les mains;
tant il avait inspiré d'affection à tous. Et il laissa l'autre
flotte partir la première, de telle sorte que l'on entendit,
jusque très loin en mer, ses louanges mêlées à des voeux.
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