HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre VI

εἰς



Texte grec :

[6,7] Παραυτίκα μὲν οὖν ἔπεισε, πάλιν δὲ νυκτὸς γενομένης ἀνεκάετο καὶ ὁ Ἔρως αὐτὸν ἀνεμίμνησκεν οἵους μὲν ὀφθαλμοὺς ἔχει Καλλιρόη, πῶς δὲ καλὸν τὸ πρόσωπον. τὰς τρίχας ἐπῄνει, τὸ βάδισμα, τὴν φωνήν· οἵα μὲν εἰσῆλθεν εἰς τὸ δικαστήριον, οἵα δὲ ἔστη, πῶς ἐλάλησε, πῶς ἐσίγησε, πῶς ᾐδέσθη, πῶς ἔκλαυσε. διαγρυπνήσας δὲ τὸ πλεῖστον μέρος καὶ τοσοῦτον καταδραθὼν ὅσον καὶ ἐν τοῖς ὕπνοις Καλλιρόην ἰδεῖν, ἕωθεν καλέσας τὸν εὐνοῦχον "ἄπιθι" φησὶ "καὶ παραφύλαττε δι´ ὅλης τῆς ἡμέρας· πάντως γὰρ καιρὸν εὑρήσεις κἂν βραχύτατον ὁμιλίας λανθανούσης. εἰ γὰρ ἤθελον φανερῶς καὶ βίᾳ περιγενέσθαι τῆς ἐπιθυμίας, εἶχον δορυφόρους." προσκυνήσας ὁ εὐνοῦχος ὑπέσχετο· οὐδενὶ γὰρ ἔξεστιν ἀντειπεῖν βασιλέως κελεύοντος. εἰδὼς δὲ ὅτι Καλλιρόη καιρὸν οὐ δώσει, διακρούσεται δὲ τὴν ὁμιλίαν ἐξεπίτηδες συνοῦσα τῇ βασιλίδι, τοῦτο δὴ θεραπεῦσαι θέλων ἔτρεψε τὴν αἰτίαν οὐκ εἰς τὴν φυλαττομένην ἀλλ´ εἰς τὴν φυλάττουσαν, καὶ "ἄν σοι δοκῇ" φησίν, "ὦ δέσποτα, μετάπεμψαι Στάτειραν, ὡς ἰδιολογήσασθαί τι βουλόμενος πρὸς αὐτήν· ἐμοὶ γὰρ ἡ ἐκείνης ἀπουσία Καλλιρόης ἐξουσίαν δώσει." "ποίησον οὕτως" εἶπε βασιλεύς. Ἐλθὼν δὲ Ἀρταξάτης καὶ προσκυνήσας τὴν βασιλίδα "καλεῖ σε" φησίν, "ὦ δέσποινα, ὁ ἀνήρ." ἀκούσασα ἡ Στάτειρα προσεκύνησε καὶ μετὰ σπουδῆς ἀπῄει πρὸς αὐτόν. ὁ δὲ εὐνοῦχος ἰδὼν τὴν Καλλιρόην μόνην ἀπολελειμμένην, ἐμβαλὼν τὴν δεξιάν, ὡς δή τις φιλέλλην καὶ φιλάνθρωπος, ἀπήγαγε τοῦ πλήθους τῶν θεραπαινίδων. ἡ δὲ ἠπίστατο μὲν καὶ εὐθὺς ὠχρά τε ἦν καὶ ἄφωνος, ἠκολούθει δὲ ὅμως. ἐπεὶ δὲ κατέστησαν μόνοι, λέγει πρὸς αὐτὴν "ἑώρακας τὴν βασιλίδα πῶς ἀκούσασα τὸ βασιλέως ὄνομα προσεκύνησε καὶ τρέχουσα ἄπεισι· σὺ δέ, ἡ δούλη, τὴν εὐτυχίαν οὐ φέρεις, οὐδὲ ἀγαπᾷς ὅτι σε παρακαλεῖ κελεῦσαι δυνάμενος. ἀλλ´ ἐγὼ (τιμῶ γάρ σε) πρὸς ἐκεῖνον οὐ κατηγόρευσα τὴν μανίαν τὴν σήν, τοὐναντίον δέ, ὑπεσχόμην ὑπὲρ σοῦ. πάρεισιν οὖν σοι δύο ὁδοί, ὁποτέραν βούλει τρέπεσθαι. μηνύσω δὲ ἀμφοτέρας· πεισθεῖσα μὲν βασιλεῖ δῶρα λήψῃ τὰ κάλλιστα καὶ ἄνδρα ὃν θέλεις· οὐ δήπου γάρ σε αὐτὸς μέλλει γαμεῖν ἀλλὰ πρόσκαιρον αὐτῷ χάριν δώσεις· εἰ δὲ μή, πείσῃ ἄκουσα ἃ πάσχουσιν οἱ βασιλέως ἐχθροί, μόνοις γὰρ τούτοις οὐδὲ ἀποθανεῖν θέλουσιν ἔξεστι." κατεγέλασε Καλλιρόη τῆς ἀπειλῆς καὶ ἔφη "οὐ νῦν πρῶτον πείσομαί τι δεινόν· ἔμπειρός εἰμι τοῦ δυστυχεῖν. τί με δύναται βασιλεὺς ὧν πέπονθα διαθεῖναι χαλεπώτερον; ζῶσα κατεχώσθην· παντὸς δεσμωτηρίου τάφος ἐστὶ στενότερος. λῃστῶν χερσὶ παρεδόθην. ἄρτι τὸ μέγιστον τῶν κακῶν πάσχω· παρόντα Χαιρέαν οὐ βλέπω." τοῦτο τὸ ῥῆμα προέδωκεν αὐτήν· ὁ γὰρ εὐνοῦχος δεινὸς ὢν τὴν φύσιν ἐνόησεν ὅτι ἐρᾷ. "ὦ" φησὶ "πασῶν ἀνοητοτάτη γυναικῶν, τοῦ βασιλέως τὸν Μιθριδάτου δοῦλον προτιμᾷς;" ἠγανάκτησε Καλλιρόη Χαιρέου λοιδορηθέντος καὶ "εὐφήμησον" εἶπεν, "ἄνθρωπε. Χαιρέας εὐγενής ἐστι, πόλεως πρώτης, ἣν οὐκ ἐνίκησαν οὐδὲ Ἀθηναῖοι οἱ ἐν Μαραθῶνι καὶ Σαλαμῖνι νικήσαντες τὸν μέγαν σου βασιλέα." ταῦτα ἅμα λέγουσα δακρύων πηγὰς ἀφῆκεν· ὁ δὲ εὐνοῦχος ἐπέθετο μᾶλλον καὶ "σεαυτῇ" φησὶ "τῆς βραδυτῆτος αἰτία γίνῃ. πῶς οὖν εὐμενῆ τὸν δικαστὴν ἕξεις, {ἢ σχεῖν κάλλιον} ἵνα καὶ τὸν ἄνδρα κομίσῃ; τάχα μὲν οὐδὲ Χαιρέας γνοίη τὸ πραχθέν, ἀλλὰ καὶ γνοὺς οὐ ζηλοτυπήσει τὸν κρείττονα· δόξει δέ σε τιμιωτέραν, ὡς ἀρέσασαν βασιλεῖ." τοῦτο δὲ προσέθηκεν οὐχὶ δι´ ἐκείνην ἀλλὰ καὶ αὐτὸς οὕτω φρονῶν· καταπεπλήγασι γὰρ πάντες οἱ βάρβαροι καὶ θεὸν φανερὸν νομίζουσι τὸν βασιλέα. Καλλιρόη δὲ καὶ αὐτοῦ τοῦ Διὸς οὐκ ἂν ἠσπάσατο γάμους, οὐδὲ ἀθανασίαν προετίμησεν ἂν ἡμέρας μιᾶς τῆς μετὰ Χαιρέου. μηδὲν οὖν ἀνύσαι δυνάμενος ὁ εὐνοῦχος "δίδωμί σοι" φησίν, "ὦ γύναι, σκέψεως καιρόν. σκέπτου δὲ μὴ περὶ σεαυτῆς μόνης, ἀλλὰ καὶ Χαιρέου κινδυνεύοντος ἀπολέσθαι τὸν οἴκτιστον μόρον· οὐ γὰρ ἀνέξεται βασιλεὺς ἐν ἔρωτι παρευδοκιμούμενος." κἀκεῖνος μὲν ἀπηλλάγη, τὸ δὲ τελευταῖον τῆς ὁμιλίας ἥψατο Καλλιρόης.

Traduction française :

[6,7] Pour le moment, il réussit à se faire croire, mais, la nuit venue, de nouveau le Roi se sentit brûler et l'amour lui rappelait quels yeux avait Callirhoé, et comme son visage était beau. Il vantait sa chevelure, sa démarche, sa voix, sa beauté en entrant au tribunal, le maintien qu'elle avait eu, comment elle avait parlé, comment elle s'était tue, comment elle avait eu l'air heureuse, comment elle avait pleuré. Après avoir passé dans l'insomnie la plus grande partie de la nuit et avoir sommeillé juste ce qu'il fallait pour voir Callirhoé en rêve, dès l'aurore, il appela l'eunuque et lui dit : « Va, et guette toute la journée le moment; tu trouveras bien un instant, même très bref, pour l'entretenir en secret. Si j'avais voulu ouvertement, et de force, satisfaire mon désir, j'aurais employé des gardes. » L'eunuque se prosterna et promit; car nul ne saurait opposer des objections au Roi lorsqu'il donne un ordre. Mais sachant que Callirhoé ne lui fournirait pas l'occasion cherchée et qu'elle esquiverait l'entretien en demeurant exprès avec la reine, l'eunuque voulant se prémunir contre cela, en fit retomber la cause non pas sur celle que l'on gardait mais sur celle qui la gardait : « Si tu le veux bien, maître, dit-il, envoie chercher Statira, sous prétexte que tu désires avoir avec elle un entretien particulier; son absence me donnera le moyen d'approcher Callirhoé. — Fais donc ainsi », dit le Roi. Artaxate alla donc et, se prosternant devant la reine, lui dit : « Ton mari t'appelle, maîtresse. » A ces mots, Statira se prosterna et, en toute hâte, se rendit chez le Roi. L'eunuque, voyant que Callirhoé restait seule, lui prit la main droite, affectant l'amour des Grecs et la bonté, et l'emmena loin de la foule des servantes. Elle comprit, et, aussitôt, pâlit et demeura sans voix, pourtant elle le suivit. Lorsqu'ils furent seuls, il lui dit : « Tu as vu comment la reine, en entendant le nom du Roi, s'est prosternée et est partie en courant; et toi, l'esclave, tu n'acceptes pas le bonheur qui t'échoit et tu n'es pas heureuse que t'adresse une prière celui qui pourrait ordonner? Mais moi (car j'ai de l'estime pour toi) je ne lui ai pas dénoncé ta folie, au contraire, je me suis engagé, en ton nom. Il ne te reste donc que deux voies : laquelle veux-tu prendre? Je vais te les indiquer toutes deux : si tu cèdes au Roi, tu obtiendras les plus beaux présents et, de plus, le mari que tu désires; car évidemment, il ne va pas t'épouser, mais au moment favorable, tu seras gentille avec lui; si tu n'obéis pas, tu sais ce qui arrive aux ennemis du Roi : à eux seuls il n'est pas accordé de mourir, même lorsqu'ils le veulent. » Callirhoé se mit à rire de la menace et dit : « Ce n'est pas la première fois qu'il m'arrivera malheur; je suis habituée à l'infortune. Que peut faire le Roi contre moi qui soit plus terrible que ce que j'ai souffert? J'ai été enterrée vivante; il n'est pas de prison plus étroite que la tombe. Je suis tombée aux mains des pirates. Et main- tenant je souffre le plus grand des supplices : Chéréas est là et je ne le vois pas. » Cette parole la trahit; car l'eunuque, qui était d'un naturel astucieux, comprit qu'elle était amoureuse. « O, dit-il, la plus insensée de toutes les femmes, tu préfères au Roi l'esclave de Mithridate? » Callirhoé se fâcha en entendant insulter Chéréas, et : « Parle mieux, homme, dit-elle, Chéréas est de naissance noble, il est le premier de sa cité, cette cité que n'ont pas pu vaincre les Athéniens eux-mêmes, qui, à Marathon et à Salamine, ont remporté la victoire sur ton Grand Roi! » Et, en disant ces mots, elle versait des torrents de larmes. L'eunuque n'en devint que plus pressant, et: "C'est toi-même, dit-il, qui es responsable de la lenteur du procès. Comment pourrais-tu te concilier ton juge? Et il vaudrait mieux qu'il te fût favorable, si tu veux retrouver ton mari. Peut-être même Chéréas ne saura-t-il rien de la chose, mais, même s'il le savait, il ne sera pas jaloux de Celui qui lui est supérieur; il te jugera plus estimable parce que tu auras plu au Roi. » Il ajouta ceci non pas à cause d'elle, mais parce que lui-même le pensait; car tous les barbares demeurent stupides devant leur Roi, qu'ils considèrent comme un dieu visible. Callirhoé, elle, n'aurait même pas accepté une union avec Zeus et aurait préféré à l'immortalité un seul jour passé avec Chéréas. Donc, ne pouvant rien obtenir, l'eunuque dit : « Je te donne encore, dit-il, femme, un moment pour réfléchir. Et ne réfléchis pas à toi seulement, mais songe aussi que Chéréas risque de mourir de la façon la plus lamentable, car le Roi ne supportera pas qu'on lui préfère quelqu'un d'autre en amour. » Puis il se retira, et la fin de l'entretien fit impression sur Callirhoé.





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Dernière mise à jour : 13/12/2006