HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre VI

σκέψιν



Texte grec :

[6,5] Καιρὸν οὖν ἐπιτηρήσας ἧκε πρὸς αὐτὴν καὶ μόνης λαβόμενος "μεγάλων" εἶπεν "ἀγαθῶν, ὦ γύναι, θησαυρόν σοι κεκόμικα· καὶ σὺ δὲ μνημόνευέ μου τῆς εὐεργεσίας· εὐχάριστον γὰρ εἶναί σε πιστεύω." πρὸς τὴν ἀρχὴν τοῦ λόγου Καλλιρόη περιχαρὴς ἐγένετο· φύσει γὰρ ἄνθρωπος, ὃ βούλεται, τοῦτο καὶ οἴεται. τάχ´ οὖν ἔδοξεν ἀποδίδοσθαι Χαιρέᾳ καὶ ἔσπευδε τοῦτο ἀκοῦσαι, καὶ τῶν εὐαγγελίων ἀμείψασθαι τὸν εὐνοῦχον ὑπισχνουμένη. πάλιν δὲ ἐκεῖνος ἀναλαβὼν ἀπὸ προοιμίων ἤρξατο "σύ, γύναι, κάλλος μὲν θεῖον εὐτύχησας, μέγα δέ τι ἀπ´ αὐτοῦ καὶ σεμνὸν οὐκ ἐκαρπώσω. τὸ διὰ γῆς πάσης ἔνδοξον καὶ περιβόητον ὄνομα μέχρι σήμερον οὐχ εὗρεν οὔτ´ ἄνδρα κατ´ ἀξίαν οὔτ´ ἐραστήν, ἀλλ´ ἐνέπεσεν εἰς δύο, νησιώτην πένητα, καὶ ἕτερον, δοῦλον βασιλέως. τί σοι γέγονεν ἐκ τούτων μέγα καὶ λαμπρόν; ποίαν χώραν ἔχεις εὔφορον; ποῖον κόσμον πολυτελῆ; τίνων πόλεων ἄρχεις; πόσοι δοῦλοί σε προσκυνοῦσι; γυναῖκες Βαβυλώνιαι θεραπαινίδας ἔχουσι πλουσιωτέρας σου. πλὴν οὐκ ἠμελήθης εἰς πάντα, ἀλλὰ κήδονταί σου θεοί. διὰ τοῦτό σε ἐνθάδε ἤγαγον, πρόφασιν εὑρόντες τὴν δίκην, ἵνα σε ὁ μέγας βασιλεὺς θεάσηται. καὶ τοῦτο πρῶτον εὐαγγέλιον ἔχεις· ἡδέως σε εἶδε. κἀγὼ δὲ αὐτὸν ἀναμιμνήσκω καὶ ἐπαινῶ σε παρ´ ἐκείνῳ." τοῦτο γὰρ προσέθηκεν· εἴωθε γὰρ πᾶς δοῦλος, ὅταν διαλέγηταί τινι περὶ τοῦ δεσπότου, καὶ ἑαυτὸν συνιστᾶν, ἴδιον ἐκ τῆς ὁμιλίας μνώμενος κέρδος. Καλλιρόη δὲ εὐθὺς τὴν καρδίαν ἐπλήγη ὥσπερ ὑπὸ ξίφους τοῦ λόγου· προσεποιεῖτο δὲ μὴ συνιέναι καὶ "θεοὶ" φησὶν "ἵλεῳ βασιλεῖ διαμένοιεν, σοὶ δὲ ἐκεῖνος, ὅτι ἐλεεῖτε γυναῖκα δυστυχῆ. δέομαι, θᾶττον ἀπαλλαξάτω με τῆς φροντίδος, ἀπαρτίσας τὴν κρίσιν, ἵνα μηκέτι ἐνοχλῶ μηδὲ τῇ βασιλίδι." δόξας δὲ ὁ εὐνοῦχος ὅτι ἀσαφῶς εἴρηκεν ὃ ἤθελε καὶ οὐ νενόηκεν ἡ γυνή, φανερώτερον ἤρξατο λέγειν. "αὐτὸ τοῦτο εὐτύχηκας, ὅτι οὐκέτι δούλους καὶ πένητας ἔχεις ἐραστὰς ἀλλὰ τὸν μέγαν βασιλέα, τὸν δυνάμενόν σοι Μίλητον αὐτὴν καὶ ὅλην Ἰωνίαν καὶ Σικελίαν καὶ ἄλλα ἔθνη μείζονα χαρίσασθαι. θῦε δὴ τοῖς θεοῖς καὶ μακάριζε σεαυτήν, καὶ † νύττε † ὅπως ἀρέσῃς μᾶλλον αὐτῷ, καὶ ὅταν πλουτήσῃς ἐμοῦ μνημόνευε." Καλλιρόη δὲ τὸ μὲν πρῶτον ὥρμησεν, εἰ δυνατόν, καὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐξορύξαι τοῦ διαφθείροντος αὐτήν, οἷα δὲ γυνὴ πεπαιδευμένη καὶ φρενήρης, ταχέως λογισαμένη καὶ τὸν τόπον καὶ τίς ἐστιν αὐτὴ καὶ τίς ὁ λέγων, τὴν ὀργὴν μετέβαλε καὶ κατειρωνεύσατο λοιπὸν τοῦ βαρβάρου. "μὴ γὰρ οὕτω" φησὶ "μαινοίμην, ἵνα ἐμαυτὴν ἀξίαν εἶναι πεισθῶ τοῦ μεγάλου βασιλέως. εἰμὶ δὲ θεραπαινίσιν ὁμοία Περσίδων γυναικῶν. μὴ σύ, δέομαί σου, μνημονεύσῃς ἔτι περὶ ἐμοῦ πρὸς τὸν δεσπότην. καὶ γὰρ ἂν ἐν τῷ παραυτίκα μηδὲν ὀργισθῇ, μετὰ ταῦτά σοι χαλεπανεῖ, λογισάμενος ὅτι τὸν γῆς ἁπάσης κύριον ὑπέρριψας Διονυσίου δούλῃ. θαυμάζω δὲ πῶς συνετώτατος ὑπάρχων ἀγνοεῖς τὴν βασιλέως φιλανθρωπίαν, ὅτι οὐκ ἐρᾷ δυστυχοῦς γυναικὸς ἀλλὰ ἐλεεῖ. παυσώμεθα τοίνυν λαλοῦντες, μὴ καὶ τῇ βασιλίδι τις ἡμᾶς διαβαλεῖ." καὶ ἡ μὲν ἀπέδραμεν, ἔστη δὲ ὁ εὐνοῦχος ἀχανής· οἷα γὰρ ἐν μεγάλῃ τυραννίδι τεθραμμένος οὐδὲν ἀδύνατον ὑπελάμβανεν, οὐ βασιλεῖ μόνον, ἀλλ´ οὐδ´ ἑαυτῷ.

Traduction française :

[6,5] Ayant donc guetté l'occasion, il alla la trouver à un moment où elle était seule et lui dit : « Je t'apporte, ô femme, un trésor de grands biens; toi, souviens-toi du service que je te rends, car je suis sûre que tu es reconnaissante. » A ce début, Callirhoé se sentit toute heureuse, car la nature veut que l'être humain croie ce qu'il désire. Peut-être crut-elle qu'on la rendait à Chéréas, et elle avait hâte de l'apprendre, promettant de récompenser l'eunuque de ses bonnes nouvelles. L'autre, derechef, recommença par un préambule : « Tu as la chance, femme, de posséder une beauté divine, mais tu n'en as pas recueilli de grand et noble fruit. Ton nom célèbre et illustre sur la terre entière, ne t'a procuré jusqu'à aujourd'hui, ni mari ni amant dignes de toi, mais t'a fait tomber sur deux hommes dont l'un est un pauvre Grec des Iles, et l'autre un esclave du Roi. Que t'ont-ils donné qui soit grand et magnifique? Quelle terre fertile possèdes-tu? Quelles parures somptueuses? A quelles cités commandes-tu? Combien d'esclaves se prosternent devant toi? Des femmes, à Babylone, ont des servantes qui sont plus riches que toi. Pourtant tu n'es pas abandonnée entièrement, mais les dieux prennent soin de toi. C'est pour cela qu'ils t'ont amenée ici, se servant du jugement comme prétexte, mais en réalité pour que le Grand Roi te voie. Et voilà la première des bonnes nouvelles : il t'a vue avec plaisir. Et moi-même je le lui rappelle et je fais ton éloge auprès de lui. » Ce dernier trait, il l'ajouta de son cru, car tout esclave a l'habitude, lorsqu'il parle de son maître à quelqu'un, de se mentionner lui-même, dans l'intention d'obtenir quelque bénéfice personnel de l'entretien. Callirhoé fut aussitôt frappée au coeur par ce discours, comme d'un coup d'épée; mais elle fit semblant de ne pas comprendre et : « Puissent les dieux, dit-elle, rester toujours favorables au Roi, et lui à toi, puisque vous avez pitié d'une femme infortunée. Je l'en supplie, qu'il me délivre au plus vite de mon souci, en prononçant ce jugement afin, aussi, que je ne sois plus un embarras pour la reine. » L'eunuque, pensant qu'il ne s'était pas exprimé clairement et que la femme n'avait pas compris, commença à parler avec moins d'ambages : « Ton bonheur réside en ce que ce ne sont plus des esclaves et des miséreux que tu as comme amants, mais le Grand Roi, celui qui peut te faire présent de Milet elle-même et de toute l'Ionie et de la Sicile et d'autres peuples plus grands encore. Offre des sacrifices aux dieux, réjouis-toi, demande-toi comment lui plaire davantage, et lorsque tu seras riche, souviens-toi de moi. » Callirhoé, au premier moment, se serait laissé aller, si elle l'avait pu, à arracher les yeux de celui qui essayait de la corrompre, mais, en femme bien élevée et maîtresse d'elle-même, réfléchissant rapidement à l'endroit où elle était, à qui elle était et qui était celui qui parlait, elle domina sa colère et décida de se moquer du barbare. « Puissé-je, dit-elle, ne pas être assez folle pour m'imaginer digne du Grand Roi! Je suis semblable aux servantes des femmesPerses. Ne va pas, je t'enprie, parler encore de moi à ton maître, car si, même pour l'instant, il ne s'en fâche pas, cela, par la suite, l'indisposera contre toi, lorsqu'il pensera que tu as voulu soumettre le seigneur de la terre entière à l'esclave de Dionysios. Et je suis étonnée de ce que, toi qui es si intelligent, tu ignores quelle est la bonté du Roi, que tu ne t'aperçoives pas qu'il n'est pas amoureux d'une femme malheureuse, mais qu'il la plaint. Cessons donc de bavarder, de peur que quelqu'un ne dise du mal de moi à la reine. » Et elle s'enfuit en courant, et l'eunuque demeura bouche bée. Car, lui qui avait été élevé dans une tyrannie absolue, il ne soupçonnait pas qu'il y eût rien d'impossible, non seulement au Roi mais à lui-même.





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Dernière mise à jour : 13/12/2006