HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre VI

δὴ



Texte grec :

[6,3] Βασιλεὺς δὲ καλέσας τὸν εὐνοῦχον, ὃς ἦν αὐτῷ πιστότατος ἁπάντων, τὸ μὲν πρῶτον ᾐδεῖτο κἀκεῖνον· ἰδὼν δὲ αὐτὸν Ἀρταξάτης ἐρυθήματος μεστὸν καὶ βουλόμενον εἰπεῖν, "τί κρύπτεις" ἔφη "δέσποτα, δοῦλον σόν, εὔνουν σοι καὶ σιωπᾶν δυνάμενον; τί τηλικοῦτον συμβέβηκε δεινόν; ὡς ἀγωνιῶ μή τινα ἐπιβουλὴν - - - εἶπε βασιλεὺς "καὶ μεγίστην, ἀλλ´ οὐχ ὑπ´ ἀνθρώπων, ἀλλ´ ὑπὸ θεοῦ. τίς γάρ ἐστιν Ἔρως πρότερον ἤκουον ἐν μύθοις τε καὶ ποιήμασιν, ὅτι κρατεῖ πάντων τῶν θεῶν καὶ αὐτοῦ τοῦ Διός· ἠπίστουν δὲ ὅμως ὅτι δύναταί τις παρ´ ἐμοὶ ἐμοῦ γενέσθαι δυνατώτερος. ἀλλὰ πάρεστιν ὁ θεός· ἐνδεδήμηκεν εἰς τὴν ἐμὴν ψυχὴν πολὺς καὶ σφοδρὸς Ἔρως· δεινὸν μὲν ὁμολογεῖν, ἀληθῶς δὲ ἑάλωκα." ταῦτα ἅμα λέγων ἐνεπλήσθη δακρύων, ὥστε μηκέτι τι δύνασθαι προσθεῖναι τοῖς λόγοις· ἀποσιωπήσαντος δὲ εὐθὺς μὲν Ἀρταξάτης ἠπίστατο πόθεν ἐτρώθη. οὐδὲ γὰρ πρότερον ἀνύποπτος ἦν, ἀλλὰ ᾐσθάνετο μὲν τυφομένου τοῦ πυρός, ἔτι γε μὴν οὐδὲ ἀμφίβολον ἦν οὐδὲ ἄδηλον ὅτι Καλλιρόης παρούσης οὐκ ἂν ἄλλου τινὸς ἠράσθη· προσεποιεῖτο ὅμως ἀγνοεῖν καὶ "ποῖον" ἔφη "κάλλος δύναται τῆς σῆς κρατῆσαι, δέσποτα, ψυχῆς, ᾧ τὰ καλὰ πάντα δουλεύει, χρυσός, ἄργυρος, ἐσθής, ἵπποι, πόλεις, ἔθνη; καλαὶ μὲν μυρίαι γυναῖκες, ἀλλὰ καὶ Στάτειρα καλλίστη τῶν ὑπὸ τὸν ἥλιον, ἧς ἀπολαύεις μόνος. ἐξουσία δὲ ἔρωτα καταλύει, πλὴν εἰ μή τις ἐξ οὐρανοῦ καταβέβηκε τῶν ἄνωθεν ἢ ἐκ θαλάττης ἀναβέβηκεν ἄλλη Θέτις. πιστεύω γὰρ ὅτι καὶ θεοὶ τῆς σῆς ἐρῶσι συνουσίας." ἀπεκρίνατο βασιλεὺς "τοῦτο ἴσως ἀληθές ἐστιν, ὃ λέγεις, ὅτι θεῶν τίς ἐστιν ἥδε ἡ γυνή· οὐδὲ γὰρ ἀνθρώπινον τὸ κάλλος· πλὴν οὐχ ὁμολογεῖ· προσποιεῖται δὲ Ἑλληνὶς εἶναι Συρακοσία. καὶ τοῦτο δὲ τῆς ἀπάτης ἐστὶ σημεῖον. ἐλεγχθῆναι γὰρ οὐ βούλεται πόλιν εἰποῦσα οὐδεμίαν τῶν ὑφ´ ἡμᾶς, ἀλλ´ ὑπὲρ τὸν Ἰόνιον καὶ τὴν πολλὴν θάλασσαν τὸν περὶ αὑτῆς μῦθον ἐκπέμπει. προφάσει δὲ δίκης ἦλθεν ἐπ´ ἐμὲ καὶ ὅλον τὸ δρᾶμα τοῦτο ἐκείνη κατεσκεύασε. θαυμάζω δέ σε πῶς ἐτόλμησας Στάτειραν λέγειν καλλίστην ἁπασῶν, Καλλιρόην βλέπων. σκεπτέον οὖν πῶς ἂν ἀπαλλαγείην τῆς ἀνίας. ζήτει πανταχόθεν εἴ τι ἄρα δυνατόν ἐστιν εὑρεῖν φάρμακον." "εὕρηται" φησὶ "φάρμακον, βασιλεῦ, καὶ παρ´ Ἕλλησι καὶ βαρβάροις, τοῦτο ὅπερ ζητεῖς. φάρμακον γὰρ ἕτερον Ἔρωτος οὐδέν ἐστι πλὴν αὐτὸς ὁ ἐρώμενος· τοῦτο δὲ ἄρα καὶ τὸ ᾀδόμενον λόγιον ἦν ὅτι ὁ τρώσας αὐτὸς ἰάσεται." κατῃδέσθη βασιλεὺς τὸν λόγον καὶ "μὴ σύ γε" ἔφη "τοιοῦτο μηδὲν εἴπῃς, ἵνα γυναῖκα ἀλλοτρίαν διαφθείρω. μέμνημαι νόμων οὓς αὐτὸς ἔθηκα καὶ δικαιοσύνης ἣν ἐν ἅπασιν ἀσκῶ. μηδεμίαν μου καταγνῷς ἀκρασίαν. οὐχ οὕτως ἑαλώκαμεν." δείσας Ἀρταξάτης ὡς εἰπών τι προπετές, μετέβαλε τὸν λόγον εἰς ἔπαινον. "σεμνῶς" ἔφη "διανοῇ, βασιλεῦ. μὴ τὴν ὁμοίαν τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις θεραπείαν τῷ Ἔρωτι προσαγάγῃς, ἀλλὰ τὴν κρείττονα καὶ βασιλικήν, ἀνταγωνιζόμενος ἑαυτῷ· δύνασαι γάρ, ὦ δέσποτα, σὺ μόνος κρατεῖν καὶ θεοῦ. ἄπαγε δὴ τὴν σεαυτοῦ ψυχὴν εἰς πάσας ἡδονάς. μάλιστα δὲ κυνηγεσίοις ἐξαιρέτως χαίρεις· οἶδα γάρ σε ὑφ´ ἡδονῆς διημερεύοντα ἄβρωτον, ἄποτον ἐν θήρᾳ. θήρᾳ δὲ ἐνδιατρίβειν βέλτιον ἢ τοῖς βασιλείοις καὶ ἐγγὺς εἶναι τοῦ πυρός."

Traduction française :

[6,3] Le Roi fit appeler son eunuque, qui lui était plus fidèle que personne et, d'abord, eut honte devant lui; et Artaxate, le voyant tout rouge et se préparant à parler : « Que caches-tu, lui dit-il, maître, à ton esclave, qui t'est tout dévoué et sait se taire? Que t'est-il arrivé de si grave? Comme j'ai peur que quelque complot... », ..., dit le Roi, oui, et un très grave complot, mais non de la part des hommes : de celle d'un dieu. Ce qu'est Amour, je l'entendais raconter, autrefois, dans des histoires et des poèmes; on assurait qu'il est le maître de tous les dieux et de Zeus lui-même. Et je ne croyais pas qu'il pouvait y avoir près de moi quelqu'un de plus puissant que moi. Mais le dieu est là; il a pénétré dans mon âme, de toute sa force et sa violence; cela est terrible à avouer, mais je suis prisonnier. » Et, tout en parlant, ses yeux se remplissaient de larmes si bien qu'il lui devenait impossible de parler; mais, bien qu'il se tût, Artaxate sut immédiatement d'où était venue la blessure; car, déjà auparavant, il n'avait pas été sans soupçons; il s'était bien aperçu que le feu couvait et, de plus, il n'était pas douteux ni obscur que, Callirhoé étant là, il n'était devenu amoureux de personne d'autre. Il fit semblant, cependant, de l'ignorer et dit : « Quelle beauté, ô maître, a pu vaincre ton âme, toi, de qui toute beauté est esclave : or, argent, vêtements, chevaux, cités, peuples, belles femmes par milliers, et surtout Statira, la plus belle de toutes celles qui vivent sous le Soleil, et qui est à toi seul? La licence de jouir il est vrai détruit l'amour, mais peut-être l'une des divinités d'en haut est-elle descendue du ciel, ou de la mer est sortie une autre Thétis? Car je suis persuadé que même les divinités sont avides de ta compagnie. » Le Roi répondit : « Ce que tu dis, peut-être, est vrai, que cette femme est l'une des déesses; car sa beauté n'est pas humaine; mais elle ne l'avoue pas. Elle prétend être une Grecque de Syracuse. Et c'est là l'indice qu'elle me trompe. Elle ne veut pas qu'on puisse la démentir en nommant l'une des villes qui sont sous ma domination; elle va situer son histoire au-delà de la mer ionienne, par-delà des lieues de mer. Sous couleur de procès, elle est venue vers moi, et c'est elle qui a monté tout ce roman. Mais je m'étonne que tu aies osé dire que Statira était la plus belle de toutes les femmes, alors que tu as Callirhoé sous les yeux. Il faut songer à un moyen de me guérir de mon mal. Cherche partout s'il et possible de trouver un remède. — Le remède est trouvé, Roi, répondit l'autre. Ce que tu cherches est chez les Grecs comme chez les Barbares. Il n'y a d'autre remède à l'amour que l'être aimé lui-même. C'est la vieille histoire, que celui qui a porté le coup en sera aussi le guérisseur. » En entendant ce propos, le Roi fut pris de honte : « Prends garde, dit-il, de ne me rien proposer de semblable; que je séduise, moi, la femme d'autrui! Je me souviens des lois que j'ai établies moi-même, de la justice que j'exerce à l'égard de tous. Ne m'accuse d'aucun manque de maîtrise de moi-même. Nous ne sommes pas pris à ce point. » Artaxate, craignant d'avoir parlé trop vite, changea son discours en louange : « Augustes, Seigneur, sont tes pensées. N'emploie pas contre l'amour le même remède que les autres hommes, mais un remède plus noble et vraiment royal; lutte contre toi-même. Car tu es seul, ô maître, à pouvoir vaincre même un dieu. Applique ton âme à toutes sortes de plaisirs. Tu aimes tout particulièrement la chasse. Je sais que, entraîné par cette passion, tu as passé des jours entiers sans manger ni boire. Occupe-toi donc de chasser plutôt que de rester dans le palais, tout près du feu. »





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Dernière mise à jour : 13/12/2006