HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre VI

Chapitre 6

  Chapitre 6

[6,6] Καταλειφθεὶς οὖν καὶ μηδὲ ἀποκρίσεως καταξιωθεὶς ἀπηλλάττετο μυρίων παθῶν μεστός, ὀργιζόμενος μὲν Καλλιρόῃ, λυπούμενος δὲ ἐφ´ ἑαυτῷ, φοβούμενος δὲ βασιλέα· τάχα γὰρ οὐδὲ πιστεύσειν αὐτὸν ὅτι ἀτυχῶς μέν, ἀλλὰ διελέχθη· δόξει δὲ καταπροδιδόναι τὴν ὑπηρεσίαν χαριζόμενος τῇ βασιλίδι. ἐδεδοίκει δὲ μὴ καὶ πρὸς ἐκείνην Καλλιρόη κατείπῃ τοὺς λόγους· Στάτειραν δὲ βαρυθυμοῦσαν μέγα τι βουλεύσειν αὐτῷ κακὸν ὡς οὐχ ὑπηρετοῦντι μόνον ἀλλὰ καὶ κατασκευάζοντι τὸν ἔρωτα. καὶ μὲν εὐνοῦχος ἐσκέπτετο πῶς ἂν ἀσφαλῶς ἀπαγγείλῃ βασιλεῖ περὶ τῶν γεγονότων· Καλλιρόη δὲ καθ´ ἑαυτὴν γενομένη "ταῦτα" φησὶν "ἐγὼ προεμαντευόμην. ἔχω σε μάρτυν, Εὐφρᾶτα. προεῖπον ὅτι οὐκέτι σε διαβήσομαι. ἔρρωσο, πάτερ, καὶ σύ, μῆτερ, καὶ Συρακοῦσαι πατρίς· οὐκέτι γὰρ ὑμᾶς ὄψομαι. νῦν ὡς ἀληθῶς Καλλιρόη τέθνηκεν. ἐκ τοῦ τάφου μὲν ἐξῆλθον, οὐκ ἐξάξει δέ με ἐντεῦθεν λοιπὸν οὐδὲ Θήρων λῃστής. κάλλος ἐπίβουλον, σύ μοι πάντων κακῶν αἴτιον. διὰ σὲ ἀνῃρέθην, διὰ σὲ ἐπράθην, διὰ σὲ ἔγημα μετὰ Χαιρέαν, διὰ σὲ εἰς Βαβυλῶνα ἤχθην, διὰ σὲ παρέστην δικαστηρίῳ. πόσοις με παρέδωκας; λῃσταῖς, θαλάττῃ, τάφῳ, δουλείᾳ, κρίσει. πάντων δέ μοι βαρύτατον ἔρως βασιλέως. καὶ οὔπω λέγω τὴν τοῦ βασιλέως ὀργήν· φοβερωτέραν γὰρ ἡγοῦμαι τὴν τῆς βασιλίδος ζηλοτυπίαν, ἣν οὐκ ἤνεγκε Χαιρέας, ἀνὴρ Ἕλλην. τί ποιήσει γυνὴ καὶ δέσποινα βάρβαρος; ἄγε δή, Καλλιρόη, βούλευσαί τι γενναῖον, Ἑρμοκράτους ἄξιον· ἀπόσφαξον σεαυτήν. ἀλλὰ μήπω· μέχρι γὰρ νῦν ὁμιλία ἐρωτικὴ παρ´ εὐνούχου· ἂν δὲ βιαιότερόν τι γένηται, τότε ἐστί σοι καιρὸς ἐπιδεῖξαι Χαιρέᾳ παρόντι τὴν πίστιν." δ´ εὐνοῦχος ἐλθὼν πρὸς βασιλέα τὴν μὲν ἀλήθειαν ἀπέκρυπτε τῶν γεγονότων, ἀσχολίαν δὲ ἐσκήπτετο καὶ τήρησιν ἀκριβῆ τῆς βασιλίδος, ὥστε μηδὲ δύνασθαι Καλλιρόῃ προσελθεῖν· "σὺ δὲ ἐκέλευσάς μοι, δέσποτα, προνοεῖσθαι τοῦ λαθεῖν. ὀρθῶς δὲ προσέταξας· ἀνείληφας γὰρ τὸ σεμνότατον πρόσωπον τοῦ δικαστοῦ καὶ θέλεις παρὰ Πέρσαις εὐδοκιμεῖν. διὰ τοῦτό σε πάντες ὑμνοῦσιν. Ἕλληνες δέ εἰσι μικραίτιοι καὶ λάλοι. περιβόητον αὐτοὶ ποιήσουσι τὴν πρᾶξιν, Καλλιρόη μὲν ὑπ´ ἀλαζονείας ὅτι αὐτῆς βασιλεὺς ἐρᾷ, Διονύσιος δὲ καὶ Χαιρέας ὑπὸ ζηλοτυπίας. οὐκ ἔστι δὲ ἄξιον οὐδὲ τὴν βασιλίδα λυπῆσαι, ἣν εὐμορφοτέραν ἐποίησεν δίκη τῆς δόξης." ταύτην δὲ παρέμισγε τὴν παλινῳδίαν, εἴ πως ἀποστρέψαι δύναιτο τὸν βασιλέα τοῦ ἔρωτος, καὶ ἑαυτὸν ἐλευθερῶσαι διακονίας δυσχεροῦς. [6,6] Ainsi laissé sur place, sans même être jugé digne d'une réponse, il se retira, rempli de mille sentiments divers : irrité contre Callirhoé, désolé pour lui-même, et redoutant le Roi; peut-être même celui-ci ne croirait-il pas qu'il avait parlé sans succès, mais que, du moins, il avait parlé; il s'imaginerait qu'il avait manqué à l'ordre qui lui avait été donné, par complaisance pour la reine. Et il craignait aussi que Callirhoé ne racontât à celle-ci ce qu'il avait dit, et que Statira, indignée, ne se préparât à le punir durement non seulement parce qu'il avait servi l'amour du Roi, mais parce qu'elle irait jusqu'à penser qu'il l'avait provoqué. L'eunuque réfléchissait donc au moyen d'annoncer sans risque au Roi ce qui s'était passé, et Callirhoé, demeurée seule, se dit : « Je l'avais bien prévu. Je t'en prends à témoin, Euphrate. J'avais bien dit que je ne te retraverserais pas. Adieu, mon père, et toi, ma mère, et Syracuse, ma patrie. Car je ne vous verrai plus. C'est maintenant en vérité que Callirhoé est morte! Car du tombeau je suis sortie, mais nul ne m'emmènera désormais loin d'ici, même pas Théron le pirate! O beauté traîtresse, c'est toi la cause de tous mes maux. A cause de toi j'ai été enlevée, à cause de toi j'ai été vendue, à cause de toi j'ai épousé un autre homme après Chéréas, à cause de toi j'ai été emmenée à Babylone, a cause de toi j'ai comparu au tribunal. Combien de fois tu m'as livrée! Aux pirates, à la mer, au tombeau, à la servitude, à la justice! Mais ce qui pour moi est le plus intolérable de tout, c'est l'amour du Roi. Et je ne parle pas encore de la colère du Roi ! Je considère comme plus redoutable la jalousie de la reine, ce sentiment dont ne put même pas rester maître Chéréas, lui, un homme, et un Grec! Que ferait une femme, et une maîtresse de race barbare? Allons, Callirhoé, prends une noble résolution, digne d'Hermocrate : suicide-toi. Non, pas encore; jusqu'à présent, il n'y a eu que la première entrevue, et par l'intermédiaire d'un eunuque; s'il se produit quelque violence plus grave, alors, ce sera le moment de montrer, en présence de Chéréas, ta fidélité envers lui. » L'eunuque, cependant, étant allé trouver le Roi, lui cacha ce qui s'était passé réellement; il s'excusa sur le manque de temps, sur la garde vigilante que montait la reine, et qui l'avait empêché d'aborder Callirhoé. « Tu m'as ordonné, maître, de prendre soin de me dissimuler. En quoi tu as eu raison, car tu as revêtu le personnage auguste du juge et tu désires conserver ta bonne réputation auprès des Perses. C'est pour cela que tous chantent tes louanges. Mais les Grecs accusent pour un rien et sont bavards. Ils iront crier partout cette affaire : Callirhoé, par vantardise, parce que le Roi est amoureux d'elle, Dionysios et Chéréas par jalousie. Il ne vaut pas la peine de causer du chagrin à la reine, dont la comparaison a mieux fait apparaître la beauté. » Il introduisait de la sorte un début de rétractation, pour voir s'il pourrait détourner le Roi de son amour, et pour se tirer lui-même de l'exécution d'un ordre difficile.


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Dernière mise à jour : 13/12/2006