[6,4] Ταῦτα ἤρεσε καὶ θήρα κατηγγέλλετο μεγαλοπρεπής. ἐξήλαυνον
ἱππεῖς κεκοσμημένοι καὶ Περσῶν οἱ ἄριστοι καὶ τῆς ἄλλης στρατιᾶς
τὸ ἐπίλεκτον. πάντων δὲ ὄντων ἀξιοθεάτων διαπρεπέστατος ἦν
αὐτὸς ὁ βασιλεύς. καθῆστο γὰρ ἵππῳ Νισαίῳ καλλίστῳ καὶ μεγίστῳ
χρύσεον ἔχοντι χαλινόν, χρύσεα δὲ φάλαρα καὶ προμετωπίδια καὶ
προστερνίδια· πορφύραν δὲ ἠμφίεστο Τυρίαν (τὸ δὲ ὕφασμα Βαβυλώνιον)
καὶ τιάραν ὑακινθινοβαφῆ· χρύσεον δὲ ἀκινάκην ὑπεζωσμένος
δύο ἄκοντας ἐκράτει, καὶ φαρέτρα καὶ τόξον αὐτῷ παρήρτητο, Σηρῶν
ἔργον πολυτελέστατον. καθῆστο δὲ σοβαρός· ἔστι γὰρ ἴδιον Ἔρωτος
τὸ φιλόκοσμον· ἤθελε δὲ μέσος ὑπὸ Καλλιρόης ὁραθῆναι, καὶ διὰ
τῆς πόλεως ἁπάσης ἐξιὼν περιέβλεπεν εἴ που κἀκείνη θεᾶται τὴν
πομπήν. ταχέως δὲ ἐνεπλήσθη τὰ ὄρη βοώντων, θεόντων, κυνῶν
ὑλασσόντων, ἵππων χρεμετιζόντων, θηρῶν ἐλαυνομένων. ἡ σπουδὴ
καὶ ὁ θόρυβος ἐκεῖνος αὐτῶν ἐξέστησεν ἂν καὶ τὸν Ἔρωτα· τέρψις
γὰρ ἦν, μετ´ ἀγωνίας καὶ χαρά, μετὰ φόβου καὶ κίνδυνος ἡδύς.
ἀλλὰ βασιλεὺς οὔτε ἵππον ἔβλεπε, τοσούτων ἱππέων αὐτῷ παραθεόντων,
οὔτε θηρίον, τοσούτων διωκομένων, οὔτε κυνὸς ἤκουε,
τοσούτων ὑλακτούντων, οὔτε ἀνθρώπων, πάντων βοώντων. ἔβλεπε
δὲ Καλλιρόην μόνην τὴν μὴ παροῦσαν, καὶ ἤκουεν ἐκείνης τῆς μὴ
λαλούσης. συνεξῆλθε γὰρ ἐπὶ τὴν θήραν ὁ Ἔρως αὐτῷ, καί, ἅτε δὴ
φιλόνεικος θεός, ἀντιταττόμενον ἰδὼν καὶ βεβουλευμένον, ὡς ᾤετο,
καλῶς, εἰς τοὐναντίον τὴν τέχνην περιέτρεψεν αὐτῷ καὶ δι´ αὐτῆς
τῆς θεραπείας ἐξέκαυσε τὴν ψυχήν, ἔνδον παρὼν καὶ λέγων "οἷον
ἦν ἐνθάδε Καλλιρόην ἰδεῖν, κνήμας ἀνεζωσμένην καὶ βραχίονας
γεγυμνωμένην, πρόσωπον ἐρυθήματος, στῆθος ἀσταθμήτου πλῆρες.
ἀληθῶς
"οἵη δ´ Ἄρτεμις εἶσι κατ´ οὔρεος ἰοχέαιρα,
ἢ κατὰ Τηΰγετον περιμήκετον ἢ Ἐρύμανθον,
τερπομένη κάπροισι καὶ ὠκείῃς ἐλάφοισι."
ταῦτα ἀναζωγραφῶν καὶ ἀναπλάττων ἐξεκαίετο σφόδρα. - - -
ταῦτα λέγοντος Ἀρταξάτης ὑπολαβὼν "ἐπιλέλησαι" φησί, "δέσποτα,
τῶν γεγονότων· Καλλιρόη γὰρ ἄνδρα οὐκ ἔχει, μένει δὲ ἡ
κρίσις, τίνι ὀφείλει γαμηθῆναι. μέμνησο οὖν ὅτι χήρας ἐρᾷς· ὡς
μήτε τοὺς νόμους αἰδοῦ, κεῖνται γὰρ ἐπὶ τοῖς γάμοις, μήτε μοιχείαν,
δεῖ γὰρ πρῶτον εἶναι ἄνδρα τὸν ἀδικούμενον, εἶτα τὸν ἀδικοῦντα
μοιχόν." ἤρεσεν ὁ λόγος τῷ βασιλεῖ, πρὸς ἡδονὴν γὰρ ἦν, καὶ
προσλαβόμενος ὑπὸ χεῖρα τὸν εὐνοῦχον κατεφίλησε καὶ "δικαίως
ἄρα σε ἐγὼ" ἔφη "πάντων προτιμῶ· σὺ γὰρ εὐνούστατος καὶ φύλαξ
ἀγαθὸς ἐμοί. ἄπιθι δὴ καὶ Καλλιρόην ἄγε. δύο δέ σοι προστάσσω,
μὴ ἄκουσαν, μήτε φανερῶς· θέλω γάρ σε καὶ πεῖσαι καὶ λαθεῖν."
Εὐθὺς οὖν ἀνακλητικὸν τῆς θήρας σύνθημα διεδόθη καὶ πάντες
ἀνέστρεφον· βασιλεὺς δὲ ἀνηρτημένος ταῖς ἐλπίσιν εἰσήλαυνεν εἰς
τὰ βασίλεια χαίρων ὡς τὸ κάλλιστον θήραμα θηράσας. καὶ Ἀρταξάτης
δὲ ἔχαιρε νομίζων † πρὸς † ὑπηρεσίαν ὑπεσχῆσθαι, βραβεύσειν
δὲ λοιπὸν ἅρμα βασιλικόν, χάριν εἰδότων ἀμφοτέρων αὐτῷ, Καλλιρόης
δὲ μᾶλλον· ἔκρινε γὰρ τὴν πρᾶξιν ῥᾳδίαν, ὡς εὐνοῦχος, ὡς δοῦλος,
ὡς βάρβαρος. οὐκ ᾔδει δὲ φρόνημα Ἑλληνικὸν εὐγενὲς καὶ μάλιστα
τὸ Καλλιρόης τῆς σώφρονος καὶ φιλάνδρου.
| [6,4] L'idée plut au Roi qui donna l'ordre de préparer
une chasse magnifique. Alors on vit partir des cavaliers
splendidement harnachés et les plus nobles parmi les
Perses, ainsi que l'élite du reste de l'armée. Tous méritaient
d'être vus, mais le plus remarquable parmi eux
était le Roi. Il montait un cheval de Nisa, très beau et
très grand, harnaché avec un mors en or, une têtière
et des harnais de poitrine d'or; lui-même était vêtu d'une
robe en pourpre de Tyr (le tissage en avait été exécuté à
Babylone), et portait un bandeau de tête couleur de
jacinthe. A la ceinture il avait un cimeterre doré et à
la main deux javelots; à ses côtés pendaient un carquois
et un arc, ouvrage précieux des Sères. Il se redressait
avec fierté, car le propre de l'amour est d'aimer la parure;
il souhaitait être vu, au milieu de sa suite, par Callirhoé,
et, en traversant toute la ville pour sortir, il regardait
tout autour de lui si par hasard elle n'était pas elle
aussi spectatrice du cortège. Bientôt, les montagnes
furent remplies de gens criant, courant, de chiens
aboyant, de chevaux hennissant, de bêtes poursuivies.
Cette activité, cette agitation auraient eu raison
d'Amour lui-même, car c'était un plaisir mêlé d'angoisse,
une joie mêlée de crainte, et des dangers délicieux. Mais
le Roi ne voyait ni un cheval, alors qu'il y en avait tant
à courir près de lui, ni aucun fauve, alors que l'on en
poursuivait tant, n'entendait aucun chien, alors que tant
aboyaient, ni aucun homme, alors que tous criaient.
Il voyait la seule Callirhoé, qui n'était pas là, il n'entendait
qu'elle, bien qu'elle ne parlât pas. Amour l'accompagna
à la chasse et, en dieu acharné à vaincre qu'il
est, le voyant prêt à résister et bien déterminé (du moins
il le croyait), il retourna contre lui le moyen dont il
usait et se servit du remède même qu'il employait pour
l'enflammer davantage, demeurant en lui et disant :
Qu'il serait doux de voir ici Callirhoé, la tunique
relevée jusqu'aux genoux, les bras nus, le visage rougissant
et la poitrine haletante. Vraiment,
"telle qu'Artémis armée de son arc va par la montagne, ou
à travers l'immense Taygète ou à travers l'Erymanthe, joyeuse
des sangliers et des biches rapides".
Et, en se dessinant, en se formant ces images, le Roi
s'enflammait violemment...
Tandis qu'il parlait, Artaxate l'interrompit : « Tu
oublies, maître, dit-il, ce qui s'est passé : Callirhoé n'a
pas de mari, elle attend le jugement pour savoir qui elle
doit épouser. N'oublie pas que tu es amoureux d'une
femme sans mari; ne crains pas les lois qui concernent
le mariage; ne redoute pas de commettre l'adultère, car
il faut d'abord qu'il y ait un mari à qui l'on fait tort
et ensuite un amant pour lui faire tort. » Ce discours plut
au Roi, car il répondait à sa passion, et, prenant l'eunuque
par la main, il l'embrassa, puis : « J'ai bien raison,
dit-il, de t'estimer plus que quiconque; car tu es pour
moi le plus dévoué et le plus fidèle gardien. Va-t'en et
amène-moi Callirhoé. Mais je t'ordonne deux choses :
que ce ne soit pas contre son gré, ni ouvertement; je
veux et que tu la persuades et que tu ne te fasses pas voir. »
Immédiatement, il donna le signal d'arrêter la chasse
et tous s'en revinrent. Le Roi, transporté d'espérance,
revint à cheval au palais, tout joyeux, comme s'il avait
fait la prise la plus magnifique. Et Artaxate se réjouit,
pensant pouvoir se promettre d'exécuter cet ordre et
être appelé à conduire à l'avenir le char royal, étant
donné la reconnaissance qu'ils lui auraient tous deux,
et surtout Callirhoé; il s'imaginait que la chose serait
facile à faire, pensant en eunuque, en esclave, en barbare.
Mais il ne connaissait pas les sentiments nobles
des Grecs, et surtout ceux de Callirhoé, vertueuse et
aimant son mari.
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