Texte grec :
[5,7] Μηδὲν δὲ καταπλαγεὶς ἐκεῖνος "δέομαί σου" φησί, "βασιλεῦ,
δίκαιος γὰρ εἶ καὶ φιλάνθρωπος, μὴ καταγνῷς μου, πρὶν ἀκούσῃς
τῶν λόγων ἑκατέρωθεν, μηδὲ ἄνθρωπος Ἕλλην, πανούργως συνθεὶς
κατ´ ἐμοῦ ψευδεῖς διαβολάς, πιθανώτερος γένηται παρὰ σοὶ τῆς
ἀληθείας. συνίημι δὲ ὅτι βαρεῖ με πρὸς ὑποψίαν τὸ κάλλος τῆς
γυναικός· οὐδενὶ γὰρ ἄπιστον φαίνεται θελῆσαί τινα Καλλιρόην
διαφθεῖραι. ἐγὼ δὲ καὶ τὸν ἄλλον βίον ἔζησα σωφρόνως καὶ πρώτην
ταύτην ἔσχηκα διαβολήν· εἰ δέ γε καὶ ἀκόλαστος καὶ ἀσελγὴς ἐτύγχανον,
ἐποίησεν ἄν με βελτίω τὸ παρὰ σοῦ τοσαύτας πόλεις πεπιστεῦσθαι.
τίς οὕτως ἐστὶν ἀνόητος, ἵνα ἕληται τὰ τηλικαῦτα ἀγαθὰ
μιᾶς ἡδονῆς ἕνεκεν ἀπολέσαι καὶ ταύτης αἰσχρᾶς; εἰ δὲ ἄρα τι καὶ
συνῄδειν ἐμαυτῷ πονηρόν, ἐδυνάμην καὶ παραγράψασθαι τὴν δίκην·
Διονύσιος γὰρ οὐχ ὑπὲρ γυναικὸς ἐγκαλεῖ κατὰ νόμους αὐτῷ γαμηθείσης,
ἀλλὰ πωλουμένην ἠγόρασεν αὐτήν· ὁ δὲ τῆς μοιχείας νόμος
οὐκ ἔστιν ἐπὶ δούλων. ἀναγνώτω σοι πρῶτον τὸ γραμμάτιον τῆς
ἀπελευθερώσεως, εἶτα τότε γάμον εἰπάτω. γυναῖκα τολμᾷς ὀνομάζειν,
ἣν ἀπέδοτό σοι ταλάντου Θήρων ὁ λῃστής, κἀκεῖνος ἁρπάσας
ἐκ τάφου; ‘ἀλλὰ’ φησὶν ‘ἐλευθέραν οὖσαν ἐπριάμην.’ οὐκοῦν
ἀνδραποδιστὴς εἶ σὺ καὶ οὐκ ἀνήρ. πλὴν ὡς ἀνδρὶ νῦν ἀπολογήσομαι.
γάμον ὀνόμαζε τὴν πρᾶσιν καὶ προῖκα τὴν τιμήν· Μιλησία
σήμερον ἡ Συρακοσία δοξάτω. μάθε, δέσποτα, ὅτι οὔτε Διονύσιον
ὡς ἄνδρα οὔτε ὡς κύριον ἠδίκηκα. πρῶτον μὲν γὰρ οὐ γενομένην,
ἀλλ´ ὡς μέλλουσαν μοιχείαν ἐγκαλεῖ, καὶ πρᾶξιν οὐκ ἔχων εἰπεῖν
ἀναγινώσκει γραμμάτια κενά. τὰς δὲ τιμωρίας οἱ νόμοι τῶν ἔργων
λαμβάνουσι. προφέρεις ἐπιστολήν. ἐδυνάμην εἰπεῖν ‘οὐ γέγραφα·
χεῖρα ἐμὴν οὐκ ἔχεις· Καλλιρόην Χαιρέας ζητεῖ· κρῖνε τοίνυν μοιχείας
ἐκεῖνον.’ ‘ναὶ’ φησίν. ‘ἀλλὰ Χαιρέας μὲν τέθνηκε, σὺ δὲ
ὀνόματι τοῦ νεκροῦ τὴν γυναῖκά μου διέφθειρας.’ προκαλῇ με,
Διονύσιε, πρόκλησιν οὐδαμῶς σοι συμφέρουσαν. μαρτύρομαι·
φίλος εἰμί σου καὶ ξένος. ἀπόστηθι τῆς κατηγορίας· συμφέρει σοι.
βασιλέως δεήθητι παραπέμψαι τὴν δίκην. παλινῳδίαν εἰπὲ ‘Μιθριδάτης
οὐδὲν ἀδικεῖ· μάτην ἐμεμψάμην αὐτόν.’ ἂν δὲ ἐπιμείνῃς,
μετανοήσεις· κατὰ σαυτοῦ τὴν ψῆφον οἴσεις. προλέγω σοι, Καλλιρόην
ἀπολέσεις. οὐκ ἐμὲ βασιλεὺς ἀλλὰ σὲ μοιχὸν εὑρήσει."
Ταῦτα εἰπὼν ἐσίγησεν· ἅπαντες δὲ εἰς Διονύσιον ἀπέβλεψαν
θέλοντες μαθεῖν, αἱρέσεως αὐτῷ προτεθείσης, πότερον ἀφίσταται τῆς
κατηγορίας ἢ βεβαίως ἐμμένοι. τὸ γὰρ αἰνιττόμενον ὑπὸ Μιθριδάτου
τί ποτε ἦν αὐτοὶ μὲν οὐ συνίεσαν, Διονύσιον δὲ ὑπελάμβανον
εἰδέναι. κἀκεῖνος δὲ ἠγνόει, μηδέποτ´ ἂν ἐλπίσας ὅτι Χαιρέας ζῇ.
ἔλεγεν οὖν· "εἰπὲ" φησὶν "ὅτι ποτὲ καὶ θέλεις· οὐδὲ γὰρ ἐξαπατήσεις
με σοφίσμασι καὶ ἀξιοπίστοις ἀπειλαῖς, οὐδ´ εὑρεθήσεταί ποτε
Διονύσιος συκοφαντῶν."
Ἔνθεν ἑλὼν ὁ Μιθριδάτης φωνὴν ἐπῆρε καὶ ὥσπερ ἐπὶ θειασμοῦ
"θεοὶ" φησὶ "βασίλειοι ἐπουράνιοί τε καὶ ὑποχθόνιοι, βοηθήσατε
ἀνδρὶ ἀγαθῷ, πολλάκις ὑμῖν εὐξαμένῳ δικαίως καὶ θύσαντι μεγαλοπρεπῶς·
ἀπόδοτέ μοι τὴν ἀμοιβὴν τῆς εὐσεβείας συκοφαντουμένῳ·
χρήσατέ μοι κἂν εἰς τὴν δίκην Χαιρέαν. φάνηθι, δαῖμον ἀγαθέ·
καλεῖ σε ἡ σὴ Καλλιρόη· μεταξὺ δὲ ἀμφοτέρων, ἐμοῦ τε καὶ Διονυσίου
στὰς εἶπον βασιλεῖ τίς ἐστιν ἐξ ἡμῶν μοιχός."
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Traduction française :
[5,7] Celui-ci, nullement abattu, commença : « Je te
demande, ô Roi, car tu es juste et humain, de ne pas me
condamner avant d'avoir entendu ce que les deux parties
ont à dire et de faire en sorte qu'un Grec, qui a
astucieusement réuni contre moi des accusations mensongères,
ne trouve pas auprès de toi plus de créance
que la vérité. Je sais bien que le soupçon à mon égard
est accru par la beauté de cette femme; car nul ne trouve
invraisemblable que quelqu'un veuille séduire Callirhoé.
Mais moi, tout le reste de ma vie, j'ai vécu vertueusement,
et c'est la première fois que l'on m'accuse; mais
si je m'étais trouvé être un vaurien et un impudent,
j'aurais été corrigé par le fait que tu m'as confié des villes
aussi importantes. Qui eet assez stupide pour préférer
perdre de si grands biens au prix d'un seul plaisir, et
un plaisir honteux? D'ailleurs, si j'avais eu conscience
d'avoir commis une faute, j'aurais pu soulever une
exception dans cette cause : car Dionysios n'est pas ici
plaignant au sujet d'une femme qu'il aurait épousée
conformément aux lois; cette femme a été vendue comme
esclave, et il l'a achetée, or la loi concernant l'adultère ne
s'applique pas aux esclaves. Qu'il te lise d'abord l'acte
d'affranchissement, et qu'ensuite seulement il parle de
mariage. Tu oses appeler ta femme celle que t'a cédée
pour un talent le pirate Théron après l'avoir enlevée au
tombeau ? « Mais, diras-tu, je l'ai achetée alors qu'elle
était libre. » Alors, tu es un trafiquant de chair humaine,
et non pas son mari. Mais, de toute façon, je vais présenter
ma défense comme si tu étais son mari. Considère
la vente comme un mariage et le prix comme une dot et
regardons comme Milésienne une femme qui est en
réalité Syracusaine. Apprends, maître, que je n'ai commis
aucun tort contre Dionysios, ni contre le mari ni contre
le maître. D'abord, il m'accuse non pas d'un adultère
qui aurait eu lieu, mais d'un adultère dans le futur, et, ne
pouvant citer de fait, vient lire de vaines lettres. Mais le
châtiment infligé par les lois l'est aux actes. Tu produis
une lettre. Je pourrais dire : « Je ne l'ai pas écrite, ce
n'est point là mon écriture; Chéréas cherche Callirhoé;
traduis donc celui-ci en justice pour adultère. « Oui,
dis-tu, mais Chéréas est mort, et c'est au nom d'un mort
que tu cherches à séduire ma femme. Tu me lances, ô
Dionysies, un défi qui tournera mal pour toi. Je te
prends à témoin : je suis ton ami et ton hôte. Demande
au Roi de renoncer à ce procès. Rétracte-toi : « Mithridate
n'est pas coupable; c'est à tort que je l'ai blâmé. »
Mais si tu persistes, tu t'en repentiras; c'est contre toi-même
que tu porteras la sentence. Je te le prédis, tu
perdras Callirhoé. C'est toi, et non pas moi, que le Roi
convaincra d'adultère. »
Après quoi, il se tut; et tous se tournèrent vers
Dionysios, désirant savoir si, le choix lui étant ainsi
offert, il se désisterait de son accusation ou demeurerait
ferme. Ce à quoi faisait allusion Mithridate, ils ignoraient
eux-mêmes ce que cela pouvait bien être, mais
ils supposaient que Dionysios le savait. Mais celui-ci
l'ignorait aussi, et jamais il ne serait attendu à ce que
Chéréas fût vivant. Il dit donc : « Parle, parle à ton gré;
car tu ne me tromperas pas avec tes sophismes et tes
menaces auxquelles personne ne croit, et jamais on ne
convaincra Dionysios d'avoir accusé à la légère. »
Mithridate reprit alors, élevant la voix et, comme
saisi par une inspiration divine : « Dieux royaux, dit-il,
dieux du ciel et dieux souterrains, secourez un honnête
homme qui souvent vous a adressé des prières justes
et offert des sacrifices magnifiques; accordez-moi le
prix de ma piété, aujourd'hui que je suis victime de la
calomnie; prêtez-moi Chéréas, ne serait-ce que pour ce
procès! Montre-toi, âme bienveillante; c'est ta Callirhoé
qui t'appelle, et, debout entre nous deux, Dionysios
et mol-même dis au Roi qui de nous deux est l'adultère. »
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