Texte grec :
[5,6] Ἤρξατο δὲ Διονύσιος τῶν λόγων οὕτως "χάριν ἔχω σοι τῆς
τιμῆς, βασιλεῦ, ἣν ἐτίμησας κἀμὲ καὶ σωφροσύνην καὶ τοὺς πάντων
γάμους· οὐ γὰρ περιεῖδες ἄνδρα ἰδιώτην ἐπιβουλευθέντα ὑπὸ ἡγεμόνος,
ἀλλὰ ἐκάλεσας, ἵνα ἐπ´ ἐμοῦ μὲν ἐκδικήσῃς τὴν ἀσέλγειαν καὶ
ὕβριν, ἐπὶ τῶν ἄλλων δὲ κωλύσῃς. μείζονος δὲ τιμωρίας ἄξιον τὸ
ἔργον γέγονε καὶ διὰ τὸν ποιήσαντα. Μιθριδάτης γάρ, οὐκ ἐχθρὸς
ὢν ἀλλὰ ξένος ἐμὸς καὶ φίλος, ἐπίβουλος ἐμοί, καὶ οὐκ εἰς ἄλλο τι
τῶν κτημάτων, ἀλλὰ εἰς τὸ τιμιώτερον ἐμοὶ σώματός τε καὶ ψυχῆς,
τὴν γυναῖκα· ὃν ἐχρῆν, εἰ καί τις ἄλλος ἐπλημμέλησεν εἰς ἡμᾶς,
αὐτὸν βοηθεῖν, εἰ καὶ μὴ δι´ ἐμὲ τὸν φίλον, ἀλλὰ διὰ σὲ τὸν βασιλέα.
σὺ γὰρ ἐνεχείρισας αὐτῷ τὴν μεγίστην ἀρχήν, ἧς ἀνάξιος φανεὶς
κατῄσχυνε, μᾶλλον δὲ προέδωκε τὸν πιστεύσαντα τὴν ἀρχήν. τὰς
μὲν οὖν δεήσεις τὰς Μιθριδάτου καὶ τὴν δύναμιν καὶ τὴν παρασκευήν,
ὅσῃ χρῆται πρὸς τὸν ἀγῶνα, ὅτι οὐκ ἐξ ἴσου καθεστήκαμεν, οὐδὲ
αὐτὸς ἀγνοῶ· θαρρῶ δέ, βασιλεῦ, τῇ σῇ δικαιοσύνῃ καὶ τοῖς γάμοις
καὶ τοῖς νόμοις, οὓς ὁμοίως σὺ πᾶσι τηρεῖς. εἰ γὰρ μέλλεις αὐτὸν
ἀφιέναι, πολὺ βέλτιον ἦν μηδὲ καλέσαι· τότε μὲν γὰρ ἐφοβοῦντο
πάντες, ὡς κολασθησομένης τῆς ἀσελγείας, ἐὰν εἰς κρίσιν εἰσέλθῃ·
καταφρονήσει δὲ λοιπόν, ἐάν τις κριθεὶς παρὰ σοὶ μὴ κολασθῇ. ὁ
δὲ ἐμὸς λόγος σαφής ἐστι καὶ σύντομος. ἀνήρ εἰμι Καλλιρόης
ταύτης, ἤδη δὲ ἐξ αὐτῆς καὶ πατήρ, γήμας οὐ παρθένον, ἀλλὰ
ἀνδρὸς προτέρου γενομένην, Χαιρέου τοὔνομα, πάλαι τεθνεῶτος, οὗ
καὶ τάφος ἐστὶ παρ´ ἡμῖν. Μιθριδάτης οὖν ἐν Μιλήτῳ γενόμενος
καὶ θεασάμενός μου τὴν γυναῖκα διὰ τὸ τῆς ξενίας δίκαιον, τὰ μετὰ
ταῦτα οὐκ ἔπραξεν οὔτε ὡς φίλος οὔτε ὡς ἀνὴρ σώφρων καὶ κόσμιος,
ὁποίους σὺ βούλει εἶναι τοὺς τὰς σὰς πόλεις ἐγκεχειρισμένους, ἀλλ´
ἀσελγὴς ὤφθη καὶ τυραννικός. ἐπιστάμενος δὲ τὴν σωφροσύνην καὶ
φιλανδρίαν τῆς γυναικὸς λόγοις μὲν ἢ χρήμασι πεῖσαι αὐτὴν ἀδύνατον
ἔδοξε, τέχνην δὲ ἐξεῦρεν ἐπιβουλῆς, ὡς ᾤετο, πιθανωτάτην·
τὸν γὰρ πρότερον αὐτῆς ἄνδρα Χαιρέαν ὑπεκρίνατο ζῆν καὶ πλάσας
ἐπιστολὰς ἐπὶ τῷ ὀνόματι τῷ ἐκείνου πρὸς Καλλιρόην ἔπεμψε διὰ
δούλων. ἡ δὲ σή, Τύχη, βασκανία βασιλέα ἄξιον ὄντα κατέστησε
καὶ ἡ πρόνοια τῶν ἄλλων θεῶν φανερὰς ἐποίησε τὰς ἐπιστολάς·
τοὺς γὰρ δούλους μετὰ τῶν ἐπιστολῶν ἔπεμψε πρὸς ἐμὲ Βίας ὁ στρατηγὸς
Πριηνέων, ἐγὼ δὲ φωράσας ἐμήνυσα τῷ σατράπῃ Λυδίας καὶ
Ἰωνίας Φαρνάκῃ, ἐκεῖνος δὲ σοί.
"Τὸ μὲν διήγημα εἴρηκα τοῦ πράγματος, περὶ οὗ δικάζεις· αἱ δὲ
ἀποδείξεις ἄφυκτοι· δεῖ γὰρ δυοῖν θάτερον, ἢ Χαιρέαν ζῆν, ἢ Μιθριδάτην
ἠλέγχθαι μοιχόν. καὶ γὰρ οὐδὲ τοῦτο δύναται λέγειν, ὅτι
τεθνηκέναι Χαιρέαν ἠγνόει· τούτου γὰρ ἐν Μιλήτῳ παρόντος ἐχώσαμεν
ἐκείνῳ τὸν τάφον, καὶ συνεπένθησεν ἡμῖν. ἀλλ´ ὅταν μοιχεῦσαι
θέλῃ Μιθριδάτης, ἀνίστησι τοὺς νεκρούς. παύομαι τὴν ἐπιστολὴν
ἀναγνούς, ἣν οὗτος διὰ τῶν ἰδίων δούλων ἔπεμψεν εἰς Μίλητον ἐκ
Καρίας. λέγε λαβών· ‘Χαιρέας ζῶ.’ τοῦτο ἀποδειξάτω Μιθριδάτης
καὶ ἀφείσθω. λόγισαι δέ, βασιλεῦ, πῶς ἀναίσχυντός ἐστι
μοιχός, ὅπου καὶ νεκροῦ καταψεύδεται."
Ταῦτα εἰπὼν ὁ Διονύσιος παρώξυνε τοὺς ἀκούοντας καὶ εὐθὺς
εἶχε τὴν ψῆφον. θυμωθεὶς δὲ {ὁ} βασιλεὺς εἰς Μιθριδάτην πικρὸν
καὶ σκυθρωπὸν ἀπέβλεψε.
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Traduction française :
[5,6] Dionysios commença ainsi son discours : « Je te
remercie de l'honneur que tu m'as fait, ô Roi, à moi-même,
en même temps qu'à la Vertu et au mariage en
général. Tu n'as pas toléré qu'un simple particulier fût
en butte aux intrigues d'un gouverneur, mais tu as cité
celui-ci devant toi pour punir l'impudence et l'insolence
de cet homme envers moi et pour en protéger les autres.
Cette acton appelle une plus grande vengeance, à cause
de la personne de son auteur. Voici Mithridate, qui, alors
qu'il n'est pas mon ennemi, mais bien mon hôte et mon
ami, complote contre moi, et, parmi tous mes biens, s'attaque
seulement à celui qui est le plus cher à mon corps
et à mon âme, je veux dire ma femme — lui qui, si quelqu'un
avait commis une faute contre moi, aurait du
venir à mon aide, sinon à cause de moi, son ami, du
moins à cause de toi, ô Roi. Car tu lui as remis le pouvoir
souverain, qu'il a déshonoré en s'en montrant
indigne, et, plus encore, il a trahi celui qui lui avait
confié son commandement. Sans doute, les prières de
Mithridate, sa puissance, les préparatifs qu'il a faits pour
ce procès et qui ont pour résultat que nous ne sommes
pas égaux devant toi, tout cela, je ne l'ignore pas moi
non plus; mais j'ai confiance, o^Roi, dans ta justice,
dans mon mariage, dans les lois, que tu maintiens égales
pour tous. Si tu dois l'acquitter il aurait mieux valu que
tu ne le fisses point compraître, car, alors, tout le monde
était saisi de crainte, à la pensée que l'impudence serait
punie lorsqu'elle viendrait en jugement; mais, à l'avenir,
il te méprisera, si, après avoir été jugé par toi, il n'est pas
châtié.
Ma cause est claire et brève. Je suis le mari de Callirhoé
que voici, et, déjà, elle m'a donné un enfant; je ne
l'ai pas épousée vierge; elle avait déjà été mariée à un
homme du nom de Chéréas, qui est mort depuis longtemps,
et dont le tombeau se trouve dans notre patrie.
Donc, Mithridate, se trouvant à Milet et ayant vu ma
femme, selon les privilèges de l'hospitalité, ne se conduisit
par la suite ni en ami ni en homme sage et bien élevé,
tels que tu veux que soient ceux à qui tu confies les villes,
mais se révéla impudent et tyrannique. Connaissant la
vertu de ma femme et son affection pour son mari, il
jugea impossible de la persuader ni par des discours ni
par des présents, aussi trouva-t-il, pour l'attaquer, un
stratagème, pensait-il, très vraisemblable. Il feignit que
le premier mari de ma femme, Chéréas, fût encore en vie
et il forgea une lettre au nom de celui-ci, puis l'envoya
à Callirhoé par l'intermédiaire d'esclaves. Mais ta
Fortune, ô Roi, secourut celui qui en était digne, et la
Providence des autres dieux révéla ses machinations :
car les esclaves qui portaient la lettre me furent envoyés
par Bias, le commandant de Priène, et moi, ayant tout
découvert, j'en rendis compte à Pharnace, le satrape de
Lydie et d'Ionie, et lui à toi.
J'ai fini de raconter l'affaire que tu juges; les preuves
sont irréfutables : il faut de deux choses l'une, ou que
Chéréas soit vivant, ou que Mithridate soit convaincu
d'adultère. Car il ne peut même pas prétendre qu'il
ignorait que Chéréas était mort puisqu'il était présent à
Milet lorsque nous avons élevé le tombeau de celui-ci,
et il a mené le deuil avec nous. Mais lorsque Mithridate
veut commettre l'adultère, il ressuscite les morts. Je
terminerai en lisant la lettre qu'il a lui-même fait porter
par ses propres esclaves, de Carie à Miet. Prends-la
et lis : « Moi, Chéréas, je vis... ». Que, de cela, Mithridate
fasse la preuve, et qu'il soit acquitté. Mais songe, ô Roi
à l'impudence d'un adultère qui va jusqu'à attribuer
sa faute à un mort. »
Ce discours de Dionysios toucha les auditeurs et, tout
de suite, les gagna à sa cause; et le Roi, irrité, jeta sur
Mithridate un regard courroucé et sombre.
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