HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre V

εἶχε



Texte grec :

[5,4] Παρασκευὴ οὖν ἐντεῦθεν ἐγίνετο ἐπὶ τὴν δίκην παρ´ ἑκατέρων ὥσπερ ἐπὶ πόλεμον τὸν μέγιστον. ἐσχίσθη δὲ τὸ πλῆθος τῶν βαρβάρων καὶ ὅσον μὲν ἦν σατραπικὸν Μιθριδάτῃ προσέθετο· καὶ γὰρ ἦν ἀνέκαθεν ἐκ Βάκτρων, εἰς Καρίαν δὲ ὕστερον μετῳκίσθη· Διονύσιος δὲ τὸ δημοτικὸν εἶχεν εὔνουν· ἐδόκει γὰρ ἀδικεῖσθαι παρὰ τοὺς νόμους εἰς γυναῖκα ἐπιβουλευθείς, καὶ ὃ μεῖζόν ἐστι, τοιαύτην. οὐ μὴν οὐδ´ ἡ γυναικωνῖτις ἡ Περσῶν ἀμέριμνος ἦν, ἀλλὰ καὶ ἐνταῦθα διῃρέθησαν αἱ σπουδαί· τὸ μὲν γὰρ αὐτῶν ἐπ´ εὐμορφίᾳ μέγα φρονοῦν ἐφθόνει τῇ Καλλιρόῃ καὶ ἤθελεν αὐτὴν ἐκ τῆς δίκης ὑβρισθῆναι, τὸ δὲ πλῆθος ταῖς οἰκείαις φθονοῦσαι τὴν ξένην εὐδοκιμῆσαι συνηύχοντο. τὴν νίκην δὲ ἑκάτερος αὐτῶν ἐν ταῖς χερσὶν ἔχειν ὑπελάμβανε· Διονύσιος μὲν θαρρῶν ταῖς ἐπιστολαῖς αἷς ἔγραψε Μιθριδάτης πρὸς Καλλιρόην ὀνόματι Χαιρέου (ζῆν γὰρ οὐδέποτε Χαιρέαν προσεδόκα), Μιθριδάτης δὲ Χαιρέαν ἔχων δεῖξαι πέπειστο ἁλῶναι μὴ δύνασθαι. προσεποιεῖτο δὲ δεδιέναι καὶ συνηγόρους παρεκάλει, ἵνα διὰ τὸ ἀπροσδόκητον λαμπροτέραν τὴν ἀπολογίαν ποιήσηται. ταῖς δὲ τριάκοντα ἡμέραις Πέρσαι καὶ Περσίδες οὐδὲν ἕτερον διελάλουν ἢ τὴν δίκην ταύτην, ὥστε, εἰ χρὴ τἀληθὲς εἰπεῖν, ὅλη ἡ Βαβυλὼν δικαστήριον ἦν. ἐδόκει δὲ πᾶσιν ἡ προθεσμία μακρὰ καὶ οὐ τοῖς ἄλλοις μόνον ἀλλὰ καὶ αὐτῷ {τῷ} βασιλεῖ. ποῖος ἀγὼν Ὀλυμπικὸς ἢ νύκτες Ἐλευσίνιαι προσδοκίαν τοσαύτης ἔσχον σπουδῆς; Ἐπεὶ δὲ ἧκεν ἡ κυρία τῶν ἡμερῶν, ἐκαθέσθη βασιλεύς. ἔστι δὲ οἶκος ἐν τοῖς βασιλείοις ἐξαίρετος, ἀποδεδειγμένος εἰς δικαστήριον, μεγέθει καὶ κάλλει διαφέρων· ἔνθα μέσος μὲν ὁ θρόνος κεῖται βασιλεῖ, παρ´ ἑκάτερα δὲ τοῖς φίλοις οἳ τοῖς ἀξιώμασι καὶ ταῖς ἀρεταῖς ὑπάρχουσιν ἡγεμόνες ἡγεμόνων. περιεστᾶσι δὲ κύκλῳ τοῦ θρόνου λοχαγοὶ καὶ ταξίαρχοι καὶ τῶν βασιλέως ἐξελευθέρων τὸ ἐντιμότατον, ὥστε ἐπ´ ἐκείνου τοῦ συνεδρίου καλῶς ἂν εἴποι τις "οἱ δὲ θεοὶ πὰρ Ζηνὶ καθήμενοι ἠγορόωντο." παράγονται δὲ οἱ δικαζόμενοι μετὰ σιγῆς καὶ δέους. τότε οὖν ἕωθεν μὲν πρῶτος ἧκε Μιθριδάτης, δορυφορούμενος ὑπὸ φίλων καὶ συγγενῶν, οὐ πάνυ τι λαμπρὸς οὐδὲ φαιδρός, ἀλλ´, ὡς ὑπεύθυνος, ἐλεεινός· ἐπηκολούθει δὲ καὶ Διονύσιος Ἑλληνικῷ σχήματι Μιλησίαν στολὴν ἀμπεχόμενος, τὰς ἐπιστολὰς τῇ χειρὶ κατέχων. ἐπεὶ δὲ εἰσήχθησαν, προσεκύνησαν. ἔπειτα βασιλεὺς ἐκέλευσε τὸν γραμματέα τὰς ἐπιστολὰς ἀναγνῶναι, τήν τε Φαρνάκου καὶ ἣν ἀντέγραψεν αὐτός, ἵνα μάθωσιν οἱ συνδικάζοντες πῶς εἰσῆκται τὸ πρᾶγμα. ἀναγνωσθείσης δὲ τῆς ἐπιστολῆς ἔπαινος ἐξερράγη πολὺς τὴν σωφροσύνην καὶ δικαιοσύνην θαυμαζόντων τὴν βασιλέως. σιωπῆς δὲ γενομένης ἔδει μὲν ἄρξασθαι τοῦ λόγου Διονύσιον τὸν κατήγορον, καὶ πάντες εἰς ἐκεῖνον ἀπέβλεψαν· ἔφη δὲ Μιθριδάτης "οὐ προλαμβάνω" φησί, "δέσποτα, τὴν ἀπολογίαν, ἀλλ´ οἶδα τὴν τάξιν· δεῖ δὲ πρὸ τῶν λόγων ἅπαντας παρεῖναι τοὺς ἀναγκαίους ἐν τῇ δίκῃ· ποῦ τοίνυν ἡ γυνή, περὶ ἧς ἡ κρίσις; ἔδοξας δ´ αὐτὴν ἀναγκαίαν διὰ τῆς ἐπιστολῆς καὶ ἔγραψας παρεῖναι, καὶ πάρεστι. μὴ οὖν Διονύσιος ἀποκρυπτέτω τὸ κεφάλαιον καὶ τὴν αἰτίαν ὅλου τοῦ πράγματος." πρὸς ταῦτα ἀπεκρίνατο Διονύσιος "καὶ τοῦτο μοιχοῦ παράγειν εἰς ὄχλον ἀλλοτρίαν γυναῖκα οὐ θέλοντος ἀνδρός, οὔτε ἐγκαλοῦσαν οὔτε ἐγκαλουμένην αὐτήν. εἰ μὲν οὖν διεφθάρη, ὡς ὑπεύθυνον ἔδει παρεῖναι· νῦν δὲ σὺ ἐπεβούλευσας ἀγνοούσῃ, καὶ οὔτε μάρτυρι χρῶμαι τῇ γυναικὶ οὔτε συνηγόρῳ. τί οὖν ἀναγκαῖον παρεῖναι τὴν κατ´ οὐδὲν μετέχουσαν τῆς δίκης;" ταῦτα δικανικῶς μὲν εἶπεν ὁ Διονύσιος, πλὴν οὐδένα ἔπειθεν· ἐπεθύμουν γὰρ πάντες Καλλιρόην ἰδεῖν. αἰδουμένου δὲ κελεῦσαι βασιλέως πρόφασιν ἔσχον οἱ φίλοι τὴν ἐπιστολήν· ἐκλήθη γὰρ ὡς ἀναγκαία. "πῶς οὖν οὐκ ἄτοπον" ἔφη τις "ἐξ Ἰωνίας μὲν ἐλθεῖν, ἐν Βαβυλῶνι δὲ οὖσαν ὑστερεῖν;" ἐπεὶ τοίνυν ὡρίσθη καὶ Καλλιρόην παρεῖναι, οὐδὲν αὐτῇ προειρηκὼς ὁ Διονύσιος, ἀλλὰ μέχρι παντὸς ἀποκρυψάμενος τὴν αἰτίαν τῆς εἰς Βαβυλῶνα ὁδοῦ, φοβηθεὶς αἰφνίδιον εἰσαγαγεῖν εἰς δικαστήριον οὐδὲν εἰδυῖαν (εἰκὸς γὰρ ἦν καὶ ἀγανακτῆσαι τὴν γυναῖκα ὡς ἐξηπατημένην) εἰς τὴν ὑστεραίαν ὑπερέθετο τὴν δίκην.

Traduction française :

[5,4] A partir de ce moment l'on se prépara, des deux côtés, pour le procès, comme pour la plus grande des guerres. La foule des barbares était divisée en deux partis; tout ce qu'il y avait de satrapes était pour Mithridate, car, à l'origine, il venait de Bactres et avait été transféré par la suite en Carie. Dionysios, lui, avait les sympathies du peuple; il semblait qu'on eût commis un crime contre lui, au mépris des lois, en essayant de séduire sa femme et, ce qui était plus grave encore, une telle femme! Même la gent féminine, parmi les Perses, n'était pas sans prendre aussi parti et, là aussi, les intérêts étaient partagés : tout ce qui était fier de sa beauté enviait Callirhoé et désirait que, de ce procès, résultât pour elle quelque outrage, mais la foule des autres, jalouses de leurs concitoyennes, souhaitaient le triomphe de l'étrangère. Chacun des deux plaideurs pensait tenir la victoire entre ses mains ; Dionysios mettait sa confiance dans la lettre écrite par Mithridate à Callirhoé sous le nom de Chéréas (car jamais il n'aurait soupçonné que Chéréas était vivant), et Mithridate, pouvant montrer Chéréas, était persuadé qu'il ne saurait être vaincu. Il faisait pourtant semblant d'avoir peur, appelait à son aide des amis pour parler en sa faveur, afin de rendre, à cause de 1a surprise, sa défense plus éclatante. Pendant ces trente jours, les Perses, hommes et femmes, ne parlèrent que de ce procès, si bien, s'il faut dire la vérité, que Babylone tout entière n'était qu'un tribunal. A tous il semblait que le terme fixé fût bien loin et non seulement aux autres, mais au Roi lui-même. Quels Jeux Olympiques, quelles nuits d'Eleusis ont jamais éveillé une telle impatience? Lorsque vint le jour fixé, le Roi prit place sur son tribunal. Il y a, dans le palais royal, une salle spécialement destinée à servir de tribunal, particulièrement vaste et ornée; au milieu se trouve un trône pour le Roi et, de part et d'autre des sièges pour ses amis et ceux d'entre les seigneurs qui se distinguent par leur noblesse et leurs vertus. En cercle autour du trône se tiennent les commandants de bataillons et de corps d'armée et l'élite des affranchis du Roi si bien que l'on pourrait à juste titre dire de ce conseil : "les dieux assis autour de Zeus prenaient part au débat". Puis, les plaideurs sont introduits au milieu du silence et de la crainte. Donc, de bon matin, arriva, le premier, Mithridate escorté de ses amis et de ses parents, non point brillant ni magnifique, mais, en tant qu'accusé, avec une apparence propre à inspirer la pitié; après lui venait Dionysios, en costume grec, vêtu d'une robe milésienne et tenant la lettre à la main. Une fois admis devant le Roi, ils se prosternèrent. Ensuite, le Roi ordonna au greffier de lire les lettres, celle de Pharnace, et celle qu'il avait écrite lui-même en réponse, afin que ses assesseurs sachent comment l'affaire avait été introduite. Ces lettres lues, il se fit un grand bruit parmi les assistants, qui louaient la sagesse et la justice du Roi. Lorsque le silence fut revenu, c'était à Dionysios, l'accusateur, de commencer à parler, et tout le monde tourna les yeux vers lui; mais Mithridate dit : « Je ne veux pas, maître, présenter ma défense avant l'heure, je sais l'ordre à suivre; mais il faut que, avant les discours, soient présentes toutes les personnes nécessaires au procès. Où donc est cette femme au sujet de laquelle se juge cette cause? Tu as estimé toi-même qu'elle était nécessaire, ainsi que le montre ta lettre; tu as écrit qu'elle devait être là et elle est là. Donc, que Dionysios ne dissimule pas celle qui est l'origine et la cause de toute l'affaire. » A quoi Dionysios répondit : « C'est bien le fait d'un adultère que de chercher à attirer en public la femme d'un autre, contre le gré de son mari, et cela, alors qu'elle n'est ni plaignante ni accusée. Si elle avait été séduite, il faudrait qu'elle comparût pour répondre de sa faute; mais en réalité, tu as complote contre elle à son insu et je n'ai besoin d'elle ni comme témoin ni pour parler en ma faveur. Pourquoi est-il nécessaire qu'elle soit présente, alors qu'elle n'est en rien impliquée dans ce procès? » Dionysios, en disant cela, parlait en habile plaideur, mais il ne convainquit personne; car tous avaient le désir de voir Callirhoe. Et, comme le Roi n'osait pas en donner l'ordre, ses amis invoquèrent comme prétexte la lettre dans laquelle elle était convoquée comme partie nécessaire. « Ne serait-il pas étrange, dit quelqu'un, qu'elle soit venue d'Ionie et qu'etant à Babylone, elle demeurât à l'écart? » Lorsqu'il eut été décidé que Callirhoé serait présente, comme Dionysios ne lui avait rien dit mais, jusque-là, lui avait entièrement dissimulé la raison du voyage à Babylone, il fut saisi de crainte à l'idée de l'amener soudain au tribunal sans qu'elle fût au courant (car, vraisemblablement, elle serait fâchée contre lui d'avoir été trompée) et il fit remettre le jugement au lendemain.





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Dernière mise à jour : 29/11/2006