Texte grec :
[5,9] Τὴν δὲ Καλλιρόην εὐνοῦχοι παραλαβόντες ἤγαγον πρὸς τὴν
βασιλίδα, μηδὲν αὐτῇ προειπόντες· ὅταν γὰρ πέμψῃ βασιλεύς, οὐκ
ἀπαγγέλλεται. θεασαμένη δὲ αἰφνίδιον ἡ Στάτειρα τῆς κλίνης
ἀνέθορε δόξασα Ἀφροδίτην ἐφεστάναι, καὶ γὰρ ἐξαιρέτως ἐτίμα τὴν
θεόν· ἡ δὲ προσεκύνησεν. ὁ δὲ εὐνοῦχος νοήσας τὴν ἔκπληξιν
αὐτῆς "Καλλιρόη" φησὶν "αὕτη ἐστί· πέπομφε δὲ αὐτὴν βασιλεύς,
ἵνα παρὰ σοὶ φυλάττηται μέχρι τῆς δίκης." ἀσμένη τοῦτο ἤκουσεν
ἡ Στάτειρα καὶ πᾶσαν ἀφεῖσα γυναικείαν φιλονεικίαν εὐνουστέρα τῇ
Καλλιρόῃ διὰ τὴν τιμὴν ἐγένετο· ἠγάλλετο γὰρ τῇ παρακαταθήκῃ.
λαβομένη δὲ τῆς χειρὸς αὐτῆς "θάρρει" φησίν, "ὦ γύναι, καὶ
παῦσαι δακρύουσα· χρηστός ἐστι βασιλεύς. ἕξεις ἄνδρα ὃν θέλεις·
ἐντιμότερον μετὰ τὴν κρίσιν γαμηθήσῃ. βάδιζε δὲ καὶ ἀναπαύου
νῦν, κέκμηκας γάρ, ὡς ὁρῶ, καὶ ἔτι τὴν ψυχὴν ἔχεις τεταραγμένην."
ἡδέως ἡ Καλλιρόη τοῦτο ἤκουσεν, ἐπεθύμει γὰρ ἠρεμίας. ὡς οὖν
κατεκλίθη, καὶ εἴασαν αὐτὴν ἡσυχάζειν, ἁψαμένη τῶν ὀφθαλμῶν
"εἴδετε" φησὶ "Χαιρέαν ὑμεῖς ἀληθῶς; ἐκεῖνος ἦν Χαιρέας ὁ ἐμός, ἢ
καὶ τοῦτο πεπλάνημαι; τάχα γὰρ Μιθριδάτης διὰ τὴν δίκην εἴδωλον
ἔπεμψε· λέγουσι γὰρ ἐν Πέρσαις εἶναι μάγους. ἀλλὰ καὶ ἐλάλησε
καὶ πάντα εἶπεν ὡς εἰδώς. πῶς οὖν ὑπέμεινέ μοι μὴ περιπλακῆναι;
μηδὲ καταφιλήσαντες ἀλλήλους διελύθημεν." Ταῦτα διαλογιζομένης
ἠκούετο ποδῶν ψόφος καὶ κραυγαὶ γυναικῶν· πᾶσαι γὰρ συνέτρεχον
πρὸς τὴν βασιλίδα, νομίζουσαι πολλὴν ἐξουσίαν ἔχειν Καλλιρόην
ἰδεῖν. ἡ δὲ Στάτειρα εἶπεν "ἀφῶμεν αὐτήν· διάκειται γὰρ πονήρως·
ἔχομεν δὲ τέσσαρας ἡμέρας καὶ βλέπειν καὶ ἀκούειν καὶ
λαλεῖν." λυπούμεναι δὲ ἀπῄεσαν καὶ τῆς ὑστεραίας ἕωθεν ἀφικνοῦνται·
καὶ τοῦτο πάσαις ταῖς ἡμέραις ἐπράττετο μετὰ σπουδῆς,
ὥστε πολυανθρωποτέραν γενέσθαι τὴν βασιλέως οἰκίαν. ἀλλὰ καὶ
βασιλεὺς πρὸς τὰς γυναῖκας εἰσῄει συνεχέστερον, ὡς δῆθεν πρὸς
Στάτειραν. ἐπέμπετο δὲ Καλλιρόῃ δῶρα πολυτελῆ, καὶ παρ´ οὐδενὸς
ἐλάμβανε, φυλάττουσα τὸ σχῆμα γυναικὸς ἀτυχούσης, μελανείμων,
ἀκόσμητος καθημένη. ταῦτα καὶ λαμπροτέραν αὐτὴν ἀπεδείκνυε.
πυθομένης δὲ τῆς βασιλίδος ὁπότερον ἄνδρα βούλοιτο μᾶλλον, οὐδὲν
ἀπεκρίνατο, ἀλλὰ μόνον ἔκλαυσε.
Καλλιρόη μὲν οὖν ἐν τούτοις ἦν, Διονύσιος δὲ ἐπειρᾶτο μὲν
φέρειν τὰ συμβαίνοντα γενναίως διά τε φύσεως εὐστάθειαν καὶ διὰ
παιδείας ἐπιμέλειαν, τὸ δὲ παράδοξον τῆς συμφορᾶς καὶ τὸν ἀνδρεῖον
ἐκστῆσαι δυνατώτατον ὑπῆρχεν· ἐξεκάετο γὰρ σφοδρότερον ἢ ἐν
Μιλήτῳ. ἀρχόμενος γὰρ τῆς ἐπιθυμίας μόνου τοῦ κάλλους ἐραστὴς
ἦν, τότε δὲ πολλὰ προσεξῆπτε τὸν ἔρωτα, συνήθεια καὶ τέκνων
εὐεργεσία καὶ ἀχαριστία καὶ ζηλοτυπία καὶ μάλιστα τὸ ἀπροσδόκητον.
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Traduction française :
[5,9] Quant à Callirhoé, des eunuques la prirent et la
conduisirent à la reine, sans avoir prévenu celle-ci. Car,
lorsque le Roi envoie quelqu'un, il ne prévient pas.
Lorsqu'elle la vit, à l'improviste, Statira s'élança de sa
couche, croyant qu'Aphrodite lui apparaissait, car elle
avait une dévotion toute particulière à la déesse; mais
l'autre se prosterna. L'eunuque, comprenant la stupeur
de la reine, lui dit : « C'est Callirhoé; le Roi te l'envoie,
pour que tu la gardes jusqu'au jugement. » Statira fut
charmée d'apprendre cela et, laissant de côté toute jalousie
féminine, se montra pleine de gentillesse pour
Callirhoé à cause de l'honneur qui lui était fait, car
elle était heureuse du dépôt qui lui était confié. Elle lui
prit la main et dit : « Courage, femme, cesse de pleurer; le
Roi est bon. Tu auras le mari que tu désires; et, après le
jugement, tu seras épousée avec plus d'honneurs. Va
te reposer maintenant, car tu es épuisée, je le vois, et tu
as encore l'âme toute troublée. » Callirhoé fut heureuse
de ces paroles, car elle désirait être seule. Lorsqu'elle
fut couchée et qu'on l'eut laissée en repos, elle dit, en se
touchant les yeux : « Vous avez vu Chéréas, véritablement?
C'était mon Chéréas, ou bien me suis-je trompée ?
Peut-être Mithridate a-t-il, pour le procès, évoqué un
fantôme, car l'on dit que, chez les Perses, il y a des
magiciens. Mais il a aussi parlé, et il a tout dit, prouvant
qu'il était au courant. Mais comment a-t-il supporté de
ne pas m'embrasser? Et nous nous sommes séparés
sans même nous être donné un baiser ! »
Tandis qu'elle s'entretenait ainsi, elle entendit un
bruit de pas et des cris de femmes; toutes accouraient
auprès de la reine, pensant avoir la possibilité de voir
Callirhoé tout à leur aise. Mais Statira leur dit : « Laissons-là;
elle est fatiguée; nous avons quatre jours pour la
voir et l'entendre et bavarder avec elle. » Elles se retirèrent
à contre-coeur et le lendemain, dès l'aube, elles
revinrent; et cela se passa tous les jours, assidûment,
si bien que le palais du Roi était devenu plus fréquenté
que jamais. Le Roi lui-même venait chez les femmes plus
souvent, sous prétexte de voir Statira. L'on envoyait
à Callirhoé des présents magnifiques, mais elle n'en
acceptait de personne, conservant l'apparence d'une
femme malheureuse et demeurant vêtue de noir, sans
parure. Mais cela la faisait paraître plus splendide.
Et, lorsque la reine lui demandait lequel des deux maris
elle préférait, elle ne répondait pas mais se contentait de pleurer.
Telle était donc la situation de Callirhoé; Dionysios,
de son côté, essayait de supporter noblement ce qui lui
arrivait, grâce à la fermeté de sa nature et aussi à l'excellence
de son éducation, mais l'étrangeté de son malheur
était capable de briser même un homme de valeur; il
était plus ardent pour Callirhoé encore qu'à Milet. Au
début de sa passion, en effet, il était seulement amoureux
de sa beauté, mais, depuis, beaucoup de choses enflammaient
son amour, l'habitude, l'enfant que sa femme
lui avait donné, la gratitude, la jalousie et, surtout, la
soudaineté du coup.
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