HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre V

αἱ



Texte grec :

[5,5] Καὶ τότε μὲν οὕτως διελύθησαν· ἀφικόμενος δὲ εἰς τὴν οἰκίαν ὁ Διονύσιος, οἷα δὴ φρόνιμος ἀνὴρ καὶ πεπαιδευμένος, λόγους τῇ γυναικὶ προσήνεγκεν ὡς ἐν τοιούτοις πιθανωτάτους, ἐλαφρῶς τε καὶ πράως ἕκαστα διηγούμενος. οὐ μὴν ἀδακρυτί γε ἤκουεν ἡ Καλλιρόη, πρὸς τὸ ὄνομα δὲ τὸ Χαιρέου πολλὰ ἀνέκλαυσε καὶ πρὸς τὴν δίκην ἐδυσχέραινε. "τοῦτο γὰρ" φησὶ "μόνον ἔλιπέ μου ταῖς συμφοραῖς, εἰσελθεῖν εἰς δικαστήριον. τέθνηκα καὶ κεκήδευμαι, τετυμβωρύχημαι, πέπραμαι, δεδούλευκα· ἰδού, Τύχη, καὶ κρίνομαι. οὐκ ἤρκει σοι διαβαλεῖν ἀδίκως με πρὸς Χαιρέαν, ἀλλ´ ἔδωκάς μοι παρὰ Διονυσίῳ μοιχείας ὑπόθεσιν. τότε μου τὴν διαβολὴν ἐπόμπευσας τάφῳ, νῦν δὲ βασιλικῷ δικαστηρίῳ. διήγημα καὶ τῆς Ἀσίας καὶ τῆς Εὐρώπης γέγονα. ποίοις ὀφθαλμοῖς ὄψομαι τὸν δικαστήν; ποίων ἀκοῦσαί με δεῖ ῥημάτων; κάλλος ἐπίβουλον, εἰς τοῦτο μόνον ὑπὸ τῆς φύσεως δοθέν, ἵνα μου πλησθήσῃ τῶν διαβολῶν. Ἑρμοκράτους θυγάτηρ κρίνεται καὶ τὸν πατέρα συνήγορον οὐκ ἔχει· οἱ μὲν γὰρ ἄλλοι ἐπὰν εἰς δικαστήριον εἰσίωσιν, εὔνοιαν εὔχονται καὶ χάριν, ἐγὼ δὲ φοβοῦμαι μὴ ἀρέσω τῷ δικαστῇ." Τοιαῦτα ὀδυρομένη τὴν ἡμέραν ὅλην ἀθύμως διήγαγε καὶ μᾶλλον ἐκείνης Διονύσιος· νυκτὸς δὲ ἐπελθούσης ὄναρ ἔβλεπεν αὑτὴν ἐν Συρακούσαις παρθένον εἰς τὸ τῆς Ἀφροδίτης τέμενος εἰσιοῦσαν κἀκεῖθεν ἐπανιοῦσαν, ὁρῶσαν Χαιρέαν καὶ τὴν τῶν γάμων ἡμέραν· ἐστεφανωμένην τὴν πόλιν ὅλην καὶ προπεμπομένην αὑτὴν ὑπὸ πατρὸς καὶ μητρὸς εἰς τὴν οἰκίαν τοῦ νυμφίου. μέλλουσα δὲ καταφιλεῖν Χαιρέαν ἐκ τῶν ὕπνων ἀνέθορε καὶ καλέσασα Πλαγγόνα (Διονύσιος γὰρ ἔφθη προεξαναστάς, ἵνα μελετήσῃ τὴν δίκην) τὸ ὄναρ διηγεῖτο. καὶ ἡ Πλαγγὼν ἀπεκρίνατο "θάρρει, δέσποινα, καὶ χαῖρε· καλὸν ἐνύπνιον εἶδες· πάσης ἀπολυθήσῃ φροντίδος· ὥσπερ γὰρ ὄναρ ἔδοξας, οὕτως καὶ ὕπαρ. ἄπιθι εἰς τὸ βασιλέως δικαστήριον ὡς ἱερὸν Ἀφροδίτης, ἀναμνήσθητι σαυτῆς, ἀναλάμβανε τὸ κάλλος τὸ νυμφικόν." καὶ ταῦτα ἅμα λέγουσα ἐνέδυε καὶ ἐκόσμει τὴν Καλλιρόην, ἡ δὲ αὐτομάτως ψυχὴν εἶχεν ἱλαράν, ὥσπερ προμαντευομένη τὰ μέλλοντα. Ἕωθεν οὖν ὠθισμὸς ἦν περὶ τὰ βασίλεια καὶ μέχρις ἔξω πλήρεις οἱ στενωποί· πάντες γὰρ συνέτρεχον τῷ μὲν δοκεῖν ἀκροαταὶ τῆς δίκης, τὸ δὲ ἀληθὲς Καλλιρόης θεαταί· τοσούτῳ δὲ ἔδοξε κρείττων ἑαυτῆς, ὅσῳ τὸ πρότερον τῶν ἄλλων γυναικῶν. εἰσῆλθεν οὖν εἰς τὸ δικαστήριον, οἵαν ὁ θεῖος ποιητὴς τὴν Ἑλένην ἐπιστῆναί φησι τοῖς ἀμφὶ Πρίαμον καὶ Πάνθοον ἠδὲ Θυμοίτην δημογέρουσιν· ὀφθεῖσα δὲ θάμβος ἐποίησε καὶ σιωπήν, πάντες δ´ ἠρήσαντο παραὶ λεχέεσσι κλιθῆναι· καὶ εἴγε Μιθριδάτην ἔδει πρῶτον εἰπεῖν, οὐκ ἂν ἔσχε φωνήν. ὥσπερ γὰρ ἐπὶ τραύματι ἐρωτικῷ τῆς παλαιᾶς ἐπιθυμίας σφοδροτέραν αὖθις ἐλάμβανε πληγήν.

Traduction française :

[5,5] La séance fut donc levée; Dionysios, de retour chez lui, tint à sa femme, en homme avisé et instruit, les discours les plus persuasifs qu'il put étant donné les circonstances et lui exposa toute l'affaire avec douceur et gentillesse. Callirhoé ne l'écouta pas sans pleurer; au nom de Chéréas, elle éclata en sanglots et, à l'idée du procès, elle fut fort mécontente : « Il ne manquait plus que cela à mes malheurs, dit-elle, d'être traduite devant un tribunal ! Je suis morte, j'ai été enterrée, on a violé ma tombe, j'ai été vendue, j'ai été esclave; et voici, ô Fortune, que l'on va me juger! Il ne t'a pas suffi de m'avoir injustement calomniée auprès de Chéréas, il a fallu encore que tu me fasses soupçonner d'adultère par Dionysios! Autrefois, tes calomnies m'ont conduite au tombeau, maintenant, elles me conduisent au tribunal du Roi. Je suis devenue la fable de l'Asie et de l'Europe. De quels yeux regarderai-je le juge? Quelles paroles devrai-je entendre? Beauté traîtresse, tu ne m'as été donnée par la nature que pour m'accabler de calomnies ! La fille d'Hermocrate est traduite en justice, et elle n'a pas son père pour parler en sa faveur! Les autres, lorsqu'ils vont au tribunal, souhaitent rencontrer bienveillance et faveur, mais moi je crains de plaire au juge. » Elle passa, à se plaindre de la sorte, tout le jour dans le désespoir, et Dionysios encore plus qu'elle. La nuit venue, elle eut un songe; elle se vit, encore vierge, à Syracuse, entrant dans le temple d'Aphrodite, puis, sur le chemin du retour, apercevant Chéréas, et, après cela, le jour de ses noces, la ville entière ornée de guirlandes, elle-même accompagnée de son père et de sa mère jusqu'à la maison de son fiancé. Mais, au moment où elle allait embrasser Chéréas, elle s'éveilla brusquement et, appelant Plangon (car Dionysios s'était levé avant elle, pour réfléchir au procès), elle lui raconta son rêve. Et Plangon lui répondit : « Courage, maîtresse, réjouis toi; c'est un beau rêve que tu as eu; tu seras délivrée de tout souci : comme t'est apparu ton rêve, ainsi sera la réalité. Va au tribunal du Roi comme tu es allée au temple d'Aphrodite, souviens-toi de ce que tu es, reprends ta beauté de jeune fille. » Et, tout en parlant, elle habillait et paraît Callirhoé, et elle, spontanément, se sentait l'âme joyeuse, comme si elle devinait ce qui allait se passer. Depuis l'aurore, il y avait grand concours de peuple autour du palais et les couloirs étaient pleins à déborder; tout le monde était accouru, en apparence pour assister au procès, mais en fait pour contempler Callirhoé; et elle parut aussi supérieure à elle-même qu'auparavant elle l'avait été aux autres femmes. Elle pénétra dans le tribunal telle que le divin poète montre Hélène se présentant aux « anciens qui entouraient Priam, Panthoos et Thymoetès »; son apparition provoqua une stupeur, et un silence, et tous priaient les dieux de pouvoir coucher dans son lit. Et si Mithridate avait dû parler le premier, il n'aurait pas eu de voix. Car, comme sur une blessure ancienne, le désir amoureux, plus violent que jamais, lui porta un nouveau coup.





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Dernière mise à jour : 29/11/2006