Texte grec :
[5,2] Καὶ οἱ μὲν ἦσαν ἐν τούτοις· ὁ δὲ Μιθριδάτης δι´ Ἀρμενίας
ἐποιεῖτο τὴν πορείαν σφοδροτέραν, μάλιστα μὲν δεδοικὼς μὴ καὶ
τοῦτο ἐπαίτιον αὐτῷ γένηται πρὸς βασιλέως, ὅτι κατ´ ἴχνος ἐπηκολούθει
τῇ γυναικί, ἅμα δὲ καὶ σπεύδων προεπιδημῆσαι καὶ συγκροτῆσαι
τὰ πρὸς τὴν δίκην. ἀφικόμενος οὖν εἰς Βαβυλῶνα (βασιλεὺς
γὰρ αὐτόθι διέτριβεν) ἐκείνην μὲν τὴν ἡμέραν ἡσύχασε παρ´ ἑαυτῷ·
πάντες γὰρ οἱ σατράπαι σταθμοὺς ἔχουσιν ἀποδεδειγμένους· τῆς δ´
ὑστεραίας ἐπὶ θύρας ἐλθὼν τὰς βασιλέως, ἠσπάσατο μὲν Περσῶν
τοὺς ὁμοτίμους, Ἀρταξάτην δὲ τὸν εὐνοῦχον ὃς μέγιστος ἦν παρὰ
βασιλεῖ καὶ δυνατώτατος πρῶτον μὲν δώροις ἐτίμησεν, εἶτα "ἀπάγγειλον"
εἶπε "βασιλεῖ· ‘Μιθριδάτης ὁ σὸς δοῦλος πάρεστιν ἀπολύσασθαι
διαβολὴν Ἕλληνος ἀνδρὸς καὶ προσκυνῆσαι.’" μετ´ οὐ
πολὺ δὲ ἐξελθὼν ὁ εὐνοῦχος ἀπεκρίνατο ὅτι "ἔστι βασιλεῖ βουλομένῳ
Μιθριδάτην μηδὲν ἀδικεῖν· κρίνῃ δὲ ἐπειδὰν καὶ Διονύσιος
παραγένηται." προσκυνήσας οὖν ὁ Μιθριδάτης ἀπηλλάττετο, μόνος
δὲ γενόμενος ἐκάλεσε Χαιρέαν καὶ ἔφη πρὸς αὐτὸν "ἐγὼ καίομαι
καὶ ἀποδοῦναί σοι θελήσας Καλλιρόην ἐγκαλοῦμαι· τὴν γὰρ σὴν
ἐπιστολήν, ἣν ἔγραψας πρὸς τὴν γυναῖκα, Διονύσιος ἐμέ φησι
γεγραφέναι καὶ μοιχείας ἀπόδειξιν ἔχειν ὑπολαμβάνει· πέπεισται
γὰρ σὲ τεθνάναι, καὶ πεπείσθω μέχρι τῆς δίκης, ἵνα αἰφνίδιον
ὀφθῇς. ταύτην ἀπαιτῶ σε τῆς εὐεργεσίας τὴν ἀνταμοιβήν· ἀπόκρυψον
σεαυτόν· μήτε ἰδεῖν Καλλιρόην μήτ´ ἐξετάσαι τι περὶ αὐτῆς
καρτέρησον." ἄκων μέν, ἀλλὰ ἐπείθετο Χαιρέας καὶ λανθάνειν μὲν
ἐπειρᾶτο, ἐλείβετο δὲ αὐτοῦ τὰ δάκρυα κατὰ τῶν παρειῶν· εἰπὼν
δὲ "ποιήσω, δέσποτα, ἃ προστάττεις," ἀπῆλθεν εἰς τὸ δωμάτιον
ἐν ᾧ κατήγετο μετὰ Πολυχάρμου τοῦ φίλου, καὶ ῥίψας ἑαυτὸν εἰς τὸ
ἔδαφος, περιρρηξάμενος τὸν χιτῶνα, ἀμφοτέραις χερσὶ περιελὼν
κόνιν αἰθαλόεσσαν χεύατο κὰκ κεφαλῆς, χαρίεν δ´ ᾔσχυνε πρόσωπον.
εἶτα ἔλεγε κλάων "ἐγγύς ἐσμεν, ὦ Καλλιρόη, καὶ οὐχ ὁρῶμεν
ἀλλήλους. σὺ μὲν οὖν οὐδὲν ἀδικεῖς· οὐ γὰρ οἶδας ὅτι Χαιρέας ζῇ·
πάντων δὲ ἀσεβέστατος ἐγώ, μὴ βλέπειν σε κεκελευσμένος, καὶ ὁ
δειλὸς καὶ φιλόζωος μέχρι τοσούτου φέρω τυραννούμενος. σοὶ δὲ εἴ
τις τοῦτο προσέταξεν, οὐκ ἂν ἔζησας."
Ἐκεῖνον μὲν οὖν παρεμυθεῖτο Πολύχαρμος, ἤδη δὲ καὶ Διονύσιος
πλησίον ἐγένετο Βαβυλῶνος καὶ ἡ Φήμη προκατελάμβανε τὴν πόλιν,
ἀπαγγέλλουσα πᾶσιν ὅτι παραγίνεται γυνή, κάλλος οὐκ ἀνθρώπινον
ἀλλά τι θεῖον, ὁποίαν ἐπὶ γῆς ἄλλην ἥλιος οὐχ ὁρᾷ· φύσει δέ ἐστι
τὸ βάρβαρον γυναιμανές, ὥστε πᾶσα οἰκία καὶ πᾶς στενωπὸς ἐπεπλήρωτο
τῆς δόξης· ἀνέβαινε δὲ ἡ φήμη μέχρις αὐτοῦ {τοῦ} βασιλέως,
ὥστε καὶ ἤρετο Ἀρταξάτην τὸν εὐνοῦχον εἰ πάρεστιν ἡ
Μιλησία. Διονύσιον δὲ καὶ πάλαι μὲν ἐλύπει τὸ περιβόητον τῆς
γυναικὸς (οὐ γὰρ εἶχεν ἀσφάλειαν), ἐπεὶ δὲ εἰς Βαβυλῶνα ἔμελλεν
εἰσιέναι, τότ´ ἤδη καὶ μᾶλλον ἐνεπίμπρατο, στενάξας δὲ ἔφη πρὸς
ἑαυτὸν "οὐκέτι ταῦτα Μίλητός ἐστι, Διονύσιε, ἡ σὴ πόλις· κἀκεῖ
δὲ τοὺς ἐπιβουλεύοντας ἐφυλάττου. τολμηρὲ καὶ τοῦ μέλλοντος
ἀπροόρατε, εἰς Βαβυλῶνα Καλλιρόην ἄγεις, ὅπου Μιθριδᾶται τοσοῦτοι;
Μενέλαος ἐν τῇ σώφρονι Σπάρτῃ τὴν Ἑλένην οὐκ ἐτήρησεν,
ἀλλὰ παρευδοκίμησε καὶ βασιλέα βάρβαρος ποιμήν· πολλοὶ Πάριδες
ἐν Πέρσαις. οὐχ ὁρᾷς τοὺς κινδύνους, οὐ τὰ προοίμια; πόλεις ἡμῖν
ἀπαντῶσι καὶ θεραπεύουσι σατράπαι. σοβαρωτέρα γέγονεν ἤδη, καὶ
οὔπω βασιλεὺς ἑώρακεν αὐτήν. μία τοίνυν σωτηρίας ἐλπὶς διακλέψαι
τὴν γυναῖκα· φυλαχθήσεται γάρ, ἂν δυνηθῇ λαθεῖν." ταῦτα λογισάμενος
ἵππου μὲν ἐπέβη, τὴν δὲ Καλλιρόην εἴασεν ἐπὶ τῆς ἁρμαμάξης
καὶ συνεκάλυψε τὴν σκηνήν. τάχα δ´ ἂν καὶ προεχώρησεν
ὅπερ ἤθελεν, εἰ μὴ συνέβη τι τοιοῦτον.
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Traduction française :
[5,2] Voilà de quelle façon ils voyageaient; cependant,
Mithridate faisait route plus rapidement à travers l'Arménie,
craignant surtout que le Roi ne considérât comme
un grief contre lui s'il suivait la même route que la
jeune femme, et, en même temps, il se hâtait pour arriver
le premier et tout préparer pour son procès. Parvenu
à Babylone (c'est là que se trouvait le Roi), il passa le
premier jour à se reposer chez lui; car tous les satrapes
ont des appartements qui leur sont réservés; le lendemain,
il se rendit à la porte du Roi et salua les Perses
"homotimes", après quoi il commença à honorer de ses
présents l'eunuque Artaxate, qui était, auprès du Roi, le
personnage le plus important et le plus puissant, puis il
lui dit : « Annonce au Roi : Mithridate, ton esclave
est là pour faire justice de la calomnie d'un Grec et se
prosterner devant toi. » Peu après, l'eunuque ressortit et
répondit : « Le Roi souhaite que Mithridate ne soit pas
coupable; mais il en jugera lorsque Dionysios sera là. »
Mithridate se prosterna, puis il s'éloigna; quand il fut
seul, il appela Chéréas et lui dit : « On me traduit en
jugement et l'on me reproche d'avoir voulu te rendre
Callirhoé; ta lettre, celle que tu as écrite à ta femme
Dionysios prétend que c'est moi qui l'ai écrite et il
croit avoir la preuve d'une tentative d'adultère de ma
part; car il est persuadé que tu es mort, et il faut qu'il en
reste persuadé jusqu'au jugement, pour qu'il te voie à
l'improviste. Voici ce que je te demande en échange
de mes bontés pour toi; dissimule-toi; aie le courage de
ne pas voir Callirhoé et de ne rien chercher à savoir
d'elle. » Bien malgré lui, Chéréas obéit et, bien qu'il
s'efforçât de n'en rien laisser voir, les larmes coulaient
le long de ses joues. Disant : « Je ferai, maître, ce que
tu m'ordonnes », il se retira dans la chambre où il vivait
avec son ami Polycharme, se jeta sur le sol, déchira sa tunique,
et, des deux mains, ramassant une poussière de cendre
noire, la répandit sur sa tête et souilla son visage charmant.
Puis, il dit en pleurant : « Nous sommes près l'un de
l'autre, Callirhoé, et nous ne nous voyons pas. Toi, tu
n'es pas coupable, car tu ignores que Chéréas est vivant;
c'est moi qui suis le plus impie des hommes, moi à qui
l'on a ordonné de ne pas te regarder et qui, misérable,
trop amoureux de la vie, supporte que l'on me fasse à
ce point violence. Si quelqu'un t'àvait donné cet ordre,
tu n'aurais pas vécu. »
Polycharme s'efforçait de le consoler, et déjà Dionysios
était tout près de Babylone; le bruit s'était répandu à
l'avance dans la ville de l'arrivée d'une femme dont la
beauté n'était pas celle d'un être humain, mais d'une
divinité et telle que, sur la terre, le soleil n'en voyait pas
d'autre pareille. Les barbares sont naturellement passionnés
pour les femmes, si bien que chaque maison, chaque
ruelle n'étaient occupées que de ce bruit; la rumeur
s'en répandit jusqu'au Roi lui-même, de telle sorte qu'il
demanda à l'eunuque Artaxate si la Milésienne était là.
Depuis longtemps Dionysios était désolé de la célébrité
de sa femme (car elle lui ôtait toute sécurité), et, au
moment où ils allaient entrer à Babylone, il fut plus
que jamais enflammé de dépit et, en soupirant, se disait à
part lui : « Ce n'est plus Milet, ici, Dionysios, Milet, ta
ville; même là-bas tu te défiais des complots. O imprudent,
sans prévoir ce qui va arriver, tu emmènes Callirhoé
à Babylone, où il y a tant de Mithridates ! Ménélas,
dans la vertueuse Sparte, n'a pas pu conserver Hélène,
mais il fut vaincu, lui, un Roi, par un berger barbare.
Il y a de nombreux Pâris parmi les Perses. Ne vois-tu
pas les dangers, et déjà leurs préludes ? Les cités viennent
à notre rencontre, les satrapes nous honorent. Elle est
déjà devenue plus altière, et le Roi ne l'a pas encore vue!
Il ne reste qu'un seul espoir : dissimuler ma femme;
elle sera en sécurité si elle peut demeurer cachée. »
Au terme de ses réflexions, il monta sur un cheval et
laissa Callirhoé dans la voiture, en faisant fermer les
rideaux. Et peut-être aurait-il obtenu le résultat qu'il
désirait s'il n'était arrivé l'aventure suivante :
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