HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre V

Chapitre 10

  Chapitre 10

[5,10] Ἐξαφθεὶς γοῦν ἀνεβόα πολλάκις "ποῖος οὗτος ἐπ´ ἐμοῦ Προτεσίλεως ἀνεβίω; τίνα τῶν ὑποχθονίων θεῶν ἠσέβησα, ἵνα εὕρω μοι νεκρὸν ἀντεραστήν, οὗ τάφον ἔχω; δέσποινα Ἀφροδίτη, σύ με ἐνήδρευσας, ἣν ἐν τοῖς ἐμοῖς ἱδρυσάμην, θύω πολλάκις. τί γὰρ ἔδειξάς μοι Καλλιρόην, ἣν φυλάττειν οὐκ ἔμελλες; τί δὲ πατέρα ἐποίεις τὸν οὐδὲ ἄνδρα ὄντα;" μεταξὺ δὲ περιπτυξάμενος τὸν υἱὸν ἔλεγε κλάων "τέκνον ἄθλιον, πρότερον μὲν εὐτυχῶς δοκοῦν μοι γεγονέναι, νῦν δὲ ἀκαίρως· ἔχω γάρ σε μητρὸς κληρονομίαν καὶ ἔρωτος ἀτυχοῦς ὑπόμνημα. παιδίον μὲν εἶ, πλὴν οὐ παντελῶς ἀναίσθητον ὧν πατήρ σου δυστυχεῖ. κακὴν ἀποδημίαν ἤλθομεν· οὐκ ἔδει Μίλητον καταλιπεῖν· Βαβυλὼν ἡμᾶς ἀπολώλεκε. τὴν μὲν πρώτην δίκην νενίκημαι· Μιθριδάτης μου κατηγόρει· περὶ δὲ τῆς δευτέρας μᾶλλον φοβοῦμαι· οὐ δὴ γὰρ μείζων κίνδυνος, δύσελπιν δέ με πεποίηκε τῆς δίκης τὸ προοίμιον. ἄκριτος ἀφῄρημαι γυναικὸς καὶ περὶ τῆς ἐμῆς ἀγωνίζομαι πρὸς ἕτερον, καί, τὸ τούτου χαλεπώτερον, οὐκ οἶδα Καλλιρόη τίνα θέλει. σὺ δέ, τέκνον, ὡς παρὰ μητρὸς δύνασαι μαθεῖν. καὶ νῦν ἄπελθε καὶ ἱκέτευσον ὑπὲρ τοῦ πατρός. κλαῦσον, καταφίλησον, εἰπὲ "μῆτερ, πατήρ μου φιλεῖ σε," ὀνειδίσῃς δὲ μηδέν. τί λέγεις, παιδαγωγέ; οὐδεὶς ἡμᾶς ἐᾷ τοῖς βασιλείοις εἰσελθεῖν; τυραννίδος δεινῆς. ἀποκλείουσιν υἱὸν πρὸς μητέρα πατρὸς ἥκοντα πρεσβευτήν." Διονύσιος μὲν οὖν διέτριβεν ἄχρι τῆς κρίσεως μάχην βραβεύων ἔρωτος καὶ λογισμοῦ, Χαιρέαν δὲ πένθος κατεῖχεν ἀπαρηγόρητον. προσποιησάμενος οὖν νοσεῖν ἐκέλευσε Πολυχάρμῳ παραπέμψαι Μιθριδάτην, ὡς εὐεργέτην ἀμφοῖν· μόνος δὲ γενόμενος ἧψε βρόχον, καὶ μέλλων ἐπ´ αὐτὸν ἀναβαίνειν "εὐτυχέστερον μὲν" εἶπεν "ἀπέθνησκον, εἰ ἐπὶ τὸν σταυρὸν ἀνέβαινον, ὃν ἔπηξέ μοι κατηγορία ψευδὴς ἐν Καρίᾳ δεδεμένῳ· τότε μὲν γὰρ ἀπηλλαττόμην ζωῆς ἠπατημένος ὑπὸ Καλλιρόης φιλεῖσθαι, νῦν δὲ ἀπολώλεκα οὐ μόνον τὸ ζῆν, ἀλλὰ καὶ τοῦ θανάτου τὴν παραμυθίαν. Καλλιρόη με ἰδοῦσα οὐ προσῆλθεν, οὐ κατεφίλησεν· ἐμοῦ παρεστῶτος ἄλλον ᾐδεῖτο. μηδὲν δυσωπείσθω· φθάσω τὴν κρίσιν· οὐ περιμένω τέλος ἄδοξον. οἶδα ὅτι μικρὸς ἀνταγωνιστής εἰμι Διονυσίου, ξένος ἄνθρωπος καὶ πένης καὶ ἀλλότριος ἤδη. σὺ μὲν εὐτυχοίης, γύναι· γυναῖκα γάρ σε καλῶ, κἂν ἕτερον φιλῇς. ἐγὼ δὲ ἀπέρχομαι καὶ οὐκ ἐνοχλῶ τοῖς σοῖς γάμοις. πλούτει καὶ τρύφα καὶ τῆς Ἰωνίας ἀπόλαυε πολυτελείας. ἔχε ὃν θέλεις. ἀλλὰ νῦν ἀληθῶς ἀποθανόντος Χαιρέου αἰτοῦμαί σε, Καλλιρόη, χάριν τελευταίαν. ὅταν ἀποθάνω, πρόσελθέ μου τῷ νεκρῷ καὶ εἰ μὲν δύνασαι κλαῦσον· τοῦτο γὰρ ἐμοὶ καὶ ἀθανασίας γενήσεται μεῖζον· εἰπὲ δὲ προσκύψασα τῇ στήλῃ ‘"κἀνὴρ καὶ βρέφος" ὁρῶ. οἴχῃ, Χαιρέα, νῦν ἀληθῶς. νῦν ἀπέθανες· ἐγὼ γὰρ ἔμελλον ἐπὶ βασιλέως αἱρεῖσθαι σέ.’ ἀκούσομαί σου, γύναι· τάχα καὶ πιστεύσω. ἐνδοξότερόν με ποιήσεις τοῖς κάτω δαίμοσιν. εἰ δὲ θανόντων περ καταλήθοντ´ εἰν Ἀΐδαο αὐτὰρ ἐγὼ καὶ κεῖθι φίλης μεμνήσομαί σου." τοιαῦτα ὀδυρόμενος κατεφίλει τὸν βρόχον "σύ μοι" λέγων "παραμυθία καὶ συνήγορος· διὰ σὲ νικῶ· σύ με Καλλιρόης μᾶλλον ἔστερξας." ἀναβαίνοντος αὐτοῦ καὶ τῷ αὐχένι περιάπτοντος ἐπέστη Πολύχαρμος φίλος καὶ ὡς μεμηνότα κατεῖχε, λοιπὸν μηκέτι παρηγορεῖν δυνάμενος. ἤδη δὲ καὶ προθεσμία τῆς δίκης καθειστήκει. [5,10] Tout à coup, il se mettait souvent à crier : « Quel est ce Protésilas qui ressuscite contre moi? Lequel des dieux souterrains ai-je offensé pour trouver un rival dans un mort, dont je possède le tombeau? Madame Aphrodite, tu m'as tendu un piège, moi qui t'ai consacre un temple sur mes terres et à laquelle j'offre tant de sacrifices ! Pourquoi donc m'as-tu montré Callirhoé, que tu ne devais pas me conserver? Pourquoi as-tu rendu père celui qui n'était même pas son mari ? Cependant il embrassait son fils et disait en pleurant : « Pauvre petit, je croyais autrefois que ta naissance avait été un bonheur, maintenant, je vois qu'elle fut inopportune, car j'ai en toi un héritage de ta mère et le souvenir d'un amour malheureux. Tu es un petit enfant, mais tu n'es pas sans sentir du tout les malheurs de ton père. Nous avons fait un voyage funeste; il n'aurait pas fallu quitter Milet; c'est Babylone qui nous a perdus. Dans le premier jugement, j'ai été vaincu; je redoute davantage le second, car le danger n'est pas moindre et le début du procès m'a enlevé l'espérance. Sans jugement l'on me prive de ma femme et je suis en contestation avec un autre homme à propos de celle qui m'appartient, et, ce qui est plus pénible encore, je ne sais lequel des deux Callirhoé désire. Toi, mon enfant, tu peux le savoir, car elle est ta mère. Maintenant, va la supplier en faveur de ton père. Pleure, embrasse-la, dis-lui : « Mère, mon père t'aime », mais, surtout, ne lui fais pas de reproches. Que dis-tu, pédagogue? On ne nous laisse pas pénétrer au palais? O effroyable tyrannie! On interdit à un enfant l'accès de sa mère, lorsqu'il vient comme ambassadeur de son père! » Dionysios, donc, jusqu'au jugement, passa son temps à tenter d'arbitrer le combat de l'amour et de la raison, tandis que Chéréas était possédé par un chagrin indicible. Faisant semblant d'être malade, il demanda à Polycharme d'accompagner Mithridate, qui était leur bienfaiteur à tous deux. Demeuré seul, il attacha un noeud coulant et, au moment de s'y pendre : « J'aurais eu une plus belle mort, dit-il, si j'étais monté sur la croix qu'avait dressée pour moi, en Carie, une fausse accusation, lorsque j'étais prisonnier; j'aurais alors été délivré de la vie avec l'illusion d'être aimé de Callirhoé. Mais aujourd'hui j'ai perdu non seulement la vie mais ce qui me consolait de la mort. Callirhoé, en me voyant, ne s'est pas élancée, ne m'a pas embrassé; alors que j'étais là, elle a eu égard à la présence d'un autre! Mais qu'elle ne rougisse pas; je devancerai le jugement, je n'attendrai pas une fin déshonorante. Je sais que je ne suis qu'un rival méprisable pour Dionysios, moi, qui suis étranger, pauvre, et déjà ne compte plus pour toi. Puisses-tu être heureuse, toi, ma femme — je t'appelle ma femme bien que tu en aimes un autre. Quant à moi, je m'en vais et je ne serai pas une gêne pour ton ménage. Sois riche, vis dans le luxe et jouis des splendeurs de l'Ionie. Aie l'homme que tu désires. Mais, maintenant que Chéréas sera véritablement mort, je te demande une ultime grâce : lorsque je serai mort, approche-toi de mon cadavre et, si tu le peux, verse des larmes — car cela sera pour moi plus que l'immortalité, et, t'inclinant devant ma stèle, même si ton mari, même si ton enfant te voient, dis : « Tu es vraiment parti, Chéréas, maintenant; maintenant tu es mort : et moi j'allais te choisir, toi, devant le Roi. » Je t'entendrai, femme; peut-être même te croirai-je. Et tu me rendras plus célèbre auprès des dieux d'en bas. "Même au cas où dans l'Hadès on pourrait oublier ses morts, moi, même là-bas, je me souviendrai de celle que j'aime, de toi". » Tout en se lamentant ainsi, il embrassait la corde : « C'est toi, disait-il, ma consolation et ma défense; c'est grâce à toi que je suis vainqueur; toi, tu m'as aimé plus que Callirhoé. » Au moment où il montait et s'attachait la corde au cou, survint son ami Polycharme, qui le retint, comme on retient un fou, ne pouvant plus, désormais, le consoler par ses paroles. Mais déjà le jour fixé pour le procès était là.


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Dernière mise à jour : 29/11/2006