HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Sur l'eucharistie

ἐναντίον



Texte grec :

[10] Ἄφες οὖν ταύτας τὰς ταπεινὰς καὶ ἀπαιδεύτους φωνάς. Οἴ μοι τῶν ἀπροσδοκήτων κακῶν· καὶ τό· Τίς δ´ ἂν ταῦτα ᾠήθη γενέσθαι; καὶ, Πότε δ´ ἂν προσεδόκησα γῇ κατακρύψειν τὴν φιλτάτην ἐμοὶ κεφαλήν; Ταῦτα γὰρ κἂν ἑτέρου λέγοντος ἀκούωμεν, ἐρυθριᾷν ἡμᾶς προσῆκε τοὺς ἔκ τε τῆς μνήμης τῶν παρελθόντων καὶ ἐκ τῆς τῶν παρόντων πείρας τὰ ἀναγκαῖα τῆς φύσεως πάθη δεδιδαγμένους. Οὔτε οὖν ἀωρίαι θανάτου, οὔτε ἄλλαι τινὲς δυσκληρίαι ἀδοκήτως ἐμπεσοῦσαι, ἐκπλήξουσιν ἡμᾶς ποτε τοὺς παιδαγωγουμένους τῷ λόγῳ τῆς εὐσεβείας. Οἷον, παῖς μοι ἦν νεανίας, μόνος τοῦ βίου διάδοχος, παραμύθιον γήρως, ἐγκαλλώπισμα γένους, ἄνθος τῶν ὁμηλίκων, στήριγμα τῆς οἰκίας, αὐτὸ τῆς ἡλικίας ἦγε τὸ χαριέστατον· οὗτος ἀνάρπαστος οἴχεται· καὶ γῆ καὶ κόνις γέγονεν, ὁ πρὸ βραχέως ἡδὺ μὲν ἄκουσμα φθεγγόμενος, ἥδιστον δὲ θέαμα ὢν τοῖς τοῦ γεννήσαντος ὀφθαλμοῖς. Τί οὖν ποιήσομαι; Καταῤῥήξομαι τὴν ἐσθῆτα, καὶ καταδέξομαι κυλινδεῖσθαι χαμαὶ, καὶ ποτνιᾶσθαι, καὶ δυσανασχετεῖν, καὶ δεικνύειν ἐμαυτὸν τοῖς παροῦσιν οἱονεὶ παῖδά τινα ὑπὸ πληγῶν ἐκβοῶντα καὶ ἀποσπαίροντα; Ἢ τῷ ἀναγκαίῳ τῶν γινομένων προσέχων, ὅτι ἀπαραίτητος ὁ τοῦ θανάτου νόμος, καὶ διὰ πάσης ὁμοίως ἡλικίας χωρῶν, καὶ πάντα ἐφεξῆς τὰ σύνθετα διαλύων, οὐ ξενισθήσομαι τῷ συμβάντι; οὐδ´ ἀνατραπήσομαι τὸν νοῦν ὡς ὑπὸ πληγῆς ἀπροσδοκήτου καταῤῥαχθεὶς, πάλαι προπεπαιδευμένος, ὅτι, θνητὸς ὢν, θνητὸν εἶχον τὸν παῖδα, καὶ ὅτι οὐδὲν τῶν ἀνθρωπίνων βέβαιον, οὐδὲ εἰς τὸ παντελὲς παραμένειν τοῖς κτησαμένοις πέφυκεν; Ἀλλὰ καὶ πόλεις μεγάλαι καὶ περιφανεῖς τῇ τε τῶν κατασκευασμάτων λαμπρότητι, καὶ τῇ δυνάμει τῶν ἐνοικούντων, καὶ τῇ λοιπῇ κατά τε τὴν χώραν καὶ τὴν ἀγορὰν εὐθηνίᾳ διαπρέπουσαι, ἐν ἐρειπίοις νῦν μόνοις τῆς παλαιᾶς σεμνότητος τὰ σύμβολα φέρουσι. Καὶ πλοῖον, πολλάκις ἐκ θαλάττης διασωθὲν, καὶ μυριάκις μὲν ταχυναυτῆσαν, μυρίον δὲ φόρτον τοῖς ἐμπορευομένοις διακομίσαν, μιᾷ προσβολῇ πνεύματος ἠφανίσθη. Στρατόπεδα δὲ κρατήσαντα μάχαις πολλάκις τῶν ἐναντίων, (p. 236) περιτραπείσης αὐτοῖς τῆς εὐημερίας, ἐλεεινὸν θέαμα καὶ διήγημα γέγονεν. Ἔθνη δὲ ὅλα καὶ νῆσοι ἐπὶ μέγα δυνάμεως προελθοῦσαι, καὶ πολλὰ μὲν κατὰ γῆν, πολλὰ δὲ κατὰ θάλασσαν ἐγείρασαι τρόπαια, πολὺν δὲ πλοῦτον ἐκ λαφύρων ἀθροίσασαι, ἢ χρόνῳ καταναλώθησαν, ἢ αἰχμάλωτοι γενόμεναι, δουλείαν τῆς ἐλευθερίας ἠλλάξαντο. Καὶ ὅλως, ὅπερ ἂν εἴπῃς τῶν μεγίστων καὶ ἀφορήτων κακῶν, ἤδη προλαβὼν ὁ βίος ἔχει τὰ ὑποδείγματα. Ὥσπερ οὖν τὰ βάρη ταῖς ἐπὶ τοῦ ζυγοῦ ῥοπαῖς διακρίνομεν, καὶ τοῦ χρυσοῦ τὴν διαφορὰν τῇ λίθῳ προστρίβοντες δοκιμάζομεν· οὕτω πρὸς τὰ ἐκτεθέντα ἡμῖν παρὰ τοῦ Κυρίου μέτρα τὴν μνήμην ἐπαναφέροντες, οὐδαμοῦ ἂν τῶν ὅρων τῆς σωφροσύνης ἐκπέσοιμεν. Ἐπειδὰν οὖν σοί ποτε προσπέσῃ τῶν ἀβουλήτων τι, μάλιστα μὲν τῷ προευτρεπισμένῳ τῆς διανοίας τὴν ταραχὴν μὴ παθεῖν, ἔπειτα δὲ τῇ ἐλπίδι τῶν μελλόντων κουφότερα ποιεῖν τὰ παρόντα. Ὥσπερ γὰρ οἱ ἀσθενεῖς τὰ ὄμματα, τῶν ἄγαν λαμπρῶν τὰς ὄψεις ἀπάγοντες, ἐν ἄνθεσι καὶ πόαις προσαναπαύουσιν· οὕτω χρὴ καὶ τὴν ψυχὴν μὴ συνεχῶς καταβλέπειν τὸ λυπηρὸν, μηδὲ τοῖς παροῦσιν ἀνιαροῖς προσκεῖσθαι, ἀλλὰ πρὸς τὴν θεωρίαν τῶν ὄντως ἀγαθῶν περιάγειν αὐτῆς τὸ ὄμμα.

Traduction française :

[10] Laissez donc ces plaintes indignes d'un homme qui a de la force et de l'instruction: Hélas! quel malheur imprévu ! qui jamais l'eût pensé ? qui l’eût dit que je dusse renfermer dans le tombeau une tête si chère? Nous devrions rougir de honte même lorsque nous entendons les autres se plaindre de la sorte, puisque le récit du passé et l'expérience du présent nous apprennent; que les disgrâces, suites de notre nature, sont inévitables. Ainsi les morts subites et tous les autres accidents qui surprennent, ne nous étonneront point si nous sommes instruits des maximes de la piété. Par exemple, j’avais un fils dans la fleur de la jeunesse, l'unique héritier de mes biens, la consolation de ma vieillesse, l'ornement de ma famille, la fleur et l'élite des autres jeunes gens; c`était le soutien de ma maison, il était dans l'âge le plus aimable : la mort me l'a enlevé tout-à-coup; il n'est plus que cendre et poussière, ce cher enfant qui, il n'y a que peu de jours, faisait entendre des paroles si agréables, était un spectacle si doux pour les yeux d'un père. Que ferai-je dans cette triste circonstance ? déchirerai-je mes habits? me roulerai-je par terre? me plaindrai-je à Dieu? M’indignerai-je ? me comporterai-je à la vue de tout le monde comme un enfant qui crie de toute sa force et qui s'agite de toutes les manières quand on le châtie ? ou plutôt m attachant à considérer la nécessité des événements, faisant attention qu'il est impossible d'éviter la mort, qu'elle n'épargne aucun âge, quelle ruine et détruit tout, prendrai-je le parti de n'être pas étonné de ce qui arrive, de conserver mon âme tranquille, sans me laisser abattre par un coup inattendu, moi qui sais depuis longtemps que mortel j'ai engendré un fils mortel; qu'il n'y a rien de stable sur la terre; qu'on n'y possède rien pour toujours; que les plus grandes villes, les plus remarquables par la beauté de leurs édifices, par la force et le nombre de leurs habitants, par l'abondance qui régnait dans leurs places publiques et dans leurs campagnes, n'offrent plus que des ruines, tristes restes de leur antique grandeur ? Souvent un navire, après avoir échappé à mille périls, après avoir mille fois parcouru de vastes étendues de mer, après avoir mille fois rapporté de rares marchandises, est abîmé dans les flots par un seul coup de vent et disparaît. Souvent des armées après s'être signalées par de grandes victoires, deviennent, par un changement de fortune, un objet de compassion pour ceux qui les voient ou qui en entendent parler. Des nations entières, des villes puissantes, après des triomphes remportés sur terre et sur mer, après avoir acquis d'immenses richesses par les dépouilles de leurs ennemis, ont été détruites par la suite des temps, ou du moins réduites à une malheureuse servitude. En général, il n'est point de maux, quelque affreux et quelque insupportables qu'on les suppose, dont les siècles passés ne donnent des exemples. Comme donc nous connaissons la pesanteur des corps en les mettant dans une balance, comme nous discernons le bon or d'avec le faux en le frottant à une pierre de touche: ainsi en nous rappelant les mesures prescrites par le Seigneur, nous ne nous écarterons jamais des bornes de la sagesse. S'ils vous survient quelque accident fâcheux : d'abord, que votre esprit déjà préparé à ce coup ne se trouble point; ensuite, adoucissez les maux présents par l'espoir des biens futurs. Les personnes qui ont la vue faible s'abstiennent de regarder des objets trop lumineux; elles reposent leurs yeux sur des fleurs et sur la verdure: nous aussi nous ne devons pas occuper incessamment notre esprit de pensées tristes; mais sans attacher sa vue aux disgrâces présentes, nous devons la porter vers la contemplation des véritables biens.





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Dernière mise à jour : 6/04/2009