Texte grec :
[4] Τί λυπῇ, ἄνθρωπε, μηδὲν δεινὸν πεπονθώς; τί πολεμεῖς τῷ
ἐν ἀγαθοῖς τισιν ὄντι, μηδὲν τῶν
σῶν ἐλαττώσαντι; Ἐὰν δὲ δὴ καὶ εὐεργετούμενος
ἀγανακτῇς, οὐκ ἄντικρυς τῆς ἑαυτοῦ ὠφελείας βασκαίνεις;
Ὁποῖος ἦν ὁ Σαοὺλ, ὃς τῶν εὐεργεσιῶν
τὰς ὑπερβολὰς ἀφορμὴν τοῦ πολέμου τοῦ πρὸς τὸν
Δαβὶδ ἐποιήσατο. Πρῶτον μὲν γὰρ, τῇ παναρμονίῳ
ἐκείνῃ καὶ θείᾳ μουσικῇ τῆς μανίας ἀπαλλαγεὶς,
ἐπειρᾶτο δόρατι διαπεῖραι τὸν εὐεργέτην· ἔπειτα
σὺν αὐτῷ τῷ στρατῷ ἐκ τῶν πολεμίων περισωθεὶς,
καὶ τῆς ἐπὶ τῷ Γολιὰθ αἰσχύνης ἀπαλλαγεὶς,
ὅμως ἐπειδὴ ἐν τοῖς ἐπινικίοις τὸ δεκαπλάσιον τῆς
τῶν συμβάντων αἰτίας τῷ Δαβὶδ ἀνέθεσαν αἱ χορεύουσαι·
Ἐπάταξε Δαβὶδ ἐν μυριάσι, καὶ Σαοὺλ ἐν
χιλιάσιν αὐτοῦ· διὰ μίαν ταύτην φωνὴν, καὶ τὴν
ἐξ αὐτῆς τῆς ἀληθείας ὑπάρξασαν μαρτυρίαν,
πρῶτον αὐτόχειρ γενέσθαι, καὶ ἐξ
ἐνέδρας ἀνελεῖν ἐπεχείρησεν· εἶτα φυγάδα καταστήσας,
οὐδὲ οὕτω τὴν ἔχθραν ἔστησεν, ἀλλὰ τὸ τελευταῖον ἐκστρατεύσας
ἐπ´ αὐτὸν τρισχιλίοις λογάσι, τὰς ἐρημίας διηρευνᾶτο.
Εἰ δὲ ἠρωτήθη τοῦ πολέμου τὴν πρόφασιν,
εἶπεν ἂν πάντως τὰς τοῦ ἀνδρὸς εὐποιίας. Ὅς γε παρ´
αὐτὸν τὸν καιρὸν τῆς διώξεως καθεύδων καταληφθεὶς,
ἕτοιμος εἰς σφαγὴν προκείμενος τῷ ἐχθρῷ, καὶ πάλιν
περισωθεὶς ὑπὸ τοῦ δικαίου, ἐπαγαγεῖν αὐτῷ τὰς χεῖρας
φυλαξαμένου, οὐδ´ ὑπὸ ταύτης τῆς εὐεργεσίας ἐκάμφθη·
ἀλλὰ καὶ πάλιν ἐστρατολόγει, καὶ πάλιν ἐδίωκεν· ἕως,
καὶ δεύτερον ἁλοὺς ὑπὸ τοῦ αὐτοῦ ἐν τῷ σπηλαίῳ,
τοῦ μὲν τὴν ἀρετὴν λαμπροτέραν ἀπέδειξεν, ἑαυτοῦ
δὲ τὴν πονηρίαν καταφανεστέραν ἐποίησε.
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Traduction française :
[4] O homme, pourquoi t'affliger, puisque tu ne souffres aucun mal? pourquoi faire la
guerre à celui qui possède quelques avantages sans t'avoir causé aucun tort ? Que si
tu es animé contre lui, quoique tu en aies reçu des services, ne vois-tu pas que tu
t'opposes toi-même à ton propre bien. Tel était Saül, pour qui les services importants
qu'il avait reçus de David ne furent qu'une occasion de lui déclarer une guerre
implacable. Quoiqu’il eût été délivré de ses fureurs par les sons harmonieux et divins
de sa harpe, il lui jeta sa lance et voulut percer l'auteur de ce bienfait. Ce n'est pas
tout: le même David l'avait sauvé avec son armée des mains de l'ennemi ; il avait
effacé la honte que Goliath imprimait à tout son peuple; cependant, parce que de
jeunes filles avaient loué plus que lui le jeune vainqueur, parce, qu'elles avaient dit
dans leurs chansons : Saül a tué mille Philistins, mais David en a tué dix mille
(1. Rois. l 8. 7) ; ces seules paroles et ce témoignage rendu à la vérité, lui inspirent
contre David une haine mortelle. Après avoir tout tenté pour le faire périr dans son
palais, il le bannit de sa cour : et sa haine ne s'arrêtant pas là, il arme trois mille
hommes et se met à leur tête pour le chercher dans les déserts où il se cachait. Si on
lui eût demandé la cause de la guerre qu'il avoir déclarée à David, il n'en eût pu
alléguer d'autre que les services qu'il lui avait rendus, et sa modération à son égard.
Dans le temps même où il le persécutait, surpris pendant le sommeil, et pouvant être
facilement tué par un ennemi dont il poursuivait la mort, il fut sauvé de nouveau par
l'homme juste, qui craignit de mettre la main sur sa personne. Loin d'être adouci par
un tel bienfait, il se mit derechef à la tête d'un corps de troupes, et continua de
poursuivre le conservateur de ses jours, jusqu'à ce que, pris une seconde fois dans
une caverne, il manifesta toute sa perversité, et fit éclater davantage la vertu de son
ennemi.
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