HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Sur la colère

ὀνείδη



Texte grec :

[2] Διὰ θυμὸν ἀχάλινοι γλῶσσαι, καὶ ἀπύλωτα στόματα· χεῖρες ἀκρατεῖς, ὕβρεις, ὀνείδη, κακηγορίαι, πληγαὶ, τὰ ἄλλα ὅσα οὐδ´ ἂν ἐξαριθμήσαιτό τις, ὀργῆς καὶ θυμοῦ ἔκγονά ἐστι πάθη. Διὰ θυμὸν καὶ ξίφος ἀκονᾶται· θάνατος ἀνθρώπου ἐκ χειρὸς ἀνθρωπείας τολμᾶται. Διὰ τοῦτον ἀδελφοὶ μὲν ἀλλήλους ἠγνόησαν, γονεῖς δὲ καὶ τέκνα τῆς φύσεως ἐπελάθοντο. Ἀγνοοῦσι μὲν γὰρ ἑαυτοὺς πρῶτον οἱ ὀργιζόμενοι, ἔπειτα καὶ πάντας ὁμοῦ τοὺς ἐπιτηδείους. Ὥσπερ γὰρ αἱ χαράδραι, πρὸς τὰ κοῖλα συῤῥέουσαι, τὸ προστυχὸν παρασύρουσιν· οὕτως αἱ τῶν ὀργιζομένων ὁρμαὶ βίαιοι καὶ ἀκάθεκτοι διὰ πάντων ὁμοίως χωροῦσιν. Οὐ πολιὰ τοῖς θυμουμένοις αἰδέσιμος, οὐκ ἀρετὴ βίου, οὐκ οἰκειότης γένους, οὐ προλαβοῦσαι χάριτες, οὐκ ἄλλο τι τῶν τιμίων. Μανία τίς ἐστιν ὀλιγοχρόνιος ὁ θυμός. Οἵ γε καὶ εἰς προὖπτον κακὸν ἑαυτοὺς πολλάκις ἐμβάλλουσι, τῇ πρὸς τὴν ἄμυναν σπουδῇ τοῦ καθ´ ἑαυτοὺς ἀμελοῦντες. Οἱονεὶ γὰρ οἴστρῳ τῇ μνήμῃ τῶν λελυπηκότων περικεντούμενοι, σφαδάζοντος αὐτοῖς τοῦ θυμοῦ καὶ πηδῶντος, οὐ πρότερον ἀπολήγουσι, πρὶν ἢ κακόν τι δοῦναι τῷ παροξύναντι, ἤ πού τι καὶ προσλαβεῖν, ἐὰν τύχῃ· ὥσπερ που πολλάκις τὰ βιαίως καταῤῥηγνύμενα ἔπαθέ τι πλέον ἢ ἔδρασε τοῖς, ἀντιτύποις περιθραυσθέντα. Τίς ἂν ἐφίκοιτο τοῦ κακοῦ; ὅπως οἱ ὀξύῤῥοποι πρὸς θυμὸν ὑπὸ τῆς τυχούσης προφάσεως ἐξαπτόμενον, βοῶντες καὶ ἀγριαίνοντες, καὶ τίνος οὐχὶ ἰοβόλων ἀναιδέστερον ἐφορμῶντες, οὐ πρότερον ἵστανται πρὶν ἢ διὰ μεγάλου καὶ ἀνηκέστου κακοῦ, οἷον πομφόλυγος, αὐτοῖς τῆς ὀργῆς ἐκραγείσης, διαπνευσθῇ τὸ φλεγμαῖνον. Οὔτε γὰρ ξίφους ἀκμὴ, οὔτε πῦρ, οὔτε ἄλλο τι τῶν φοβερῶν, ἱκανὸν τὴν ὑπὸ τῆς ὀργῆς ἐκμανεῖσαν ψυχὴν ἐπισχεῖν· οὐ μᾶλλόν γε ἢ τοὺς ὑπὸ δαιμόνων κατασχεθέντας, ὧν οὐδὲν, οὔτε κατὰ τὸ σχῆμα, οὔτε κατὰ τὴν τῆς ψυχῆς διάθεσιν, οἱ ὀργιζόμενοι διαφέρουσιν. Ὀρεγομένοις γὰρ τῆς ἀντιλυπήσεως περιζεῖ μὲν τῇ καρδίᾳ τὸ αἷμα, ὥσπερ βίᾳ πυρὸς κυκώμενον καὶ παφλάζον· πρὸς δὲ τὴν ἐπιφάνειαν ἐξανθῆσαν, ἐν ἄλλῃ μορφῇ τὸν ὀργιζόμενον ἔδειξε, τὴν συνήθη πᾶσι καὶ γνωρίμην ὥσπερ τι προσωπεῖον ἐπὶ σκηνῆς ὑπαλλάξαν. Ὀφθαλμοὶ μὲν γὰρ ἐκείνοις οἱ οἰκεῖοί τε καὶ συνήθεις ἠγνόηνται· παράφορον δὲ τὸ ὄμμα, καὶ πῦρ ἤδη βλέπει. Καὶ παραθήγει τὸν ὀδόντα, κατὰ τῶν συῶν τοὺς ὁμόσε χωροῦντας. Πρόσωπον πελιδνὸν καὶ ὕφαιμον· ὄγκος τοῦ σώματος ἐξοιδαίνων· φλέβες διαῤῥηγνύμεναι, ὑπὸ τῆς ἔνδοθεν ζάλης κλονουμένου (p. 357) τοῦ πνεύματος. Φωνὴ τραχεῖα, καὶ ὑπερτεινομένη, καὶ ὁ λόγος ἄναρθρος καὶ εἰκῆ προεκπίπτων, οὐ κατὰ μέρος, οὐδὲ εὐτάκτως, οὐδὲ εὐσήμως προϊών. Ἐπειδὰν δὲ εἰς τὸ ἀνήκεστον, ὥσπερ φλὸξ ὕλης ἀφθονίᾳ, τοῖς παροξύνουσιν ἐξαφθῇ, τότε δὴ τότε τὰ οὔτε λόγῳ ῥητὰ οὔτε ἔργῳ φορητὰ ἐπιδεῖν ἐστι θεάματα· χεῖρας μὲν διηρμένας κατὰ τῶν ὁμοφύλων, καὶ πᾶσι μέρεσι τοῦ σώματος ἐπιφερομένας, πόδας δὲ ἀφειδῶς τοῖς καιριωτάτοις ἐναλλομένους, πᾶν δὲ τὸ φανὲν ὅπλον τῇ μανία γινόμενον. Ἐὰν δὲ καὶ ἐκ τοῦ ἐναντίου τὸ ἴσον κακὸν ἀντιστρατευόμενον εὕρωσιν, ὀργὴν ἄλλην καὶ μανίαν ὁμότιμον· οὕτω δὴ συμπεσόντες ἔδρασαν ἀλλήλους καὶ ἔπαθον, ὅσα εἰκὸς τοὺς ὑπὸ τοιούτῳ δαίμονι στρατηγουμένους παθεῖν. Πηρώσεις γὰρ μελῶν ἢ καὶ θανάτους πολλάκις ἆθλα τῆς ὀργῆς οἱ μαχόμενοι ἀπηνέγκαντο. Ἦρξε χειρῶν ἀδίκων, ὁ δὲ ἠμύνατο· ὁ δὲ ἀντεπήνεγκεν, ὁ δὲ οὐχ ὑφίεται. Καὶ τὸ μὲν σῶμα ταῖς πληγαῖς διακόπτεται, ὁ δὲ θυμὸς τοῦ ἀλγεινοῦ τὴν αἴσθησιν παραιρεῖται. Οὐ γὰρ ἄγουσι σχολὴν πρὸς τὴν ὧν πεπόνθασιν αἴσθησιν, ὅλης αὐτοῖς τῆς ψυχῆς πρὸς τὴν ἄμυναν τοῦ λελυπηκότος κεκινημένης.

Traduction française :

[2] Légèreté de la langue, paroles inconsidérées, calomnies, reproches, injures, violences des pieds et des mains : tels sont, sans parler de beaucoup d'autres qu'on ne pourrait détailler, tels sont les effets de la colère. La colère aiguise les épées, elle porte un homme à tremper sa main dans le sang d'un autre homme. Par elle, les frères se méconnaissent, les pères et les enfants étouffent les sentiments de la nature. Une personne irritée ne se connaît plus elle-même ; elle ne connaît plus ceux à qui elle tient de plus près. Et comme un torrent qui se précipite dans une vallée, entraîne tout ce qui s’oppose à son passage : ainsi un homme agité par une colère violente, attaque et renverse tout ce qu’il rencontre. ll ne respecte ni la vieillesse, ni la vertu, ni le sang ; il oublie les bienfaits ; rien de ce qui mérite le plus d'égards ne le touche. La colore est une courte frénésie. Ceux qu'elle transporte négligent leurs propres intérêts pour se venger, et se jettent eux-mêmes dans un mal évident. Le souvenir des injures qu'on leur a faites est comme un aiguillon qui les pique dans les bouillonnements et les agitations dune fureur aveugle ; ils n'ont point de repos qu’ils n'aient fait un grand mal à ceux qui les ont offensés, ou qu'ils ne sen soient fait à eux-mêmes. Ainsi un corps qui en choque violemment un autre qui lui résiste, reçoit souvent plus de dommage qu'il n'en cause. Qui pourrait exprimer les horribles effets de la colère ? qui pourrait dire comment ceux qui s'emportent pour le moindre sujet, crient et s’agitent comme des forcenés, s'élancent avec la même impétuosité que des serpents, et ne cessent point que lorsque, s'étant causé quelque mal affreux, leur colère se rompt comme une bulle d'eau par un choc, et l’enflure se dissipe ? Le fer, la flamme, rien de ce qu'il y a de plus terrible, ne peut retenir, ni celui que la colère transporte, ni celui que le démon possède, dont l'homme irrité ne diffère, ni par la figure, ni par les dispositions intérieures. Brûle-t-il de se venger, le sang lui bout autour du coeur, bouillonnant et agité comme par la violence du feu. L'effet qui s'en marque au dehors le défigure entièrement, le fait paraître tout autre qu'il n'est pour l'ordinaire, le change comme un masque de théâtre. Ses yeux ne sont plus les mêmes, ils brillent et étincellent. Il aiguise ses dents comme un sanglier qui se prépare à attaquer son adversaire. Son visage est obscurci par une pâleur livide. Tout son corps s'enfle ; ses veines se gonflent par l'agitation du sang et des esprits. Sa voix devient rude et éclatante : ses paroles sont confuses et mal articulées, sans suite et sans ordre. Mais lorsque sa colère est portée aux derniers excès par les objets qui l'excitent, comme la flamme par les aliments qu'on lui fournit, alors il offre un spectacle qu'ont ne peut ni raconter, ni supporter. Il n'épargne personne ; ses pieds, ses mains, toutes les parties de son corps deviennent les instruments de sa fureur : il s'arme de tout ce qui se présente. S'il rencontre un autre homme également irritable, susceptible de la même furie, ils se font tous deux les maux que peuvent se faire des hommes qui s'élancent l'un sur l'autre sous les auspices d’un pareil démon. Ils se déchirent, ils se blessent, souvent même ils se tuent ; et tels sont les prix que ces combattants furieux remportent de leur colère. L'un commence l'attaque, l'autre la repousse ; l’un presse, l’autre résiste : ils se portent les plus rudes coups, dont leur sang échauffé les empêche de sentir la douleur. Ils n'ont pas le loisir de songer aux blessures qu'ils reçoivent, leur âme étant toute entière attachée à la vengeance.





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Dernière mise à jour : 3/04/2009